VOYAGE AUTOUR DU MONDE, Exécuté par Ordre Du Roi. IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT, IMPRIMEUR DU ROI, RUE JACOB, N° 24. VOYAGE AUTOUR DU MONDE, Exécuté par Ordre du Roi, ur la Corvette de Sa Matte, Lo Coquille j endan Lo annees 1822, 1823, 1824 el 1827, SOUS LE MINISTÈRE ET CONFORMÉMENT AUX INSTRUCTIONS DE S. E. M. LE M ARQUIS DE CLERMONT- TONNERRE, MINISTRE DE LA MARINE; €t publié sous Les auspices DE SON EXCELLENCE M“ LE C™ DE CHABROL, MINISTRE DE LA MARINE ET DES COLONIES, PAR M. L. I: DUPERREY, CAPITAINE DE FRÉGATE, CHEVALIER DE SAINT-LOUIS ET MEMBRE DE LA LÉGION D'HONNEUR, COMMANDANT DE L'EXPÉDITION. ——» 0 00 6-0 amm Botanique , Par MM. DURVILLE , SECOND DE L'EXPÉDITION, BORY DE Sr-VINCENT £T AD. BRONGNIART. —— 0 Q 00 OM Cryptogamie. Paw lb. Ubouy de PRO PARIS. ARTHUS BERTRAND, LIBRAIRE-ÉDITEUR RUE HAUTEFEUILLE, N° 93. 1828. VOYAGE AUTOUR DU MONDE p PENDANT LES ANNÉES 1822, 1823, e OA BOTANIQUE. INTRODUCTION. LA partie botanique de cet ouvrage se composera de trois divisions principales, où l'on traitera de l’ Acame, de la Cryr- TOGAMIE et de la PHanérocamux. Il devient conséquemment essentiel d'établir d'abord la valeur des mots agames, crypto- games et phanérogames, qui s'appliquent aux créatures dont l'histoire fera le sujet de nos trois chapitres. Les PHANÉROGAMES sont les végétaux «portant de la semence ou des fruits selon leur espèce», ainsi que s'exprime le premier des livres sacrés, et qui portent ces fruits et ces semences en conséquence d'une fécondation où concourent deux sexes ap- parents; ce que la Genèse ne dit pas. Les Cryprocames sont ceux où nous découvrons des semences Voyage de la Coquille. — Botanique. i 2 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. et dans lesquels l'existence des sexes parait être constatée, mais dont les amours sont un mystère impénétrable : ils sont, selon la signification littérale du nom par lequel on les désigne, les ménages clandestins du règne végétal, où les phanérogames sont les mariages publics ; mais les uns ne sont pas moins légi- times que les autres selon la nature. Les Acames sont les eunuques de la botanique, et l'on ne découvre chez eux nul indice de sexe. Quelques auteurs modernes étendirent le nom ‘d'agames à là totalité des plantes dont se composait la xxiv° classe du système sexuel de Linné, pensant qu'il n'existait chez elles point d'organes générateurs; mais cette supposition, qui s'est changée en certitude par rapport à plusieurs familles mainte- nant très-soigneusement étudiées, ne s’est point réalisée pour tout ce que Linné appela cryptogamie. Ainsi, en reconnaissant que les chaodinées et globutinées”, les hydrophites, plantes essentiellement aquatiques, les mucédinées, les hypoxylées, les lycoperdacées, les véritables champignons et les lichens, ne se reproduisent point au moyen de la fécondation, selon le sens qu'on attache à ce mot, et que les corps reproducteurs n'y sont pas de vraies graines : dans les hépatiques, les mousses, les lycopodiacées, les prèles, les marciléacées et les fougères, on a découvert des organes générateurs de diverses sortes, dont l'action doit être mutuellement subordonnée, et qui n'en existent pas moins, quoiqu'à peine visibles, ou qu'ils soient de forme très-différente de ce que nous voyons dans les phanérogames, végétaux munis de sexes évidents. Certains agames, des plus simples, peuvent se développer 1 Il devient indispensable d'adopter ce nom imposé par le savant Turpin aux plantes où chaque globule végétal est indépendant de tout autre, et forme à lui seul un individu, une plante complète. . BOTANIQUE. 3 spontanément, et ne sont peut-être , dans les familles’obscures formées aux dépens de ce que les botanistes confondaient na- guère sous la vague dénomination de champignons ( Fungi), que des maladies propres aux tissus végétaux sur lesquels on les voit apparaître. Lorsqu'on aura mieux examiné ces pro- ductions presque toujours informes, véritables avortons, on n'y trouvera probablement guère qu'un état de ce principe, récemment appelé globuline, et qui nous parait présenter la première combinaison organique où concourt l'introduction de notre matière végétative ‘. Cette globuline, qui, jusqu'à ces dérniers temps, ne fut qu'entrevue, qui avait reçu divers noms par des auteurs plus pressés du besoin de hérisser la science de termes bizarres que d'exposer des observations consciencieusement faites ; cette globuline, que nous avions nous-même long-temps méconnue, et que M. Turpin eut, avant qui que ce soit, le bonheur de bien définir *; cette globuline , enfin, que nous croyons étre la pre- mière des plantes en raison de sa simplicité, remplit dans lor- ganisation végétale le rôle que jouent les monadaires dans l'or- ganisation animale. Un grain de globuline et une monade sont les premiers termes de végétation et de vie qu’il nous soit donné de discerner : dans les amas que forment des milliards de leurs pareils, on reconnait autant d'individus que de petites sphères; et de tels corps, dont on peut opérer le développement à volonté, selon qu'on met dans certaines conditions les sub- stances qui en recèlent les principes essentiels, de tels corps doivent être nécessairement agames ; des organes générateurs, x destinés à reproduire des machines compliquées, n'étant pas © Voir l’article MaTikRE au tome X du Dictionnaire classique d'histoire na- turelle; chez Rey et Gravier, quai des Augustins, Paris, 1826. ? Voyez le beau travail de ce savant, inséré dans les Mémoires du Muséum d'histoire naturelle sous le titre d'Organographie végétale, 1827. 4 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. indispensables où nulle complication organique n'existe encore. Il n’est de différence réelle, quant à l'apparence, entre un glo- bule végétal et un globule animal, si ce n'est dans le mou- vement spontané que la nature accorda au second en le re- fusant au premier. Au-dessus de cette globuline, premier point de départ dans l'ordre admirable de la création, viennent des agames tomi- pares, c'est-à-dire, des végétaux déja composés, où les mo- lécules de globuline se subordonnant les unes aux autres pour concourir à une existence commune; des fragments de la'masse résultant d'une telle agglomération, s'en doivent détacher pour reproduire celle-ci, et perpétuer, en devenant semblable au tout dont ils se détachèrent, la lignée de ce qui désormais constituera une espèce organisée. À ce premier degré de com- plication , il n'existe point encore de corps reproducteurs, à proprement parler. Les fragments détachés d’un corps telle- ment simple et homogène, que chacun de ces fragments emporte avec soi toutes les conditions indispensables de développement, ne croitront guère que par extension, en produisant dans leur propre étendue la matière muqueuse, la matière vésiculeuse et la matière végétative, qui déterminent l'apparition de: cette infinité de globuline, dont plusieurs milliers de sphérules doi- vent s'ajouter les: unes aux autres pour atteindre au volume que comporte spécifiquement chaque espèce d'agame borné au mode de reproduction tomipare. Ici la globuline, comme Thomme dans le corps social, semble avoir aliéné une partie de ses facultés individuelles au profit de l'association commune; mais elle n'a pas changé de principes, et il demeure entre ses myriades d'individus des individus privilégiés, destinés à se développer beaucoup plus qu'ils ne l’eussent fait dans leur état d'isolement. Ceux-ci accroissent leur puissance de celle qu'ont perdue les autres, condamnés à ne remplir qu'un rôle obscur; BOTANIQUE. 5 ce sont eux qui devront conserver l'espèce en la reproduisant: nous les nommerons propagules. Ils furent une sorte d'essai de la graine quand la nature, n'ayant pas encore arrêté toutes les conditions nécessaires pour constituer cet œùf végétal, en introduisait l’'ébauche dans son immensité. Au troisième degré de complication, se montrent des cor- puscules où le plan sur lequel la graine fut conçue commence à se manifester plus clairement. Nous les appelons des gongyles. La globuline constitutrice s'y concentre, et, probablement, en vertu d’une attraction qui se reconnait dans les corps sphériques, elle s'y presse au point que chacun des globules ainsi rappro- chés semble demeurer bien plus petit que ceux dont se com- pose le simple tissu où de tels globules peuvent s'étendre sans obstacle à toutes les proportions qu'il leur est donné d'atteindre. Cette pression qu'exercent les unes sur les autres les sphérules de globuline constitutrices des gongyles est telle, que des formes . polygones en résultent bientôt; ce qui n’a lieu que beaucoup plus tard dans les lames frondescentes où sont dispersés les gon- gyles, et seulement lorsque des membranes, devenues compactes et résistantes, commencent à protéger l'ensemble des espèces agames, parvenues au plus haut degré de complication qui soit propre à de tels végétaux. Dans l'épaisseur des gongyles, se dessinent bientôt des points plus obscurs et qui paraissent être aussi plus compactes que le reste de leur substance; des teintes diverses les caractérisent; ces teintes semblent y provenir du dépôt de ce principe que nous avons appelé la matière terreuse, lequel est essentiellement colorant. Ce sont des propagules in- ternes dont les contours paraissent souvent être à peine arrêtés, qui, ayant subi une modification en commun durant leur em- prisonnement, reproduiront des êtres semblables à ceux où ils furent concus, dès que la maturité du gongyle où nous les voyons retenus permettra qu'ils se disséminent. 6 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. On a pensé que les gongyles étaient chez les agames les analogues de ces bulbines ou de ces bourgeons qui se retrouvent sur diverses parties de beaucoup de plantes phanérogames, et qui peuvent reproduire ces plantes sans le secours d'aucune fé- condation. Nous l'avions. d'abord cru comme tant d’autres : nous nous étions trompé avec eux. Ce sont les propagules des agames du second degré, individus non subordonnés les uns aux autres dans un berceau commun durant la conception, qui tout au plus représentent ces bulbines. On doit remarquer chez ces végétaux, les plus simples entre ceux où la globuline se subor- donne, que les formes sont à peine arrêtées, l'accroissement n'étant, pour ainsi dire, pas limité, dès son point de départ, selon des contours qu’on peut considérer comme une conséquence de la captivité originelle. Aussi, dès que les propagules emprisonnés dans les gongyles s'y sont développés au point d'en rompre les parois, comme s’ils-y eussent contracté une tendance àse ténir enfermés dans des bornes prescrites, les formespropres à chaque espèce s'arrêtent d'une manière assez fixe. Elles deviennent de plus en plus irrévocables, et ressemblent d'autant mieux à celles dont ne s'écartent jamais les végétaux parfaits, que la prison fut plus étroite, plus prolongée et plus difficile à briser. Parmi les agames à gongyles ou végétaux du troisième degré, les uns, tels que les confervées et les céramiaires, rappellent l'idée des feuilles capillaires et articulées des renoncules aquatiles et de quelques ombellifères inondées; d’autres, membraneux et composés d'un réseau qui se rattache à des nervures, comme les délesséries et l'anadiomène, ressemblent aux feuilles des potamots, ou bien ‘aux expansions inférieures de ceux des végé- taux phanérogames, dont les feuilles développées dans l'air sont si différentes de celles qui flottent sous l’eau. Les varecs, des ulvacées, ainsi que les lichens, deviennent très-régulièrement frondescents. Chez les premiers, une tige qui se prononce avec BOTANIQUE. j des racines véritables acquiert toutes les qualités du bois, mais d'un bois que modifie le milieu où se développe son écorce, et les couches concentriques de la partie ligneuse, au centre des- queiles se reconnait la substance médullaire. En raison du degré de composition des gongyles, et plus ces gongyles deviennent semblables à des graines véritables, plus la physionomie pha- nérogamique, qu'on nous permette cette expression, se com- plète dans les agames. Cependant, quelque compliqués que puissent paraitre beau- coup de gongylifères du degré le plus élevé, de tels agames n’en sont pas moins toujours au rang des végétaux les plus simples. Les cryptogames des ordres inférieurs les surpassent encore par-la variété de leurs parties constitutrices, et semblent être le résultat de conceptions plus avancées. Aussi n’hésitons-nous point à regarder les agames, sans exception, comme les ébauches de toute organisation végétale ; et comme ces plantes, si de tels êtres en méritent le nom, durent apparaitre les premières dans l'immensité de la divine création, c'est par elles que nous commencerons le catalogue des richesses botaniques dues au zèle infatigable de MM: d'Urville et Lesson. Celles de ces productions naturelles qu'on ne regarda pas d'abord comme des champignons, furent long-temps confondues sous le nom d'algues, avec des choses toutes différentes. « Tour- l'unit à l'Océan Arctique, qui lui imprime sa physionomie glaciale en lui en- voyant des montagnes flottantes d'eau congelée, avec quelques- uns de ces grands cétacés qu’on’ trouve sur les côtes d'Islande ou du Spitzherg, ainsi que des ours blancs et des morses. Nous possédons de cette mer de Béring des hydrophites en tout semblables à ceux de Terre-Neuve et des côtes de Norvége. Ce sont les mêmes fucacées robustes, des laminarites non ra- meuses, capables, par la solidité de leur tissu, de résister au courroux des flots, et parmi lesquelles se fait remarquer l'orgyie agare, criblée de trous, encore si rare dans les herbiers, et que nous possédons des bords Koraïkes, des iles Saint-Pierre et Miquelon et des côtes Scandinaves. 8 La MÉDITERRANÉE COLOMBIENNE. Nous comprendrons sous ce nom le golfe du Mexique et la mer des Antilles, dont l'en- semble forme l’une des mers intérieures les mieux caractérisées qu'on puisse reconnaitre à la surface du globe; ce que n'ont cependant point aperçu des compilateurs qui, pour avoir visité un point de la Martinique ou de la Guadeloupe avec quelques autres rochers américains, en écrivent des monographies sans nombre, et semblent vouloir s'approprier le monopole de toute publication géographique, statistique, volcanique, pathologique, végétale ou animale, relative aux Antilles. Cette Méditerranée i 38 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. où l'immortel Colomb pénétra le premier, est, comme la Si- nique de l'ancien continent, bornée d’un côté par une suite non interrompue de côtes continentales, qui s'étendent depuis la pointe méridionale des Florides jusque dans la province de Cumana, vis-à-vis l'île de la Trinité; et de ce dernier lieu, part une série d’autres iles grandes ou petites, qui, toutes visibles réciproquement de l'une à l’autre, sous le nom d’Antilles du vent et de grandes Antilles, séparent la Méditerranée dont il est question , de l'Océan Atlantique : parmi ces grandes Antilles, la magnanime Haïti, la gémissante Cuba, forment la circon- scription septentrionale du bassin dont nous exelurons les Lucayes, archipel extérieur qui doit commencer aux iles Turc- ques, à partir des Caïques jusqu'à l'extrémité Ouest de l'ile de Bahama. Tous les écueils, petits ou grands, qui forment, au Nord des grandes Antilles, cet archipel de corail où d'alluvions déposé par le Gulf-Stréam et autres courants, sont du domaine de l'Océan; l'ensemble en recoit une physionomie tant soit peu septentrionale, bien que situé sous un tropique. L'archipel des Lucayes prépare, en protégeant le grand banc de Bahama, élevé de jour en jour, un attérissement destiné à élargir la barrière qui fermera “entièrement la Méditerranée Colombienne au moyen de la réunion de toutes les Antilles. Le canal de Bahama, ou celui de Porto-Rico, y demeureront l'un ou l'autre, et peut- être long-temps ensemble, les analogues des détroits de notre Baltique; il parait du moins que ce sont les deux communi- cations les plus profondes actuellement existantes. Pour la Jamaïque et les iles sous le vent, elles sont, dans cette médi- terranée, comme Gothland et l'archipel d'Abo, ou bien, comme la Sicile et l'archipel Égéen ; le cap Catoche, à l'extrémité orien- tale de Jucatan, et celui de San-Antonio, à l'extrémité occiden- tale de Cuba, sy avancent l’un vers l'autre; comme Lilybée se rapproche du cap Bon, à l'extrémité punique du royaume de BOTANIQUE. 39 Tunis. De pareils rapprochements de pointes en pointes sont fréquents dans la Méditerranée proprement dite, dans la Si- nique et dans la Baltique; ils indiquent que ces mers, une fois totalement séparées des océans voisins, éprouveront, par la diminution. graduelle de leurs eaux, des interceptations inté- rieures, d'où résulteront successivement des caspiennes, qui deviendront ensuite des lacs et finalement des bassins de fleuves. Il en sera des Méditerranées actuelles et à venir comme de celles dont il n'existe plus que des traces. Le bassin du fleuve Saint- Laurent, où ne restent que des lacs interceptés, et celui du Danube, où ne- restent pas même de tels lacs, mais où l'on trouve des plaines qui témoignent de leur ancienne existence, sont en Europe et en Amérique comme pour servir de démon- stration à cette vérité. Le plus grand fleuve du monde, le Mississipi, se Jette dans la Méditerranée Colombienne, y forme un vaste Delta, et prépare, par d'immenses dépôts, le long de ses côtes septentrionales, le rétrécissement -du golfe mexicain. Située entre le neuvième degré environ et le trentième de latitude Nord , traversée d'orient en occident par le tropique du Cancer, presque tout entière dans la zone torride, ses productions offrent le plus grand rapport avec celles des Méditerranées Érythéenne et Sinique, sans que l'éloignement des unes et des autres ait pu altérer une ressemblance physique très-prononcée. Les poissons, de forme bizarre, et parés de brillantes couleurs, y vivent partout en grand nombre. Des polypiers volumineux en élèvent le fond et en étendent les rivages; ces polypiers contribuent avec une telle rapidité à l'accroissement du sol, surtout du côté intérieur, par rapport aux Antilles, que des cadavres humains, encroûtés de leurs débris calcaires, y sont récemment, sur un point de la Guadeloupe, presque devenus des anthropolités. Si l'on y des- cend à l'examen des êtres moins compliqués dans l'organisa- ` 4o VOYAGE AUTOUR DU MONDE. tion, soit animale, soit végétale, les rapports se multiplient, et l'on arrive jusqu’à l'identité : aussi, parmi les polypiers flexibles, les corallinées et les flustrées ; parmi les hydrophites, les caulerpes et les floridées ou autres familles, nous possédons une multitude d'espèces qu'on ne saurait distinguer de celles que le savant Delile nous a rapportées de la mer Rouge, et que MM. d'Urville, Lesson, Gaudichaud, ainsi que d’autres voyageurs, ont re- cueillies dans la Polynésie. Cependant les parties de l'Océan interposées n'offrent rien, ou, du moins, très-peu de chose qui soit pareil. De tels faits paraîtront étranges sans doute à diverses personnes qui jusqu'ici ont fait de l'histoire naturelle seulement d'après des palmiers ou des éléphants; mais ces faits appren- dront aux judicieux quelle est l'importance des petites choses dans l’histoire de la nature; ils appuieront ce que nous voulons désormais proclamer dans tous nos travaux géographiques, parce que nous en avons acquis la certitude dans le silence de l'observation, avant d'en fatiguer le monde savant par d'in- complètes publications; savoir : «Que le globe ayant été entiè- « rement couvert par les eaux de la mer, c'est par la végétation «et la vie aquatique que la vie et la végétation ont dû se pré- «parer avant de paraitre à la surface des iles et des continents. » Les productions de la mer, surtout les plus simples, ayant été les premières , il doit conséquemment résulter de la découverte et de la comparaison des plus chétives, de plus importantes vérités que de la découverte et de la comparaison d'objets volumineux, sur lesquels on prétend concentrer l'attention des naturalistes, et de l'examen desquels on voudrait déduire certaines règles générales de répartition entièrement inadmissible. Un autre grand fait de géographie physique, déja indiqué dans l’article Bassin de notre Dictionnaire classique, ressort encore de l'exa- men de la Méditerranée Colombienne, autant que de la com- paraison des cornes de la mer Rouge et du sinus qu'on pourrait - BOTANIQUE. 4 appeler Pélusiaque au fond de notre vieille Méditerranée ; nous l'établirons en ces termes : « Les productions de deux bassins «naturels contigus sont plus différentes les unes des autres sur «les pentes adossées des espaces qui en établissent le partage, «quel que soit le peu de largeur et d'élévation de ces espaces, «que ne le sont les productions des bords opposés les plus «éloignés de chacun des deux bassins. » Nous n'avons point, comme tant d'autres voyageurs qui en ont beaucoup écrit, visité les Antilles, l'Amérique du Sud, ou ce qu'on s'obstine encore à nommer la Nouvelle-Espagne ; mais nous avons soigneusement examiné, dans les collections de Berlin, de Vienne, de Paris, et surtout de Madrid , les produc- tions botaniques de tous ces lieux; voici ce que nous y avons reconnu, et ce que nous affirmons devoir être confirmé par l'expérience en vertu de l'axiome ci-dessus : I. Il existe une différence sensible entre la physionomie de l'ensemble des productions enracinées au sol sur les rivages et les versants océaniques des Antilles, et la physionomie géné- rale des mêmes productions sur les rivages et les versants in- térieurs ou méditerranéens de ces mêmes Antilles. IT. Une différence de même genre parait être encore plus marquée entre les productions des rives continentales de la Méditerranée Colombienne et les productions des côtes adossées appartenant à l'Océan Pacifique. HI. Les productions naturelles des rives de ce qu'on appelle communément Terre ferme , si peu distantes de celles de l'Océan Pacifique, présentent moins d'analogie avec les productions de ces dernières qu'elles n'en présentent avec celles des rives du Sud d'Haïti ou de Porto-Rico, rives qui sont cependant beau- coup plus éloignées les unes des autres, mais qui appartien- nent au même bassin. IV. Enfin, la Jamaïque, comme jetée au milieu de la Médi- Voyage de la Coquille. — Botanique. 6 42 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. terranée dont il est question, sans connexion quelconque avec l'un ou l'autre océan circonvoisin, éprouvant dans l'intégrité de sa surface et de: son pourtour une même influence méditer- ranée, ne présente point, dans sa Flore, »soit terrestre, soit marine, non plus que dans sa Faune aquatique, de ces con- trastes qu'on vient de signaler sur les versants adossés des An- tilles ou du continent américain. V. Ce qui‘vient d'être dit de la Jamaïque se confirme par l'examen de la Sicile, de Malte, de la Corse, de la Sardaigne et des Baléares, dont le pourtour et les pentes, soit que leur ex- position regarde le Nord, soit qu'elles regardent le Sud, n’en éprouvent pas davantage l'influence européenne ou africaine, mais présentent une même physionomie méditerranéenne dans . toutes leurs productions. L'évidence de tels faits, que nous n’aurons pas la témérité d'ériger en GRANDES LOIS DE LA NATURE, frappera cependant tout d’abord l'observateur sans préventions, lorsqu'il examinera les productions rapportées de ces divers parages par des collec- teurs intelligents, qui, ne croyant pas avoir indiqué suffisam- ment un habitat en écrivant sur leurs étiquettes, Saint-Do- mingue, la Guadeloupe, le Pérou ou la Nouvelle-Espagne, auront eu soin d'annoter soigneusement que tels et tels objets ont été recueillis soit au cap ci-devant Français, ou dans les environs de Santo-Domingo, soit au rivage occidental de la basse Terre, ou vis-à-vis de la grande Mer à la Cabestère, soit sur les côtes de Darien ou sur celles de l'Océan Pacifique, soit enfin à la Vera-Cruz, ou de l’autre côté de Mexico. 9°. La Bar D'Hupsox, dans le Nord du continent américain, sous un climat austère, souvent fermée par des glaces qui s'amoncèlent contre ses côtes désertes, peut être encore con- sidérée comme une Méditerranée; mais on en connait à peine la véritable figure et très-peu les productions : aussi n’en sera- t-il fait ici que mention. BOTANIQUE. $ 43 L'étendue des mers diminuant sans cesse, c’est par la for- mation successive de méditerranées futures, que des portions plus ou moins considérables des mers océanes seront l’une après l’autre séparées de celles-ci: Ce qui est arrivé pour les Méditerranées dont une paroi est encore formée d’iles prêtes à se confondre, aura lieu pour divers espaces que desiles modernes commencent à environner. Il suffira, pour compléter de telles métamorphoses, qu'une centaine de mètres d'eau seulement ait été transformée sur le globe. On voit déja les indices de méditer- ranées naïssantes en beaucoup d'endroits. Nous nous contente- rons de citer comme exemple deux de celles qui se formeront probablement les premières; elles sont l’une et l’autre parfaite- ment indiquées dans l'Océan Pacifique. La première, confinant à la Sinique, aura pour rives occidentales, depuis Bornéo jusqu'au Japon, les Philippines, Formose, et les innombrables petites iles et roches madréporiques ou volcaniques qui lient déja, mais imparfaitement, ces lieux aux iles plus grandes; ses côtes orien- tales commencent à apparaître dans l'archipel de Magellan et dans les Mariannes, en se rattachant à Célèbes par Gilolo. La seconde, que coupera la ligne équinoxiale, aura les Carolines pour rives boréales, les Mulgraves pour côtes à l'Orient, les iles Fidji pour rives du Sud-Est. Les archipels infinis qui vont lier, par les nouvelles Hébrides et les îles Salomon, la Nouvelle- Calédonie à la Nouvelle-Guinée, et celle-ci à Gilolo, à travers la petite mer des Moluques, circonscriront cette méditerranée dans le reste de son pourtour. La Coquille a vogué à la surface de ces méditerranées fu- tures, et c'est de leurs rivages actuels et des côtes du Chili que les naturalistes de l'expédition ont rapporté le plus de preuves hydrophytologiques de tout ce qui vient d'être établi. Avant de passer à l’énumération de ces preuves, il ne sera pas déplacé, pour compléter les idées générales que nous a suggérées, sur 44 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. l'histoire de la mer, l'étude de ses productions, de transcrire encore quelques lignes de notre Dictionnaire classique d'his- toire naturelle sur les Caspiennes. i Nous étendrons ce nom, restreint jusqu'ici à une seule mer sans Communication avec aucune autre, à tout amas d’eau salée qu'emprisonne la terre dans la totalité de sa circonférence, et que nul détroit, ni même de cours d’eau un peu considérable, ne met en Communication, soit avec un océan, soit avec une méditerranée, Par quelque opération barométrique ou nivelle- ment qu'on puisse établir l'élévation de pareilles mers au-dessus des autres, il est impossible de contester sérieusement qu'elles aient été primitivement unies aux mers voisines. Elles sont de- meurées dans le milieu des continents comme des monuments de la diminution des eaux à la surface de notre planète. Ainsi que les Méditerranées se forment aux dépens de l'Océan, les Caspiennes à leur tour se formèrent aux dépens des Médi- terranées, dont les détroits s'étaient fermés. Elles diffèrent des lacs, dont l'eau est toujours douce, par leur salure, plutôt que par leur étendue, qui n’y fait rien, puisqu'il existe des lacs plus grands que certaines caspiennes; mais comme la salure de ces caspiennes diminue en raison de l'importance des fleuves ou des rivières qui s'y dégorgent, il est plus d’un lac aujourd'hui qui dut être une caspienne autrefois, et plus d'une caspienne qui ne tardera pas à devenir un lac. De telles mers, n'étant point alimentées par l'introduction de courants qu'y pourraient envoyer d'autres mers, tendent à disparaitre avec assez de promptitude : aussi trouve-t-on beaucoup plus dé traces d'an- ciennes caspiennes desséchées, qu'on ne trouve de caspiennes actuellement existantes. Les déserts stériles, salés, unis, que ne sillonne aucun cours d'eau, où ne se rencontrent tout au plus que des sources saumâtres de loin en loin, et qu'envi- ronnent, dans une étendue plus ou moins considérable, des BOTANIQUE. 45 hauteurs dépouillées, furent des caspiennes, dont ces hauteurs environnantes étaient les rivages primitifs. La plupart redevien- draient des mers, si deux ou trois cents mètres d'eau se trou- vaient seulement ajoutés à la masse des eaux actuellement existantes à l'état de fluidité. Nous avons retrouvé le lit de plusieurs de ces caspiennes desséchées en Espagne', où très- souvent persistent, vers le point où ces mers intérieures furent le plus profondes, de petits amas d'eaux dans lesquels la plus grande partie du sel s'étant confme accumulée, on voit ce sel se cristalliser dans les étés brülants, et ne se dissoudre dans le liquide qu'au temps où des torrents de pluie viennent en noyer de nouveau la masse éblouissante. Les environs de ces culots de caspiennes, comme eux imprégnés d'un sel qui s'ef- fleurit et brille à la surface du sol, ne produisent , même à de grandes distances des rives, que des plantes maritimes; et M. Léon Dufour, naturaliste distingué , nous a assuré avoir vu _ jusqu’à des fucus vivants, au centre de l'Aragon, dans un reste de caspienne, non loin d'un lieu nommé Buralajos. Cette partie de la Pologne, où se trouvent les mines de Willitska , dut être également une caspienne européenne. Le grand désert de Sahara, au milieu de la partie boréale de l'Afrique, compris entre l'Atlas, les monts de la Guinée, le Bournou inférieur et le Fezzan, forma encore une vaste caspienne, ainsi que les parties centrales du même continent, au Midi des montagnes de la Lune, ainsi que le milieu de la presqu'ile Arabique, ainsi que le centre de la Perse. Dans ce dernier point du globe, l'existence d’une partie de la mer effacée est démontrée par la présence d'un vaste désert salé à l'Est de Téhéran, et, dans l'Afghanistan, par le bassin de la rivière d'Helmend, qui, séparé 1 Voyez nos ouvrages intitulés : Guide du Voyageur en Espagne, et Résumé géographique de la péninsule Ibérique. 46 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. de toute mer voisine par de grandes hauteurs, verse ses eaux dans un lac de Khanjeh demeuré sans issue. Dans l'Asie centrale, le grand désert de Cobi, nommé Shamo par les Chinois, fut également une caspienne, originairement aussi grande que notre Méditerranée proprement dite, où ne se voient, sur une aride et monotone étendue, comme témoignages de l'ancien empire des flots amers, que des rivières médiocres, la plupart saumâtres et sans seins avec de petits lacs épars dans les anfractuosités d’un sol eoudi La Songarie fut une cas- pienne, dont les lacs Palkati, Alaktugul, Kurgha, Urjunoju et Saisans sont les dernières reliques, et qui, lorsqu'elle était encore une méditerranée, se dégorgeait probablement dans l'Océan Arctique, beaucoup plus grand à cette époque qu'il ne l'est de nos jours, par un détroit devenu cette large dépression où coule maintenant l'Irtisch, grand affluent de l'Obi. Les voyageurs n'ont indiqué l'existence d'aucune caspienne dans le nouveau Monde; il dut cependant y en exister. On n'en connait plus quen Asie, où quatre seulement sont assez im- portantes pour mériter une mention particulière dans les pré- sentes généralités. o 1° La CASPIENNE PROPREMENT DITE: Plus longue que large et d'une forme un peu sinueuse, celle-ci s'étend du trente-septième et du trente-huitième degré au quarante-septième de latitude Nord : sa plus grande largeur sous le quarante-cinquième pa- rallèle peut être de cent trente et quelques lieues; le long du Mézendéran, elle en a tout au plus quatre-vingt-dix. La région caucasique la sépare de la mer Noire. Le Volga, fleuve consi- dérable , descendu de Russie, y porte un grand tribut qui tem- père de plus en plus sa salure, en diminuant son étendue par les attérissements, d'où résulte un grand Delta qui compose le territoire d’ ETAN L'Oural y tombe aussi du même côté. Le Kour, dont la Georgie forme le bassin, grossi del Araxe , y vient BOTANIQUE. 47 également épancher de l'eau douce sur ses rives occidentales : par celles de l'Orient, vers le Sud-Ouest, elle reçoit l'Oxus, le Syderis et le Maceras de l'antiquité, rivières encore peu con- nues des géographes modernes. Nul cétacé n’a persisté dans la Caspienne proprement dite; mais on assure que des phoques y vivent toujours. Les poissons n'en ont pas été suffisamment étudiés : on n’en a décrit qu'un petit nombre d'espèces, et nous ne savons absolument rien de son hydrophytologie. Un seul polypier flexible, très-curieux, nous est parvenu de ses côtes méridionales , qui sont hautes et généralement escarpées. Tout le reste de son enceinte s'étend dans les basses régions sablon- neuses, salées et désertes, qui faisaient sans doute naguère en- core partie de son lit. Ce n’est que depuis le règne du czar Pierre I" qu’on a une idée de sa figure, qui varie néanmoins encore sur nos cartes géographiques. 2 La Mer D'Araz, beaucoup plus petite que la précédente, à l'Orient de laquelle on la trouve, est coupée en deux parties presque égales par le quarante-cinquième parallèle Nord. Le fleuveSir, qui s'y jette à l'Est par trois grands bras, et le Djihoun, qu'elle recoit vers le Sud, en adoucissent les flots. La plus grande analogie règne entre les deux grands amas d'eau voisins, qui furent sans doute primitivement un seul et même tout. On assure qu'il sy rencontre aussi des phoques. D'innombrables petites iles en remplissent les parties méridionales, et préparent sa diminution fort prochaine sur le quart de son étendue. 3° Le Lac Bamar est encore moins connu que les deux cas- piennes qui viennent d'être mentionnées. Nous ne savons aucune particularité bien constatée sur son histoire naturelle, et pas même si ses eaux sont douces ou salées. Quelques voyageurs les disent potables; mais, d’un autre côté, ils y admettent l'existence des phoques, qui ne sauraient vivre que dans l’eau de mer. Situé entre le cinquante-unième et le cinquante-cinquième 48 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. degré Nord, presque au centre d’un vaste continent et sur un plateau qu'on suppose assez élevé, le lac Baikal éprouve l'in- fluence d'un climat déja rigoureux. Le bassin du Selinga, fleuve qui sy jette, dut originairement lui appartenir tout entier; il communique encore avec le Jéniséi par Irkutsk , où dut exister le détroit qui unissait la caspienne dont il est question avec l'Océan Arctique, quand celui-ci couvrait la Sibérie. 4° La Mer Morre. Cette petite caspienne est aussi appelée Lac Asphaltite, soit parce que des bitumes flottent dans quelques parties de son étendue, soit d'après l'idée imprimée par des croyances religieuses que les villes de la Pentapole, brülées par une pluie de matières combustibles envoyée du ciel, y furent englouties après leur destruction. De forme ovale, pointue aux deux extrémités, elle a tout au plus vingt à vingt-deux lieues du Nord au Sud sur trois ou quatre de l'Est à l'Ouest. Elle ab- sorbe le Jourdain, auquel on ne saurait contester le nom de fleuve, puisqu'il tombe dans une mer ; qui serait une rivière, si le Lac Asphaltite-n'était encore tant soit peu salé, mais qui n'est guère qu'un ruisseau sous le rapport de ses dimensions. Cependant ce ruisseau, cependant la caspienne presque imper- ceptible qui l'absorbe, ont acquis une célébrité à laquelle n'at- teignit aucun autre point du globe, si ce n'est la triste capitale de la pierreuse et barbare Paléstine, ou bien la Mecque, où Ton montre le tombeau du prophète Mahomet. Cette célébrité, encore récemment augmentée par ce qu'en raconta l'auteur d'un Itinéraire à Jérusalem, ne nous fait pas mieux connaitre les lieux sous les rapports de leur histoire physique. S'ils sont très-visités des pélerins, ils ne le sont guère par les savants. On en a rapporté de l'eau dans une bouteille pour d’autres usages que l'analyse chimique, de sorte que les physiciens ne savent seulement pas quelle est la composition de ces eaux et leur degré de salure. On a même dit que la femme du pa- BOTANIQUE. ~ 49 triarche Loth, changée en statue de sel, existait toujours sur ses bords, ainsi que des arbustes portant des pommes sans cesse remplies par les cendres provenant de Sodome et de Gomorrhe; mais les naturalistes ignorent absolument quels en sont les poissons et les hydrophites, et s'il y existe même des coquilles. Il serait cependant très-important de vérifier si c'est avec la Méditerranée proprement dite, avec la Méditerranée Éry- thréenne ou avec toute autre mer, que la caspienne sur laquelle nous appelons l'attention des voyageurs éclairés, offre le plus de rapports : posséderait-elle des productions qui lui seraient exclusivement propres ? Ce n’est pas seulement sur la nomenclature des mers et sur la démarcation de leurs frontières, sil est permis d'employer cette expression, que l'étude des productions de ces mers peut jeter de grandes lumières; elle en portera jusque dans les abimes de l'Océan, duquel, sous le point de vue de sa profondeur, lhis- toire présente l'une des plus grandes singularités qu'il soit possible de concevoir. On n'a pas une seule donnée précise pour déterminer quelle peut être cette profondeur; et cepen- dant des auteurs graves, l'ayant évaluée, ont calculé à un pied 5 cube, à une demi-livre près, pour combien la masse des eaux entrait, soit sous le rapport de la quantité, soit sous celui de la pesanteur, dans l'ensemble du globe. Nous ne croyons pas devoir consacrer, dans cette introduction déja peut-être trop longue, la moindre place à des évaluations qui ne sont basées sur rien de solide, et que l'énoncé le mieux précisé, accompagné des plus savantes formules algébriques, ne suffirait pas pour élever au rang des vérités. On peut présumer tout au plus que la mer wa point une profondeur indéfinie, et qu'elle forme simple- ment, à la surface du noyau solide, dont les continents et les iles sont de simples fragments de la croûte oxidée, une enveloppe fluide, comme y est l'atmosphère qui l’environne à son tour, Voyage de la Coquille. — Botanique. 7 5o VOYAGE AUTOUR DU MONDE. ainsi que la terre; au-delà de cette présomption, il n'existe qu'in- certitudes. On est à la vérité parvenu, au moyen de la sonde, à trouver le fond de la mer en beaucoup de points de son éten- due; mais la sonde elle-même ne produit pas toujours des données parfaitement exactes, surtout au-dessous de quatre à six cents mètres; des courants inférieurs la font dévier; la ligne qui la retient peut finir par flotter en déplaçant une quantité d’eau suffisante pour faire obstacle à son enfoncement; et, dans beaucoup de cas, ce que l'on suppose le sol atteint par le plomb peut n'être encore qu'un point de la masse liquide, où ce plomb, quelque lourd qu'il puisse être, nage, ainsi que le ferait une bouée, à la surface. Dans un grand nombre de lieux où l'on a pris la peine de sonder, c'est de quatre à six cents mètres qu'on a trouvé le fond véritable aux plus grandes distances : ce qu'a prouvé le suif, en rapportant du sable, du gravier, de la vase, ou quelques corps organisés appartenant aux dernières classes du règne animal, ou bien à l'hydrophytologie. C'est d'une profondeur de près de deux cents pieds, en arrivant dans les parages des Canaries, que MM. Humboldt et Bonpland retirèrent leur pré- cieuse caulerpe à feuilles de vigne. C'est de cinq cents pieds environ, aux approches de la terre dé Leuwin, que Maugé et Péron ramenèrent, au moyen de la drague, des rétépores, des sertulaires, des isis, des gorgones, des éponges, des alcyons, des varecs et des ulves brillants de phosphorescence et qui ma- nifestaient une chaleur sensible. C’est de six cents pieds au moins, qu'entre les iles de France et de Mascareigne, nous obtinmes nous-même une touffe enracinée de sargassum turbinatum, en tout semblable à celles que nous avions recueillies aux rivages voisins. C’est enfin à près de onze cents pieds, par soixante-dix- neuf degrés de latitude Nord, à quatre-vingts milles des côtes du Groënland, que fut déraciné, par un baleinier, ce polype extra- BOTANIQUE. 5i ordinaire, figuré par Ellis ‘, et devenu le pennatula encrinus de Gmelin °, animal de six pieds de long, gigantesque dans sa tribu, ombelle vivante formée d'hydres qui brillaient de la plus belle teinte jaune ; preuve nouvelle qu'un être organisé peut se colorer sans la participation du jour, à moins qu'on n'admette que des rayons de lumière pénètrent jusque dans l'abime. Si quelque physicien essayait jamais de vérifier ce qui en est, nous l'engagerions à ne pas négliger l'examen de la coloration de certaines productions de la mer, soumises à l’exis- tence végétale, soit qu'elles y ajoutent l'animalité en se cou- vrant de polypes, soit qu’elles demeurent toujours bornées à l'état de plante. Vers la surface des eaux, brillent de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel les tentacules de ces actinies que leur beauté chan- geante fit appeler anémones de mer, nos iridées, la padine en plume de paon et des cystoceires produisant l'effet du prisme ; le carmin tendre, le bleu de l'azur, y parent des médusaires, les appendices des porpites, des thalies et des glaucus, tandis que les béroës et les amphinomes y agitent leurs cirres étincelants. Au-dessous de cette zone presque superficielle, où pénètre, en se décomposant et pour colorer fortement les corps, chaque sorte de rayons lumineux, apparait la multitude des floridées, ou le rouge avec le pourpre passent par toutes les nuances, ainsi que le corail semblable au sang, qui commence avec cette zone. Le vert-tendre, qui pare les ulves et les confervées depuis la surface des marais, règne indifféremment dans les deux couches, pour persévérer jusqu'à la grande profondeur où il a été re- trouvé sur le caulerpa vitifolia. Le brunâtre, qu'on remarque encore plus superficiellement, par l'apparition des espèces t Act. angl., XLVIII, p. 305, tab. XII, et Corall., tab. XXXVII. ? Syst. nat., éd. XIII, tom. I, pars V, pag. 3867. si 52 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. de genre china, humectées contre les flancs des rochers ri- verains , par l'écume seule des vagues durant la haute marée, persiste encore au-dessous de la région de verdure, puisque, 5 imprimant sa monotonie à la plupart des fucacées, des spon- giaires et des sertulariées, nous l'avons observé dans une sar- gasse qui croissait vers six cents pieds d’enfoncement. Le jaune pur, qu'on ne trouve pas dans les régions supérieures, ne se montre que plus bas, où il dore, à deux cent trente-six brasses, le pennatula encrinus, appelé umbellularia groenlandica par M. de Lamarck. Nous ajouterons à ces faits, qu'on ne connait pas encore d'hydrophites qui soient parfaitement blancs, même dans leurs moindres parties; on en découvrira peut-être, si l’on trouve jamais les moyens d'explorer les dernières profondeurs des mers: ces végétaux marins sans couleur termineraient alors sous les eaux ce qu'on peut appeler le diapason des teintes végétales, tandis que des fleurs éblouissantes de blancheur en seraient l'autre extrémité vers les surfaces liquides où le nymphéa, des renoncules et l'hydrocaride s'épanouissent en corolles d'ivoire. De telles considérations peuvent conduire à trouver la façon dont la lumière agit dans la coloration des plantes, en pénétrant jusqu'au plus profond des eaux, et même jusqu’à quel point cette action agit sur la propagation des végétaux dans l'étendue des mers. Elle y agit de concert avec Fair, sans lequel les hydrophites ne pourraient prospérer ; car ces hydro- phites respirent aussi, où du moins absorbent et développent de l'air sous la masse qui les presse. Ces ampoules que nous observons dans beaucoup d’entre eux, et dont on a comparé l'usage à celui de la vessie aérienne des poissons, qui aide ces animaux à s'élever à la surface, paraissent être en outre des- tinées à la décomposition de l'air. De tels organes vésiculiformes se remplissent, selon feu M. le professeur Lamouroux, d'oxi- BOTANIQUE. 53 gène ou d'air atmosphérique, suivant qu'ils sont plongés dans l'eau ou qu'ils se développent à sa superficie. Quoi qu'il en soit, la distribution géographique des agames de l'eau est encore fort obscure. Nous croyons que celui des collaborateurs au Dictionnaire classique d'histoire naturelle, qui fit imprimer dans notre tome VII l'extrait d'un Mémoire qu'il avait lu à l'Académie des Sciences à ce sujet, se hâta un peu en établissant des règles sur ce qui demeure encore aujour- d'hui même très-imparfaitement connu. Les collections faites par MM. Gaudichaud, Durville et Lesson ont déja renversé la pe part de ces règles précoces, et n’en ont guère confirmé qu'une seule, celle où M. Lamouroux établissait que la plupart des ulves se retrouvent identiquement les mêmes dans toutes les mers. Ce fait était pour nous essentiel à constater, parce que ces ulves, en qui personne jusqu'ici ne s'avisa de soupçonner la moindre im- portance, nous semblent jouer un rôle très-considérable dans l’histoire de l'organisation végétale, où elles sont probablement l'une des transitions par lesquelles la nature voulut que le mode de croissance propre aux hydrophites s'élevåt à celui des plantes qui végètent uniquement dans l'air. Comme les confervées et les céramiaires semblent former un passa ge à la végétation pha- nérogamique, composée de trachées à valvules ou d'un réseau formé sur le modèle de l'hydrodictie *, de même les ulves condui- sent à la végétation cellulaire des hépatiques, des mousses, et même des fougères par les hyménophyllées. Ainsi, dans un tableau où l'on voudrait exposer le rapport des ordres naturels ! L’hydrodictie est une confervée où les articles, au lieu d’être disposés bout à bout, le sont trois par trois; en sorte qu’au lieu de composer des filaments continus, ces articles forment le réseau végétal le plus simple qu'on puisse imaginer, et qu'on voit ensuite, par le secours du microscope, se reproduire sans cesse en se compliquant par superposition, afin de retenir entre une multitude de mailles, la matière mu- queuse , la globuline et autres principes qui doivent compléter le végétal. 54 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. et de leurs familles, à partir du terme le plus simple et en s'élevant de degrés en degrés, suivant les modes de complication, il faudrait placer d'abord la matière muqueuse, pénétrée de globuline, au centre d'une sphère, d'où rayonneraient les chaodinées, les ulva- cées, les céramiaires, les confervées , autres sphères d'où rayon- neraient à leur tour les lichens, les cryptogames, les nayades, ainsi de suite, et toujours en s'élevant vers la phanérogamie. Ce n'est pas ici le lieu de s'étendre sur les filiations qui devien- draient évidentes dans une pareille disposition des familles na- turelles et des genres véritables dont ces familles se composent : nous avons dů simplement, par de tels aperçus, indiquer com- bien la recherche des hydrophites devient importante sous le point de vue philosophique dans lequel on considère mainte- nant les sciences naturelles. Pour faciliter aux voyageurs, qui sentiraient cette importance, les moyens de rapporter en Europe des collections hydrophy- tologiques considérables, sans se donner beaucoup de peine, il nous parait indispensable de dire quelques mots sur les divers modes de préparations qu'on peut faire subir aux agames, ainsi qu'aux cryptogames, pour les conserver de manière à ce qu'on puisse dans la suite les travailler aussi bien sur le sec qu'on leùt pu faire sur le vivant. Les détails dans lesquels nous allons entrer nous paraissent devoir être d'autant plus utiles, que, lorsqu'on trouve imprimé en beaucoup de livres les moyens de dessécher des phanérogames et d'en composer des herbiers, il n'a jamais été dit un mot touchant les végétaux élégants et sin- guliers sur lesquels nous appelons ici l'attention des véritables naturalistes et des navigateurs éclairés. On sait que, replongés dans l’eau, un très-grand nombre de cryptogames et la presque totalité des agames ont la propriété, non de revivre, comme on l'a dit, mais de reprendre l'appa- rence de la vie : il en résulte la plus grande facilité pour recon- naitre leurs caractères long-temps encore après que ces plantes BOTANIQUE. 55 furent récoltées, et pour préparer les échantillons qu’on veut conserver dans les herbiers, après les avoir soumis à lana- lyse. Le collecteur ne doit donc pas prendre beaucoup de soins pour conserver des êtres destinés à étre assouplis et mouillés, lorsqu'il est question en temps et lieu de déterminer ce qu'ils sont. Il suffit, pour mettre à l'abri de la destruction les végétaux marins, d'en former des paquets après les avoir récoltés convenablement, et de préserver ces paquets de lhu- midité, qui les altérerait en y causant une fermentation d’où résulteraient des moisissures. Pour les mousses et les lichens, il faut simplement choisir, au- tant qu'on le pourra, des échantillons chargés de fructifications, d'en bien noter l'habitat et les nuances à l'état frais. Plus les échantillons seront fournis, plus on conservera de possibilité d'y retrouver les parties caractéristiques et de vérifier un grand nombre de fois les plus minutieux détails. Après avoir dégagé le tout des corps étrangers et de la terre qui s’y pourraient trouver, on le met sécher à l'ombre, mais non dans l'obscurité. Si la dessiccation n’était pas complète au soir, il ne faudrait pas laisser de telles richesses exposées à la rosée de l'aube, et on devrait les placer à l'abri de toute humi- dité durant la nuit. Peu d'heures suffisent en général pour obtenir une dessiccation complète, dans les pays chauds surtout: quand on l'a obtenue, on forme des paquets de ces mousses et de ces lichens, qu'on environne de papier-brouillard et qu'on ficelle, ayant soin de noter scrupuleusement que ces objets ont été recueillis sur les pierres ou sur les écorces, à terre ou pendants aux branchages, en des lieux ardents ou dans une atmosphère humide, dans les forêts, dans les landes rases, etc. De pareils renseignements sont de la plus haute importance pour confirmer des règles de stations botaniques, qu'on entrevoit, mais au sujet desquelles on n’a pas de certitude absolue. Il est 56 i VOYAGE AUTOUR DU MONDE. probable que ces renseignements confirmeront, par exemple, qu'il n'est pas un sticte qui croisse sur la terre, de tels lichens habitant les’ écorces, et qu'il n’est pas de cænomyces sur le vieux branchage, ceux-ci paraissant être exclusivement ter- restres, parce qu'ils doivent avoir besoin, pour se développer, de humus appelé communément terre de bruyère. S'il est question de récolter des fucassées, des ulves, ou autres hydrophites, le plus grand nombre de ces plantes exigent en- core moins de précaution pour être conservées. On recherchera des individus complets, entiers, avec leurs racines et leurs tiges surtout. De simples rameaux ou des frondes, quelque belles qu’elles puissent paraître dans un herbier, ne suffisent pas pour bién statuer sur des espèces tellement sujettes'a varier, qu'il en faut voir toutes les parties dans leur situation naturelle, si l'on ne veut être exposé à regarder comme appartenant à des choses différentes des fragments d'un même individu. La taille ne doit jamais étre un motif pour morceler les productions marines. M. Lesson, que rien ne rebutait lorsqu'il était question de recueillir des objets d'histoire naturelle, et qui le faisait avec tant d'intelligence, nous a communiqué entre autres des macro- cystes de près de trente pieds de longueur avec leurs racines; et l'inspection de tels échantillons, nous apprenant que trois ou quatre espèces avaient été confondues en une seule, nous aida encore à déterminer par la comparaison de toutes leurs parties les caractères distinctifs de ces belles espèces. C'est au moyen d'un pied immense et complet de cette laminariée, dont nous avons formé un genre dédié à l'infatigable et savant marin qui se donna la peine de récolter un si bet échantillon, que nous avons pu prononcer sur la non-identité de notre Durvillœa utilis et de cette Porra qui, mentionnée par Le Gentil’, fut regardée Jusqu'ici = Voyage dans les mers des Indes, tom. II, pag. 214, pl. 3. BOTANIQUE. 57 comme la même chose sur l’assertion de M. Lamouroux, réduit à travailler sur de simples fragments. Il est tel exemplaire entier et complet d'hydrophite sur lequel nous avons reconnu jusqu'à trois de ces véritables brimborions qu'en avaient décrits, comme autant d'espèces distinctes, la plupart de nos prédécesseurs. Mais telle est la difficulté d'échapper au même genre de déception dont la cause se trouve dans la polymorphite des hydrophites, que pour l'établissement de plus d’une espèce nous pourrions être encore à notre tour tombé dans l'erreur. On ne doit point laisser en tas, surtout dans la zone torride, les hydrophites après les avoir déracinés; la fermentation qui en altère aussitôt les teintes ne manquerait pas d'y porter un désordre fétide : on peut tout au plus les accumuler, durant l'herborisation, dans une boite de fer-blanc, qu'on laisse ouverte le moins de temps possible, et dans laquelle une certaine frai- cheur les protége jusqu'au temps où on peut les arranger con- venablement. Il suffira alors de les bien laver dans le courant d'un ruisseau voisin, dans quelque fontaine, où dans un baquet d’eau douce, renouvelée toutes les fois qu'on la sentira devenir salée ou muqueuse. Après ce lavage, fait pour emporter toutes les causes qui contribuent à rendre les hydrophites si hygro- métriques, on fera sécher les récoltes à l'ombre, comme on doit faire des lichens et des mousses, en prenant seulement la précaution de retourner les tas de temps en temps, pendant qu'ils sèchent; car le côté le moins exposé au jour, et dont l'humidité s'évapore le moins vite, est exposé à noircir et à se corrompre très-promptement, si l'on ne le fait à son tour participer aux bienfaits de la lumière. On sépare ensuite les espèces selon les stations où elles furent recueillies, c’est-à-dire selon qu’elles demeuraient à sec durant la basse mer, selon qu'elles ne demeuraient jamais découvertes, enfin selon qu'elles croissaient à plus ou moins de profondeur, Voyage de la Coquille. — Botanique. 8 58 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. et qu'elles pouvaient vivre plus long-temps hors des vagues, soit sur un fond de rochers marins, soit au voisinage de l'em- bouchure de rivières dont le tribut adoucissait la salure de l’eau. On note ces diverses circonstances sur les paquets qu'on forme, avec les productions de chaque localité; et comme l'humidité peut, en dépit des plus minutieuses précautions, compromettre le résultat d’herborisations périlleuses dans la zone torride, où les côtes sont généralement insalubres, on entremélera le tout de filasse ou d'étoupes bien sèches : pour peu que les hydro- phites ainsi disposés soient mis à l'abri de la dent des rats du- rant la traversée, on leur rendra facilement leur souplesse avec leurs brillantes nuances, quand il sera question d'en parer l'herbier au retour. C'est de la sorte que les récoltes marines de MM. Durville et Lesson nous sont arrivées : aussi avons- nous eu la facilité d'en observer la presque totalité, comme nous l’eussions pu faire sur les rivages où ces savants les avaient faites. IL est cependant des espèces filimenteuses, capillaires, déli- cates ou très-mucilagineuses, dont on obtiendrait difficilement, après quelques mois d’entassement, le retour aux formes pre- mières, et surtout aux teintes naturelles. On doit donc conserver au moins un échantillon de ces espèces dans une fiole d'eau fortement muriatée, bouchée hermétiquement, sans vide, pour éviter tout balancement destructeur; il faut placer ces fioles à l'abri de la lumière, qui en ferait disparaitre les teintes, et noter celles-ci avec le plus grand soin sur des étiquettes collées aux parois. L'observateur, armé du microscope, retrouvera tou- Jours les moyens de reconnaitre et de décrire les objets ainsi conservés. Mais, pour avoir des échantillons charmants de pa- reilles espèces, on aura recours au procédé suivant, avec la certitude que leur beauté dédommagera amplement l'amateur des peines qu'il se sera données pour les obtenir. BOTANIQUE. 59 On place sur un plat le végétal capillaire qu'il est question de conserver avec son port gracieux et ses nuances suaves; on l'y fait flotter dans l'eau douce, en étendant les rameaux par le secours de quelque épine, de l'extrémité d’une plume, ou mieux avec un pinceau; on en retranche avec des ciseaux fins , On en enlève avec des pinces les parties surabondantes qui pourraient causer de la confusion ; on glisse au-dessous et au fond du vase un carré de bon papier collé, et, lorsque la plante s’y trouve convenablement étalée, on retire doucement l'eau au ‘moyen d'une petite seringue, ayant soin de réparer avec le pinceau les désordres qu'apporteraient les petits courants déterminés par la retraite du liquide. Le papier sur lequel on dépose ainsi l'es- pèce délicate doit être très-blanc pour que cette espèce y res- sorte, bien collé pour qu'elle y adhère aussi étroitement que possible, et passablement fort pour qu'il ne se crispe point en perdant toute humidité. On fait sécher ensuite l'échantillon ainsi préparé, en le posant sur un carton ou sur des feuilles de papier-gris légèrement inclinées; et il faut attendre, pour le met- tre sous presse afin d'achever le desséchement complet, que le gros de l'humidité en ait disparu; si l'on se hâtait trop, la plante courrait risque d'adhérer aux feuilles de papier-brouillard, entre lesquelles on en opérerait la compression. Si le papier blanc où l'échantillon demeure appliqué, se séchant plus vite que la plante, venait à se froncer avant que celle-ci fùt en état d’être mise en presse, il faudrait avoir soin de le mouiller par-dessous avec un pinceau, afin d'y entretenir une humidité qui soit pro- portionnée à celle qui s'évapore lentement dans la plante. L'usage de ce genre de préparation donnera bientôt l'expérience de divers procédés plus minutieux, qui sont nécessaires pour òb- tenir des échantillons aussi beaux que le sont les hydrophites vivants, et supérieurs aux plus élégantes gravures. Il est cer- taines espèces charnues et épaisses, telles que des alcyonidies, 8. 60 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. qu'il sera nécessaire de couper longitudinalement en deux, ou dont on enlèvera le mucus intérieur par le moyen de quelque incision latérale. On fera bien de se munir de petites lames de verre ou de talc pour y étendre des filaments de chaque espèce délicate, afin qu'on puisse en tout temps soumettre ces filaments au microscope, et tenir compte des diverses modifications qui s’y opèrent par le desséchement; modifications qui peuvent servir de caractères spécifiques, parce qu'elles sont toujours pareilles dans la même espèce. Les champignons charnus sont de tous les végétaux agames ceux qu'il est le plus difficile de conserver : aussi est-il néces- > saire, quand on l’essaie, d'en prendre d'abord un trait, dont ’ on doit peindre sur-le-champ quelque partie pour suppléer à Toubli de la couleur; on y ajoute une note descriptive, et, après avoir laissé le champignon se flétrir, on peut le mettre en presse dans la coquette *. Quand il sera sec, on le plongera dans une dissolution alcoholique de deutoxide de mercure (vulgairement sublimé corrosif), ou dans une décoction très-forte de guassia amara : après l'avoir laissé pendant une heure environ dans l'un ou l'autre liquide, et même plus si le champignon est fort gros, on le retire pour le remettre de nouveau dans la co- quette jusqu'à entière siccité; les insectes n'attaqueront plus le végétal ainsi empoisonné. Pour les espèces subéreuses, qu'on ne doit pas négliger, il est inutile de les comprimer : on ne parvien- drait jamais à les réduire au format de l'herbier; mais, lors- qu'elles sont bien seches, on ne doit pas omettre, avant de les em- paqueter dans l'enveloppe sur laquelle on notera de quel arbre ! Appareil expéditif pour la dessiccation des plantes, dont nous avons donné la description et une figure dans les Annales générales des Sciences physiques, di- rigées par MM. Audouin et Adolphe Brongniart, tom. III, pl. 32. BOTANIQUE. 6r ces espèces furent parasites, de les tremper dans les dissolutions ou décoctions préservatrices. C'est, nous le répétons, en employant la plupart des moyens dont nous venons d'occuper le lecteur, que MM. Durville et Lesson ont pu remettre en nos mains les précieux matériaux qui ont servi pour la rédaction d'un chapitre de la botanique, très-négligé dans toutes les relations qui précédèrent celle de l'expédition de {4 Coguille. Nous formons des vœux pour qu'un tel résultat provoque le zèle des navigateurs appelés à marcher sur les traces de nos deux savants et illustres amis. 62 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. CHAPITRE PREMIER. AGAMIE. DESCRIPTION DES VÉGÉTAUX DÉPOURVUS DE SEXE, RÉCOLTÉS PAR MM. DURVILLE ET LESSON. HYDROPHITES. ORDRE PREMIER. — VARECS, Fuci. Les agames de cet ordre d'hydrophites, dont les formes sont presque phanérogamiques, se composent presque toujours de tiges et de feuilles, ou plutôt de frondes foliacées. Les tiges y sont beaucoup plus compliquées dans leur organisation qu'on ne l'avait cru jusqu'à ce jour; ce que l'on verra quand il sera question de la famille des laminariées, tant enrichie par les voyageurs de la Coquille. Des ampoules ou vésicules remplies d'air se trouvent ordinairement dans quelque partie de leur étendue, soit que ces ampoules dilatent les pétioles des frondes ou feuilles, soit qu'elles se développent dans la substance même de celles-ci. La fructification consiste en propagules, appelés granules par Lamouroux, et qui sont contenues dans des gon- gyles enveloppés à leur tour dans une mucosité que renferme ordinairement un prolongement des lames de la fronde. Le BOTANIQUE. i 63 tout détermine, soit aux extrémités , soit sur la surface de ces frondes, des renflements distendus et granuleux, variant de forme si les onts et les espèces de varecs, et qui, ve- nant à se rompre à l’époque de la maturité, émettent leur mu- cosité interne, d'où s'échappent, durant la dsl a les corps reproducteurs, lesquels, allant se fixer sur d’autres agames aquatiques sur les rochers, ou sur les coquilles, s’y développent en formant un petit empâtement d'où s'élèvent d’abord autant de petites expansions membraneuses et à tissu d'ulve, qu’il existait de propagules dans le gongyle. Chacune de ces expansions peut devenir la tige ramifiée d’un grand individu; mais ordinaire- ment chacun de ces individus demeure attaché au même em- påtement que tous ses pareils provenus des autres propagules qui furent captifs avec lui. Peu de varecs sont ornés de bril- lantes couleurs; le fauve ardent, le brun plus ou moins foncé, le noir même avec quelques nuances d'un vert obscur, sont leurs teintes ordinaires : leur substance est coriace, faite pour résister à la plus grande violence des vagues. Ce sont les végé- taux marins les plus répandus des tropiques jusques aux cercles polaires, surtout depuis le quarantième degré jusqu'au soixante- dixième environ. Les espèces s'y multiplient principalement sur les rochers au-dessous des limites des basses marées, ou dé- couverts par celles-ci; ils donnent à ces rochers la teinte sombre d’où résulte l'aspect si triste de la plupart des côtes pierreuses. Presque tous nos ports en sont encombrés, et plusieurs per- sévérent assez avant dans l'embouchure des grands fleuves. Nous en répartirons les espèces dans les trois familles sui- vantes : savoir, les LamNarifes, les Fucacées et les CYLINDRACÉES. Famille des Lamiariées, Laminarie. Les agames de cette famille avaient jusqu'ici été confondus 64 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. avec les fucacées; nous avons, dans notre Dictionnaire clas- sique d'histoire naturelle (tom. IX., pag. 191 ) proposé de les en distinguer; des caractères importants, qu'on avait négligés, ne permettant plus de les regarder comme appartenant à une même famille, la contexture de leurs frondes les rapproche des ulvacées. Plus simple que dans les fucacées, cette contexture consiste en des corpuscules infiniment petits, intercalés dans un réseau fibrillaire, parmi lesquels de plus gros.se développent en gongyles qui, sous forme de taches obrondes ou irrégulières, sont épars sur les pages des frondes, jamais, comme dans les fu- cacées ou les cylindracées, réunis en tubercules distincts ou en masses groupées en quelque partie que ce soit des expansions, et surtout aux extrémités. Tous sont caulescents, et se fixent contre les rochers, aux lieux les plus battus des vagues, au moyen de racines bien caractérisées, enlaçantes, souvent très-fortes, et comparables pour l'aspect et la consistance à celles de certains phanérogames monocotylédones. Les tiges, ordinairement très- solides, présentent, dans certains genres, une complication fort digne d'examen. On y reconnait une substance corticale par- faitement distincte; une substance cornée, qui, en se dessé- chant, acquiert une dureté considérable, et qui, très-flexible dnrant l’état de vie, est évidemment formée, comme le bois, par des couches concentriques ; enfin au milieu, une substance médullaire, dont la couleur et la consistance sont très-différentes de celles du reste de la tige. Les laminariées sont les arbres de la mer, dont les fucacées et les cylindracées sont les arbustes. C’est chez elles qu'on rencontre les espèces dont quelques peuplades maritimes tirent des aliments plus ou moins mucilagineux et sucrés. La plupart, lorsqu'on les remouille pour leur rendre l'apparence de la vie, répandent une odeur de thé ou de vio- lette fort agréable. Une trop longue immersion les fait réduire S en une gelée épaisse. Plusieurs acquièrent des proportions gigan- BOTANIQUE. 65 tesques : nous n'en connaissons encore aucune qui se rencontre entre les tropiques; les unes ont leur tige simple, et paraissent se trouver seules dans l'hémisphère boréal; les autres ont leur tronc rameux, et nous viennent des mers australes, où elles abondent sur les pointes méridionales des trois continents du Sud. IL Durvirrée, Durvillæa. Ce genre, dont l'espèce unique est fort importante à con- naitre, puisqu'elle fournit un excellent aliment aux habitants des côtes occidentales de l'Amérique méridionale, sera dédié à M. le capitaine Durville, marin naturaliste, qui, réunissant tous les genres de connaissances nécessaires pour diriger, plus utilement qu'on n'a pu encore le faire jusqu'à ce jour, une expédition de dé- couvertes, méritait que son nom ne fùt point attaché à quelque végétal vulgaire, démembré, peut-être à tort, de quelque autre genre précédemment établi. Nous caractériserons le genre Dur- villæa de la manière suivante : Expansion coriace, se divisant en lanières subulées, cylindracées, recouvertes d'un épiderme distinct, tubuleuses, et remplies par une substance celluleuse, de nature particulière, fort différente du reste de la substance de la plante; gongyles arrondis, disposés dans un plexus qui ta- pisse des vésicules éparses à la surface de la masse parenchy- mateuse, et percées d'un pore : la seule espèce qui nous soit connue est la suivante: 1. Durvirrée unie, Durvillæa utilis (pl. 1 et pl. 2, fig. 1 ); N. For. des Mal., n° 27; Dict. class. d'hist. nat., tom. IX, p. 192; Fucus antarcticus, Chamisso; Voy. pitt. de Choris, pag. 7, pl. 7 Feu M. le professeur Lamouroux avait connu cette plante, dont il avait reçu quelques échantillons imparfaits de Valparaiso sur la côte de l'océan Pacifique; il la plaçait provisoirement parmi les laminaires de son herbier, sous le nom de Laminaria por- Voyage de la Coquille. — Botanique. 9 66 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. raidea, en y rapportant cette Porra, dont Le Gentil a dit un mot et donné une figure insuffisante *. Nous trouvons dans la Flore des iles Malouines, par M. Durville, une notice la con- cernant : nous la reproduirons ici. « Dès le quarantième degré de latitude australe, dans l'océan Atlantique, nous avons souvent rencontré, flottant à la surface des flots, un thalassiophyte énorme et d’un aspect singulier. D'un disque épais et aplati naissent plusieurs tiges comprimées, larges de vingt-un à quarante centimètres, et qui atteignent quelquefois à onze ou quinze mètres de longueur ; leur sub- stance est d’un vert olivâtre, charnue et épaisse : ces tiges se divisent en un grand nombre de ramifications très-étroites, allongées, comprimées, et semblables à autant de courroies. Aux Malouines, la plage, en certains endroits, en était couverte; mais je n'avais jamais pu l'y observer en place. Ce ne fut qu'à la Concepcion, sur la pointe même de Talcaguano, que j'eus cette satisfaction. Fixé sur un gros rocher, en partie découvert à la marée basse, enchainé par plusieurs crampons, et agitant vio- lemment à lentour ses immenses lanières, ce fucus semblait un mollusque monstrueux, allongeant dans tous les sens ses nombreuses tentacules. » IT est probable qu'il s'est glissé, dans le passage qui vient d'être transcrit, quelque confusion , et que la taille gigantesque avec des lanières comprimées, attribuées au Durvillæa utilis , conviennent au laminaria buccinalis, qui se trouve du cap de Bonne-Espérance au cap Horn, et dont M. Durville nous a rapporté des fragments très-reconnaissables, recueillis sur la plage des îles Malouines. Quoi qu'il en soit, si l'on s'en rapporte à la description de M. de Chamisso, qui parait être fort exacte, la racine de l'hydrophite dont il est question consiste en un © Voyez la page 56 du présent ouvrage. BOTANIQUE. 67 disque calleux, qui adhère fortement aux rochers. La tige simple, ou quelquefois double, est cylindracée, longue de six à huit pouces seulement, et d'un à cinq pouces de circonférence, consistante, brunâtre; elle s’aplatit en une sorte d'expansion, tantôt cunéiforme, tantôt développée en éventail, comme dans les laminaires digitées de nos côtes. Cette sorte de fronde, épaisse d'un doigt plus ou moins, quelquefois percée et diversement dé- chirée, a sa surface olivatre, inégale et comme marquée de rides longitudinales, ou fendillée en divers sens; elle se divise, par ses bords, en huit ou dix grosses lanières, qui, s'épaississant, se divisent à leur tour d'une manière irrégulièrement dicho- tome, ou même trichotome, en lanières flagelliformes, d’abord parfaitement cylindriques, très-flexibles, parallèles, longues de plusieurs pieds ; ce qui donne une longueur d’une toise et demie à deux toises pour la totalité de la plante. Ces lanières ou ra- meaux s'amincissent insensiblement du point de départ, où leur diamètre a près d'un pouce, jusqu’à leur extrémité, qui s'aplatit en une sorte de lame obtusée; elles ont, dans la plus grande partie de leur étendue, la grosseur du doigt. Leur couleur est le vert d'olive tirant au bistre; et cette dernière nuance, qui devient dominante quand la plante est hors de l’eau, passe au brun-rouge tirant sur la couleur puce dans les échantillons d'herbier bien préparés; une dessiccation moins soignée les rend complètement noirs. Il est des rameaux ou lanières qui se ren- flent vers leur extrémité ( pl. 2, fig. 1, A), de manière à pro- duire comme une sorte de vésicule oblongue, de trois à quatre pouces de diamètre, ou de massue terminale, ordinairement mucronée; ce qui justifie l'erreur où est tombé, sur les traces de M. Lamouroux, l'auteur de l'article Lamnarn , qui, dans le Dictionnaire des sciences naturelles, a vu notre Durvillée dans la Porra, sur laquelle Le Gentil ( loc. cit.) s'exprime dans les termes suivants : 68 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. «Il me reste encore, dit ce voyageur, une remarque à faire sur le voyage de George Anson, au sujet d’une espèce d'herbe ou de plante marine, que les Tomnak trouvent avant que d'arriver à Acapulco, après avoir couru quatre-vingt-seize degrés de longitude. Selon ce marin célèbre, à compter du cap Espiritu- Santo, on trouve ordinairement la mer couverte d’une herbe flottante, que je conjecture, continue notre auteur, devoir être une espèce de poireau marin, par le nom de Porra, que lui donnent les Espagnols *. Or je remarque que le mot castillan porra ne signifie pas poireau; il veut dire massue, et porraço signifie coup de massue. Il y a toute apparence que l'auteur du voyage, ou celui qui la traduit en notre langue, ne savait pas assez le castillan, et qu'il aura cru que porra, par une espèce de ressemblance avec le mot français poireau, en était en effet une espèce. Quoi qu'il en soit, l'auteur du voyage n’a point vu cette plante. Quant à moi, je donne ici un dessin dont m'a fait présent le Père D. Estevan Rojas y Melo, en m'assurant que ce dessin est exactement conforme à la Porra, c'est-à-dire à la plante marine que trouve le galion avant d'arriver aux côtes de Californie. Dans ce dessin, on voit que la plante a en effet plus la forme d'une massue que d’un poireau; elle avait, selon la mesure qui en fut faite, quarante brasses de longueur environ. «Ne sachant pas dans quel genre et quelle classe placer cette plante, jai cru ne pouvoir mieux faire que de consulter M. Guétard , de l’Académie royale des Sciences; et voici la note qu'il m'a donnée, et que les naturalistes verront ici avec plaisir sans doute. Il a fait une phrase pour cette plante dans le goût des botanistes, et l'appelle donc : Fucus ramis ex tubero rotundo exeuntibus, foliis planis , profundè crenatis, pediculatis , pedi- culo uno versu dispositis. Cette plante, continue M. Guétard, | Voyage de George Anson, liv. II, p. 193. BOTANIQUE. 69 est une espèce de celles qu'on appelle en France du nom de varech, goémon, par les botanistes, de celui de fucus. Cette espèce est singulière, en ce que le haut de la tige est terminé par un tubercule ou une vessie dont les branches partent, et en ce qu'il parait que les pédicules des feuilles sortent d'un même côté. Il me semble qu'elle n’a pas encore été gravée; je ne l'ai pas reconnue parmi celles dont il est parlé dans l'ouvrage de Linné, intitulé : Espèces des plantes ; elle n’est pas non plus dans l'ouvrage de Samuel-Gohtiel Gmelin , qui en a fait graver un grand nombre d'espèces; on ne le voit pas parmi les plantes du Mexique gravées dans l'ouvrage de Hernandez sur ce pays: il n’en est pas non plus fait mention dans l'Histoire des Barbades par Hugues, ni dans la collection des plantes de Morisson. Il me parait que cette plante est nouvellement découverte par les Européens, et qu'il est bon d'en donner une figure gravée. Cette plante, comme toutes celles de ce genre, donnerait, étant brülée, cette espèce de sel alcalin ou soude qu'on appelle en Normandie du nom de varech. » La Durvillée ne donnerait seulement pas de soude comme les varecs des côtes normandes; elle fournit aux habitants des rivages où elle croit un aliment qui, pour être plus principale- ment employé par la classe pauvre, n’en est pas moins agréable : il pourrait être beaucoup plus agréable encore, s'il était préparé par un cuisinier habile. Ayant fait apprêter à la manière des nids d'hirondelles, dans du bouillon gras, quelques-uns des échan- tillons qui nous en furent rapportés, nous les avons trouvés un peu mucilagineux et sucrés, mais d'un excellent goût. La plante dont il est question, et dont M. Durville recueillit quelques fragments aux Malouines, parait être beaucoup plus répandue sur les côtes du Chili : c'est encore de Talcaguano, dans ce parage, ainsi que du cap Horn, que M. Chamisso la rapporta en Europe; un capitaine de marine marchande nous 70 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. l'avait communiquée comme venant de Valparaiso, où le peuple en fait sa nourriture, et nous la reçümes également de M. La- mouroux, dès 1823. L'une des lanières qui nous a été donnée par M. Durville n'avait pas moins de neuf pieds de long. Il est clair, d'après le passage de Le Gentil, transcrit plus haut, que la Porra ne présente aucun rapport avec la plante précieuse qui nous occupe , laquelle ne croit point, dans la haute mer, entre les Philippines et la Californie, et n'a point qua- rante brasses de longueur, ni de feuilles planes profondément crénelées. La Porra est évidemment un macrocyste. La Durvillée utile se compose d'abord d'un épiderme olivatre, passant au bistre noir par la dessiccation, et de la couleur du- quel dépend celle du reste de la plante. Cet épiderme, assez uni et qui se recouvre d'une légère mucosité, se gerce, en se desséchant, par le retrait considérable opéré dans sa substance. C'est lui qui, lorsque la Durvillée est remise dans l'eau, se dé- tache de toute sa surface sous la forme d'un réseau, qui passe au noir-puce, et qui, préparé sur le papier, où il adhère impar- faitement, y prend l'aspect d'une sorte d'hydrodictie (pl. 2, fig. 1, C). Il est composé d'une mucosité jaunâtre, assez épaisse, encore épaissie et rendue plus compacte par une multitude de globules transparents, quoique fortement colorés, très-serrés, paraissant disposés sans ordre, au simple grossissement d'une loupe ordinaire (D), mais qui semblent affecter la disposition sériale de dedans en dehors, vus à un quart de ligne de foyer (E). Cette subordination sériale des globules colorés de l'épiderme fait que, sur le profil des déchirures du réseau, le microscope fait découvrir comme des faisceaux composés de ramules monil- liformes, qui rappellent l'aspect qu'ont certaines chaodinées, telles que les chœtophores et les verticilles de batracosperme considérablement amplifiés. Au-dessous de l’épiderme se trouve une sorte de tunique ou BOTANIQUE. 71 derme très-mince, parfaitement transparent, devenant luisant, comme scarieux et d'une couleur vineuse par la dessiccation ; on dirait de la peau d’ognon. En se ridant, il continue à adhérer intimement à la substance parenchimateuse. Un plexus de fila- ments légèrement teints, quoique d'une translucidité vitrée, d’une finesse extrême, et prodigieusement entremélés, compose ce derme, sur lequel on discerne à la simple loupe de petits pores. La masse parenchimateuse, tendre et consistante à la fois, conséquemment très-flexible, devient dure, comme cor- née et cassante par la dessiccation. Remise dans l’eau, élle s'y ramollit d'abord; mais il ne faut pas l'y laisser trop long-temps plongée; car elle se gonfle outre mesure, et ne tarde pas à se dissoudre en une sorte de glaire, où se disjoignent les molécules colorantes qui se délaient plus tard dans le liquide. Cette masse parenchimateuse est composée, comme l'épiderme, de globules colorés, fort pressés; son épaisseur peut être d'une ligne, dans l’état frais, sur les lanières de la grosseur du doigt. Lorsqu'on en considère un fragment coupé en lame dans sa transparence, on y distingue à la loupe comme une série de polygones, au centre desquels apparaissent des pores souvent aussi translu- cides que s'ils étaient des trous, percés sur de légères saillies en mamelons (H). La tranche (G) fait reconnaitre dans ces pores l'ouverture de vésicules dispersées à la surface externe de la substance parenchimateuse, dont l’interne est tapissée par la substance celluleuse ; celle-ci remplit la capacité des tubes, qui rappellent, quand on les rompt, l'idée de l'intérieur de beaucoup de monocotylédones phanérogames, et même, aux nœuds près, de certaines ombellifères : elle est composée d’alvéoles irrégu- lièrement hexagones ou octogones (F), transverses et non longitudinaux. Il est probable que, dans l'état de vie, ces al- véoles sont remplis d'air, s'ils ne le sont d'eau douce. Nous y avons vainement cherché la moindre saveur saline, quand, les 72 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. lanières qu'ils remplissaient n'ayant point été déchirées', l'eau salée n'avait pu y pénétrer. Les cloisons y sont formées d'une membrane trèsmince, un peu scarieuse dans la dessiccation, blan- châtre, transparente, et, à l'absence de la couleur vineuse près, parfaitement pareille au derme; elles dépendent d'un derme ana- logue, qui tapisse la surface interne dela substance parenchyma- teuse dans toute son étendue. La lame qui résulte de cette mem- brane à cette surface interne parait, quand, après l'en avoir détachée, on la soumet à une lentille ordinaire, composée de filaments très-fins, qu'on dirait être articulés; mais on reconnait, à un quart de ligne de foyer, que cette apparence résulte de la forme en réseau qu'affectent les filaments, réseau qui, représenté ici (J), offre absolument l'aspect du système alvéolaire lui-même. Après qu'on a enlevé celui-ci, les lignes qui résultaient de linser- tion des cloisons transversales demeurent empreintes sur la lame interne de la masse parenchymateuse dépouillée, où les vésicules se manifestent comme à l'extérieur par de petites élévations en mamelons, mais au centre desquelles on ne voit point de pores. Ces vésicules à pores, ouverts extérieurement, après quelque temps de séjour dans l'eau, nous ont, au grossissement d'un quart de ligne, présenté (T) de trois à six gongyles sphériques, grisätres, peu distincts, contenant un pareil nombre de pro- pagules amorphes, plus colorés, dispersés dans un amas de fibres très-fines, vitrées, et qui ne nous ont peut-être paru arti- culées cà et là que par l'effet de leur entrecroisement. Flottante dans le fond des eaux, où ses lanières flexibles s'abandonnent à l'ondulation des vagues, on pourrait prendre au premier coup d'œil la Durvillée pour un grand poulpe ou pour quelque gigantesque radiaire, agitant mollement ses lon- gues tentacules olivåtres ou brunissantes, aspect qu'est bien loin de rendre la figure de Choris, faite néanmoins sur le vivant, et dans laquelle on n’a pas indiqué certaines lanières tout-à-fait BOTANIQUE. 73 plates ou simplement aplaties, qui se développent çà et là sur les côtes des expansions, et que nous avons remarquées sur la plupart des échantillons que nous avons eu occasion d'examiner. ` Explication des Figures. PI. r. D’une des premières divisions de l'expansion en coin ou en éventail que forme la dilatation laminaire d’une tige de la Durvillée utile, avec les teintes qu’elle a reprises dans l’eau, et de grandeur naturelle. Pl. 2, fig. 1, A. Fragment supérieur d’un rameau ou lanière de la Durvillée utile, renflé en massue, avec la couleur qu'il offrit étant remouillé, et de grandeur na- turelle. B. Continuation inférieure du même rameau , de grandeur naturelle et de la cou- leur qu'il a prise dans l’herbier, pour montrer le derme de teinte vineuse aux lieux où l’épiderme noirâtre est enlevé, et un peu du système alvéolaire interne par une déchirure de la masse parenchymateuse. C. Fragment de l’épiderme en réseau d’hydrodictie, tel qu'il se détache des ra- meaux qu'on met tremper dans l'eau pour les faire revenir ( grandeur naturelle ). D. Un morceau de ce fragment, grossi à une ligne de foyer. E. Un plus petit morceau du même épiderme, vu à un quart de ligne. F. Intérieur d’un rameau ouvert, pour montrer le système alvéolaire. G. Un fragment de la masse parenchymateuse, vu par-dessous, après qu’on en a enlevé le système alvéolaire, dont les cloisons transverses laissent des impressions aux points d'attache, et montrant sur la tranche les vésicules gongylifères à pores, au simple grossissement d’une lentille ordinaire. H. Même fragment de la masse parenchimateuse ou charnue, dépouillé de lépi- derme et du derme, vu du côté extérieur au même grossissement. I. Vésicule à pore, ouverte, pour montrer les gongyles épars dans un tissu fila- menteux , à ui quart de ligne de grossissement. J. Membrane des cloisons du système alvéolaire, à un quart de ligne de grossis- sement, ; I. Lesson, Lessonia. Les végétaux de ce genre méritent plus qu'aucun autre hydrophite le nom d'arbres marins; ils présentent en effet des racines très-fortes, un véritable tronc avec ses rameaux qui se Voyage de la Coquille. — Botanique. 10 74 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. chargent de frondes en manière de feuilles, et ces rameaux comprimés sont essentiellement dichotomes ; ce qui vient de la manière dont se développent les frondes : celles-ci, entières dans leur jeunesse, se partagent en deux, non par leurs bords ou en partant des extrémités vers le centre, comme il arrive ordi- nairement, mais à commencer du point d'insertion par une dé- chirure qui gagne peu à peu, et de dedans en dehors, l'extrémité, pour en faire deux feuilles laminaires, qu'on peut considérer comme jumelles. On remarque le même mode de division dans le genre macrocyste, qui va nous occuper tout-à-l'heure; mais il ny produit pas la dichotomie, et nous ne connaissons pas d’autres végétaux qui le présentent; il paraît être propre aux laminariées arborescentes. C'est M. Lesson qui nous a rapporté les trois espèces renfermées dans un genre nouveau, auquel il eùt été conséquemment injuste de ne pas donner son nom, et dont les caractères consistent : Dans la dichotomie obligée des rameaux; dans les frondes formées de deux tuniques, qui sont la continuation de l'écorce; dans les pétioles comprimés et ja- mais vésiculeux; dans les gongyles, qui, épars à la surface des frondes ou réunis en macules sur quelque point de l'étendue de celles-ci, sont disposés dans les mailles d’un réseau formé par des filaments articulés en chapelets. Le tronc des Lessonies est formé par un bois fort ressem- blant à celui des arbres, mais modifié par le milieu où il de- meure éternellement plongé. Flexible durant l’état de vie, et susceptible d'être coupé assez facilement avec le couteau, ce bois résiste à la plus violente agitation des vagues; desséché, il devient semblable à la corne la plus compacte et la plus dure: la lime seule peut alors l’attaquer. On distingue dans la coupe horizontale un centre médullaire, et des couches concentriques que revêt une écorce parfaitement caractérisée, Quelque solide que devienne ce bois par la dessiccation, on lui rend toute sa BOTANIQUE. 7 flexibilité en le faisant tremper dans l'eau, même après plu- sieurs années de conservation ; et si on le laisse infuser quelque temps, il s'en dégage une mucosité abondante, au milieu de laquelle apparaissent de nombreux animalcules microscopiques. On peut aisément reconnaitre alors, par l'effet de la dissolu- tion, la fibre ligneuse qui est évidemment articulée, mais à la- quelle se mélent des amas de glomérules amorphes toujours mucilagineux, et qui forment exclusivement le système mé- dullaire où nous n'avons pas distingué la moindre fibrille. L'écorce extérieurement offre la méme organisation que l'épi- derme de la Durvillée utile. 2. LESSONIE BRUNISSANTE, Lessonia fuscescens (pl. 2, fig. 2, et pl. 3), N. Dict. class. d'hist. nat., tom. IX, p. 322; Lessonia ( flavicans), caule sub-arboreo cylindrico, ramis compressis , foliis ovato-linearibus, subdenticulatis, flavicantibus; N. Flor. des Mal., n° 29. M. Durville a inséré dans la Flore des Malouines, au sujet de ce colosse de l'hydrophytologie, une notice que nous croyons indispensable de transcrire. « Une autre espèce de grand fucus, qui est encore très-commune sur les côtes de l'ile aux Pingoins, mérite aussi d'être remarquée. Son tronc, cylindrique, demi- ligneux , et souvent de l'épaisseur de la cuisse, se divise bientôt en rameaux plusieurs fois dichotomes, comprimés, et toujours terminés par une fronde lancéolée, ondulée, lisse et obscuré- ment dentée. Sa longueur dépasse rarement quatre ou cinq toises, et je mai jamais vu ses frondes sortir de l'eau; elles parviennent ordinairement à quelques pouces seulement de la surface de la mer, où elles forment un feuillage assez bien fourni. La tige adhère aux galets ou autres corps solides par un disque charnu, épais, médiocrement épaté, et divisé quelquefois en trois ou quatre parties à sa base. Sans pénétrer le tissu des corps sur lesquels il s'implante, son adhérence est telle, qu'on 10. 76 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. romprait le tronc plutôt que de l'en détacher. Jetés par la tem- pête sur la côte, les débris de ce fucus y élèvent souvent une chaussée de trois ou quatre pieds. Si on a l'imprudence de s'y engager, on court le risque de s'y enfoncer jusqu'aux chevilles, et il s'en exhale une odeur insupportable et méphitique que je ne puis mieux comparer qu'à celle des choux en décompo- sition. » Nous ajouterons à ce qui vient d'être dit les observations que nous avons pu faire sur la Lessonie brunissante, soit sur le sec, soit en la remouillant. Un fragment du tronc, long d'un pied et d'un pouce de diamètre, nous en fut remis par M. Dur- ville ; il avait la dureté du fer : son écorce était très-rugueuse et bosselée ; on eût dit, à quelque distance, une branche de chêne à liége. La couleur de la tranche était d'un bleu d'ardoise ti- rant au gris, avec des lignes concentriques, très-distinctes, et la trace d'une ligne médullaire au centre. Plongé dans l'eau, il allongea peu; mais il doubla de diamètre dans un sens, de sorte que sa forme comprimée redevint très-apparente; son écorce se manifesta alors par une couleur ferrugineuse, qui re- couvrait toutes les bosselures du tronc noueux. Nous avons représenté un fragment de ce tronc avec sa coupe horizontale dans notre planche 3.: On voit aussi dans la même planche-une coupe longitudinale, prise sur le petit diamètre du bois à l'état frais, surmontée d'un autre morceau avec les couleurs qu'y produit la dessiccation. Les couches concentriques sont ici très- remarquables; la ligne médullaire devient d'un noir d'ébène, et bien plus dure que le bois, dont une lame tres-mince, exposée au microscope sous une lentille très-forte ( pl. 2, fig. 2, G), nous à paru formée de fibres:transparentes, fort entrecroisées, mais inarticulées, englobant entre.elles des glomérules bru- nâtres, amorphes, épars çà et là: La tranche de ce bois (H) présentait une tout autre figure, consistant en filaments d'une BOTANIQUE. ; 77 translucidité complète, anastomoses et comme articulés. Il existerait donc dans le bois des Lessonies deux natures de fibres, les unes ascendantes, et les autres horizontales. Les rameaux noirs, profondément striés, très-nombreux, dichotomes, se comprimant de plus en plus, finissent par devenir de véritables pétioles par rapport à des frondes d'une couleur de cannelle claire ou de tabac d'Espagne, d'une forme ovalaire vers la base, s'allongeant linéairement en une pointe qui manque souvent, longues de cinq à six pouces, larges de deux ou trois dans leur jeunesse, mais qui, se partageant par le milieu à partir du point de leur insertion, finissent par former deux feuilles pa- rallèles d'un pouce et demi au plus de large-et de deux pieds à trente pouces de long. C'est surtout avant leur division que ces feuilles offrent- goek dentelures éparses, irrégulières et peu profondes; en vieillissant, elles les perdent, et ne bords demeurent à peu près entiers; leur surface a quelque chose de chagriné quand on les a plongées dans l'eau, ce qui vient d'une multitude de petites bulles qui se boursoufflent dans l'épi- derme, sans que nous ayons pu reconnaitre si elles conténaient de l'air, de l'eau, ou quelque mucosité. Vues au microscope, ces feuilles ou midas toutes minces et papyracées qu'elles sont au toucher, sont foies de deux lames brunåtres, com- posées de fibres serrées, entrelacées, évidemment rtioulées contenant entre elles une mucosité, où s’entremélent encore d'innombrables filaments translucides, sans articulations, mais entre lesquels sont épars une multitude de glomérules formés d'une véritable globuline jaunâtre, et qui sont peut-être des gongyles rudimentaires. Nous avons trouvé ces gongyles parfaits sur un échantillon qu'a bien voulu nous sacrifier M. Gaudi- chaud. Ce savant avait aussi trouvé la Lessonie brunissante avant les voyageurs de la Coquille et aux mêmes lieux: Seul il eut le bonheur d'en découvrir la fronde fructifiée, que nous 78 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. avons représentée avec une macule à sa base, macule (E) qui, ramollie dans l’eau et soigneusement analysée, nous a présenté un nombre infini de tubes filamenteux, fort entremélés, où nous avions cru reconnaitre, sous une ligne de foyer, des articles carrés, alternativement translucides et opaques, mais qui, vus à un quart de ligne, nous ont paru ce qu'ils étaient (F), c'est-à-dire des gongyles presque amorphes, com- posés de propagules anguleux, ou approchant de la forme carrée, opaques, et très-pressés les uns contre les autres. Parmi les échantillons que nous possédons de cette plante, il en est où la racine, assez divisée, à lanières dichotomes et comprimées , sortant d'un empatement, parait devoir être fort robuste : le tronc n'y est pas*encore formé, et les frondes, sans la moindre trace de dentelures, parfaitement ovales, ont plus de trois et quatre pouces de largeur avant de se partager. Nous aimons mieux regarder ces échantillons comme appartenant à de jeunes individus, que d'y voir une variété à feuilles larges et parfaitement entières. Nous avons également trouvé, dans le paquet de plantes marines communiqué par M. Lesson, des frondes de la plante dont il est question parfaitement sem- blables, et qui portaient l'étiquette, De la Concepcion au Chili; ce qui nous autoriserait à croire que la Lessonie brunissante croit aussi dans l'Océan Pacifique. Explication des Figures. PI. 2, fig. 2, A. Fragment de grandeur naturelle d’une base de fronde de Les- sonie brunissante , où se distingue parfaitement qu’il règne une ligne marginale plus foncée tout autour, et où se voit le quart environ d’une macule de fructification. B. Morceau de ce fragment de fronde grossi, à une simple loupe de trois lignes de foyer, pour rendre sensibles, par leur plus grande transparence, les bulles que nous avons dit donner quelque chose de chagriné à la surface de ces frondes quand on les replonge dans l’eau. C. Autre plus petit morceau du même fragment, à une ligne de foyer, pour BOTANIQUE. 79 montrer les filaments articulés dont se forment les deux lames, avec ceux qui se dé- veloppent sans présenter d’articulations dans le mucus interne, ainsi que les glo- mérules épars de globuline jaunâtre qui s'échappent sur les bords de la déchirure. D. Filaments inarticulés développés dans le mucus avec les glomérules dont il vient d’être question (à un quart de ligne de foyer ). E. Fragment de macule fructifère, à une ligne de foyer. ` F. Gongyle, à un quart de ligne. G. Lame de bois très-mince, vue à un quart de ligne dans le sens longitudinal. H. Autre lame de bois très-mince, vue au même grossissement dans le sens trans- versal. Pl. 3. Lessonie brunissante , avec diverses coupes de son bois ( grandeur natu- relle ). 3. LESSONIE A FEUILLES DE CHÊNE. ( PI. 4), Lessonia (querci- Jolia), caule ramoso , cylindraceo, ramis compressiusculis, fron- dibus roncinatis , ferrugineis, lobis denticulatis; N. Dict. class. d'hist. nat., loc. cit. Cette belle espèce avait été dès long-temps découverte par Le- sueur, qui nous la communiqua comme l'ayant récoltée sur les côtes de la Nouvelle-Hollande; ce zélé naturaliste en avait donné un échantillon à M. Lamouroux, qui, dans son herbier, lui donnait le nom de laminaria quercifolia : nous la retrouvons, dans le paquet d'hydrophites donné par M. Lesson, avec l'éti- quette de Nouvelle-Zélande. La racine de la Lessonie à feuilles de chêne nous demeure inconnue; nous ne possédons de sa tige que le fragment qu'on voit ici représenté , avec quelques rameaux dichotomes moins comprimés que dans les espèces précédentes, dont plu- sieurs semblent se renfler un peu vers l'insertion de la fronde, tandis que d’autres paraissent ferrugineux. Les individus que nous possédons ont absolument la couleur rouillée des feuilles mortes, et la forme de ces pousses automnales allongées, irré- gulièrement roncinées et étroites, de plusieurs espèces de chênes. 80 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Les gongyles, au lieu de se réunir en macules sur quelque point de la surface des frondes, y sont dispersés en petites verrues saillantes, quelquefois si nombreuses, que les deux pages en deviennent comme de la peau de chagrin. Explication des Figures. PI. 4. Un rameau de la “Lessonie à feuille de chêne, de grandeur naturelle. A. Coupe transversale du tronc, à deux lignes de foyer. B. Coupe longitudinale du même bois, au grossissement d’une ligne. C. La fibre prise dans la coupe transversale, à un quart de ligne, et qui semble consister en des filaments articulés , inscrits dans un tube transparent , ou filament ex- terne, non articulé et simple. D. Fragment d'un lobe dentelé de la fronde, vu à la lentille d’unelligne de foyer, pour montrer les mamelons verruceux que forment les gongyles avec un pore cra- tériforme au sommet. E. Coupe transversale de l’une des saillies verruceuses, où se distinguent, à la lentille de demi-ligne, les filaments articulés dont se doit hérisser la face interne des gongyles vésiculeux. i F. Le système filamenteux du parenchyme gélatineux et interne des frondes, à un quart de ligne, 4. Lessoxie NorRcIssanTE. (PI. 5.) Laminaria (nigrescens ), caule ramoso elongato; ramis linearibus compressis ; frondibus linearibus integris, coriaceis; N. Dict class. ďhist. nat., loc. cit. Cette espèce nous avait été communiquée par feu M. le professeur Lamouroux, et par M. Chauvin, très-habile botaniste de Caen , sous le nom de laminaria ramosissima. Ces savants en avaient reçu d'assez beaux échantillons venant du cap Horn; nous en avons retrouvé des morceaux dans le paquet d'hydro- phites de M. Lesson, qui portait l'étiquette De la Concepcion au Chili. Sa racine nous demeure inconnue; nous n’en avons vu que le col, représenté en A de la planche 5 : il est probable BOTANIQUE. 81 qu'il en partait de nombreuses attaches comme dans les macro- cystes. La tige, qu'on voit ici dans ses proportions naturelles, de la grosseur du petit doigt, longue d'un à deux pieds, infé- rieurement cylindrique, se comprimant de plus en plus vers ses extrémités, émet des rameaux latéraux, saplatissant encore au point d'insertion, et se termine par un assez grand nombre de ramules ou plutôt de véritables pétioles dichotomes, portant chacun une fronde linéaire, longue de deux pieds au moins, et même de trois, d'un pouce et demi au plus de largeur, dure et coriace, très-entière, linéaire, quelquefois légèrement et fi- nement ondulée par les bords, et se partageant de bas en haut en deux lanières dune manière encore plus prononcée que celles des autres espèces du même genre : les deux divisions sont la plupart du temps si nettes, que, partant des pétioles, et atteignant au vingtième, au dixième, au cinquième, enfin à la moitié, et près de l'extrémité de la longueur, on dirait deux frondes parallèles collées l'une à l’autre par leur partie termi- nale. Ces frondes, d'un vert d'olive sombre, deviennent, ainsi que les rameaux et la tige, d’un noir mat ou rougeàtre très-foncé par la dessiccation ; du moins les échantillons que nous possé- dons ont-ils pris cette teinte représentée en D, avec des efflo- rescences farineuses et blanches qui se sont développées sur une grande partie de sa surface. La substance efflorie est fort sucrée, et, par son mélange avec le sel marin, elle rappelle le goùt de la manne. A la consistance, à la couleur, aux stries fines, nombreuses et pressées qui les recouvrent, les feuilles paraissent n'être qu'une prolongation dilatée et aplatie des pétioles ou ramules qu'elles terminent; ces pétioles étant, ainsi que la tige, striés plus ou moins profondément en raison de leur grosseur, l'ana- logie devient complète par l'analyse. Les deux lames externes, qu on reconnait exister dans les feuilles, sont composées d'un Voyage de la Coquille.— Botanique. : 11 82 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. tissu de fibres rigides, fortement entrecroisées, qu'on ne peut suffisamment rompre, diviser, ou amincir, pour en tracer une représentation exacte, et qui, pénétré par une multitude de glo- bules, dans le genre de ceux de l'épiderme de la Durvillée (7. pl 2, fig. 1,C,D,E), est d'une opacité rebelle au microscope. C'est absolument de la même façon qu'est constituée l'écorce des rameaux, laquelle n'offre aucune solution de continuité avec les deux lames que nous considérerons conséquemment comme l'écorce de la fronde. Entre ces deux lames, semblables à un cuir très-mince, existe une sorte de gelée parenchymateuse, d'une épaisseur d'autant plus considérable, qu'on l’examine vers le point d'insertion, c'est-à-dire à la base ou par le milieu des frondes. Cette gelée verdâtre est remplie d’une multitude de filaments fort entremélés, qui, grossis à quart de ligne de loyer (E), paraissent articulés en chapelets ou formés de glo- bules ovoïdes bout à bout, comme le sont les filaments internes des nostocs. Dans le bois, soit des rameaux, soit de la tige, existent des filaments analogues, lesquels, à un grossissement d'une ligne, paraissent dans la coupe horizontale (B) rayonner de la ligne médullaire à la circonférence, en couches concen- triques, dont on ne distinguait que deux sur l'individu que nous avons examiné, et qui n'était probablement âgé que de deux ans, si chaque année ajoute sa couche. La plus intérieure était aussi celle où le système de ramules microscopiques était devenu le plus confus; et le même bois, dans la coupe verti- cale (C), présentant une autre disposition , les fibres longitudi- nales s’y distinguent fort bien. Quant à la substance médullaire, formant une ellipse, très-allongée dans le sens de la compres- sion des tiges, et appointée aux deux extrémités, elle était rou- geâtre, et nous n'y avons rien distingué, quelque grossisse- ment que nous ayons pu employer, si ce n'est des globules de teinte ferrugineuse, se groupant en une multitude de glomé- BOTANIQUE. 83 rules, pressés les uns contre les autres, au point de rendre opaques les plus petites parcelles que nous en: ayons pu dé- tacher.. ; Les gongyles de cette Lessonie nous demeurent complète- ment inconnus. Explication des Figures. Pl. 5. La Lessonie noircissante, de grandeur naturelle et vivante. À. La tige du même individu. B. Coupe transversale du bois, à une ligne de foyer. C. Coupe longitudinale, au même grossissement. D. Fragments de fronde, avec la couleur noire que la plante acquiert dans Pherbier, et les efflorescences blanches et sucrées qui se développent à la surface. E. Un fragment du parenchyme gélatineux interne des frondes, au grossissement d’un quart de ligne. TT. Macrocysre, Macrocystis. ( Agardh. ) Le genre macrocystés fut établi par M. le professeur Agardh aux dépens des laminaires de Lamouroux; et quoique les ca- ractères qui lui furent d'abord assignés nous paraissent être vicieux, nous n'avons point hésité à l’adopter. Contenant les plus grands végétaux de la mer que rapproche un facies tout particulier , disions-nous dans le Dictionnaire classique d'histoire naturelle (tom. X, p. 8), les macrocystes s'accrochent sur les rochers des plus grandes profondeurs ou des rivages, à l'aide de puissantes racines bien caractérisées, composées de ramifi- cations nombreuses, très-dures, et entrelacées souvent d'une manière inextricable. De ces racines s'élèvent des tiges flexibles, mais fort tenaces, de la grosseur du petit doigt à celle du pouce, et qui peuvent, dit-on, atteindre, chez plusieurs, jusqu'à quel- ques centaines de pieds de longueur; s'entremélant alors, sur = LIS 84 s VOYAGE AUTOUR DU MONDE. certains parages, de manière à y rendre l'effet de la rame des petites embarcations absolument nul, et à mettre obstacle à la navigation des bateaux. Ces tiges ont une écorce ridée, noi- râtre, recouvrant une substance consistante, ligneuse, ou comme cornée, dans laquelle se reconnaissent, ainsi que dans le tronc des Lessonies, des couches concentriques, au milieu desquelles se distingue une substance médullaire, plus foncée et régnant dans toute la longueur. De véritables feuilles, al- ternes, solitaires sur leur pétiole, et entières dans toutes les es- pèces qui nous sont connues, n'y parviennent pas aux vastes proportions qu'on s'attendrait à y trouver quelquefois, d'après la longueur des tiges. D'une couleur vert d'olive, plus ou moins terne ou brillante, toutes passant-au brun-fauve par la dessic- cation, ces feuilles sont plus ou moins plissées dans leur lon- gueur : leur conformation est absolument celle des Lessonies, c'est-à-dire que deux lames externes, qu'on peut considérer comme le prolongement épanoui de l'écorce, et formées d’un plexus filamenteux, coloré, extrêmement serré, enferment une mucosité où se ramifient des filaments transparents, bien plus lâches, aux corpuscules brunâtres près, parfaitement sem- blables à ce que nous avons représenté à la pl. 2, fig. 2, C, D; toujours, comme dans les Lessonies, c’est de leur base à leur pointe que les feuilles des macrocystes se divisent, ainsi qu’on le voit à l'extrémité des rameaux représentés dans nos plan- ches 7, 8 et o. M. le professeur Agardh prétend que la fructification des macrocystes est formée par des tubercules épars dans la sub- stance de la fronde, et que composent des glomérules de se- mences innombrables avec un pore interne, etc. C'est sur la figure, donnée par Turner :, des gongyles de son fucus comosus ; * Fuci icones et historia, etc., tom. III, pl. 142. BOTANIQUE. 85 que cette description a été empruntée; et le fucus comosus, qui ne nous est connu que par ce qu'en disent Turner et M. de la Billardière ’, ne nous parait pas être un macrocyste. Quoi qu'il en soit, nous n'avons reconnu rien de semblable sur plus de cent échantillons de macrocystes de tout àge et de toute taille que nous avons eu occasion d'examiner. La fructification de ces plantes nous demeure absolument inconnue : ce que nous aimons mieux avouer, que de la décrire à tout hasard d'après quelque image qui ne s'y rapporterait pas. Quoi qu'il en soit de cette ignorance, il n’est pas douteux que les macrocysles ne doivent former un genre distinct des Lessonies, avec lesquelles cependant ils offrent, comme on le voit, d'intimes rapports. Leur tige, plutôt funiforme qu'arborescente, ne parait jamais prendre l'aspect du tronc de nos arbres; elle ne se comprime pas, non plus que les rameaux ou les pétioles, qui, malgré la manière dont les feuilles se divisent par le bas, n’affectent ja- mais une dichotomie régulière. Ces feuilles ne se plissent pas chez les Lessonies comme elles le font chez les macro- cystes; et ce qui les singularise dans ces macrocystes, est la dilatation des pétioles qui forment de véritables vessies na- tatoires, auxquelles on ne peut attribuer absolument aucun autre usage que celui de tenir la plante dans une situation ver- ticale, en la faisant monter du fond des mers à leur superficie. Au moyen de ces vésicules, les macrocystes forment un pas- sage très-naturel des laminariées aux fucacées par les sargasses et par le fucus nodosus de Linné, qui est maintenant un halidrys. De tels organes n'ont aucun rapport avec la fructification : entiè- rement vides, on n’y trouve même pas ce réseau filamenteux, fin, lâche et blanchâtre, par lequel se remplissent les cavités du fucus vesiculosus , et autres espèces qui se viennent grouper © Novæ-Hollandice stirpium, etc., tom. IL, tab. 258. 86 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. autour de cette dernière plante. La forme des pétioles vésicu- laires varie selon les espèces, et présente d'excellents caractères pour distinguer celles-ci. Dès les premières navigations dans les mers de l'hémisphère austral, les macrocystes furent remarqués des plus ignorants voyageurs; et Jean Bauhin ‘, avec une figure grossière, en donna une assez bonne description. Mais il leur arriva dès-lors comme il est arrivé à tous les genres, où de grands caractères frappants, qui ne se retrouvent nulle autre part, sont communs à toutes les espèces ; on les confondit en une seule, qui devint le fucus pyriferus de Linné ?, plante caractérisée par une phrase scientifique, adoptée de presque tous les botanistes, qui n'ont pas vu que cette phrase convenait exactement à quatre ou cinq plantes très-différentes les unes des autres. Il en sera donc dufucus prriferus de nos prédécesseurs comme de leur elephas maxi- mus, qu'on peutindifféremment citer comme synonyme detoutes les espèces possibles du genre, ou qu'il vaudrait peut-être mieux ne plus citer du tout. Nous avons compté cinq et peut-être six es- pèces parmi les nombreux échantillons que nous en ont rapportés M. Durville et surtout M. Lesson. Ces espèces sont les suivantes : 6. MACROCYSTE A FRONDES ENTIÈRES ( pl. 6 ), Macrocystis (in- tegrifrons), frondibus elongato-lanceolatis, integerrimis. Deux variétés remarquables existent dans cette espèce, qui, lorsqu'on laura examinée sur des échantillons plus complets que ceux qui se trouvent représentés dans le présent ouvrage, pourra étre divisée en deux. Le synonyme de macrocystis py- rifera (B) minor, foliis integris, Agardh , Spec., p. 48, ne pourra © Historia plantarum, tom. I, p. 800, sous la désignation de Bulbus marinus crinitus. f i ? Fucus (pyriferus), stirpe filiformi, dichotomá, frondibus membranaceis, ensiformibus, solitariis, serratis, terminalibus, petiolis inflatis. Mantis., p. 311; Syst. nat. , édit. XII , tom. II, p- 1381. ; BOTANIQUE. 87 néanmoins convenir à aucune des deux; le professeur de Lunden, qui ne sait d'où venait l'échantillon qu'il mentionne, n'attri- buant que la longueur du doigt à ses frondes, avec trois lignes de largeur et un port tout différent. a. Macrocystis (integrifrons), frondibus lineari-ensiformibus, planis; vesiculis oblongatis. Le paquet de plantes marines, qui, dans les récoltes de M: Lesson , portait le numéro de la Concepcion , contenait des fragments dé cette plante, dont feu Lamouroux nous avait autre- fois communiqué un échantillon provenant de Val paraiso. -La partie de tige que nous avons pu examiner est de la grosseur d'une forte plume de corbeau, longue de plus de deux pieds, sans qu'on y distingue d'embranchements; mais de cinq en cinq pouces environ, se voient les insertions des pétioles, qui pa- raissent devoir être alternes, et qui, à trois ou quatre lignes de longueur, commencent à se dilater en une vésicule que nous trouverons dans les autres macrocystes, laquelle, peu renflée vers les deux tiers de sa longueur, ne s'éloigne guère de la figure cylindracée, pour acquérir celle d'une poire ou d’une olive. Ces pétioles vésiculaires, de trois ou quatre lignes de diamètre au plus fort de la dilatation, ont rarement deux pouces et demi ou trois pouces delong. La fronde que nous ne possédons pas entière, mais qui nous parait devoir atteindre jusqu'à trente ou trente- six pouces, n'en a pas un de large; elle est conséquemment linéaire. Sa consistance est mince et membraneuse. Amincie insensiblement vers son insertion, nous la croyons devoir être pointue à l'extrémité opposée. pes bords n'offrent que très- obscurément çà et là quelques dentelures éparses et presque invisibles, sans la moindre trace de cils ni autres divisions : on peut les die très-entiers; et quand la plante a été remouillée, la surface des frondes est demeurée plane et lisse sans qu'au- cune ride ou la moindre plicature s'y soit manifestée. 88 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. B. Macrocystis (integrifrons), frondibus e EO RUEAtES; pli- catis ; vesiculis sub rotundatis. À Nous ne connaissons cette variété ou espèce que par une seule fronde mutilée, que nous n'avons pas voulu, dans notre dessin, représenter mieux conservée qu'elle ne l'est dans notre herbier. Sa consistance , sa couleur, l'intégrité de ses bords, les rides de sa surface, qui semblent produire de simples sinuosités ou dentelures à peine visibles, lui donnent certains rapports avec la variété précédente; mais elle est bien plus large propor- tionnellement à sa longueur présumable, dont nous croyons avoir figuré environ la moitié. Ce qui la distingue surtout est le pétiole vésiculaire deux ou trois fois plus court, mais bien plus renflé, et approchant de la figure sphérique. L'échantillon dont on voit ici la figure s’est trouvé avec celui de la variété pré- cédente. Explication des Planches. PI. 6. a. La première variété du CSS integrifrons , de grandeur natu- relle. B. La seconde variété telle que nous en possédons une seule fronde mutilée. 6. MACROCYSTE A LARGES FRONDES (pl. 7 ), Macrocystis ( lati- frons ), frondibus late-ovoideis, undulato-laxe-plicatis, marginè, longè mollèque dentatis; vesiculis clavatis. Cette espèce parait être celle du genre macrocyste, qui s'ap- proche le plus de la zone torride, vers laquelle furent recueillis, arrachés , flottants en pleine mer, et détériorés, les premiers échantillons que nous eůmes occasion d'examiner en divers herbiers, et d'après lesquels nous commençämes à soupçonner l'existence d'une espèce de plus. Cest elle à qui nous parait convenir la notice ou du moins la figure que Le Gentil donne BOTANIQUE. 89 de la Porrá (voy. p. 68). M. Lesson ayant rapporté depuis des mêmes parages, sur les côtes de l'Amérique du Sud, le magnifique fragment dont nous figurons quelques parties, nos _Soupçons se sont changés en certitude. Ce que nous avons vu de la tige du macrocyste à larges frondes est grêle; la division des rameaux y tend à la disposition dichotomique; des empa- tements brunâtres et cornés sont à l'extrémité de chaque radi- cule, et s'appliquent probablement avec force contre les ro- chers. Les frondes acquièrent de trois à cinq pieds de long et jusqu'à huit et dix pouces de large; elles sont ovoïdes par en bas, mais s’atténuant de plus.en plus vers leur extrémité, de manière à devenir parfois linéaires et trés-prolongées en ruban. Leur surface est lichement plissée par l'effet qu'y produisent des sillons largement anastomosés; leurs bords sont munis de den- telures ou plutôt de prolongements spinuliformes, à peu de distance les uns des autres, ayant de cinq à huit lignes, propor- tionnellement moins considérables et moins écartés de la marge que dans l'espèce suivante. Les pétioles vésiculaires qui, dans les plus grandes frondes, ont jusqu'à cinq pouces de longueur, paraissent cependant, par comparaison, moins considérables que dans les espèces suivantes, et surtout ils ne sont point épaissis en forme de poire; ils s'éloignent peu de la forme cylindracée, ou plutôt de celle d’une massue renversée ; ils deviennent fort durs et d'une consistance presque ligneuse ; leur surface, fine- ment mais trés-distinctement ridée, acquiert une teinte com- plètement noire. Explication des Figures. APT ASUR fragment du macrocyste à frondes larges, de moyenne grandeur et dans ses proportions naturelles, ainsi que les deux figures B, C. B. Le pétiole vésiculaire le plus grand que nous ayons vu, conservant sa forme cylindracée, qui ne passe pas à celle de poire ou de cœur, et ouvert, pour montrer le vide interne. C. Racines et partie inférieure de jeunes tiges. Voyage de la Coquille, — Botanique. ; la 90 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 7. MacROGYSTE. COMMUN, Macrocystis (communis ); frondibus lineari-lanceolatis, plicatis, molle-denticulatis ; vesiculis pyrifor- mibus. V. Flor. des Malouines, n° 30. Macrocystis (pyrifera), caule tereti, foliis ensiformibus, ser- ratis ; vesiculis pyriformibus, foliiferis (œ). Ag. Spec., p. 47; Syst. p. 292 (Syn. Esperi excl. ). Fucus (pyriferus), caule tereti, filiformi dichotomo, foliis obsito alternis, remotiusculis, planis, enervibus , ensiformibus , rugosis, serratis, petiolatis; petiolis in vesiculas pyriformes inflatis. Turn., Hist., tom. IT, p. 103, plat. 110. La figure citée de Turner nous dispense de représenter cette espèce, la plus répandue dans les herbiers. Nous la possédions déja du cap de Bonne-Espérance, communiquée par M. Schlech- tendal, savant botaniste prussien. M. Gaudichaud *, qui l'a retrouvée aux environs du même promontoire, en a observé d'immenses quantités sur les côtes de la terre de Feu, depuis le détroit de Lemaire jusqu'au cap Horn. M. Durville nous ap- prend? que cette plante est très-commune aux Malouines, où elle couvre les côtes, «et rend souvent leur accès très-difficile aux petites embarcations; elle croit sur les fonds pierreux de huit , dix, et même quinze brasses, et vient flotter à la surface des eaux, dans une étendue à peu près égale : la grosseur de ses tiges ne répond pas à leur longueur; il est rare qu'elle dépasse celle du gros doigt; ces tiges sont presque toujours simples et garnies de feuilles dentelées plus ou moins longues. Sa racine est une touffe de fibres épaisses , anastomosées et fixées sur le roc nu. Il n’est pas rare de rencontrer de semblables paquets jetés sur la plage et parfaitement desséchés : en cet état, ils imitent assez bien les racines de quelques grandes graminées. » ! Voyage de l’Uranie , p. 154. ? Flore des iles Malouines, p. 15. BOTANIQUE. 91 Nous possédons encore des échantillons du macrocyste com- mun, recueillis par l'illustre Themberg, avec cette étiquette, ex oceano Indico; d'autres nous ont été communiqués par feu Lamouroux * comme de l'océan Austral. Linné dit de cette plante : Habitat in oceano Æthiopico. De telles indications sont trop vagues pour qu'on les puisse admettre en géographie bo- tanique, et il parait que l'espèce dont il est ici question est propre aux limites méridionales de l'océan Atlantique, telles que nous les avons précédemment tracées (voy. p. 15 ) : elle s’y élève sans doute du fond à la surface dans une zone oblique de plusieurs degrés d'étendue. Arrachée par la violence des tempêtes aux profondeurs où se cramponnent ses racines, ses longues tiges se mélant, il résulte, de la confusion d'une multi- tude d'individus, de vastes masses flottantes, que le voyageur rencontre çà et là à de grandes distances du rivage, entrainées 5 par les courants. M. Gaudichaud pense qu'on a exagéré les proportions auxquelles atteignent les macrocystes, en avançant qu'il en existait de cinq cents mètres de longueur au moins. Ce botaniste nous parait avoir raison; mais les hydrophites peu- veut croître, comme nous l'avons déja prouvé ( voy. p. 50 ), à plus de quarante ou cinquante pieds sous l'eau. C'est proba- blement beaucoup plus bas que se propagent la plupart des hydrophites, qu’on ne trouve pas vers les côtes, au-dessus de la ligne où s'arrêtent les basses marées. C'est dans ces profon- deurs que, toujours humectées, elles se revêtent de la teinte qui leur est propre; car il ne faut pas croire que la couleur blonde ou fanée qu’affectent dans nos herbiers les macrocystes et la plupart des autres laminariées soit celle qu'elles eurent tou- jours. Le vert-brun olivätre, plus ou moins clair ou foncé, les décore durant l’état de vie; ce n’est que par l'espèce de macé- 1 Voyez Essai sur les thalassiophytes, p. 21. 92 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. ration qu'elles éprouvent en flottant déracinées au gré des vagues, qu'on les voit s'en dépouiller pour prendre la teinte que nous sommes habitués à y voir, et que nous avons con- séquemment cru leur devoir donner ici. Quant aux racines du macrocyste commun dont Turner dit nondùm detecta, qu'Agardh prétend étre un écusson émettant des ramules (ce que l'inspection de nos planches 7, 8 et 9 dé- montre n'être pas exact), M. Durville nous les a plus haut parfai- tement fait connaitre. L'un des échantillons que M. Lesson nous porta de cette plante, où ces racines tenaient, avait au moins quarante pieds de longueur; quand cet échantillon eut été ramolli dans l'eau, sans que nous y eussions reconnu la moindre trace de rameaux, nous n'y trouvâmes que des frondes toutes de forme pareille, et, selon leur position inférieure, mi- toyenne ou supérieure, longues d'un à deux pieds, larges de vingt lignes à deux pouces, linéaires, acuminées, longitudinalement très-plissées, à sillons sinueux entre les plis, s’'anastomosant de plus loin en plus loin que dans l'espèce précédente, dentées comme chez cette dernière, avec des prolongements aux dente- lures proportionnellement plus longs, et souvent divariqués. Ces feuilles étaient absolument sessiles sur la vésicule pétiolaire, qui, avec ce qu'on peut nommer sa queue, longue de deux pouces environ, prenait, dans les plus renflées, cette forme de poire que n'a pas bien saisie Turner; ce qui donne, dans la planche de ce savant, aux renflements de son fucus pyriferus un peu trop la figure d'olives. Ce n'est que vers leur base, à quelques pouces du lieu où elles se distinguent des racines, que nous avons trouvé les tiges du macrocyste commun un peu rameuses, ou obscurément dichotomes, mais jamais comprimées, comme l'avait dit Linné : erreur qu'avait déja relevée Turner ‘. © Caule compressum, dicit Linnæus, et post Esperus , sed in exemplaris meis BOTANIQUE. 93 8. Macrocysre A FRONDES érrorres (pl. 8), Macrocystis -(angustifrons), frondibus linearibus, strictis, je dentato- spinulosis ; vesiculis sub ob-cordatis. Cette espèce, parfaitement caractérisée, parait représenter, aux limites des océans Pacifique et Austral, le macrocyste pré- cédent, qui sépare, comme nous venons de le voir, ce dernier de l'Océan Atlantique. Le célèbre botaniste voyageur de la Billardière nous en a donné de très-beaux échantillons, re- cueillis par lui-même sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. M. Chauvin, habile hydrophytologue de Caen, nous a communi- qué cette Due comme ayant été rapportée i Valparaiso. Nous en trouvons quelques fragments parmi les hydrophites de la récolte de M. Durville, étiquetée : La Concepcion au Chili : feu le professeur Lamouroux la possédait dans son herbier désignée comme venant des mers australes, indication assez va- gue; et c'est d'après l'autorité de ce savant que nous avons figuré comme la racine de cette espèce, un échantillon dont il enri- chit notre herbier. Cependant M. Lesson nous a remis un frag- ment recueilli dans les parages de la Nouvelle-Zélande, où se voit une racine en forme d'empatements, dont les bords se divisent en radicules, portant des tiges avec quelques frondes, où nous croyons reconnaitre le véritable macrocystis angusti- frons, racine à laquelle convient le radix, ut videtur, scutata, tamen emittens ramulos recurvos , radicantes , du professeur Agardh *. Quoi qu'il ‘en soit, l'espèce dont il est question n'a pas ses tiges plus grosses qu'une plume de corbeau ordinaire : nous en possédons des échantillons de trois à quatre pieds de longueur, sur lesquels ne se distingue pas la moindre trace de ra- est omnibus teres; quod etiam in manuscriptis habet Cel. Solander qui quoque semper indivisum vidit. ( Hist. fuc., loc. cit.) * Species algarum, p. 6. 94 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. meaux; les frondes, qui y paraissent implantées spiralement, à trois ou cinq pouces les unes des autres, sont parfaitement Ti- néaires; n'ayant que de six à huit lignes au plus de large, sur une longueur de deux pieds à deux pieds et demi, elles se ter- minent en pointe; plissées longitudinalement, surtout vers le mi- lieu, ces frondes sont fort régulièrement denticulées sur leurs bords, rétrécies vers leur insertion sur la vésicule pétiolaire, et ` s'y contournent fréquemment; la vésicule est d'autant plus remarquable dans notre macrocyste, que proportionnellement beaucoup plus renflée qu'elle ne l'est dans toutes les autres es- pèces, et plus large que la fronde même, elle présente un peu la forme d'un cœur : son diamètre au point le plus gonflé égale environ la moitié de sa longueur, laquelle est à peu près d’un pouce et demi à deux pouces; elle acquiert dans l’herbier une couleur blonde, y conserve une élasticité remarquable, et ne présente point à sa surface polie de ces stries qui sont si vi- sibles, notamment sur notre espèce n° 6. Explication des Planches. PI. 8. Extrémité d’une tige ou rameau de macrocyste à frondes étroites, de gran- deur naturelle, La racine que nous tenons de feu M. Lamouroux pourrait bien être celle d’une autre espèce, notamment celle du macrocyste commun. . 9. MacROCYSTE POMMIFÈRE ( pl. 9 ), Macrocystis (pomifera ), frondibus lineari-ensiformibus, planis , ciliato-spinulosis ; vesi- culis sphæricis. Macrocystis ( Humboldtii ), caule tereti , vesiculis sphæricis, foliiferis, foliis lineari-ensiformibus, ciliatis. Agardh, Syst., p- 295. Laminaria pomifera. Lam., Ess., p: 22 BOTANIQUE. 95 Fucus pyriferus. Esp., Fuc., tom. IL, p.28, tab. CXXIV (Syn. exclus. ). Fucus ( Humboldti), caule dichotomo, foliis puis nent linearibus, marginibus spinulosis, tuberculo globoso, fenola suffultis. Homboldt et Bonpland, Plant. æquin., tom. IL, p. 7, pl. 68. Fucus ( Hirtus ), caule filiformi, foliis linearibus uoaa, utrinque pilosis , tuberculo globoso , petiolato aus be et Bonpland, Plant. æquin., tom. II, P- 9, pl. 69. Nous n'hésitons pas à regarder comme identique avec les- pèce dont. il est question celle dont Esper figura une seule fronde, qu'on dirait calquée sur celle qui se voit la plus basse dans notre planche o. La forme et la couleur qu'il lui donne ne conviennent pas moins que les dimensions, la disposition des cils marginaux, qui ne sont point des dentelures, et l'absence de tous plis. formés par des sillons anastomosés sur toute la surface. Quant au fücus hirtus de MM. Humboldt et Bonpland, il n'est qu'un double emploi de leur Humboldtii, dont nous possédons en herbier un échantillon donné par l’un de ces voyageurs. Un fucus velu de toutes parts eùt été sans doute un phénomène bien digne d’être noté; mais la prétendue villosité qu'on crut y apercevoir, d'ailleurs ee mal représentée par le dessinateur, est un polypier qui altérait par places l'une des plantes les plus glabres, les plus polies, et même les plus lui- santes qui soient dans les mers .Les deux voyageurs qui ont pris pour deux plantes différentes le macrocyste dont il est ici question, le recueillirent croissant sur les côtes de l'océan Pa- cifique, non loin de Truxillo, au port Chancaye, et flottant dans la rade de Calao. M. Durville l'a retrouvé sur les côtes du Chili à la Concepcion. Plus petit que les espèces précédentes, le macrocyste pommi- fère a sa racine courte, rayonnante, et s'appliquant sur les 96 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. rochers et sur les coquilles; il en part une tige qui se-bifurque deux ou trois fois près du collet, mais qu'on ne peut que très- improprement dire être dichotome : on ne saurait non plus la dire cylindrique; car elle est évidemment comprimée, sur- tout vers la base : les deux ou trois jets qui en partent, acquiè- rent de deux à trois pieds de long; ils ne sont guère plus gros qu'une paille ordinaire, et émettent à un ou deux pouces de distance des pétioles alternes, longs d'une à deux lignes, qui se dilatent non en un tubercule, mais en une vésicule sphérique, de la grosseur d’un poids à celle d'une cérise, parfaitement sphérique, finement ridée, noirâtre dans l'herbier, où elle con- serve toute son élasticité, et sur laquelle s'implante, en sy contournant, la fronde qui est membraneuse, parfaitement linéaire, large de quatre à dix lignes au plus, longue d'un à deux pieds, d'un beau vert-obscur dans l'état vivant, prenant une teinte blonde par la dessiccation, non plissée Iongitudina- lement comme chez les autres espèces, luisante, quelquefois légèrement ondulée sur les bords, où se voient des dentelures très-fines, assez régulièrement He comme des cils roides. Il n'est pas de macrocystes où le mode de division, à partir du pétiole vers la pointe, paraisse plus sensible que dans celui-ci, soit sur les frondes voisines de la racine, soit sur les frondes terminales. Explication des Figures. PI. 9. A. Le macrocyste pommifère, de grandeur naturelle, depuis sa racine jusqu’à son extrémité : astérisque indiquant le point de rapport du rameau divisé. B. Une lame très-mince de la tige, coupée horizontalement, vue au grossissement d’une ligne de foyer, pour montrer, 1° l'écorce compacte et opaque qui l'environne, 2° les vaisseaux longitudinaux qui se manifestent au point de contact avec le bois, par des trous de grandeur diverse, 3° le bois qui paraît composé de cellules pressées , 4° la moelle, obscure, où se retrouvent les trous indicateurs de vaisseaux ascendants. C. Une lame très-mince du même bois dans le sens vertical et au même gros- sissement , à travers le tissu cellulaire duquel se distinguent, comme des lignes lons BOTANIQUE. 97 gitudinales les vaisseaux qui, dans la figure précédente, se montrent comme des pertuis. D. Le réseau dont se forment les deux pages des frondes, vu à une demi-ligne. E. Coupe perpendiculaire d'un pétiole dilaté en vésicule sphérique, avec l'im- plantation de la fronde. X IV. Laminat, Laminaria. Ce genre, type de la famille si naturelle des laminariées, fut d'abord distingué sous le nom de Laminarius par Roussel, auteur d'une Flore peu connue du Calvados; mais il fut en même temps si vaguement caractérisé, qu'on le pouvait con- sidérer comme douteux : Stakhouse ladopta sans le mieux définir, en lui donnant, dans la seconde édition de son IVereis britannica, le nom de Gigantæa, qui, péchant contre les règles de la nomenclature, ne pouvait étre admis. Feu le professeur Lamouroux le constitua définitivement, en lui assignant d'abord pour caractères : Racines fibreuses, rameuses. Cette définition, qui ne coñvient point aux laminaires bulbeuses, convient aussi à des hydrophites fort différents de laminaires véritables; le profes- seur Agardh la réforma de la sorte : Frondes membraneuses ou coriaces, stipitées ; fixées par une racine fibreuse, sur les lames desquelles la fructification se manifeste par des taches formées d'un double strate de granules allongées et pyriformes. On peut adopter de tels caractères, en ajoutant que les frondes aplaties en lames coriaces chez les laminaires sont dépourvues de ner- vures : ce qui éloigne du genre dont il est question les Lami- naria Agarum , esculenta et costata, pour en former le genre Orgyia, Stak., que, dans notre Dictionnaire classique’, nous ! Tom. IX, pag. 193. Voyage de la Coquille. — Botanique. 13 98 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. avons décrit sous le nom d'Ægarum ; nom qu'on doit rejeter, parce que celui qu'avait proposé Stakhouse a l'antériorité. Le genre dont nous allons mentionner trois espèces se peut diviser en trois sections, qui devront peut-être par la suite con- stituer des genres distincts; car il s'en faut, malgré nos travaux et ceux de M. Lamouroux, qui s'adonna beaucoup à l'étude des laminaires, que ces plantes aient été suffisamment exami- nées : la fructification même, dans laquelle on à cherché des caractères, étant fort obscure, ou totalement inconnue, chez la plupart des espèces. Ces sous-genres sont distingués non-seu- lement par des caractères particuliers, mais par leur habitat respectif qui n'est pas exactement le même. Dans le premier sous-genre, celui des Fisrurarres, le stipe, cylindrique et souvent renflé çà et là, est absolument vide; il représente le pétiole vésiculaire de macrocyste, dont chaque _ individu est comme une fronde gigantesque. Nous n’en con- naissons que deux espèces, dont l'une à fronde entière, simple, ondulée tout au plus sur les bords, est le laminaria Ophiura de notre Dictionnaire classique, qui nous a été rapportée des côtes de Terre-Neuve; la seconde, ayant été recueillie par M. Lesson dans l'expédition de la Coquille, doit nous occuper ici. 10. LAMINATRE TROMPETTE, Laminaria ( buccinalis), stipite Jistuloso, coriaceo ; lamina pinnatifida. Nous distinguerons deux variétés dans cette espèce. a. ( Capensis), lamina angustata , pinnulis brevioribus, sub- ovatis., obtusatis. Laminaria- ( buccinalis ), stipite fistuloso, in laminam lanceo- latam, pinnatam , expanso ; pinnis utrinque attenuatis. Agardh, Spec., p. 111; Syst. Alg., p. 270. Fucus buccinalis. Vinn., Mant., p. 312; Turner, Fuc., t. HI, p- 11, pl. 130. Nous ne figurerons point la variété qui va nous occuper, BOTANIQUE. 99 la planche citée de Turner suffisant pour donner une idée assez exacte de sa fronde, dont MM. Lesson et Durville ont rapporté plusieurs fragments. La tige qui n’est point représentée est un tube, acquérant, selon quelques voyageurs, la grosseur du tronc d’un bambou : celle que nous possédons en herbier n’a guère que deux pouces de diamètre; on dirait de la corne. L'épaisseur de ses parois et leur solidité la distinguent surtout de la laminaire Ophiure, qu'elle représente à l’autre extrémité du méme océan, au pourtour de la pointe méridionale de lA- frique. Les navigateurs qui les premiers doublèrent le cap des Tempêtes remarquèrent ce gigantesque varec, tantôt flottant à la surface des vagues, tantôt jetant au rivage ses tiges, qui, séparées de leur racine et de leur feuille, ressemblaient à des bâtons creux, ou bien à des cannes de roseaux : de là ce nom d Arundo indica fluitans et de Trombeæ que les frères Bauhin lui donnèrent dans les deux premiers ouvrages de botanique où il en soit fait mention :. 6. ( Macloviana ) lamina latior, pinnulis elongatis , linearibus acutis; mentionnée sous le nom de Laminaria flabelliformis dans notre Dictionnaire classique d'histoire naturelle. Laminaria (flabellum ), stipite compresso, basi attenuata , lamina profundè palmato-laciniata ; laciniis ensiformibus, acutis, integerrimis. N., dans la Flore des Malouines de Durville, p. 23, n° 26. Nous trouvâmes dans le paquet d'hydrophites rapporté des Malouines par M. Lesson un fragment de cette espèce, que, sur quelques indications données de mémoire par M. Gaudi- chaud, nous avions d'abord regardé comme une espèce dis- tincte : mais un examen plus approfondi nous a détrompé. Nous n'avons pas cru devoir figurer le morceau de fronde cou- © C. Bauh., Pinax, p. 19, et J. Bauh., Historia plantarum , tom. III, p. 818. 13. 100 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. _ pée transversalement que nous possédons de cette plante; on y peut tout au plus reconnaitre que la lame frondescente n'avait pas moins de dix pouces à um pied de large; tandis que les pinnules, qui ont environ deux pieds de long, n'ont guère que six lignes à un pouce dans leur largeur. Dans le second sous-genre, celui des SACCHARINES, d'une racine fibreuse, s'élève un stipe cylindracé, solide, corné, devenant comme ligneux, et analogue au trone de ces Lesso- nies dont chaque feuille représente en diminutif une saccha- rine complète à fronde entière. Les laminaires qui viennent se ranger ici sont simples ou étendues en lanières, plates, rayon- nantes, ou pinnatifides, et diversement divisées : les espèces simples n’ont encore été observées que dans l'hémisphère bo- réal; les pinnatifides paraissent jusqu'ici être propres à l'hémi- sphère méridional; les autres sont répandues dans toutes les mers. Entre les varecs rapportés par les deux savants natura- listes de la Coguille, les deux suivantes rentrent dans notre se- cond sous-genre. II. LAMINAIRE DES BUVEURS, Laminaria potatorum, Lamx, Ess., p. 22. Stipite compresso, in laminam laciniato-digitatam expanso ; laciniis oblongis , serrato - dentatis. Agardh, Spec. Alg., pe 115; Syst., p.270. Fucus ( potatorum ), fronde coriaceä, digitatä ; segmentis planis, oblongis, simplicibus dichotomisve, enervibus, crenato- dentatis , stipite abbreviato , plano , lineari , indiviso insidentibus. Turner, Fuc., tom. IV, p. 107, plat. 242 (optima ); la Billar- dière, Nov.-Holl., tom. IT, p. 112, tab. 257. M. de la Billardière fit connaitre le premier cette singulière plante, qu'il découvrit aux rivages du cap Vandiémen, et dont ce savant rapporta plus d’un exemplaire, puisque nous devons à sa générosité celui qui orne si bien notre collection de la- minaires. Le nom qui la désigne vient de ce que les sauvages BOTANIQUE. 101 forment avec les morceaux diversement taillés de cette plante des vases pour boire et conserver de l'eau douce. Depuis le voyage de la Billardière, la laminaire des buveurs a été re- trouvée sur les côtes de l'Amérique du Sud; nous en possédons un beau fragment provenant de Valparaiso, et que, vu sa grande épaisseur, nous regardämes d'abord comme une espèce distincte, mentionnée sous le nom de laminaria corium dans notre Dictionnaire classique. Un fragment de la même plante, rapporté des côtes du Chili par M. Lesson, nous a fourni les moyens de reconnaitre l'erreur où nous étions tombé. Le lami- naria potatorum est identique, depuis les bords opposés de l’Australasie jusques à ceux de l'Amérique du Sud. Ainsi que le macrocyste commun trace les frontières de l'Océan Atlan- tique entre le cap de Bonne-Espérance et les terres Magella- niques; de même la laminaire des buveurs marque la limite de l'Océan Pacifique, du côté du Midi, dans une ligne qu'on peut tirer de la terre de Vandiémen aux côtes méridionales du Pérou. 12. LAMINAIRE BIRONCINÉE (pl. 10), Laminaria (bironcinata DE Stipite in laminam coriaceam, elongatam, expanso; Jronde pin- natifida; pinnulis adpressis, bironcinato-dentato-ciliatis; super- ficie ubique ligulas breves homogeneas emittens. Laminaria radiata (8) exasperata? Agardh, Spec., p. 114. Fucus radiatus (8) exasperatus? Turner, Fuc., tom. IL, p. 161 (sans figure ). La racine de cette laminaire nous est inconnue. Nous pré- sumons, vu la ressemblance générale de la plante avec le fucus radiatus a de Turner, que cette partie est en tout semblable, c'est-à-dire composée de fibres ligneuses, dures, du volume d'une plume ordinaire, rameuses, et pareilles à celles par les- quelles se cramponnent la plupart des autres saccharines. Le stipe aurait alors environ de trois à quatre pouces; il est de la grosseur d'une forte plume de cygne, corné, simple , et s’élar- 102 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. gissant en une lame ovale, oblongue, d'un vert-olivàtre tirant au noir, polie, de consistance très-coriace, deux fois plus longue que large, émettant, par ses bords et quelquefois de certains points de sa surface, des expansions nombreuses, pressées, ir- régulières, de taille diverse, lobées , roncinées ou bironcinées, sinueuses, les unes aiguës, d’autres plus ou moins arrondies, dentées irrégulièrement, ciliées, ou plutôt spinescentes sur les bords. La surface de ces expansions ou pinnules, très-poly- morphes, émet un plus ou moins grand nombre de spinules pareilles, dont la nature est la même que celle du reste de la fronde. Nous avons trouvé un seul échantillon de cette plante dans le paquet rapporté de la Concepcion par M. Durville : il avait pris une couleur très-noire; mais, en le remouillant, on put lui rendre la teinte qu'on lui voit dans notre planche 10. Il fallut en élaguer divers morceaux pour distinguer la forme de la lame. Sa consistance était beaucoup plus solide que celle du fucus radiatus de Turner, qui donne sa plante comme prove- nant de la Nouvelle-Hollande, et qui lui attribue une diapha- néité et une couleur de vert d'herbe, qui n'ont jamais pu exister dans la nôtre. La comparaison des deux figures suffira pour faire distinguer, dès le premier coup d'œil, les deux espèces qui furent d'abord considérées comme deux variétés. Explication des Figures. PI. 10. Quelques pinnules de la laminaire bironcinée, insérées sur les bords ou sur la surface de la lame, de grandeur naturelle. BOTANIQUE. 103 V. IRIDÉE, /ridæa. Stakhouse, dans son Nereis britannica, forma sous ce nom un genre qui ne pouvait, selon feu Lamouroux, être admis : nous n'en avons conséquemment adopté que le nom, pour désigner un genre nouveau, dont les espèces, tant qu'elles demeurent plongées dans l'eau, réfléchissent les plus belles nuances de l’arc-en-ciel ou les reflets chatoyants que lancent le plumage de certains oiseaux, et quelques variétés de charbon de terre. Brillantes dans la mer, les Tridées se ternissent lors- qu'on les en retire : leurs caractères génériques consistent dans la forme de la fronde, qui est à peu près simple, atténuée inférieurement en un stipe comprimé, court, fixé par une racine peu distincte en empatement , et de la même substance que l'expansion , laquelle est épaisse, d’une consistance carti- lagineuse et gélatineuse en même temps, pénétrée d’une muco- sité contenue dans un réseau microscopique, lâche, formé de filaments entre-croisés, imitant irrégulièrement les mailles d’une hydrodictie. La fructification consiste en des gongyles tuber- culeux, épars dans l'épaisseur de la plante, environnés d’une sorte d’anneau translucide, et devenant souvent durs , très-gros et saillants au point de rendre la fronde rugueuse comme la peau de’ certains poissons du genre squale. D'autres fois, ces tuber- cules se développent en papilles plus ou moins longues, qui hérissent les frondes de toutes parts. On peutrendre l'apparence de la vie à toutes les Iridées en les remouillant , même après une longue dessiccation. Nuls autres varecs ne répandent alors une odeur de thé ou de violette plus agréable: les reflets chatoyants y reparaissent même parfois avec toute leur vivacité. Ces plantes ne tardent pas à se dissoudre en une sorte -de gelée où dispa-' rait le réseau constitutif, mais où se conserve, au milieu d’une 104 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. molécule jaunåtre, une multitude de globules plus gros et opaques, qui sont sans doute des gongyles rudimentaires. Les Iridées qui appartiennent bien évidemment à la famille des Laminariées forment un passage très-naturel à l'ordre des Floridées par les Halyménies , qui s'en rapprochent beaucoup, soit par leur consistance, leur forme générale et leurs belles teintes, soit par leur fructification éparse à la surface des lames, mais dans la texture desquelles n'entre point ce réseau que nous avons vu constituer la charpente des hydrophites dé- crits jusqu'ici. Les Halymenia reniformis, edulis, sarniensis et palmata , qui furent des Délesseries de Lamouroux, sont probablement des Iridées, ainsi que le Sphærococus volans d Agardh, Spec. Alg., p- 266; Syst., p.222; Icon., tab. 18. On doit considérer comme les autres espèces certaines de ce genre qui, n'ayant pas été rap- portées par les naturalistes de la Coquille, ne sauraient étre que ge. 1° L Halymenia cordata , Ag. , Spec. Alg., p. 201; Syst. , p.241; Fucus cordatus, Turner, Hist. fuc., plat. 116, rapportée des îles mentionnées dans ce présent ouvra de Banks, que baignent les mers de l'Amérique septentrionale. 2° Le Fucus verruculosus de Bertoloni; Fucus Rissoanus,Turn., Hist. fuc. , plat. 253 ; Sphærococus verruculosus , Ag., Spec. Alg., p. 265; Syst., p. 222, dont Lamouroux se proposait de faire le type d'un genre Erinacea (Voy. Dict. class. d' hist. nat. ,t. V, art. DÉLESSERIE). Cette espèce, propre à la Méditerranée, nous a été communiquée sous le nom d’ Uka calendulifolia, par Don Simon de Rojas y Clemente , habile naturaliste espagnol, qui l'avait recueillie sur les côtes d'Andalousie; par M. Risso, qui la dé- couvrit dans le golfe de Nice ; par M, Foché, inspecteur général > 5 du service de santé, qui l'avait reçue de Corse; et par divers botanistes du Midi, qui la trouvèrent dans les ports de Marseille et de Toulon. BOTANIQUE. 105 3° Le Sphærococus papillatus, Ag., Spec. Alg., p. 267; Syst., p- 222. Icon. , tab. 19, rapporté par notre illustre ami Albert de Chamisso, de l'ile d'O-Wai-Hée. 4° Le Fucus erinaceus, Turn., Hist. fuc., tab. 26, Gratelopia orata; Ag., Spec. Alg. , p. 222.; Syst. , p- 241, qui vient du cap de Bonne-Espérance. 5° Le Fucus stiriatus , Turn. , Hist. fuc., tab. 16; Sphærococus stiriatus, Ag., Spec. Alg., p. 269.; Syst., p. 223, que M. Schlech- tendal de Berlin nous a communiqué comme venant du même promontoire. Les espèces dont nous devons la connaissance à MM. Durville et Lesson , sont les suivantes : 13. [RIDÉE LAMINARIOIDE (pl. 11, fig. 1), Zridæa (Laminarioides). Juvenilis, spathulata, integerrima; adulta in laminam elongatam lanceolatam expansa , inferne fissa. Il faut avoir vu des échantillons de cette plante dans tous ses âges pour ne pas faire deux espèces de l'état de jeunesse et de l’état adulte. L'Iridée laminarioïde se présente d'abord en expansions simples, fasciculées sur l'empatement qui forme leur racine, longues de quelques lignes à un ou deux pouces, ayant un stipe de couleur pourprée plus ou moins vif, subcanali- culé, s'élargissant en forme de spatule , et atteignant de six à dix lignes et même un pouce dans la plus grande largeur, où l’ex- pansion , qui est d’une consistance charnue et épaisse, devient transparente et légèrement teinte de violet, passant au vert plus ou moins intense à mesure que la plante grandit. On dirait, pour leur facies, des frondes d'Ophioglosses : ces frondes deviennent, dures, presque cornées, et d'un brun-rougeâtre très-foncé en se desséchant. Plusieurs avortent, ou ne par- viennent point à leur entier développement; mais celles qui acquièrent leurs plus grandes proportions, s'alongent en lames d'un à trois pieds de longueur, larges de deux à six pouces, Voyage de la Coquille. — Botanique. r 4 106 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. de plus en plus épaisses, mollasses, paraissant d'abord fort entières par leurs bords , atténuées aux deux extrémités, obtu- sées par la pointe, cunéiformes vers la base, où quelques-unes sont divisées en deux ou trois lanières bien plus courtes et sub- lancéolées. Leur couleur est d'un très-beau vert-obscur, qui passe au brun-noirätre quand la plante se décompose, mais qui se conserve quelquefois très-vif dans la transparence des échantillons d'herbier. On reconnait sur les vieux individus que les bords (fig. E), loin d'être très-entiers, sont finement ciliés et légèrement ondulés. La fructification sy manifeste en points pourprés innombrables, qui, vus à travers le jour, pro- duisent l'effet de ces taches milliaires dont se pare la robe de l'élégante coquille, vulgairement appelée piqüre de mouches. (Conus arenatus.) M. Durville a recueilli cette belle espèce sur les côtes du Chili, à la Concepcion. Elle est gluante, et adhère au papier où on la prépare dans l’état adulte, tandis qu'elle y tient peu ou pas du tout tant qu'elle est jeune, parce qu'il en transsude moins de mucosité. Sa surface, malgré cette mucosité, est assez rude au toucher, à cause des gongyles qui en rem- plissent la masse. Explication des Figures. PI. 11, fig. 1. A. Premier état de l’Iridée laminarioïde, vivante et de grandeur na- turelle. ; B. Autre échantillon, plus développé et ramolli dans Peau. C. Même état, conservé en herbier avec la couleur foncée quy prend la plante. D. Un échantillon adulte, de taille ordinaire, où les gongyles commencent à pé- nétrer la substance de la lame et à la rendre rude au toucher. E. Extrémité obtuse, ondulée et ciliée d’une fronde triple dans toutes ses pro- portions , chargée d'innombrables gongyles , rude comme de la peau de chagrin, et dans la coupe de laquelle on distingue l'épaisseur, qui est assez considérable. F. Réseau fibreux, constitutif, au grossissement d’une demi-ligne de foyer. G. Un gongyle, vu au même grossissement avec les granules qui s’y trouvent contenues. BOTANIQUE. 107 14. Intr, Rappe, Zridæa (Radula). Fronde planá, elliptico- ovata, infernè attenuato-cuneata , utrinque et margine mamil- losa; in vetustate cancellato-cribrosa. Sphærococus (Radula). Fronde plana, enervi, elliptica, subsim- plici, utrinque et margine papillosa ; mamillis fructi fers subula- - tis; Ag., Spec: Alg., p. 268; Syst., p. 222. Fucus (Bracteatus). Fi A plana, enervi, latè elliptica , sim- plici ; apice et basi attenuata ; papillis brevibus , subulatis , apice capsuliferis , utrinque et undique muricata. Turn. , Hist. fuc. , tab. 25. ( Une fronde dans l'état de jeunesse. ) Folium Algæ marinæ, cribriferum, latum, orbiculare ; Séba, tab. 103, fig. 1. (Une fronde dans l'état de jeunesse. ) Algæ marinæ, folia magna, lata, reticulata ; Séba , tab. 103, fig: 2433: (Ée hantillons décrépits, AE de irbis qui les foai paraitre cancellés. ) Iridæa undulosa @ papillosa; Flore des Malouines, n°. 26; Dict. class. , tom. IX, p. 16. C'est évidemment à tort qu'Agardh a regardé comme appar- tenant à deux variétés, peut-être susceptibles de former deux espèces, la figure gravée par Turner, et les figures 2 et 3 de Séba, qui appartiennent tellement à la même Iridée, que nous trouvons des formes en tout semblables sur les échantillons que recueillit M. Lesson aux iles Malouines, et sur celui que M. Schlechtendal, botaniste prussien, a bien voulu nous com- muniquer comme venant du cap de Bonne-Espérance. La fronde de l'Iridée Rappe est ovoide, tantôt parfaitement arrondie, comme dans les figures 1 et 3 de Séba, tantôt sub- lancéolée à son extrémité, comme dans celle de Turner, atté- nuée par sa base, où elle se termine en un stipe souvent com- posé, et sur lequel se groupent d’autres lames naissantes dont beaucoup ne se développent qu'imparfaitement et demeurent 14. . 108 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. luisantes, polies et d’un violet obscur; tandis que les lames parvenues à toute leur grandeur, qui est de six à dix pouces de longueur sur trois à cinq de largeur, passent au brunâtre-fauve, lavé de rougeâtre, et se chargent de verrues opaques, papil- leuses , qui deviennent aussi grosses que des grains de millet, ou s'alongent en languettes d'une ligne à deux sur la plante même : ce qui lui donne un aspect tout hérissé et papilleux. Les bords qui sont légèrement ondulés sont aussi un peu cré- nelés, surtout au pourtour supérieur. En vieillissant, cette Iridée, qui reflète un peu moins de nuances d’arc-en-ciel que les espèces suivantes, se crible de trous, parfois disposés si régu- lièrement, qu'on dirait une écumoire, ou quelque fragment de l'Orgyia Agarum. Les trous par lesquels la plante acquiert un tel aspect dans sa vieillesse proviennent de la chute des gongyles qui se détachent lors de leur maturité, après avoir germé à la surface même de la fronde où ils produisaient les papilles, représentées par Turner, mais qui n'existent pas dans tous les individus. ; 15. IRIDÉE D AUGUSTINE (pl. 12). /ridæa (Augustinæ). Fronde Jlabelliformi , obcordato-obtusa, tenera, margine eleganter un- duloso-crispa. Iridæa (Undulosa). Lævis , fronde ovato-conica, basi obconica, crassiuscula, undulato-crispaa. œ. Flore des Malouines, n° 26. Iridæa crispata, Dict. class. t. IX, p. 16. M. Durville a rapporté de la Concepcion , au Chili, un assez grand nombre d'échantillons de cette Vénus des plantes ma- rines ; qu'il nous soit permis d'employer cette expression, ca- pable seule de donner une idée du port gracieux et de l'écla- tante harmonie des teintes dont se pare la charmante Iridée que nous allons faire connaitre. Nous en avons trouvé quelques fragments dans le paquet d’hydrophytes qui nous fut donné comme ayant été recueilli aux Malouines par M. Lesson. BOTANIQUE. 109 M. Gaudichaud s’est positivement rappelé d’avoir vu le même végétal au cap de Bonne-Espérance. Dans la nécessité où nous étions de changer le nom sous lequel nous avions d'abord désigné une plante qui n'est pas plus ondulée que ses congénères, nous avons cédé à l'irré- sistible penchant de lui en choisir un qui fût, en quelque sorte, emblématique, c’est-à-dire, qui donnât à la fois une idée de cette charmante mollesse qui caractérise ses contours, de la vivacité des nuances variées dont elle frappe les regards , enfin de la solidité de son élégant ensemble qui, malgré l'ap- parence d'une délicate fragilité, n’est pas moins que le roc, d'où la nature fit naitre notre Augustine, capable de résister au choc des tempêtes. Le nom qui s'est offert aussitôt à notre plume est celui d'un rare modèle de piété filiale, comblé de tous les charmes dont se puisse embellir la jeunesse, et de toute la force de raison dont se pourrait enorgueillir l’âge mur, qui, s'attachant à l’auteur de ses jours avec d'autant plus de force, qu'il était plus rudement frappé par les coups du sort, devint l'ornement consolateur de la retraite où le malheur nous apprit enfin à connaître ce que vaut la presque totalité du genre humain, et quel cas on doit faire de ce que, dans l'espèce de civilisation dont s’enorgueillissent les capitales, on appelle des amis. Cest d'après quelques échantillons peu développés, que nous avions, dans notre première phrase spécifique, donné pour ca- ractère à l'Iridée d’Augustine une forme amincie en coin vers sa base : en se développant, la plante prend au contraire dans sa partie inférieure la figure dun cœur, et s'étend en une feuille arrondie, semi-diaphane, ondulée et frisée à son pourtour avec une grace singulière. Les jeunes individus se teignent en pour- pre tendre et chatoyant; plus tard et quand ils atteignent à cinq ou six pouces de diamètre , leur couleur passe au châtain- 110 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. fauve, ordinairement lavé de rose par les bords. Plus tard en- core, et quand la fructification y apparait, des nuances ver- dâtres etazurées annoncent que les gongyles, gros comme le petit plomb appelé cendrille ou cendrée, se vont détacher. Dans les individus que le temps altéra , ces organes qui sans doute ont propagé la plante en s'en détachant, laissent pour trace de leur existence des vides irrégulièrement arrondis, qui donnent à la fronde détériorée l'aspect d'un fragment de l'Orgyia Agarum. Quelques-uns cependant germent sur la face même du végétal, surtout à sa base, et y forment par leur alongement de petites papilles violettes ou brunätres, moins nombreuses et moins prononcées que celles dont se hérissent les /ridæa radula et erinacea. Dans l'herbier, toutes les teintes se foncent et passent au violet-sombre, au brun-rougeätre, ou bien au jaunâtre- bistré. Explication des Figures. Pl. 19. A. Jeune fronde de l’Iridée d’Augustine dans le plus bel état de conser- vation, et de la couleur qui dans l’eau reflète les plus belles nuances. B. La plus grande des frondes que nous ayons eu occasion d'observer, où la couleur devenue brunâtre lançait encore d'assez beaux reflets. C. Fronde adulte, avec des gongyles se déchirant par l'extrémité. D. Fronde détéricrée, où les gongyles ont, en se détachant, laissé des déchire- ments qui la font paraître comme cancellée, et vers la base de laquelle d’autres gongyles se développent en papilles. E. Très-jeunes individus, dont la partie inférieure ne s'est pas encore développée en forme de cœur, avec la couleur qu’ils ont prise dans l’herbier. F. Tissu de la plante, au grossissement d’une ligne et demie, pour en montrer la molécule constitutrice. É G. Le réseau dans lequel la molécule est retenue confondue dans une matière muqueuse, avec un gongyle, à une demi-ligne de foyer. 16. ĪRIDÉE ÉTINCELANTE (pl. 13 et 13 bis), /ridæa (micans),ovata, undulosa , inferne obcordata; stipite brevi; vetustate rugostssima. BOTANIQUE. III Iridæa (micans), ovato-reniformis , undulosa, tenerrima , basi subcordata. Flor. Malouin., n° 25. Dict. class., tom. IX, p. 16. M. Durville décrit ainsi, dans sa Flore des Malouines Epi i7); la belle Laminariée dont il est question. «Une quatrième espèce d'hydrophytes des rivages de ces iles est plus curieuse encore par ses brillantes couleurs que par ses dimensions. D'un pédi- cule très-court sort une feuille large de huit à quinze pouces, ondulée , souvent lobée , et remarquable par les reflets admi- rables de bleu et de violet qui la caractérisent, surtout lorsque, par un soleil brillant, elle est doucement agitée par les ondu- lations de la lame. En vieillissant, cette belle couleur d'Iris changeant disparait ; elle passe au jaune-verdâtre sale, et toute sa surface se couvre de tubercules glanduleux qui la feraient alors volontiers prendre pour un zoophyte composé. » Les échantillons de l'Iridée étincelante, rapportés par M. Dur- ville, replongés dans leau , s’y sont promptement développés, en augmentant considérablement de volume. Ils ont aussitôt brillé de tout l'éclat qu'y avait signalé le navigateur auquel nous en devons la connaissance. Semi-diaphanes, épais, muqueux , gracieusement flexibles, les moindres mouvements du liquide y faisaient varier les teintes selon l'inflexion de la lumière, et nous fimes de vains efforts pour rendre, au moyen des couleurs de notre palette, celles du bel individu qu'on voit dans notre planche 13. Une des frondes jeunes les mieux conservées, était parfaite- ment arrondie, de huit à dix pouces de diamètre environ, mais elle diminua d’un tiers sur le papier où nous l'avons préparée, où elle adhère très-fortement, où les plis de ses bords ont en partie disparu par suite d’un racornisssement exercé dans toutes les parties, où enfin elle demeure extrémement hygrométrique avec une couleur violâtre, variée de teintes roses et bleues, qui semblent être demeurées sur l'échantillon pour attester que 112 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. nous n'avons point, dans notre peinture, essayé d'embellir l'Iridée dont il est question; comme si plusieurs frondes, crois- sant les unes contre les autres, avaient la faculté de se souder pour n'en former bientôt qu'une : trois stipes longs d'un pouce environ se voyaient à sa base, c'est-à-dire, au point d'insertion où la fronde se corde. Ces stipes, légèrement canaliculés, étaient d'un violet bien plus foncé que celui dont resplendissaient les parties où les plis de la plante déterminaient les ombres; dans les individus avancés en âge, et chez lesquels ces stipes finissent par devenir partie de la fronde, les ondulations se prononcent, au point que la plante acquiert le facies de nos grandes ulves crépées, mais avec bien plus de consistance. Les nuances d'Iris s'effacent alors; une teinte bistrée domine dans toute l'étendue de la plante où la transparence demeure la même; on dirait de minces lames de corne dans l’état de dessiccation, où la plante n’adhère plus au papier. Des gongyles d'un rose plus ou moins foncé, passant au brun, commencent alors à se déve- lopper de toutes parts, et ressemblent à de grosses chiures de mouches : qu'on nous passe cette image, qui seule peut bien rendre l'idée qu'on doit se faire de leur figure et de leur vo- lume. Ils deviennent innombrables, et finissent par couvrir toute la surface de la plante, si ce n'est vers le centre qui en demeure ordinairement dégarni, et qui conserve plus long- temps des teintes violettes et chatoyantes. Quelques frondes peuvent acquérir un fort grand diamètre, si nous en jugeons par quelques fragments considérables que nous avons trouvés en trop mauvais état pour qu'on pùt les rétablir convenable- ment. Dans ces vieux fragments de près de deux pieds de lon- gueur, dont nous représentons ici une partie (pl. 13 bis, fig. B), les bords très-épaissis, irrégulièrement et obscurément cré- nelés, présentaient de fines dentelures, semblables, pour la rigidité et la disposition, à celles des marges durement ciliées de BOTANIQUE. 113 lridée laminarioïde adulte (voy. pl. 11, fig. E). Les gongyles, devenus aussi gros que des grains de moutarde, rendaient la surface de la plante aussi rugueuse et âpre au toucher que l'est cette peau de chagrin dont on se sert pour polir l'extrémité des queues de billard. La couleur des morceaux de la plante vieille était d’un brun-rouge foncé, sur laquelle des efflores- cences produisaient quelques nuances blanchâtres. L'Iridée qui vient d'être décrite est l'espèce qui présente le plus de rapports avec le Fucus cordatus de Turner (voy. p.104); mais la plante du savant algologue anglais qui se trouve dans l'hémisphère boréal est bien mieux conformée en cœur, amin- cie en pointe et non parfaitement arrondie à son extrémité. Explication des Figures. PI. 13. Une fronde de l’Iridée étincelante, dans toute sa beauté, avant que nul gongyle s’y soit développé. PI. 13 bis, A. Autre fronde plus avancée, où le stipe a disparu, épaissie, chargée de gongyles de toutes les dimensions. B. Fragment marginal d’une vieille fronde de près de deux pieds de diamètre, très-épaisse, rugueuse, fort plissée sur les bords, dans l’état de dessiccation, et quand les gongyles y sont aussi nombreux et aussi gros qu’ils le peuvent être. C. Un morceau du bord du même fragment quand il fut remouillé , au grossisse- ment d’une loupe ordinaire, pour faire mieux distinguer la spinulescence ciliée des bords de la lame, avec son épaisseur, et les gongyles lorsqu'ils sont pleins de gra- nules colorantes. D. Un morceau des membranes externes de la fronde dans l’état de dessiccation, grossi à deux lignes de foyer, pour montrer les gongyles après qu'ils se sont vidés de leurs granules colorantes. E. Un fragment du même morceau, à une demi-ligne, pour montrer la nature granuleuse de la membrane et des gongyles. F. Un côté de l'enveloppe d’un gongyle, formé évidemment de filaments articulés concentriques, et s’élevant de la surface granuleuse, fixée dans un réseau G, com- Voyage de la Coquille.— Botanique. 15 114 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. posé de filaments translucides, à articulations emboîtées et fragiles, qui se disjoignent et s’éparpillent en débris de forme carrée. Les gongyles sont colorés. par les granules qui les remplissent et qui ne paraissent différer en rien de celles dont se compose la substance de la fronde. Famixe Des Fucacées, Fucaceæ. Les Agames de cette seconde famille offrent déja dans leurs tis- sus des rapports sensibles avec les plantes des classes plus élevées; comme chez les Laminariées, on y distingue des tiges qui, dans les grandes-espèces, acquièrent toutes les qualités d'un véritable bois qu'on peut appeler marin, et que caractérise sa ressem- blance avec de la corne, surtout dans l’état de dessiccation; sorte de bois qui, modifié par l'élément dans lequel il se forma, établit le passage entre celui des arbres et le stirpe des poly- piers dendroïdes corticifères. Dans les Fucacées, les feuilles acquièrent aussi une consistance plus compliquée ; leur épais- seur, leur solidité dépendent de l’entre-croisement d'une fibre tenace, et cloisonnée de loin en loin, très-visible au microscope, qui fixe dans ses mailles une molécule plus compacte. L'extré- mité des filaments tubulaires de cette fibre s'épanouit, pour ainsi dire , en petites houppes de poils très-fins, påles, éparses sur les deux surfaces des feuilles. Réaumur +, dont cette sorte de duvet fixa l'attention, y vit les organes måles de la fructi- fication ; et cette idée fut assez généralement adoptée dans l'école linnéenne. «Les véritables fonctions de ces poils, ditM. La mouroux ?, sont connues maintenant; ils sont analogues à ceux 1 Mémoires de l’Académie des Sciences, 1710, 1711 et 1712. ? Dictionnaire classique d'histoire naturelle, t. VI, pag. 70. - BOTANIQUE. ; 115 qui couvrent un si grand nombre de végétaux terrestres, et paraissent destinés à sécréter ou à absorber des fluides parti- culiers ; quelquefois ils semblent n'être qu'une exubération du üssu cellulaire intérieur. Ces poils ne sont point permanents ; ils disparaissent dans certaines saisons, à différentes époques de la vie de la plante : on ne les voit jamais ni sur les tiges ni sur les nervures des feuilles: et lorsqu'ils se dessèchent, ou qu'ils tombent, ils laissent sur la feuille un petit point concave d'une couleur foncée, que des naturalistes inexpérimentés pourraient prendre pour une fructification. » Ce point est une sorte de nodus. Le duvet filamenteux dont il est question , s'observe également dans l'intérieur des vésicules dont se char- gent les Fucacées. Il y est même bien plus développé, et comme le sont les filaments des champignons byssoïdes dans l’obscu- rité. Quant aux vésicules dont l'usage paraît borné à faire flot- ter la plante, elles se développent comme dans les macrocystes aux pétioles chez les Sargasses, dans l'étendue des feuilles chez les fucus, dans les tiges même chez les halydres. Les organes de la fructification consistent dans des granules arrondies ou pi- riformes, opaques, environnées d’une pellicule translucide , qui, vues au microscope, les fait paraitre comme environnées d'un anneau , et agglomérées en plus ou moins grand nombre dans les gongyles, qui sont eux-mêmes des corps arrondis, grou- pés en amas soit le long des tiges , soit à l'extrémité des frondes. Ces amas de fructification ont été appelés réceptacles ; ils sont d'une teinte plus jaunâtre que le reste de la plante, générale- ment ovoïdes, assez grands, comprimés, tuberculeux; et l'iné- galité de leur surface verrugueuse vient de ce que les gongyles, au lieu d'y être épars dans la masse, sont disposés au pourtour immédiatement au - dessous d’un épiderme qui contient une mucosité sans goût et sans odeur, diaphane comme l'eau, transsudant de toutes parts, et lubrifiant la surface de l'organe 15. 116 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. qui est gluante. Les fibres articulées dont nous avons dit que l'enlacement constituait la base agglomératrice des substances qui composent les Fucacées, s'étendent dans ce mucus en réseau bien plus lâche que partout ailleurs , où l'on distingue, au gros- sissement d'une ligne, des anostomoses angulaires et des arti- culations carrées, nombreuses, fort bien rendues en e de la planche 91 de Turner. La différence essentielle qui sépare les Fucacées des Laminariées, est que dans ces dernières les gon- gyles sont généralement épars à la surface des frondes ; tandis que dans les premières ils se groupent pour former par leur réunion des réceptacles qui rendent les organes de la fructifi- cation beaucoup plus distincts, en les séparant déja du reste de la plante où ils demeurent confondus chez les végétaux moins avancés dans l'échelle de l'organisation. Les couleurs des Fucacées sont, dans toutes les espèces sans distinction , sombres et uniformes : le vert-olive foncé, le bru- nâtre plus ou moins teint de verdâtre y dominent. La plupart noircissent ou jaunissent dans l'herbier, et ne répandent point l'odeur de thé ou de violette quand on les remouille : aucune n'adhère au papier dans la dessiccation. Toutes sont vivaces, et plusieurs doivent même vivre fort long-temps. Rares dans les mers intertropicales, c'est à mesure qu'on s'éloigne des tropiques qu'on en rencontre davantage. Les mers en sont en- combrées aux approches du cercle polaire boréal. VI. Turmivame, Turbinaria. C'est dans notre Dictionnaire classique d'histoire naturelle”, que feu le professeur Lamouroux indiqua, seulement en lui donnant un rom, le genre que nous adoptons, et dont les 1 T. VII, art. FUCAGÉES, p. 71. BOTANIQUE. 117 deux espèces furent d’abord confondues en une seule parmi les Sargasses. C'est effectivement avec le genre Sargassum que le genre Turbinaria présente le plus d'analogie. La fructification y consiste en réceptacles axillaires, composés, toruleux, au-des- sous de l'épiderme desquels sont disposés des gongyles ovoïdes avec une petite porosité extérieure ; mais le port et la nature des feuilles sont des choses absolument différentes : dansles Tur- binaires il n’y a même pas de feuilles à proprement parler ; ce sont autant de vésicules élargies à l'extrémité, dont la pointe se prolonge dans le pétiole, et au pourtour ou sur les angles desquelles une expansion membraneuse foliacée forme des dé- currences. Dans les deux Turbinaires qui nous sont connues, les décurrences foliacées sont dentées, et la forme générale de la vésicule est une pyramide à trois angles tronquée en avant, ayant son sommet qui se prolonge dans le pétiole. La consis- tance des Turbinaires est celle des fucus les plus coriaces; leur couleur est d’un vert-bouteille excessivement foncé, qui passe au noir par la dessiccation, ou au bistre-roux, pour peu qu'il y ait eu de macération avant le desséchement. On n’en trouve point dans nos mers; l'habitat n'en est constaté pour nous qu'entre les tropiques : cependant Steller dit avoir trouvé l’une des deux espèces sur les rivages du Kamitschatka. 17. TURBINAIRE DÉNUDÉE , Turbinaria (denudata ). Foliis vesi- culatis, subpeltatis , longè stipitatis , margine repando-dentato- spinescente coronata, petiolis nudis. Fucus turbinatus, Turn., Hist. Fuc. , tab. 24 , a. c. d. e. ( mé- diocre). Esper., Fuc., tom. IX (passable). Nous ne rappelons pas ici les autres synonymes du Fucus turbinatus des auteurs qui, n'ayant pas donné de figures, ou qui, ayant cité à tort et à travers celles qui avaient été gravées, ont confondu deux espèces sous un même nom. La plante de Linné peut être aussi bien celle qui nous occupe que la sui- 118 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. vante. Il en est de même du Sargassum turbinatum d'Agardh, pour laquelle l'algologue suédois entasse dément les synonymes d'Esper et de Gmelin , qui conviennent cependant à des choses toutes différentes, sans s'être aperçu qu'il y avait deux espèces très-distinctes sur la planche citée de Turner. La Tur- binaire dénudée nous a été rapportée par MM. Durville et Lesson des plages de Borabora, d'Otaiti, et des côtes de la Concepcion au Chili. Les mêmes voyageurs en avaient recueilli quelques échantillons détériorés, flottant dans la haute mer entre les iles de la Société et la Nouvelle-Guinée. Turner la cite comme de Java, de Ceylan et de la mer Rouge. Lamou- roux nous en communiqua des échantillons kidean iden- tiques, venus de Cuba, sous le nom de Turbinaria havanensis , nom vicieux, puisque nous avions encore la même plante , venue de St-Domingue, et qu'on l'a retrouvée à la Jamaïque. C'est elle enfin que la sonde nous rapporta d'une si grande pro- fondeur entre les iles de France et de Mascareigne, sur les rives desquelles nous eùmes aussi occasion d'en récolter quelques fragments déracinés. La tige noire, rude, tortueuse, anguleuse, noirâtre, rameuse vers sa base au point qu'on a peine à com- prendre comment Turner la dit être non divisée (caule teretius- culo indiviso), se fourche en plusieurs rameaux principaux, longs de trois à dix et même douze pouces. Les feuilles y sont al- ternes, assez pressées les unes contre les autres, longues de six à dix lignes, y compris leur pétiole bien distinct, mince, se dilatant en vésicules, dont les trois angles sont très-ob- tusés, nus, et sans décurrence foliacée sur les angles; elles s'évasent au point d'en paraitre peltées , présentant une sur- face aplatie ou creusée légèrement en cuspule, environnée de prolongements spinescents qui couronnent le disque. Il arrive parfois que de ces dentelures épineuses, plusieurs, luxuriantes, naissent sur le disque même, comme pour former une cou- BOTANIQUE. ` 119 ronne double ; ce que Turner a représenté en a. c. ( Loc. cit.) Mais cet accident dont Agardh a fait sa variété 8 (Sargassum turbinatum , ornatum, Spec., p. 52), n'est pas constant ; nous l'avons rencontré sur des tiges où les autres feuilles ne le pré- sentaient pas. Les réceptacles sont plutôt en groupes que ra- meux et composés, beaucoup plus courts que dans l'espèce suivante, par rapport à la longueur de la feuille, à cause du pétiole qui fait paraitre ces feuilles inférieurement grèles. 18. TURBINAIRE DECURRENTE, Turbinaria (decurrens). Foliis vesiculatis pyramidatis, angulis alato-subdenticulatis ; disco triangulari , margine ferè reflexa. Fucus turbinatus, Turn. , Hist. Fuc. , tab. 24, b. (excellente). Gmelin , Fuc. , tab. 5, fig. 1. (passable. ) Nuldoute que cette espèce ne soit celle qu'a figurée Gmelin, et dont Turner fait sa variété 6; ce dernier n'en représente qu'une feuille vésiculaire et un réceptacle. Ces feuilles sont parfaitement pyramidales ; leur troncature est un triangle parfait, à angles fort aigus, qui se prolongent en arêtes vives sur la vésicule jusqu’à l'insertion à la tige. Le disque est plane, plutôt bombé que creusé en cuppule; la marge en est souvent comme réflé- chie, ne présentant que de légères dentelures qui ne sont ja- mais spinescentes , ni relevées en couronne : elles paraissent bien plus considérables à cause de leur épaisseur d’un bout à l'autre. La tige plus forte paraît, autant que nous en pouvons juger par le peu d'échantillons qui nous ont passé sous les yeux, plus grosse et plus simple que dans l'autre espèce. Ces échan- tillons ont été ramassés flottants dans la haute mer, par M. Dur- ville, entre les îles de la Société et la Nouvelle-Guinée. VII. Sarcasse, Sargassum. Les sargasses forment un passage très-naturel des Macro- 120 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. cystes aux Fucus; mais les vésicules n'y sont pas pétiolaires comme chez les premiers, ou dans la substance de la feuille comme chez les seconds; elles s'y développent séparément sur des pétioles ou pédicules particuliers. Cependant l’appendice subulé qui couronne ces vésicules dans plusieurs espèces, et qu ndoit considérer comme une feuille avortée, prouve qu'elles pourraient bien faire partie du système frondescent. La fructi- fication consiste en réceptacles rameux à divisions cylindracées, dont les ramules sont généralement plus grêles que dans les Turbinaires. Les Sargasses ont une tige essentiellement distincte, d'où naissent des rameaux plus ou moins nombreux, vagues, ou obscurément pinnés, et qui, allant en diminuant de lon- gueur de la base à l'extrémité de la plante, lui donnent un facies pyramidal : leur racine est un empatement. La couleur des feuilles est le fauve ou le brun teint de vert sombre; elle passe au jaunâtre ou bien au marron foncé et ardent dans les herbiers. Elles ne paraissent pas croître -au-delà du quarantième degré dans les deux hémisphères ; mais arrachées aux profondeurs des mers, on les trouve en abondance flottant dans les hauts pa- rages où les entrainent et les abandonnent tour à tour divers courants. Leur consistance membraneuse et coriace les rend propres à résister long-temps au choc des vagues, de sorte qu'elles peuvent flotter des mois entiers hors de leur lieu natal sans se détériorer. Les océans Pacifique et Atlantique sont les parages où on en trouve le plus d'espèces ; cependant la mer Rouge en offre un assez grand nombre, qui jusqu'ici passent pour lui être particulières. 19. SARGASSE Sarcasso, Sargassum (Sargasso). Caule ramoso, dwaricato, ramis pyramidatis , laxè pinnatis, foliis linearibus angustis, acutis, ferrato-denticulatis, vesiculis sphæricis, stipita- tis , appendiculiferis denudatisve. Sargassum (Bacciferum). Caule tereti, ramosissimo , foliis BOTANIQUE. 121 linearibus serratis , vesiculis sphæricis mucronates , petiolis tere- tibus. Agardh , Spec. Alg., p. 6; Syst: , p. 294. Fucus bacciferus. Turner , Hist. Fuc. , tab. 47. Fucus natans. Esper, Fuc., tab. 23. Cette espèce est positivement celle que Linné( Spec. Plant., t. IL, p. 1628) entendit désigner sous le nom de Fucus (natans). Caule tereti ramosissimo, foliis lanceolato-serratis, fructificatio- nibus globosis pedunculatis subaristatis. Ce nom de natans ve- nait de l'idée où était le législateur de l'histoire naturelle, que la plante dont il est question n'avait pas de racine, et croissait librement à la surface des mers où on la voyait flotter; il était fondé sur l'erreur, et d'ailleurs applicable à la plupart des es- pèces du genre qui, arrachées par les tempêtes aux profondeurs de la mer ou des rivages, grossissent les vastes amas de débris marins dont se couvrent certains parages. Comme la Sargasse par excellence avait été appelée Raisin du tropique dans quel- ques anciennes relations, et Fucus maritimus bacciferus ou Fucus racemosus par les Bauhin et ‘par Tournefort, les modernes crurent devoir lui imposer un nom qui indiquât qu'on avait remarqué en elle des organes semblables à des baies, au moins quant à la forme. Mais le nom de baccifère n'est pas plus exact que celui de nageant; nous en reviendrons conséquemment à l'opinion de Gmelin (Fuc., p.92), qui, ayant égard à l'antériorité, rendit à la plante qui nous occupe le nom de Sargasso, sous lequel on la connut d’abord en Europe. En effet, Christophe Colomb, partant pour la découverte du Nouveau - Monde, trouva , en quittant les parages des Canaries, qui jusqu'à 1492 avaient été les bornes de lunivers connu, l'océan tout couvert de végétaux flottants, à l'amas desquels, sous ce nom de Sar- gasso, il donna une certaine célébrité. Ce grand homme re- marqua la couleur brunâtre de la plante et ses vésicules qu'il comparait à des grains de genièvre. Depuis lors, tous les bota- 16 Voyage de la Coquille. — Botanique. 122 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. nistes mentionnèrent la Sargasse sous divers noms : Lobel, Par- kinson, Daléchamp et Sloane la nommaient Lenticula marina. De vieilles cartes marquèrent dans l'océan Atlantique des prai- ries marines qui en étaient composées; et Reynal, d'après quel- ques relations, ne fit nulle difficulté d'y voir des débris arrachés à des forêts sous-marines, qui attestaient l'antique existence de l'Atlantide de Platon. En partant des Canaries, nous avons retrouvé de vastes étendues couvertes de Sargasses au même lieu où Colomb en rencontra, c'est-à-dire à peu près au Sud de ces iles et au Nord-Ouest des iles du cap Vert par le vingtième degré ; cest du même endroit que M. Durville nous en a rapporté un fragment. Depuis, en revenant en Europe, nous en recueillimes encore dans les parages des Acores où Sud-Ouest de Flores et de Corvo par le vingt-huitième degré. M. Chauvin nous en a com- muniqué des échantillons rapportés de la pleine mer par les ba- teaux pêcheurs qui de Normandie se rendent à Terre-Neuve; ce qui suppose que les Sargasses flottantes s'élèvent jusque vers le quarante-quatrième et le quarante-cinquième degré. Nous en possédons des individus qui furent recueillis aux attérages de St-Domingue ; on prétend en avoir retrouvé jusque sur les côtes du Mexique. Quoi qu'il en soit, nulle part on n'a trouvé l'espèce qui nous occupe avec des racines non plus qu'en fruc- üfication; ce qui fait croire que nous ne voyons que les extré- mités vésiculifères d'une plante croissant dans les dernières pro- fondeurs de l'océan Atlantique, et qui, arrachées par les tem- pêtes, pour être entrainées par le courant du Gulf-Stréam, sont abandonnées aux limites de ce courant en divers points, où des remous, occasionnés par le contact de courants contraires, ar- rêtent une partie des transports du courant principal. La Sar- gasse ne végète point aux lieux où on l'observe; on y reconnait au contraire les indices d'une désorganisation plus ou moins BOTANIQUE. 123 avancée, par la couleur jaunâtre de toutes les parties qui passent au brun-rouge, souvent très-ardent dans la transpa- rence après la dessiccation. Beaucoup de vésicules y ont perdu lappendice qui devrait les caractériser, et dont on ne voit pas un seul dans la figure donnée par Turner, tandis qu'on en distingue encore sur deux ou trois dans la planche d'Esper. Cette Sargasse a ses feuilles longues d’un à trois pouces, larges d'un quart à trois quarts de ligne, et bien rarement davantage ; par- faitement linéaires, aiguës, ayant une nervure longitudinale très- prononcée, et leurs dentelures fines, alongées en spinule très- sensible, assez régulièrement à une distance un peu plus grande que la fargeur de la feuille. Les vésicules, souvent fort nom- breuses, sont de la grosseur d'un plomb à lièvre , parfaitement rondes, portées sur un pédoncule d’une ligne et demie environ; et lorsqu'elles sont en bon état, on voit au centre un appendice filamenteux, qui n’est qu'une feuille avortée , six à dix fois plus longue que la vésicule et son pédicule pris ensemble. 20. SARGASSE PACIFIQUE, Sargassum (pacificum). Caule gracili virgato, ramis, laxis breviusculis ; foliis ovato-lanceolato-dentato- serratis; vesiculis minimis. Nous appelons Pacifique cette Fucacée par opposition au nom d'Atlantique, sous lequel nous avons dès long-temps désigné, dans nos collections, une Sargasse analogue qu'on trouve sur les côtes d'Europe et d'Amérique, appelée vulgare par des al- gologues qui, tout en la distinguant du natans , crurent qu'elle se trouvait dans tout l'univers. Les beaux échantillons rappor- tés par les naturalistes de a Coquille nous prouvent qu'il existe des plantes fort différentes dans la prétendue cosmopo- lite de nos prédécesseurs. La Sargasse que nous allons faire connaitre représente, dans l'Océan oriental, l'espèce qu'on trouve sur nos rivages, depuis le quarante-cinquième degré Nord jusque vers les Canaries, en quelques points de la Médi- 16. 124 s VOYAGE AUTOUR DU MONDE. terranée, et dont nous avons reçu quelques échantillons des Antilles, de l'Amérique du Nord, ou ramassés parmi les prairies flottantes où domine l'espèce précédente. M. Durville recueillit la Sargasse pacifique sur les côtes du Chili, à Otaïti, ainsi qu'au Port-Praslin dans la Nouvelle-Irlande. Les tiges des individus que nous avons sous les yeux ont jusqu'à deux pieds de lon- gueur ; elles sont très-grêles, munies d'un bout à l'autre de ra- meaux assez courts, et qui, de la base à l'extrémité de la plante, n'ont guère que de deux à quatre pouces, et sont très-fournis de feuilles: ces feuilles, longues d’un à deux pouces, larges d'une à trois lignes, sont irrégulièrement dentées en scie, ayant de très- petits points glanduleux à leur surface, lesquels n’y sont pas aussi visibles ni aussi régulièrement disposés sur des lignes longitu- dinales que dans l'espèce atlantique. Les vésicules, sphériques, et courtement pédonculées, sont d’ailleurs beaucoup plus petites, excédant rarement la grosseur d'un plomb à perdrix ou d'un plomb à lièvre. Toute la plante devient d’une teinte brun- fauve ou noirâtre par la dessiccation. 21. SARGASSE D'Esper, Sargassum ( Esperi). Caule compresso, foliis elliptico-lanceolatis, dentatis, vesiculis superioribus ovatis. Agardh, Spec. Alg., p. 9; Syst., p. 295. Fucus lendigerus. Esper, Fuc. , tab. 15. Esper, qui le premier mentionna cette plante en la prenant pour une autre déja connue, et qui ne la figura pas aussi mal que le reste des hydrophytes, l'avait reçue des mers du Ben- gale : notre savant ami Albert de Chamisso la rencontra vers gni- fiques échantillons de la Nouvelle-Guinée ; et ceux que M. Dur- les côtes du Brésil; M. Lesson nous en a rapporté de ma ville recueillit au Chili, dans le port de la Concepcion , ne sont pas moins beaux. Parmi ces derniers, nous en trouvons dont la tige est d'une longueur considérable, c'est-à-dire de trois à quatre pieds, très gréles , avec des rameaux fort courts, des BOTANIQUE. 135 fouilles plus petites, des vésicules prenant la figure piriforme dès la base de la plante, et qui, sous le nom de gracile, pour- raient constituer une variété @, si les caractères que nous ve- nons d'indiquer n'étaient pas un effet de l’âge, ou de quelques modifications dont on trouve souvent de plus extraordinaires encore sur les mêmes pieds de certains hydrophytes. 22. SARGASSE LENTILLÈRE, Sargassum (lendigerum). Caule tereti simplicissimo ; foliis oblongis subserrulatis, receptaculis cy- léndraceis racemosis, racemis compositis. Agardh, Spec. Alg., p. 9; Syst. , p. 295. Fucus (lendigerus ). Caule tereti filiformi, simplcissimo, fo- lirs obsito oblongis, sparsim serrato-dentatis ; vesiculis nullis : receptaculis cylindraceis , racemosis , racemis compositis. Turn. , Hist. Fuc. , tab. 48. Fucus (lendigerus). Caule tereti corymboso , foliis lanceolatis, denticulatis alternis, fructificationibus cymosis. Linné, Spec. Plant., p. 1628. Osheck découvrit cette espèce à A sconcions d'où M. Dur- ville nous la rapportée. Nous en possédions déja des exem- plaires identiques venus de la Havane. La figure donnée par Turner est excellente, et équivaut à une bonne description. 23. SARGASSE GRANULIFÈRE, Sargassum (granuliferum). Caule flexuoso, foliis lanceolatis serratis enervibus, vesiculis sphæricis muticis , receptaculis linearibus crebris inermibus. Agardh, Spec. Alg. p.31; Syst., p. 305 ; Lcon. Ailg. , t. XI. Le professeur Agardh, qui le premier mentionna cette jolie espèce, et qui en donna une description médiocre avec une très-mauvaise figure, la croyait être des mers des Indes, dési- gnation trop vague pour qu'on puisse deviner d'où elle lui ve- nait. Nous en avons recu de beaux échantillons, rapportés par MM. Durville et Lesson, de la côte du Chili à la Concepcion, des bords d'Otaiti, et d’autres qui furent trouvés flottants en 126 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. pleine mer, soit entre cette ile et la Nouvelle-Guinée, soit entre la Nouvelle-Guinée et les Philippines. Ce que nous possédons de l'extrémité de tige très-gréle a jusqu'à deux pieds et plus de longueur. Les vésicules sont très-nombreuses , pressées et de la grosseur d'un grain de millet. Les rameaux, allant en dimi- nuant de longueur de la base au sommet de la plante, lui donnent quelque chose de pyramidal. 24. SARGASSE DE SWARTZ, Sargassum (Swartzi). Caule plano, Jolits linearibus serrulatis, vesiculis ellipticis mucronulatis, pe- tiolis planis, foliaceis inermibus suffultis ; receptaculis oblongis subracemosts. Agardh, Spec. Alg., 11; Syst., p. 206. Fucus Swartzii. Turn., Hist. Fuc., tab. 248. Turner, qui fit connaitre cette plante par une très-bonne figure, en ignorait l'habitat. M. Durville l’a retrouvée flottante dans les parages de la Nouvelle-Guinée et sur les plages d'Otaiti. 25. SARGASSE ACINAIRE, Sargassum (acinaria ). Caule teretius- culo, foliis integerrimis linearibus uninerviis , vesiculis piriformi- bus muticis, receptaculis cylindraceis. Agar. , Syst. Alg., p. 301; Spec., p. 22 (avec une phrase et une description vicieuses ). Fucus (actnaria ). Caule teretiusculo, filiformé bipinnato , ra- mis subalternis, simplicibus; foliis linearibus integerrimis ; vesi- culis cblongo-piriformibus, petiolatis, petiolis planis : recepta- culis cylindraceis , subsolitariis : Var a. Turn., Hist. Fuc. , tab. 49. a, b, c. (excellentes figures, quoi qu'en dise Agardh, Spec., P29): Cette espèce n'est point celle que Linné appelait Fucus aci- narius, laquelle est le Sargassum linifolium de la Méditerranée. Agardh la dit du Japon ; nous la possédions dès long-temps en herbier donné par le Muséum d'Histoire naturelle comme re- cueillie à Ténériffe. M. Durville nous l'a rapportée de la Con- cepcion sur les côtes du Chili. 26. SARGASSE COMPACTE, Sargassum (compactum). Foliis ovato BOTANIQUE. 127 lanceolatis, ondulato-crispis subcrenulatis, adpressis ; vesiculis sphæricis minutis. Cest à M. Durville, qui a rapporté cette belle espèce de la Concepcion sur les côtes du Chili, que nous en devons la con- naissance. L'échantillon sur lequel nous la décrirons avait sa tige légèrement comprimée, de la grosseur d'une plume de corbeau et longue de plus de trois pieds. Les rameaux alternes qui la garnissent d'un bout à l’autre n’ont guère que deux à trois pouces ; ils sont serrés et chargés de feuilles également très-serrées, ovoïdes obtusées, longues de huit lignes à un pouce, larges d'une à trois lignes, onduleuses et irrégulièrement dentées au pourtour, avec quelques points glanduliformes , épars à leur surface, mais non disposés sérialement. Les vési- cules parfaitement sphériques sont, vers la base des rameaux, de la grosseur d'une petite baie de genièvre ; celles qui, étant plus jeunes, se trouvent vers les extrémités, ne sont guère plus grosses que des grains de millet. Toute la plante se crêpe, et, se durcissant par la dessiccation, devient d’un noir-brunître , Tou- geâtre dans sa transparence. 27. SARGASSE DOUBLÉE, Sargassum (duplicatum). Foliis rigidis ovato-crispis denticulatis, margine conduplicatis ; vesiculis sphæ- ricis. C'est encore à M. Durville qui la recueillit flottante entre Otaïti et la Nouvelle-Zélande, que les botanistes devront la connaissance de cette singulière espèce , si facile à distinguer de ses nombreuses congénères par la duplicature marginale de ses feuilles. M. Lesson nous en a remis un échantillon fort dé- térioré , qu'il croit avoir trouvé nageant dans les parages des Malouines ; mais cet habitat ne peut étre considéré comme po- sitif. La tige noire parait être comprimée. Nous en avons un fragment très-bien conservé d’un peu plus d'un pied, où les rameaux alternes, très-rapprochés, d’un à deux pouces de 128 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. longueur, vont en diminuant vers le sommet de la plante, qui finit èn queue obtuse , où se voient des vésicules de la même forme et à peu près aussi grosses que celles de la base; ce qui ne se voit guère dans les autres Sargasses, où les vésicules des ex- trémités sont beaucoup plus petites, et souvent d'une autre forme que les inférieures. Les vésicules du Sargassum duplicatum sont parfaitement sphériques , courtement pédonculées, et de la grosseur d'un pois vert. Les réceptacles sont assez gros et en grappes à la base des feuilles, lesquelles sont obrondes, de six à huit lignes dans leur grand diamètre, et un peu moins dans le sens transversal, amincies brusquement en un pétiole très- court, épaisses, rigides, froncées et dentelées irrégulièrement sur les bords , qui, vers l'extrémité supérieure, se fendent assez profondément, de sorte que la feuille devient bifide dans le sens du plan de sa surface, et le devient souvent assez profon- dément. Toute la plante a quelque chose de dur etde compacte dans son facies, et sa couleur dans l'herbier est d'un brun- marron foncé. 28. SARGASSE A FEUILLES DE HOUX, Sargassum (aquifolium ). Caule compresso, foliis oblongo-spathulatis, seminervits , repando- dentatis, vesiculis sphæricis mucronulatis, petiolatis, petiolis compressis, receptaculis cylindraceis racemosis. Agardh, Spec. Alg., p. 12; Syst., p. 297. Fucus aquifolius. Turn., Hist. Fuc., tab. 50. Turner donne cette plante comme venant des iles de la Sonde. M. Lesson l'a recueillie dans les parages de la Nouvelle- Zélande; et M. Durville, à la Nouvelle-Irlande, au Port- Praslin. Nous l'avions rencontrée flottante sur le banc des Ai- guilles, en vue de l'extrémité méridionale de l'Afrique, quand nous la doublâmes en l'an 1x de la République. 20. SARGASSE A FEUILLES D'ILex, Sargassum ( [licifolium ). Caule tereti , foliis ellipticis seminervits, repando-dentatis, vesiculis BOTANIQUE.: 129 EIGIR marginatis petiolatis , petiolis planis, receptaculis com- pressis. linearibus serratis. Ag., Spec. Alg., p. 11; Syst., p- 296. Fucus Tlicifolius. Turn. , Hist. Fuc., tab. 51 ET Turner donne encore- cette espèce comme lui venant des iles de la Sonde; l'échantillon qui nous a été communiqué par M. Lesson fut recueilli dans les parages des Philippines. Nous trouvåmes autrefois nous-mêmes la Sargasse à feuilles d'ilex confondue avec la précédente, et flottant par paquets com- posés de morceaux oblitérés sur le banc des Aiguilles, environ à six ou sept lieues de terre. 30. SARGASSE A FEUILLES DE TÉLÉPHIUM, Sargassum (telephi- Jolium). Caule tereti, foliis ellipaco-subrotundis crenatis , recep- taculis laxis cylindraceis racemosis, racemis compositis. Ag., Spec. Alg., p. 14; Syst., p. 298. Fucus telephifolium. Turner, Hist. Fuc. , tab. 95. Cette espèce, qui jusqu'ici n'était que de la mer Rouge, nous a été rapportée de la Nouvelle-Guinée par M. Lesson : l'échantillon a beaucoup noirci dans l'herbier, mais n’est pas moins identique avec la figure donnée par Turner, qui est d'un bistré-jaunâtre. 31. SARGASSE A FEUILLES DE Drosère, Sargassum { droserifo- lium). Caule flexuoso-virgata , vage bipinnaté ; ramis pinnato- pyrramidatis ; foliis ovato-cuneatis, denticulato-spinosis ; recepta- culis compositis in petiolo adfixis; vesiculis ovatis stipitatis. M. Durville a rapporté cette belle espèce de la Nouvelle- Irlande, où il la recueillit au Port-Praslin. M. Lesson la re- trouva à la Nouvelle-Zélande. Divers fragments plus ou moins détériorés ont été péchés sur les rives d’Otaiti et de la Nou- velle-Guinée. L'un des échantillons, dont nous avons conservé l'extrémité supérieure dans notre collection, avait plus de trois pieds de longueur. La tige y était de la grosseur d'une plume d’alouette, noire, flexueuse, bien garnie de rameaux fort rap- Voyage de la Coquille. — Botanique. 17 130 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. prochés, et qui n'étaient pas à un pouce l'un de l’autre; jes inférieurs longs de quatre pouces au plus, et les autres dnie : nuant graduellement de manière à former une queue pyra- midale très-fournie. Chacun de ces rameaux présentait à son tour la même figure en petit. Les feuilles, très-serrées , ovoïdes et amincies en raquettes vers le pétiole, n'ont guère qu'une ligne et demie à trois lignes de diamètre, présentant du reste assez exactement la forme de celles de nos drosera rotondifolia et longifolia, selon qu’elles sont à la base des ra- meaux ou vers leurs extrémités , où elles diminuent en largeur pour prendre un peu de longueur. Elles sont en outre denti- culées à leur pourtour, coriaces, dures, devenant en se dessé- chant noirâtres et spinulescentes. Les réceptacles composés, un peu plus longs que les feuilles, sont placés sur les pétioles de celles-ci ; les vésicules sont ovoïdes, pédonculés , et acquièrent la grosseur d’un petit pois. 32. SARGASSE PHYLLANTHE, Sargassum (phyllanthum). Caule ancipiti, folirs linearibus obsolete universis, vesiculis ovatis acumt- natis, receptaculis foliorum margini affixis. Agardh, Spec. Alg. , p. 44; Syst., p. 309. Fucus (phyllanthus). Caule coriaceo plano , flexuoso, rami subsimilibus, sub-horizontalibus , divisis vage pinnato; vesiculis solitariis , ellipticis utrinquè acuminatis; foliis linearibus , integer- rimis serralisque , unico majore ramorum ad basim sterili; ma- Joribus in ramis, à margine proliferis fructiferisque ; recepta- culis cylindraceis racemosis. Turn. , Hist. Fuc., tab. 206. Fucus flexuosus. Esper, Fuc., tab. 131. Comme si le propre de cette plante était de ne parvenir dans les herbiers que détériorée, la figure qu'en donne Esper, bien mauvaise quoique recobnat safe ne présente que trois tron- çons troués de tiges sans fuilet: celle de Turner moins in- complète n'est guère plus gracieuse, et l'on reconnait qu'elle BOTANIQUE. 131 fut faite sur quelque échantillon flottant, qui, par la macéra- tion dans la mer, avait perdu de ses caractères en prenant une- teinte bistrée: Les fragments que nous en devons à M. Durville, ayant été aussi recueillis flottants en pleine mer dans les parages de la Nouvelle-Calédonie, sont devenus noirs comme du jai; mais leurs formes s'étant bien conservées, il n’a pas été difficile d'y reconnaitre une espèce dont la phrase de Turner ci-dessus citée donne une idée fort exacte, et qui, du reste, présente si peu le facies des Sargasses, qu'elle est ici mentionnée, à la fin du genre, comme formant un passage aux Halidres ou bien aux Fucus. VIII. Cysroseire, Cystoseira. Ce genre, qui tient des Sargasses et des Fucus, a, des pre- mières, des vésicules quelquefois solitaires et pédonculées, mais le plus souvent distendues dans la longueur des rameaux fructi- fères. Les réceptacles y sont de même ordinairement composés, à divisions cylindracées, mais non disposés aussi régulièrement dans les aisselles des feuilles; celles-ci ayant une tout autre forme, et n'étant guère que des écailles confuses, ou les pro- longements divisés, au point de devenir capillaires, des rameaux dont la consistance dure et cornée tient un peu de la nature du stirpe des polypiers cératophytes. Tous les Cystoseires de- viennent plus ou moins noirs par la dessiccation ; dans l'état de vie, ils sont d'un brun-olivâtre; mais lorsqu'ils sont dans la mer, ils paraissent briller des couleurs de l’arc-en-ciel, et rien ne surprend autant le botaniste lorsqu'il les récolte que de voir dis- paraitre ces belles nuances pour passer à la teinte la plus triste au moment où le Cystoseire passe de l’eau dans l'air. Les mers de la Zone tempérée boréale, et la Méditerranée particulière- ment, sont celles où l'on en a le plus récolté jusqu'ici. Les 17. 132 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. contrées équatoriales en donnent aussi quelques espèces. L'ex- pédition de la Coquille n'en a recueilli que deux de lhémi- sphère austral. Le Fucus siliquosus, si commun sur nos côtes, a été rapporté au genre Cystoseire par le professeur Agardh : un tel rapprochement ne nous parait pas naturel. On doit former un genre particulier pour cette plante, également dé- placée à côté du Fucus nodosus sous le nom d'AÆalidrys im- posé par le savant Lyngbye. 33. Cvsrosere DE Brown, Cystoseira (Browni). Ramis basi retroflexis, mox horizontalibus cauleque plano-articulatis, vesi- culis solitariis subglobosis. Ag., Spec. Alg., p. 73; Syst., p. 288. Fucus Browni. Turner, Hist. Fuc., tab. 197 (médiocre). L'illustre Robert Brown, à qui cette plante est dédiée, la découvrit à Knig-Georges-Sound sur les côtes de la Nouvelle- Hollande. M. Durville l'a rapportée de la Concepcion sur les côtes du Chili. / 34. CYSTOSEIRE TRIQUÈTRE, Cystoseira (triquetra). Fronde trifariam alata , vesiculis oblongis immersis, 33. Agar., Spec. Alg., p. 61; Srst., p. 9. Fucus triqueter. Lin., Mant., p. 312; Turner, Hist. Fuc. , tab. 34. Forskalh avait découvert cette espèce dans la mer Rouge; et Delille l'avait recueillie à Suez. On l’a retrouvée, dit-on, au cap de Bonne-Espérance. M. Durville nous l'a rapportée d'O- taiti. IX. Moxuirorme, Moniliformia. Feu M. le professeur Lamouroux mentionna seulement par son nom, dans l’article Fucacées de notre Dictionnaire classique d'histoire naturelle, le genre que nous établissons ici, et dont les espèces, confondues en une seule par Agardh, nous parais- BOTANIQUE. 133 sent être par très-déplacées entre les Cystoseires. Ses carac- tères consistent dans la disposition des réceptacles qui, assez semblables pour la forme et pour la manière dont y sont dis- posés les gongyles aux réceptacles du Fucus vesiculosus, L. (type du genre Harimrys), se développent à la suite les uns des autres, et affectent la disposition de chapelets. La racine est un empatement d'où partent plusieurs tiges cylindracées, qui s’allongent en se renflant de distance en distance; ce sont les renflements qui, toruleux par l'effet des gongyles qui se développent à leur surface, deviennent de plus en plus vési- culeux vers les extrémités où la plante est dichotome. Dans la vieillesse de la Moniliformie, les réceptacles, se disjoignant, flottent isolés à la surface des mers, et, continuant probable- ment à se développer malgré leur isolement, y parviennent à une grosseur trois et quatre fois plus considérable que lors- qu'ils étaient subordonnés les uns aux autres. Il nous est évident que trois espèces au moins composent le genre dont il est question ; une seule nous a été rapportée du Port-Jackson par les voyageurs de la Coquille. 35. MoniriroRmiE DE La BiccarDièrEe, Monéliformia ( Billar- dierit) dichotoma; receptaculis regulariter ovato-cordatts. Fucus moniliformis. La Billardière, Nov.-Holl., t. IT (La fi- gure est très-bonne). Nous donnons à cette espèce pour qui le nom de monili- forme ne pouvait plus être conservé, celui du savant qui la découvrit, et qui la fit connaitre. M. Lesson nous l'a rap- portée des lieux mêmes où M. de la Billardière la récolta. En jetant les yeux sur les échantillons de cette plante qui ont été mis à notre disposition et dont un fort beau enrichit notre herbier, en considérant l'excellente figure donnée dans l'his- toire des plantes de la Non cle Ho landes on a peine à conce- voir comment la Moniliformie qui nous occupe à été confondue 134 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. avec celle que décrivit et figura Turner sous le nom de Fucus Banski. Notre hydrophite a ses tiges longues d’un demi-pied ou un peu plus, grosses à leur base comme des plumes de merle; dès le troisième ou quatrième renflement, qui est déja un ré- ceptacle toruleux et songylifère, elle se fourche, au moyen de l'insertion assez régulière, de deux autres réceptacles parfaite- ment ovoïdes, ou quelquefois un peu plus alongés qu'élargis, et en figure de cœur par leur base, qui se rétrécit en pétiole. Il résulte de cette disposition une dichotomie assez constante. Leur plus forte grosseur est celle d'une aveline ou d'une grosse cerise. Ils deviennent du plus beau noir par la dessiccation. Dans l'espèce à laquelle on doit conserver le nom que lui donna Turner ( Hist. , Fuc. pl. 1 ), et qui est le Cystoseira Bans- kii d Agardh (Spec. Alg., 60),les réceptacles, également comme enfilés à la suite les uns des autres, ont une forme toute diffé- rente; jamais arrondis, mais comprimés; ils sont plus larges que longs comme triangulaires avec le grand côté vers l'insertion du pédicule ; la dichotomie y est loin d'être régulière; les tiges qui acquièrent plusieurs pieds se contournent en divers sens. La teinte générale est d'un roux ardent passant au noir par la des- siccation. Nous possédons en outre des fragments d'une Moniliformie, qui nous ont été rapportés encore de la Nouvelle-Hollande par Le collecteur Siéber, et qui, si la forme particulière qui les carac- térise ne vient point de ce qu'ils appartinrent aux extrémités des rameaux de notre première espèce, doivent appartenir à une troisième que nous proposerons d'appeler Moniliformia (Sieberit) ramosa, penè dichotoma, receptaculis cylindraceis, in- fernè subcuneatis , supernè complanats. Les réceptacles de cette Moniliformie, qui ne sont ni triangulés ni ovoides, sont tellement cylindriques, et si régulièrement tron- qués, surtout du côté d'en haut , que par l'effet du léger apla- BOTANIQUE. 135 ussement qu'ils ont subi dans l’herbier on les dirait carrés. Leur forme est semblable, qu'on nous permette cette compa- raison, aux crottes des grosses chenilles du genre Sphinx. X. HimanTHALIE, Himanthalia. Ce genre, formé par le savant Lyngbye, est tellement carac- térisé et si différent du reste des Fucus de Linné, qu'après l'avoir examiné on a peine à concevoir comment le professeur Agardh prétendit le faire rentrer parmi les vrais Fucus. Ses caractères consistent dans une fronde en forme de pézise ou vésicule radicale, conique, inférieurement turbinée, simple, courte , épaisse, du centre de laquelle sort une longue lanière solide, légèrement comprimée, dichotome, qui s'étend jusqu’à une ou deux toises de long, (pe par les algologues pour la fronde même, mais qui n est qu'un véritable et tout chargé, au temps de la maturité, de tubercules que forment les gongyles piriformes, situés au milieu d’un réseau filamenteux, à fibres articulées, fort bien représentés par Lyngbye, d’après l'espèce type, dans son Tentamen d'hydrophitologie, tab. 8, fig. A. Deux espèces, le Fucus loreus L., très-commun dans nos mers boréales, et le Fucus rugosus, Turn., tab. 185, du Cap de Bonne-Espérance, constituaient ce genre. M. Durville en à rapporté une troisième. 36. Himanraare De Durvis, Hymanthalia ( Durvillæi) infernè cornea , extremitatibus complanato-foliaceis , lanceolatis. C'est de la Concepcion que vient cette espèce à laquelle nous imposons le nom du savant marin qui la découvrit. Il parait que c'est une plante édule, dont on mange les extrémités sur les côtes du Chili avec le Durvillæa utilis. Le tubercule radical nous demeure inconnu; les fragments que nous en avons eus en notre possession avaient de deux à trois pieds de longueur ; 136 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. ils étaient inférieurement épais, robustes, durs et comme li- gneux, ou plutôt cornés et de la consistance du bois desLessonies, dichotomes, à fourches assez rapprochées, les rameaux n'étant environ qu'à un ou deux pouces et demi les uns des autres; l'angle des dichotomies ne s'ouvre guère que de trois à cinq degrés. Toute la plante est légèrement comprimée, rugueuse , et devient noire par la dessiccation. Les divisions terminales des lanières s'aplatissent considérablement, au point que les dernières , longues de cinq à six pouces, larges d'une ligne, et amincies en pointe, sont très-flexibles, membraneuses , et pour ainsi dire foliacées. FAMILLE DES CYLINDRACÉES , Cylindraceæ. Cette troisième famille de Varecs se distingue de celle des Fucacées et de celle des Laminariées, en ce que dans les genres qui la composent n'existent ni feuilles, ni vésicules. La racine est un empatement d'où s'élèvent des tiges cylindriques ou tout au plus comprimées inférieurement , solides , mais non ligneuses, dichotomes, portant soit sur quelques parties de la surface des rameaux ,soit à leur extrémité, des réceptacles simples , égale- ment cylindriques ou sphériques non toruleux, quoique tout chargés à leur surface, sous l'épiderme, de gongyles arrondis et colorés. Nous rangeons dans cette famille des Cylindracées, qui fait un passage très-naturel à l'ordre des Floridées par les Gygartines et les Chondres, les genres Lichine, Furcellaire et Polyides. Les naturalistes de la Coquille n'ont rapporté qu'une espèce de cette famille appartenant au premier de ces genres. XI. Licne, Lichina. Le nom de Lichine, Lichina, appliqué aux plus petits des BOTANIQUE. 5 137 Varecs dont se compose le genre qui nous occupe, vient de ce que ces chétifs Hydrophytes ont été comparés à des Li- chens par quelques botanistes. Ils croissent à fleur d'eau sur les rochers que la mer baigne seulement de ses plus hautes vagues, et qu'elle n'atteint même pas toujours. Il suffit, pour favoriser leur développement, de l’humidité qui provient de l'espèce de pluie légère dont la crête des lames, en se brisant, arrose la limite des hautes marées. C'est à cette limite que les Lichines forment des plaques noirâtres, qu'on reconnait être composées par les ramules étroitement entrelacées, de plu- sieurs milliers de pieds distincts. La forme de chacun de ces pieds a quelque rapport avec celle des Corniculaires, des Stéréocaulons et des Sphœrophores, qui sont des Lichens fruticuleux. Les plantes de ce dernier genre surtout présentent la plus grande ressemblance, à la couleur et à la taille près, avec les Lichines qui, de même que les Sphærophores, ont leur fructification arrondie et portée comme une petite tête à l'extrémité des rameaux. 37. Licene Pyemée, Lichina (pygmæa ). Fronde planå, tu- berculis sphæricis. Agardh , Spec. Alg., p. 105; Syst., 274. Fucus pygmæus. Turn., Hist. Fuc., var. a, plat. 204 , a-h (bonne ). Fucus pumilus. Esper, Fuc. , tab. 116 (médiocre). Cette espèce, qui est fort commune sur nos côtes océanes, a été retrouvée par M. Durville sur les côtes du Chili, contre les rochers à fleur d’eau du port de la Concepcion. XII. Porxine, Polyides. M. Agardh a formé ce genre aux dépens du Furcellaria , pour y comprendre un seul végétal, qui fut d'abord le Fucus rotundus des auteurs, et dont on fit tour à tour un Gigartina, Voyage de la Coquille. — Botanique, 18 138 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. un Chordaria, etc. Ses caractères consistent dans la fructifi- cation, passablement représentée chez Turner (PI. 5), qui se compose de verrues nues, spongieuses, formées de fibres fastigiées, servant de réceptacle aux globules séminifères des gongyles. La consistance des tiges et l'aspect général des Polyides les rapprochent des Varecs, à la suite desquels nous n’hésitons pas à les placer dans la troisième famille dont nous proposons l'établissement sous le nom de Cylindracees. Quant au rapprochement qu'en fait M. Agardh avec ses Ptilota , Digena et Liagora parmi les floridées, on a peine à le con- cevoir: «Tous ces êtres, avons-nous dit dans notre Dictionnaire classique, n'ont guère plus d'analogie qu'il n'y en a entre un hérisson et un chameau. » Le Fucus fastigiatus de Wulfen rentre dans le genre qui nous occupe, plutôt comme espèce que comme variété; et nous en ajouterons une troisième. 38. Pozvine De Durvis, Polyides ( Durvillæi). Caulibus cylindraceis vagè dichotomis ; ramis fastigiato-furcatis. Les échantillons sur lesquels nous établissons cette espèce ont été rapportés de la côte pierreuse de Payta au Pérou par 5° Sud, et de la Concepcion au Chili par M. Durville. M. Les- son nous l’a également communiquée comme ayant été re- cueillie à Otaïti. D'un empatement commun y partent plusieurs tiges cylindracées, de la grosseur d'une plume de corbeau, dé- biles, et qui, à deux, trois ou quatre pouces de longueur, se fourchent le plus communément, mais se trifurquent quelque- fois. Elles se partagent ensuite en dichotomies plus ou moins nombreuses, entremélées souvent de rameaux vagues, épars, ou d'autres fois fasciculés, mais se terminant toujours en four- ches. La plante, qui dépasse rarement un demi-pied de longueur, a pris par la dessiccation une couleur noire avec une consis- tance rigide et cornée. BOTANIQUE. 130 XIII. CHorparie, Chordaria. Ce genre, fondé par les auteurs du Flora Danica et adopté par Agardh, a ses frondes filiformes, exactement cylindriques, plus ou moins, mais toujours vaguement rameuses, composées de fibres invisibles à l'œil nu, divergentes du centre à la circon- férence, extérieurement arrondies en massues, et cloisonnées, parmi lesquelles, vers la surface, s'observe la fructification assez bien rendue par Turner (PI. 85), et qui consiste en très- petits gongyles opaques, piriformes, épars entre les fibrilles concentriques. 38. CHORDARIE SORDIDE, Chordaria (sordida ). Fronde infernè divisåá ; ramis simpliciusculis furcatisque , ferrugineo-nigrican- tibus, subspongiosts. C'est de l'Ascension que M. Durville a rapporté quelques échantillons de cette plante en si mauvais état, que nous avons eu bien de la peine à y reconnaitre quelque chose. Cependant, d’un amas confus de filaments entortillés, gros comme le tuyau d’une plume de petit oiseau, nous avons obtenu, en ramollissant la masse que la macération décomposait, une espèce évidente du genre dont il est question, et que caractérise la longueur de ses rameaux simples ou fourchés, partant en petit nombre de la partie inférieure de la fronde, très-près du petit empate- ment qui lui sert de racine. Nos plus longs échantillons ont de quatre à cinq pouces. Leur couleur a passé au noir par la préparation, qui les fait étroitement adhérer au papier. 39. CHORDARIE HIPPUROIDE, Chordaria ( hippuroides ). Fronde ramosa; ramis alternis, vagis, simpliciusculis. C'est de la Concepcion au Chili que M. Durville a rapporté cette espèce, dont un échantillon que nous avons sous les yeux a są tige cylindracée, de la grosseur d’une forte plume 18. 140 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. de corbeau, longue d'une quinzaine de pouces, émettant, dans toute son étendue, des rameaux alternes, assez nombreux, un peu moins épais, s'amincissant à mesure qu'ils s’allongent, de six à huit pouces dans la partie inférieure de la plante, mais devenant plus courts à l'extrémité, qui finit ainsi en queue peu fournie. La couleur de cette Chordarie, dans l’état où elle nous parvint, était d'un vert très-foncé, assez pareil à celui des Spongodies. A la fin de l'ordre des Varecs, et à la suite de la dernière famille que nous avons établie dans cet ordre, nous placerons par appendix le genre suivant, que le facies de ses espèces ne - permet guère de rapporter ailleurs, mais dont la fructification n'a point encore été décrite d'une manière satisfaisante. Ce genre offre quelques affinités avec l'ordre des Dictyotés. XIV. Desmaresnie, Desmarestia. Ce genre, établi par feu le professeur Lamouroux, et Tun des plus naturels, à ce qu'il nous semble, ne saurait pourtant être caractérisé d'une manière très-rigoureuse, la fructification d'au- cune des espèces qui le composent n'étant connue ; mais un Jacies et une consistance particuliers ne permettent guère d'éloigner les Desmaresties les unes des autres, et assignent leur place dans le rang des Fucacées, où elles sont peut-être un passage aux Dictyotés. On ne conçoit guère comment M. Agardh a dénaturé le genre dont il est question, ni surtout pourquoi, après l'avoir grossi d'espèces disparates, il a, sans égard pour l'antériorité, et sans respect pour un naturaliste distingué auquel Lamouroux le dédia, substitué, pour le dé- signer, au nom du savant Desmarest, un nom nouveau de son invention. BOTANIQUE. 141 Des rameaux et des feuilles planes, membraneuses, dia- phanes, se rétrécissant en pétioles, ayant leurs bords garnis de petites spinules, et qui émettent, par ces spinules ou dans tout leur pourtour, des ramules miscroscopiques cloisonnées, formant à l'œil nu comme un duvet qui adhère au papier, sont les caractères provisoires des Desmaresties, qui, lorsque le duvet marginal n'y est pas encore développé ou n'y existe plus, n’adhèrent point au papier. Leur consistance est mollasse, quoi- qu'un peu parchemineuse; elles acquièrent une diaphanéité complète par la dessiccation, et sont d'un vertjaunâtre, qui passe à l'olivätre, ou parfois au vert vif par quelques instants de ma- cération. Leur décomposition, hors de l'eau, est extrêmement prompte ; on ne les trouve qu'au-dessous de la ligne des plus basses marées. Leurs rameaux, ou plutôt leurs feuilles, sont tou- jours distiques. Ce que nous venons de dire du genre Desma- restie en éloigne l'espèce que Lamouroux appelait viridis , et qui nous parait devoir rentrer dans un genre distinct. Peut-être, mieux examiné, le Fucus aculeatus de Linné en dévait-il être également séparé. Pour toutes les espèces à fructification péni- cillée qu'y avait jointes M. Agardh, elles constitueront le genre Sporochnus restreint dans ses vraies limites. Les naturalistes de la Coquille n'ont rapporté qu'une espèce du genre qui nous occupe. 40. DEsmARESTIE HERBACÉE, Desmarestia (herbacea). Fronde _obsoleiè costatä , bipinnatä , tenerè membranaceä; pinnulés ellip- tco-latiusculis, obtusatis, fragile-deciduts. Desmarestia herbacea. Lamx., Ess., p. 25. Sporochnus (herbaceus). Fronde planä, membranaced obso- letè costatà, bipinnatä ; pinnis pinnulisque oppositis , ellipticis , obtusis , basi attenuatis. Ag., Spec. Alg., p. 259.; Syst, p. 261. Fucus (herbaceus). Fronde membranaceä, planá, obsoletè costatå ; segmentis oppositis , ellipticis, basi attenuatis , apice 142 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. obtusis, margine spinuloso-dentatis. Turn., Hist. Fuc., PRII Plat. 99 (figure excellente ). Turner avait recu cette plante des côtes Pacifiques de l’Amé- rique du Nord; M. Durville nous l'a rapportée de l'Amérique du Sud, recueillie dans la même exposition à la Concepcion sur les côtes du Chili. ORDRE DEUXIÈME. — DICTYOTÉS, Dictyoti. Dans les agames de cet ordre que fonda M. Lamouroux et que n’a point admis M. Agardh, les racines et les tiges ne sont pas, comme dans les Varecs, revêtues d'une véritable écorce analogue à celle des bois qui se développent dans l'atmosphère; elles se recouvrent ou sont même entièrement formées par un tissu fibrillaire et spongieux, quidevient, par la dessiccation , d'une consistance laineuse, et que prirent pour un corps pa- rasite les premiers algologues qui l'observèrent. Les frondes , qui souvent ont l'aspect de feuilles, sont composées par un üssu particulier, où le microscope montre des mailles quadri- latères ou hexagones, résultant de l'entrecroisement de fibres parallèles ou divergentes dans le sens de l'élargissement de la lame, et d'autres fibres transverses, qui, dans certaines espèces, décrivent des courbes concentriques. Un duvet à filaments ar- ticulés, analogue à celui qui recouvre les Chordaries et le bord des Desmaresties, s'observe ordinairement autour des Dictyotés, dont la fructification consiste en gongyles très-petits, distri- bués par taches plus ou moins nombreuses, dans la substance ‘ même des frondes, où ces taches, ne causant point de saillies, sont ordinairement disposées sur des lignes soit longitudinales, soit transversalement concentriques. La consistance des agames BOTANIQUE. 143 de cet ordre est membraneuse, tenace, se lacérant avec facilité dans le sens de la longueur. Leur couleur tire sur le fauve ou sur le roux-ardent, et n’est jamais d'un noir olivätre comme dans les Varecs, pourpre comme dans la plupart des Floridées, ou verte comme chez les Ulvacées. Nous n'en connaissons au- cune espèce qui croisse dans les mers glaciales; la plupart sont abondamment répandues dans les mers chaudes ou tempérées. L'intimité de leurs analogies ne permet pas de les diviser en familles distinctes, de sorte qu'une seule famille compose l'ordre des Dictyotés, qui sont répartis dans les genres Aman- sie, Dictyoptère, Padine, Dictyote et Flabellaire. Les deux es- pèces de Dictyotés rapportées par les naturalistes de la Coguille appartiennent au troisième de ces cinq genres. XV. PaDixe, Padina. Adanson, ayant compris avant tout autre botaniste combien ce qu'on appelait de son temps Fucus pavonius, où Ula pa- vonia, était déplacé au milieu des Ulves et des Fucus, en forma _le type d'un genre très-bon, qu'adopta plus tard Palisot de Beauvois, et dont feu le professeur Lamouroux fit d'abord une simple section de son genre Dictyota , lequel depuis est devenu à son tour le type de la famille qui nous occupe. M. Agardh, sans, égard, selon sa coutume, à l'antériorité des noms, et sans justifier les motifs qui le portaient à les changer, a fait de la plupart de ces Dictyotés un genre Zonaria , monstrueux assemblage d'Hydrophytes les plus disparates, et placé contre toute analogie proche des Laminaires, qui en sont pourtant bien éloignées. Singularisé par son élégant facies dans la fa- mille ou dans l'ordre auquel il appartient, le genre Padine a pour caractères la disposition flabellaire qu'affectent les fila- ments longitudinaux d'un tissu serré, coriace et membraneux, 144 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. où d'autres filaments entrecroisés forment transversalement des lignes concentriques, entre lesquelles les gongyles appa- raissent en fascies plus foncées, très-minces, et qui contribuent à diaprer élégamment des frondes déja remarquables par une forme inusitée. Le genre Padine, tout naturel qu'il est, ne laisse pas que de se composer d'espèces dont le port est tellement dif- férent, qu'il devient nécessaire de le diviser en trois sections. C'est à la première de ces subdivisions, que, dans notre Diction- naire classique (tom. XII, p. 591 ), nous avons appelée des Pavonaires, qu'appartiennent les Padines recueillies dans la cireumnavigation de la Coquille. 41. Papine DE CommersoN, PI. 21, fig. 2., Padina ( Com- mersonii ). Flabellata, simplex , subintegra, tenerrima. Padina tenuis. N. Dict. class., loc. cit Zonaria pavonia, tenuis. Agardh, Syst., p. 264. Nous avions, dès l'an X de la république, recueilli cette es- pèce sur les bords de l'ile aux Tonneliers, prés de l'ile de France, où long-temps auparavant Commerson l'avait aussi récoltée. Il s’en est trouvé quelques morceaux dans le paquet que rap- porta M. Lesson des mêmes lieux. Elle est la plus petite du genre, du moins des espèces qui nous sont connues; sa longueur et sa largeur excédantrarement un pouce. Elle est parfaitement flabelliforme, et rappelle assez exactement la figure de cer- tains écrans : en général très-entière, ce n’est que dans sa vé- tusté qu'elle devient un peu ondulée sur les bords, où elle ne se lobe ni ne se déchire ordinairement. Le duvet radical se prolonge un peu sur l'élargissement de la fronde, qui a ses zones concentriques, proportionnellement plus rapprochées, mais moins marquées que dans l'espèce suivante. Transparente, mince et comme papiracée, sa couleur est d'un blond jau- nâtre ou ardent, que relève un liséré pourpre, fort distinct sur tout le pourtour de la plante, quoique très-mince. BOTANIQUE. 145 Explication des Figures. Pl. 21, fig. 2, A, B, C. Frondes diverses de la Padine de Commerson, de grandeur naturelle. 42. Papine Pavonie, Padina( Pavonia). Flabellata, undulato- lobata, fisso-lacerata. Cette espèce, cosmopolite dans r étendue du mot, se trouve dans toutes les mers, si ce n'est dans celles des régions gla- ciales. Mais, en se répandant sur les côtes tempérées ou chaudes des deux hémisphères, elle a subi des variations telles, que nous avons cru autrefois devoir y distinguer deux espèces; en suivant plus attentivement les passages que nous ont offerts les nom- breux échantillons que nous avons sous les yeux, nous nous bornons aujourd'hui à n’y voir que des variétés. M. Durville a recueilli les suivantes: a. Padina (Pavonia), Cuneata. Fronde infernè attenuatå , profundè-laceratä ; laciniis angustatis, longè cuneatis, margine Jerè fimbriatis ; zonis distantibus. Zonaria Pavonia $, multifida. Agardh, Spec. Alg., p. 127 ; Syst., p. 263. Padina Oceanica y, multifida. Dict. class., t. XII, p. 590. C'est à tort que M. Agardh nous dit que Draparnaud avait trouvé cette plante dans la Méditerranée : nous la lui avions envoyée de Ténériffe, où nous la découvrimes en lan X; et c'est des mêmes lieux que nous l'a rapportée M. Durville. Nous en rapprochons des échantillons recueillis par plusieurs de nos correspondants sur les côtes du Calvados, de La Rochelle et de Saint-Jean-de-Luz. Ses frondes, parfaitement cunéiformes dans leur jeunesse et semblables à de petites raquettes, finis- Voyage de la Coquille.— Botanique. 19 146 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. sent par se déchirer beaucoup par leurs bords; les divisions qui résultent de ces déchirements nombreux, s'étendant jusqu'à la base de la fronde qui dépasse rarement de deux à trois pouces de longueur, sont étroites surtout inférieurement, cunéiformes, et jamais bien symétriquement flabellées. Les zones concentri- ques y sont très-marquées, souvent distinguées par la vivacité de leur couleur, et plus éloignées les unes des autres que dans aucune autre Pavonie. B. Padina (Pavonia), Reniformis. Latior, rotundato-lobata , lateraliter reflexa ; zonis creberrimis. Padina Mediterranea. N. Dict. class., t. XIIL, p. 590. Zonaria (Pavonia). Frondibus reniformibus, flabelliformibus glabris membranaceis. , zonis. concentricis. Agardh, Spec. Alg., p.125; Syst., p. 263. Cette Padine est la plus répandue; elle abonde surtout dans la Méditerranée, d'où ne nous est jamais venue la variété pré- cédente: on la trouve dans la baie de Cadiz, d’où nous l'avait en- voyée le chanoine Cabrera. Nous en avons recu des échantillons de la Martinique: M. Durville l'a retrouvée à la Concepcion sur les côtes du Chili et dans les iles de la Société à Otaïti. Dans les individus que notre infatigable et savant ami recueillit dans ce dernier parage, les zones concentriques paraissent encore plus rapprochées qu'elles ne le sont dans toutes les autres. y: Padina ( Pavonia ), Composita. Fronde flabellatä ; laciniis profundè-cuneatis, elongatis, subramosis. Padina Oceanica 8, composita. Dict. class., t. XIT, p. 5go. Intermédiaire pour la disposition des zones et pour les for- mes aux deux variétés œ et ß, celle-ci se distingue de toutes par əsa: grande taille, puisqu'elle acquiert jusqu'à plus de huit pouces de long ; elle se déchire en lanières: profondes, tellement composées, qu'elles finissent par acquérir un aspect ramifié, où les divisions se terminent en forme d'éventail, BOTANIQUE. 147 ayant leurs côtés réfléchis. Nous avions dès long-temps, mais fort rarement, rencontré la Padine composée sur divers points de nos côtes océanes; mais c’est à Cadiz qu'elle parait devenir fort commune, et le chanoine Cabrera nous en a sou- vent envoyé de beaux échantillons recueillis dans la baie. Ceux que M. Durville a récoltés au Port-Jackson de la Nouvelle-Hol- lande sont exactement identiques. 43. Papine ne Durvizre, Pl. 21, fig. 1, Padina ( Durvillær). Fronde reniformi-flabellatä , lobato-laciniatä, undulato-crispa, subcoriaced, fuscå. C'est de la Concepcion, sur les côtes du Chili, que MM. Dur- ville et Lesson nous ont rapporté cette espèce, qui, beaucoup plus grande que les variétés « et 8 de la précédente; s’en distin- gue surtout par sa consistance plus coriace, et par sa couleur brune soyeuse qui la rapproche du Padina variegata , plante des Antilles. D'une tige assez forte, formée d'un duvet couleur de cannelle, très-serré et spongieux , partent les frondes qui se divisent en éventail, mais où le nombre des lobes finit par jeter de la confusion. La fructification y rend les zones concentri- ques visibles; elle forme des fascies plus foncées , et un liséré pourpre noir règne sur tout le pourtour de la plante. Explication des Figures. PI. 21, fig. 1. Padine de Durville, de grandeur naturelle. A. Avec la couleur qu’elle présentait quand nous l’avions mise, pour la peindre, dans l’eau où elle se développa. B. De la teinte noire qu’elle a dans l’herbier après sa dessiccation. C. Vue dans cet état de dessiccation dans le travers du jour où sa transparence est d’un roux-ardent très-vif. 148 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. ORDRE TROISIÈME. — FLORIDÉS, Floridei. Cet ordre tel que l'institua feu le professeur Lamouroux, et qu'adoptèrent la plupart des algologues, était caractérisé de la sorte: hydrophytes non articulés, d'organisation corol- loïde( c’est-à-dire quiressemble à celle des pétales), et teints de couleurs pourpres ou rougeâtres , devenant brillantes à l'air. Quelle que soit l'importance des données que peuvent fournir les couleurs pour rapprocher ou éloigner les hydrophytes les uns des autres, nous persistons à penser qu'elles ne peuvent fournir de caractères suffisants pour l'établissement de grandes divisions. Qu'une plante soit naturellement rouge ou le de- vienne en se décomposant et par la préparation, si son orga- nisation intime est la même que celle d'une plante verte, ou qui même de verte devient rougeâtre et violette, nous n'y voyons pas de raison pour éloigner les deux plantes l’une de l’autre de toute la distance que supposent les-différences d'ordre ou même de genre. Nous chercherons conséquemment à baser l'ordre des Floridés sur des considérations plus importantes que celles où l'on s'était arrêté jusqu'ici. Nous comprendrons sous cette dénomination générale les hydrophytes dont les racines consistent dans un empatement d’où s'élèvent une ou plusieurs tiges cornées, souvent si courtes, qu’elles ressemblent à un simple pétiole, s'épanouissant pour ainsi dire en lanières, frondes ou feuilles, composées d'une globuline colorante cap- tive dans les mailles d’un réseau très-lâche, revêtu d’un épi- dermetrès-mince. Cette organisation, un peu moins compliquée, surtout quant aux tiges, que celle des Varecs, et même que celle des Dictyotés, se régénère au moyen de fructifications qu'on a cru être de deux natures: condition qui n’est cepen- dant pas essentielle, malgré l'importance qu'on attache géné- BOTANIQUE. 149 ralement aux caractères tirés de ces parties, parce qu’elle est basée sur une simple apparence. Les organes fructificatifs , très-visibles dans leur état normal sur la plupart des Floridés, consistent en gongyles que Lamouroux appelait granules, et qui, solitaires ou rapprochés en macules peu ou point sail- lantes, sont épars dans la substance des frondes , ou s'y dispo- sent en séries subordonnées à la direction des mailles fibrillaires. Dans quelques genres, des gongyles pareils, venant à se dévelop- per d'une manière exubérante le long des nervures propres à ces genres, ou sur le limbe des frondes, y prennent la forme de tubercules pédicelles, en manière de clou, de massue, de petites siliques ou gousses, dans la transparence desquels se distin- guent les propagules par leur coloration ou leur opacité. C'est ce que Lamouroux appelait des fructifications gigartines, et ce qui donna lieu à cette idée singulière, que les Floridés étaient des végétaux dioïques. Tel que nous en concevons les limites, et sans égard aux couleurs dont se teindront les Floridés, nous réunirons à cet ordre la plus grande partie des Ulvacées de nos prédécesseurs, lesquelles n'y formeront qu'une simple famille. Les Floridés se composant essentiellement de tiges et de frondes non tubu- leuses, nous en éloignerons divers genres à expansions intérieu- rement vides, et nous les diviserons, dans l’ordre suivant, en quatre familles naturelles. FAMILLE DES GIGARTINÉES, Gigartineæ. Cette famille est aux Floridés ce que celle des Cylindra- cées est à l’ordre des Varecs. On n'y reconnait point de feuilles distinctes : c’est tout au plus vers leurs extrémités que les frondes, à peine comprimées quand elles ne sont pas exacte- ment rondes, s'y dilatent et s’aplatissent légèrement comme 150 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. pour indiquer un passage entre les derniers Varecs et la famille de Gigartinées, où commencent les Floridés les plus dignes qu’on les compare à des Corolles. Mais si les Gigartinées ont quelque rapport d'aspect avec les Cylindracées, leur organisa- tion les en éloigne ; on n'y trouve plus ni écorce gercée ou ru- gueuse, ni bois, ni conceptacles; tout y indique, jusqu'à la taille ordinairement petite, plus de délicatesse et moins de complica- tion dans le mode d'organisation. Les naturalistes de la Coquille ont enrichi cette famille des espèces suivantes, appartenant aux trois genres Gigartine, Acanthophore et Hypnée. XVI. Gicarmine, Gigartina. Le professeur Lamouroux composa le premier sous cenom un genre peu naturel, et qui depuis a été rejeté ou démembré par les aigologues. Il le divisait en trois sections. C'est à la seconde seulement que conviennent parfaitement les caractères em- pruntés de la fructification et imposés par feu notre savant ami. Le Fucus confervoides L. (Turner, Hist. Fuc., plat. 84 ) en est le type; et près de lui viennent se ranger les Sphérocoques de la septième section d'Agardh (Filiformes, Spec. Alg. , p. 303 et suiv. ), qui presque tous rentrent dans le genre Gigartina, tel que nous l’adoptons ici, et tel qu'ainsi resserré il formera, à cause des frondes cylindriques des espèces dont il se compose, le passage de l'ordre des Floridés à celui des Varecs que termine la famille des Cylindracées. Les caractères du genre Gigartina sont : Racine en empatement d’où s'élèvent des frondes ou tiges plus ou moins rameuses, solides, mais non ligneuses , cylin- driques, revêtues d'un épiderme, et à la surface desquelles ainsi que des rameaux se développent les gongyles ; ces gon- gyles sont épars, hémisphériques, sessiles, paraissant au mi- croscope entourés d'un anneau par l'effet de l'épiderme des tiges BOTANIQUE. 9T 151 qui s'étend à leur surface et les environne ; des propagules ob- ronds, en nombre infini et disposés au centre comme une simple molécule, s'en échappent par un déchirement mitoyen quand cet épiderme vientà se rompre au temps de la maturité. Plus de vingt espèces de Gigartines étaient déja connues avant le voyage de la Coquille, qui en ajoute quatre à nos richesses hydrophytologiques. 44. GIGARMINE EN FORME DE LÉMANE, Gigartina ( Lemanæ- formis). Fronde filiformi vagè ramost, angustissimé, capsula- rum multiplicatione rugosà. Cette plante a plutôt l'aspect d’une grosse Conferve que celle d'un Floridé. Ses frondes filamenteuses, deux ou trois fois plus grosses que le plus fort crin, atteignent, autant que nous en pou- vons juger d'après nos échantillons, à un pied au moins de lon- gueur; des rameaux s'en échappent çà et là, et l’on peut se faire une idée assez exacte de sa figure en jetant les yeux sur la planche 234, où Turner a représenté l'espèce du genre Scytosi- phon, qu'il appelait Fucus subtilis. Il faudrait seulement que la couleur y fùt tout-à-fait noire, car c'est ainsi qu'est devenue la plante rapportée par M. Durville. Ce savant marin la recueillit sur la côte du Pérou à Payta; elle y était en touffes assez mal conservées , d'où nous avons dégagé les fragments qui ont servi pour faire notre description. On nous en a communiqué depuis quelques brins ramassés au fond de la baie de Chorillos, dans les mêmes parages. En vieillissant, la Gigartine en forme de Lé- mane se couvre d'une multitude de gongyles, qui se multiplient tellement à sa surface qu'elle en devient toute rugueuse et deux ou trois fois plus grosse qu'elle ne l'était dans l'état primitif de nudité de ses tiges et de ses rameaux. 45. GIGARTINE RUGULEUSE, Gigartina (Rugulosa). Frondibus ramosissimis; ramis vagis, duriusculis, rugulosis. Rhodomela (Rugulosa ). Filamentis cylindraceis, subcorneis , 152 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. intricatis, rugulosis, opacs, nigricantibus. N. in Durv. Flor. Mal., n° 13. Cette plante, où nous avions d'abord cru reconnaître la Rho- domèle de Gaimard, nous a été rapportée des Malouines par M. Lesson; et, dans le catalogue qu'a donné M. Durville des plan- tes de ces îles, nous l'avions mentionnée comme faisant partie du même genre. Mieux examinée, nous n'avons pu l'y laisser ; et c'est parmi les Gigartines qu'elle s'est réfugiée : cependant nous ne l'y croyons pas encore irrévocablement placée, et nous en recommandons l'étude sur le vivant aux voyageurs qui la ren- contreront. Dans l’état de dessiccation, elle est dun noir bru- nâtre foncé, qui dénote une certaine détérioration. Ses tiges principales, longues de deux à trois pouces au moins, sont de la grosseur d'un fort crin , émettant quatre ou cinq rameaux principaux, chargés à leur tour d'une multitude de rameaux plus petits, que couvrent une infinité de ramules. Il en résulte des touffes très- fournies, un peu crépues, rigides, même cas- santes, et où la surface, vue à la loupe, est couverte d’inégalités qui font paraitre la plante légèrement rugueuse. 46. GicaRTINE NOIRS CHEVEUX, PL. 19, fig. 3, Gigartina (Me- lanotrix ). Fronde filiformi elongatä, vagè ramosa ; ramis com- pressiusculis dichotomis, subfastigiatis, acutis, bilobo-dilatatisve. C'est de la Concepcion au Chili que M. Durville a rapporté cette petite plante, qui forme des touffes assez serrées et noi- râtres. En élaguant les amas qu'y formentles frondes mêlées, on reconnait que celles-ci, longues de deux à trois pouces au plus, rameuses et cylindracées inférieurement, se divisent vers leur extrémité en lanières comprimées, linéaires, dichotomes, qui s'alongent en petites fourches, dont la plupart sont subulées, mais dont quelques-unes s’aplatissent et se dilatent en deux petits lobes, comme il arrive à toutes les extrémités dans l'espèce suivante, qui peut être examinée sur le vivant et sur un plus BOTANIQUE. 153 grand nombre d'individus que nous n'en avons pu voir, se trouvera n'être qu'une simple variété, Explication des Figures. PI. 19, fig. 3, A. Une fronde de la Gigartine noirs cheveux, de grandeur na- turelle. B. L'un des rameaux de la même tige détachés, pour montrer que les dernières divisions, soit qu’elles demeurent linéaires et aiguës, soit qu’elles s’aplatissent en se bilobant, y appartiennent au même individu. 47. GIGARTINE PIED DE GRENOUILLE, PI. 10, fig. 2, Gigartina (Batracopus). Fronde lineari-dichotomä; ramis divaricatis, ex- tremitatibus dilatatis, bilobis. Cette espèce, en tout un peu plus épaisse mais plus courte quela précédente, d’un aspect corné, forme des touffes confuses, où l'on distingue, quand on en a dégagé les frondes, que celles- ci sont assez régulièrement dichotomes jusque vers les extré- mités, où les dernières bifurcations, seules, très-courtes, se com- priment en deux petits lobes verdåtres , transparents, dont l'aplatissement imite assez en petit la pate antérieure d’une rai- nette, d'où vient le nom par lequel nous avons cru devoir la désigner. M. Durville l'a rapportée de la Concepcion au Chili. Explication des Figures. PI. 19, fig. 2, A. Une touffe de la Gigartine pied de grenouille, de grandeur naturelle, flottant dans l’eau. B. Extrémité d’une fronde, pour montrer comment les dichotomies y sont di- variquées. 48. GIGARTINE CONTOURNÉE, Gigartina ( Contorta ). Frondibus Voyage de la Coquille. — Botanique. 20 154 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. vagè dichotomis, trichotomisve, contortis, implexis, apice fur- catis, subuncinatts. Quoiqu’'en assez mauvais état, les échantillons de cette plante qui nous ont été rapportés de la Concepcion par M. Durville, nous déterminent à les considérer comme appartenant à une espèce que caractérisera l'irrégularité de son port. D'une subs- tance cornée, sa racine se fixe par un petit empatement sur le test des coquilles ou sur les cailloux; les frondes qui.en naissent, très-ramifiées, et de la grosseur d'une plume de petit oiseau, étaient d'un vert-obscur très-foncé, et sont devenues noires par la préparation : leur surface est en outre devenue toute ridée et lacuneuse. 49. GIGARTINE CHONDROIDE, Gigartina(Chondroïdes).Fronde di- chotomä;ramis dichotomo-fastigiatisettrichotomis,subarticulatés. La figure assez mauvaise que donne M. Agardh ( /con., pl. VIII ) de son Sphærococus solicornia, a quelque analogie pour le port avec la gigartine qui nous occupe, et que M. Dur- ville nous a rapportée de la Concepcion sur les côtes du Chili; mais elle ne représente pas cette espèce qui, dans l'herbier, a pris une couleur noire passant au blond, surtout vers ses extré- mités. Notre plante a encore quelque chose de l'aspect et de la teinte que Turner (Hist. pl., LIT) donne à son Fucus Mackaji. Les rameaux sont ordinairement dichotomes, mais quelque- fois partant trois par trois du même point; ils ont cela de remar- quable qu'ils paraissent s’articuler entre eux au point d'insertion, de sorte qu'où manque un rameau demeure comme une pe- tite cicatrice indiquant l'endroit où le rameau s’articulait. 5o. GIGARTINE HYPNIFORME, Gigartina ( Hypniformis). Fron- dibus gracile-filiformibus , vagè pinnato-ramosis, intricatis ; ramulis subulatis , erectiusculis. An Sphærococus intricatus ? Ag., Spec. Alg., p. 333. L'aspect et la consistance «cornée de cette plante semblent BOTANIQUE. 155 devoir la rapprocher des Gélidies; mais elle est cylindracée dans toutes ses parties, ce qui l'en doit éloigner. N'ayant pas vu sa fructification, ce n’est cependant qu'avec doute que nous la placons dans un genre auquel nous ne sommes pas bien certain qu'elle puisse appartenir. Nous en devons la connais- sance à M. Lesson, qui nous en a rapporté une assez grosse touffe de Borabora, l’une des iles de la Société près d'O-Taïti. Des frondes ramollies, détachées du paquet, nous ont paru avoir un peu plus de quatre pouces de long, de la grosseur d'une chanterelle de violon, vaguement rameuses; les rameaux alon- gés et grèles, produisaient d’autres plus petits rameaux or- dinairement simples, les uns très-courts, les autres longs, filiformes et contournés, disposés comme des pinnules irré- gulières , de sorte que le port général avait quelque chose d'ailé ou de pectiné, à la manière des tiges rampantes des Hypnées grèles. En prolongeant la macération, la plante se dissolvait en gelée comme une Gélidie. Nous avons cru reconnaitre dans certaines frondes que la couleur de notre Gigartine avait été le pourpre vineux; mais ayant sans doute éprouvé quelque détérioration, l'échantillon qui nous a été donné a pris la teinte blonde ou blanchâtre qu'on voit souvent aux Fucus pli- catus et Confervoides , qui sont aussi des Gigartines. XVII. AcanTHoPHorE, Acanthophora. Ce genre, formé par Lamouroux et confondu par M. Agardh dans le bizarre assemblage de plantes disparates qu’il a impro- prement appelé Chondria, se compose de très-peu d'espèces qui paraissent être propres aux mers chaudes, et qui pourraient bien étre à peu près cosmopolites, si l'on en juge par des échan- tillons de l'Æcanthophorus Thierii, Lamx., qu’on a rapporté des Antilles et des iles Mariannes. Les caractères des Acanthophores 20. 156 - VOYAGE AUTOUR DU MONDE. sont : Des tiges cylindracées, presque gélatineuses, couvertes, au lieu de feuilles, de spinules, souvent réunies plusieurs ensemble sur des tubercules distants, répandus çà et là, donnant une cer- taine rudesse à la plante, qui n’adhère point au papier. Les gon- gyles se développent à l'extrémité de ces tubercules , qui alors prennent un peu la forme de petites mais courtes massues, effet qui se trouve très-bien rendu dans la figure 3 de la quatrième planche de Lamouroux (Essai sur les genres des Tholossiosites ). 51. AcanrHoPHore Muscoine, Acanthophora (Muscoides ). Fronde vagè ramoso-bipinnat&, inferne denudatä; ramis spinu- losis; spinulis agregatis creberrimis. Chondria ( Muscoides). Fronde filiformi, bipinnatä spinu- losa, spinulis simplicibus. Agardh , Spec. Alg. , p. 368; Synop- sis , P: 209. Fucus (Muscoïdes). Caule tereti ramosissimo, ramis sparsis, mollibus alternis. Lin. , Spec. Plant., t. XXI, p. 1630. Acanthophora Thierii, in Durvillæi Flor. Mal., n° 14, non Lamourouxii. Le voyageur botaniste Osbeck avait autrefois recueilli cette plante sur les rivages de l'ile de l'Ascension: c'est précisément des mêmes lieux que nous l'a rapportée M. Durville. XVIII. Hyrexnée, Hypnea. La fructification de ce genre ayant été très-imparfaitement décrite par Lamouroux son fondateur, M. Agardh ne crut pas devoir le conserver, et en répartit les espèces parmi ses dispara- tes Chondries. Cependant un factes tout particulier semble indi- quer entre les Hypnées des convenances que complétera certai- nement la connaissance définitive des organes générateurs. En attendant que ceux-ci soient bien connus, nous adopterons, pour le genre dont il est question, les caractères naturels BOTANIQUE. 157 suivants : Fronde cylindrique, filiforme, rameuse ou vague- ment pinnée, se couvrant de ramules ii courtes, éparses, composées, subulées et se recourbant aux extrémités d'une manière particulière qui leur donne souvent la figure d'une queue de scorpion. Ce dernier caractère imprime aux Hypnées une physionomie particulière qui rappelle l'aspect général de ces mousses élégamment ailées que Linné avait confondues sous le nomd Hypnum. Lamouroux leur attribue des tubercules fructifères en forme de fuseaux et remplis de corpuscules sé- minifères. Le fait est vrai pour le Fucus Wrightit de Turner: mais ce Fucus Wright est-il une Hypnée ? Quoi qu'il en soit, les espèces connues de ce genre, qui sont en petit nombre, habitent sans exception les mers chaudes ou tempérées, et paraissent tout au plus atteindre au quarante-cinquième degré Nord dans notre hémisphère. Il est probable qu'elles ne dé- passent pas des climats analogues dans l'hémisphère austral. 52. Hyrnér D'Esper (Hypnæa Esperi). Fronde cartilagi- ne coriaceå; ramis pyramidato-caudatis; ramulis spinuli- Jormibus fasciculatis, acutissimis , uncinato-crispis. Fucus ( Nootkanus ). Caule ramisque filiformibus compressés , diaphanis, divaricatis dichotomisque satis undiquè obsitis te- nuissimis. Esper., Fuc. Icon. , t. II, p. 30, tab. 125. Fucus ( Musciformis Nootkands ). Ramulis remotiusculis , elongatis, horizontalibus , deflexisque, apice sæpè uncinatis. Turner, Hist. Fuc., t. IL, p. 145. C'est à tort qu RARES Role la plante dont il est ici ques- tion avec son Sphærococcus musciformis. Turner s ‘éloigna un peu moins de la réalité en la distinguant au moins comme va- riété. Cependant le Fucus Nootkanus d'Esper est bien une espèce tranchée, retrouvée par M. Durville sur la côte du Chili à la Concepcion. Son nom de lieu ne pouvant plus lui convenir, nous avons dù substituer à une désignation deve- 158 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. nue vicieuse, celle qui rappelle l'auteur par qui la plante fut décrite pour la première fois. Il paraïtrait, d’après les deux points extrêmes où elle a été trouvée, que notre Hypnée habite tout le long des parties tempérées de la côte du nouveau monde que baigne l'Océan Pacifique. L'Hynée d'Esper offre plus de consistance qu'aucune autre de ses congénères ; elle est coriace, et même un peu cornée dans les parties inférieures de sa tige, comme le sont les Sphé- rocoques. Sa longueur est de trois à six pouces; ses rameaux vaguement pinnés finissant en queue, avec leurs ramules en faisceaux diversement contournés, qui tous ne se courbent pas en focille, mais qui sont très-pointus. Quelques tiges en sont entièrement chargées en tout sens; d'autres sont un peu dé- nudées. Leur couleur est, dans l'état où nous les avons vues, d'un rouge sanguin, passant au jaunàtre ou bien au puce pourpré. Famizze DES Hazvméniées, Aalymentiæ. Les hydrophytes de cette famille ont un aspect particulier, et leur consistance, jointe à leur coloration, les rend remar- quables entre les plantes de la mer. Plusieurs étaient des Dé- lesseries pour Lamouroux ; les autres se trouvèrent réparties dans plusieurs genres, que l’on doit conserver. Leur racine n'est pas toujours un empatement, et ressemble quelquefois à celles de certaines Laminariées. Toutes ont une tige cornée, ou du moins s'amincissent en pédicule solide. Les frondes, souvent ` tout d'une pièce ou foliacées, ressemblent pour la solidité, aux nervures près dont elles sont essentiellement privées, à celles des Fucacées ; mais elles se teignent en général du pourpre ou du violet nuancé, qui embellit si bien ces Délesseries , qui nous occuperont tout à l'heure. BOTANIQUE. 159 La fructification n'y est jamais, à proprement parler, mar- ginale ou pédicellée; elle consiste en gongyles souvent très- petits et punctiformes, d’autres fois en macules ovales, ré- pandus sur toute la surface de l'expansion, et pénétrant dans sa substance, qui se compose d'une molécule globulinaire, co- lorée, pressée dans une mucosité épaisse et concrétée entre deux lames d'un épiderme très-fin et fort tenace. De là la propriété qu'ont les Halyméniées, comme la plupart des Lami- nariées, de se dissoudre par la macération , en une gelée qu'on à su mettre à profit pour s'en nourrir en plusieurs parties du globe. Les Halyméniées, dont les naturalistes de Za Coquille ont enrichi la botanique, appartiennent aux genres Chondre, Gelidie, Plocamie, Sphérocoque et Halyménie, qui tous ont de nombreuses espèces dans nos mers d'Europe. XIX. Cuonore, Chondrus. Nous conservons ce genre tel que le forma Stackhouse et que l’adopta Lamouroux, en fixant ses caractères d'une ma- nière plus convenable. Il est très-naturel, et se distingue par des frondes qui sont inférieurement atténuées en tiges ou pé- tioles cylindracées, supérieurement dilatées en lames mem- brano-cartilagineuses, à la surface et dans la substance des- quelles sont dispersés les gongyles. Ceux-ci sont ovales, grands, peu saillants et remplis de propagules séminiformes ordinai- rement colorés. Les Chondres sont en général des plantes extrêmement polymorphes, dont les espèces rentrent les unes dans les autres, au point qu'on ne saurait être trop circonspect dans la circonscription de leurs espèces. Il en est dont certaines frondes sont cylindracées presque Jusqu'à leur extrémité; ce qui les ferait prendre au premier coup d'œil pour des Gigar- tines, tandis que d’autres s'élargissent outre mesure en lames 160 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. qui finissent, à force d’être luxuriantes, par se crêper sur leurs bords. Leur consistance, dure et solide, rappelle celle des Va- recs, bien plus que celle des Floridés : aussi les Chondres bravent-ils les plus violentes tempêtes, et, comme les Lami- nariées, se plaisent aux lieux battus des vagues. Les mers du Nord semblent leur être favorables : c'est là qu'ils se déve- loppent en abondance ; et les naturalistes de la Coquille, qui n'en ont pas récolté dans la zone torride, n'en rapportent qu'une seule des côtes de l'Amérique du Sud. 53. CHONDRE ISOLÉ, Chondrus (sejunctus). Frondibus gracile- linearibus strictis, compressis, dichotomo-furcatis, extremitatibus penè-dilatatis. C'est de la Concepcion au Chili, où cet hydrophyte semble être exilé d'entre ses congénères, que M. Durville nous l’a rap- porté. Il ny est peut-être qu'une variété expatriée de l’une des espèces que nous croyons devoir former aux dépens du Chon- drus polymorphus de Lamouroux, sous le nom de corimbosus. On peut se faire une idée passablement exacte de son port en jetant les yeux sur la figure 12 de la planche VI de la disser- tation de Lamouroux (1); mais notre Chondre est encore plus strict, plus alongé, et terminé par un plus grand nombre de dichotomies, qui se dilatent à peine en lames membraneuses et aplaties à leurs extrémités bifides, des dichotomies à venir sy préparant au moyen des petites fourches terminales. La plante devient noirâtre par la dessiccation , excepté aux poin- tes, qui demeurent toujours olivâtres. XX. Génie, Gelidium. Le genre Gélidie, l'un des mieux caractérisés, et chez lequel E In-4° avec figures. Agen, an XIII, BOTANIQUE. 161 les espèces rentrent tellement les unes dans les autres par leur variation, qu'il est fort difficile deles distinguer, est caractérisé par ses kade. en expansions de nature ae ete comprimées, constamment ailées, pinnées ou bipinnées d’une manière plus ou moins régulière, mais toujours élégante, et teintes des plus vives couleurs. Ces couleurs, qui passent du rose tendre au pourpre violet, disparaissent par la macération ` ou par l'effet d'une trop guide lumière, pour faire place à une nuance de blanc jaunâtre qui rappelle celle du vermicelle et au- tres påtes préparées pour la table; dans cet état de décoloration, les Gélidies peuvent, aussi bien que ces påtes, devenir un excel- lent aliment : on les emploie dans l'Inde absolument aux mêmes usages dans l’art culinaire. La fructification fournit un caractère excellent qui vient compléter celui du facies. Elle consiste en gongyles tuberculaires, comprimés, oblongs, opaques, situés à l'extrémité d’un point noirâtre, où, vus à la loupe, ils rap- pellent quelquefois, avec le renflement qui en résulte, l'idée de l'extrémité des tentacules d'un hélice terminé par le point de l'œil. Lamouroux, qui établit ce genre méconnu de la plupart des algologues, remarque avec raison que les espèces en paraissent être fort rares au Nouveau-Monde, tandis qu'elles abondent dans les mers tempérées et chaudes de l'ancien. Les naturalistes de {4 Coquille n’ont rapporté que les deux Gélidies suivantes. 54. Gér SpiniroRmEe, Gelidium ( Spiniformis ). Fronde distichè ramosä , compressiusculä; ramis pinnatis; pinnis oppo- sitis, patentibus, rigidiusculis. Gelidium spiniformis. Lamx., Ess., p. 41. Fucus (spiniformis). Subtereti, rigidå , fragili ramoså ; ra- mulis perluciditate, curvitateque piscium spinis consimilibus : tuberculis ad turgidum apicem ramulorum sitis. Lamx., Diss., P- 77, tab. 36, fig. 3-4 ( médiocre). Foyage de la Coquille. — Bôtanique. Ai 102 : VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Sphærococcus (rigidus ). Fronde cartilagineo-cornea distichè ramoså, filiformi, teretiusculà, pinnatä, pinnis oppositis paten- tibus setaceis obtusis. Ag., Sp. Alg., p. 285; Syst., p. 227. M. Gaudichaud nous avait déja rapporté cette plante comme l'ayant cueillie aux iles Mariannes : MM. Durville et Lesson nous l'ont rapportée d'O-Taiti ; nous l'avions autrefois décou- verte sur les récifs des iles de France et de Mascareigne; La- mouroux lut Madagascar sur l'étiquette, en oubliant de citer de qui lui venait son espèce nouvelle. M. Agardh dit aussi que cette espèce fut recueillie au Brésil par Gaudichaud; mais nous ne trouvons pas même que son nom se rencontre dans le catalogue qu'a donné notre savant ami des richesses végé- tales collectées par les naturalistes de l Uranie. 55. Gézmie Fuicine, Gelidium ( Filicinum ). Fronde ramo- sissimä; ramis tripinnatis, extremitatibus creberrimè rotundatis; pinnulis confertis, crenulato-serrulatis. C'est à la Concepcion, sur les côtes du Chili, que M. Dur- ville croit avoir recueilli cette plante ; nous sommes tenté de : penser qu'il y a eu erreur dans l'étiquette, et qu'il eùt fallu y écrire : Iles de la Société; car nous possédons un fragment de la même espèce qui s’est bien évidemment trouvé dans le paquet rapporté de Borabora par M. Lesson. Quoi qu'il en soit, notre genre 5 élégant. La tige y est longue de plus de cinq pouces, cornée, Gélidie Filicine est l'une des plus jolies espèces de son solide, comprimée, munie d’une infinité de rameaux pressés, qui se divisent eux-mêmes en d'autres rameaux courts, tripinnés, où l'ensemble des pinnules forme comme une branche d'Ayp- num parietinum, L. (Hypnum Schreberi. Brid. Briol. I, p. 420) avec son feuillage serré et son extrémité arrondie. Cet aspect touffu, l'extrémité compacte des rameaux tripinnés, sont les caractères qui distinguent au premier coup d'œil notre Gélidie de ses congénères ; et si on l’examine à la loupe, on reconnait BOTANIQUE. 163 bientôt que les pinnules sont légèrement serrées sur leurs bords. Le pourpre foncé paraît être la couleur de la Gélidie Filicine, dont quelques parties sont devenues d’un blond jau- nâtre dans l'herbier. . XXI. Procamie, Plocamium. M. Lamouroux, fondateur de ce genre, lui assigna pour caractères : une fructification consistant en tubercules un peu gigartins , et la compression des rameaux qu'il croyait être cloisonnés à leur extrémité. Si ce dernier caractère eùt été com- plètement exact, les Plocamies eussent été en litige entre les Céramiaires et les Floridés. Il y avait erreur du moins, quant à l'espèce type dont M. Agardh a fait une Délesserie, et qui, en effet, devrait rentrer dans la famille des Délesseriées, s'il y existait des nervures; ce qui n'est point, quoiqu'on l'ait impri- mé quelque part. Le savant et modeste M. Lyngbye, le pre- mier des algologues de notre temps, en conservant le genre de Lamouroux, l'a bien mieux circonscrit. Il lui attribue des tiges comprimées, distiques , très-rameuses, ayant les derniers ra- meaux pectinés avec des capsules latérales ou des follicules rondes aux extrémités. En effet, il existe très-distinctement dans les Plocamies deux sortes de fructifications, l'une composée de gongyles homogènes sphériques et sessiles, l'autre, de concepta- cles alongés, translucides, en forme de petites siliques, dans les- quels sont contenus d'autres gongyles opaques très-petits, où les ` plus forts grossissements sont nécessaires, aprèsles avoir écra- sés, pour faire reconnaitre les propagules qui sont d'une extrême petitesse. Deux Plocamies font partie des récoltes de /a Coguille. 56. Procamre commune, Plocamium (vulgare). Fronde pin- nat&, dichotomä, ramosissimä; ramulis subulatis, tri-quadrupli- cato-alternis (varietas procera). 21, 164 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Delesseria Plocamium y Procera? Agardh, Spec. Alg., p. 1 81; Syst., p.251. Nous avons un échantillon de cette plante rapportée des Malouines par M. Gaudichaud, où l'étiquette, de la main de M. Agardh, ne laisserait aucun doute, si nous ne trouvions la même dénomination imposée de la même main à des frag- ments de la variété 8 de notre Sphærococcus Gaudichaudi (voyez n° 67). M. Durville a retrouvé la Plocamie dont il est ici question sur les côtes du Chili: elle a été décolorée et altérée par la préparation; mais il ne peut y avoir nul doute sur son identité avec des échantillons récoltés sur les côtes méridio- nales de l'Europe, ainsi qu’au cap de Bonne-Espérance, et à la Nouvelle-Hollande. 57. Procame Conrenvacée, Plocamium (Confervaceum,. Caule ramoso; ramis vagis, infernè denudatés ; ramulis numero- sissimis, tenuissimis, Confervoiders. Cette charmante espèce, un peu décolorée dans la dessicca- tion et depuis qu’elle fut remouillée, a été rapportée de la Concepcion par M. Durville. Ses tiges, longues de cinq à huit pouces, très-étroites, vaguement rameuses, mais fort divisées, sont, ainsi que la base des rameaux, presque dénudées; mais des ramules presque capillaires les terminent en grande quan- tité, et adhèrent fortement au papier par la dessiceation, qui les rend brillantes. La fructification, très-visible au micros- cope, était plus fortement colorée avecles gongyles d'un rouge obscur. XXII. SPHÉROcOQUE, Sphærococcus. Gmelin, qui ne voyait qu'un seul genre dans ce qui constitue aujourd’hui plusieurs grandes. familles d'hydrophytes, et qui appelait indifféremment Fucus des Varecs, des Floridés, des Caulerpes, etc., sentit néanmoins la nécessité dediviserson chaos : BOTANIQUE. < i65 en plusieurs groupes, dont le second contenait les espèces où la fructification consiste en globules simples , épars sur toute la plante. Ces Globulifères (Globuliferi) , comme il les appelait, ne représentaient point exactement le genre Sphærococcus, dont on a prétendu à tort attribuer l'invention au professeur de Pétersbourg. Ce genre fut établi par Stackhouse et adopté par M. Agardh, qui l’étendit outre mesure, en y comprenant, sous des caractères qui ne sauraient convenir à toutes, plus de cent espèces appartenant aux genres Chondre, Délesserie, Gélidie, ou Gigartine de MM. Lamouroux et Lyngbye. Le professeur de Lund, qui, dans certaines circonstances, a morcelé sans néces- sité en deux ou trois genres, des genres très-homogènes, est ici tombé dans l'excès contraire, et son Sphærococcus n'est pas moins que la section des Globuliferi du professeur Gmelin, un informe assemblage d'hydrophytes disparates, que nous renverrons chacun en leur lieu. Pour nous, les Sphérocoques seront caractérisés de la sorte : racines en empatement d’où s'élèvent des frondes atténuées inférieurement en tiges cylin- dracées , ou fixées sur des tiges à la manière des feuilles ; ces frondes membrano-cartilagineuses sont aplaties en lames, et portent sur les bords de leurs pinnules ou des dentelures la- térales et terminales , les fructifications, qui consistent en gongyles sphériques, remplis de propagules très-petits, arron- dis, et s'échappant lors de la maturité par une ouverture cen- trale. Ces gongyles s’aplatissent alors en forme de scutelles par le milieu à mesure qu'ils se vident. Ils ne sont point, comme chez les Gigartines, épars sur toute la surface de la plante, laquelle n'est pas cylindracée, mais philloïde. Les Sphérocoques sont en général des hydrophyles de forme élégante, que les plus vives couleurs pourprées embellissent encore. Le plus grand nombre habite les mers des zones tempérées. 58. SPHÉROCOQUE DE CHauviN, PL. 20, Sphærococcus (Chau- 166 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. vini). Membranaceus, polymorphus, confusè pinnatus ; pénnulis elongatissimè dentato-pinnatifidis, vagè dispositis, margine aut superficie fructiferis. La dédicace de cette belle et singulière espèce appartenait de droit à M. Chauvin, botaniste de Caen, qui s'est fait connaitre dans le monde savant par ses beaux fascicules d'hydrophytes normandes, et qui le premier nous enrichit du Sphérocoque dont il va étre question. Il en avait reçu du cap Horn de nombreux et magnifiques échantillons; feu Lamouroux nous communiqua également cette plante, comme lui venant des côtes occiden- tales de l'Amérique du Sud ; quelques brins s'en trouvèrent confondus depuis dans le paquet de végétaux marins récoltés par MM. Lesson et Durville à la Concepcion du Chili. Il est peu de végétaux dont les formes soient plus élégantes et plus variées% on serait tenté d'en faire autant d'espèces ou de variétés notables qu'on en examine de morceaux: tous ces morceaux ont de commun leur consistance membraneuse, qui les fait généra- lement adhérer au papier. Les frondes sont transparentes, verdä- tres, ou d'un brun tirant au rouge, longues d'un à deux pieds, larges d’une à quinze lignes, très-hygrométriques dans l'herbier; ellesreprennent l'apparence de la vie et la souplesse par immer- sion; pinnées, émettant par leurs bords une multitude de pin- nules linéaires; les unes sont plus courtes que les autres; mais les plus longues, profondément serrées ou pinnatifides à leur tour, ne tardent pas à prendre l'aspect de frondes complètes. Rien n'est plus remarquable qu'une semblable polymorphie. Les bords des divisions sont quelquefois chargés de tant de pinnules secondaires, qu'il en résulte une confusion inextri- cable. La surface de toute la plante émet aussi quelquefois des expansions luxuriantes, qui ajoutent alors à la figure alopécu- roïde que prennent les extrémités de certaines frondes. Les petites pinnules qui se voient dans la distance que laissent ordi- BOTANIQUE. 167 nairement les plus grandes, affectent les formes d'un cil, d'un aiguillon, d'une doloire, ou d'un fer de hallebarde à divers nom- bre de dentelures latérales. Quelques frondes sont pinnées ou bipinnées avec une admirable régularité; ce cas est le plusrare, et la régularité s'efface quand la plante se couvre de fructifica- tions. Ces fructifications se développent sur les plus petites pin- nules en tête ou latéralement, et quelquefois en si grand nombre, qu'elles font de ces pinnules comme de petits épis ou des grap- pes. Leur grosseur est celle des graines de coquelicot. Les pin- nules luxuriantes, développées sur les pages mémes des frondes, se chargent également de gongyles assez fournis. D'après la quantité d'échantillons que nous avons eue sous les yeux, nous croyons avoir reconnu trois variétés principales. a. Sphærococcus (Chauvinii) Latissimus. Frondibus latissimis, exasperato-confusis; pinnulis longioribus, lanceolato-furcantibus. La lame de la fronde y est la plus large, et n’a jamais moins d'un pouce à dix-huit lignes, de sorte que les pinnules y étant en proportion, sont ordinairement égales pour la taille à la totalité d’un individu des variétés suivantes. B. Sphærococcus (Chauvini) intermedius. Frondibus angus- tatis, elegantissimè pinnatifidis ; pinnulis longissimis, lanceo- ` latis, non bifidis. Moins grande dans toutes ses parties que la variété a, celle-ci n'a jamais que de quatre à huit lignes de large; ses pinnules, jamais bifides, ensiformes, et quelquefois extrêmement lon- gues, sont souvent serrées sur leurs bords, de manière à rap- peler la figure de la scie que porte le Squalus Pristis à l'extré- mité de son museau. y: Sphærococcus (Chauvinii) Angustus. Frondibus linearibus angustis; pinnulis pinnato-ciliatis, flaccidissimis. Dans cette variété, les plus larges frondes acquièrent rare- ment trois ou quatre lignes de largeur, et n’en ont qu'une ou 168 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. deux ordinairement. Les pinnules linéaires, souvent fort lon- gues et vagues, sont en général plutôt ciliées que pinnatifides ou serrées. Plus grêle dans toutes ses proportions, elle a aussi un peu moins de longueur. Un échantillon en assez mauvais état, ramassé à Payta, à cinq degrés Sud, sur la côte du Pérou, nous parait présenter les plus grands rapports avec cette va- riété, que nous avons reçue assez abondamment, comme les deux précédentes, des côtes méridionales de l'Amérique du Sud. Explication des Figures. Fig. 1. Quelques-unes des formes nombreuses du Sphérocoque de Chauvin variété æ, réunies sur un même pied pour en prouver l'identité, avec les teintes qui nuancent ces variations lorsqu'elles sont plongées dans l’eau. On y voit la partie inférieure de l’une des frondes les plus larges, chargée de pinuules luxu- riantes à la surface de la lame , et une fronde bifide à son extrémité. +, Fig. 2. Variété B, à lanières plus étroites, avec la couleur qu’elle a prise dans l’herbier; des gongyles en chargent les bords. Fig. 3. Variété y, où les pinnules fort alongées sont plutôt ailées que pinnati- fides. Fig. 4. Détails grossis. A, très-petites pinnules fructifères, vues à une forte loupe, pour montrer la disposition qu’y affectent les gongyles, dont quelques-uns, non encore en état de maturité, sont entièrement globuleux ; tandis que les autres, plus avancés, se creusent en scutelles vers le centre. B. Gongyle émettant par sa perforation centrale les propagules qui le remplis- saient, vu à une ligne de foyer. C. Les propagules émis du gongyle, vus avec la lentille d’un quart de ligne. 59. SPHÉROCOQUE DE CHAMisso, Sphærococcus (Chamissoti). Fronde subcartilagineä, planä, lineari-angustatà, vagè sub- tripinnatifida ; pinnulrs irregulariter serratè-spinosis, lanceolato- acutis. Sphærococcus (Chamissoii). Fronde subcartilagineä, planá BOTANIQUE. 169 lneari-vagè pinnatifida ; pinnulis lanceolatis, capsuliferis; cap- sulis confertis. Agardh, Spec., p- 278; Syst., p. 225, Alg. icon. tab. 6 (mauvaise figure). C'est de la Concepcion que M. Durville nous a rapporté quelques échantillons de cette plante, de l'identité de laquelle avec celle de M. Agardh nous ne pouvons douter , malgré la médiocre figure qu'en a publiée cet algologue, parce que nous en possédons un exemplaire, donné par notre illustre et savant ami, M. Adalbert de Chamisso lui-même. Le Sphérocoque de Chamisso n'adhère point au papier; ses frondes sont très-com- . pliquées, et d'un violet rougeâtre assez foncé; son aspect, quoique élégant, a quelque chose de spinescent et de rigide. Nous ne doutons pas que ce ne soient des échantillons plus grèles de cette espèce, qui aient été pris pour le Sphærococcus Teedii, par des auteurs, qui ont indiqué ce dernier comme étant commun aux rivages de l'Europe chaude et de l'Amé- rique méridionale ; ce qui ne nous parait pas être exact. 60. SPHÉROCOQUE DE Lesson, Sphærococcus (Lessonii). Fronde adultà cartilagenet-corneä, compositä ; ramis angustatis, irregu- lariter pinnatifidis ; pinnulis acutis, diaphanis, tridæis; capsule in pinnulis inferioribus confertis. N. Cette espèce, en tout plus allongée et plus égale que les Sphé- rocoques Teedien, de Chamisso, et porte-grappes, qui s'en rap- prochent, est aussi d’une consistance cartilaginéo-cornée, bien plus solide. Le Sphærococcus (corniculatus). Fronde gelatinoso- cartilaginea filiformi , infernè tereti et nudå, supernè compressä _etbipinnatä; pinnis horizontalibus; apicibus teretibus acuminatis d'Agardh. Spec., p. 288; Fucus corniculatus de Turner. Hist. Fuc. 182, est la même plante, dans l'état de jeunesse, très-dif- férent de l'état adulte. Nous avons trouvé sur les mêmes empate- ments des frondes de toutes les formes, depuis celles qui sont simples etlinéaires, longues d'un pouce, gélatineuseset d'un beau Voyage de la Coquille— Botanique. ` 22 170 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. violet chatoyant, jusqu’à des échantillons de dix pouces, très-ra- meux , durs, noirâtres, dont les extrémités seules, toujours gélatineuses, répandaient les reflets roses ou violets du plus bel iris. Les variétés 8 ramentaceus et angustus du Sphæro- coccus Chamissoi, dans Agardh, Sp., p. 279 , ne sont encore que la même plante , mais adulte et plus oumoins grêle, ainsi que nous nous en sommes convaincu en trouvant sur les mêmes pieds toutes ces formes réunies. Dans la jeunesse, la plante adhère fortement au papier, du moins par les extrémi- tés. Ces extrémités conservent, en se desséchant, quelque chose de leur couleur rose ou azurine; mais la partie cartilagimeuse et dure de la plante devient, dans l'herbier, d'un noir teint de reflets couleur de puce. Les fructifications ne se développent que sur Les plus petites pinnules inférieures, qu'elles garnissent très-dru pour en former comme des spinules noires, qui héris- sent latéralement la base des rameaux. Les vieux échantillons, macérés oumal préparés, prennent une couleur blonde, et devien: nent comme de la corne. Nous croyons avoir distingué les deux variétés mentionnées par Agardh, dans les échantillons que nous avons eu occasion de préparer; mais les nuances intermédiaires que nous y avons remarquées ne permettent guère d'accorder beaucoup de confiance à ces deux distinctions. a: Sphærococcus (Lessonit); Ramentaceus. Ramis elongatis, numerosis; capsulis minutissimis. Sphærococcus (Chamissoi y ramentaceus). Pinnæ basi atte- nuatæ; jugamento triplo tenuiores. Agardh, Spec., p. 279- C'est de la côte du Chili que M. Durville a rapporté cette plante, dont les frondes sont très-composées, vaguement pin- natifides, avec les rameaux latéraux souvent aussi longs que la fronde même dont ils font partie, et dont la lame sinueuse a d'une à deux lignes de largeur ; les gongyles y sont plus petits que dans la variété suivante. BOTANIQUE. HJI 6. Sphærococcus (Lessonii); Augustus. Frondibus longioribus, angustis; ramis strictis gracile-vagis. Sphærococcus (Chamissoi ò Angustus). Tota frons tenuior, ferè Jiliformi, minor rigida, irregulariter divisa. Agardh, Sp., p- 279. D'une sorte d'empatement radical partent une multitude de tiges ou frondes , dont beaucoup avortent et demeurent cor- niculées , cylindriques , longues au plus d’un pouce à un pouce et demi; d'autres, sans se ramifier beaucoup, atteignent de trois à cinq pouces, demeurent cylindracées, et ne portent que bien peu de fructifications. Les frondes qui parviennent à tout le développement possible n'ont pas moins d'un pied, et, en s’élargissant en lames, elles n'ont jamais plus d’une ligne de large quand elles ne demeurent pas simplement comprimées et pres- que filiformes. Les rameaux qui s'en échappent cet là sans ordre à droite et à gauche, y sont en tout pareils, et vagues, munis de petites pinnules éparses, bien moins compliquées que dans la variété; ces pinnules se chargeant de gongyles plus gros, rappellent un peu la disposition des pinnules fructifères du Sphérocoque de Chauvin et du Sphérocoque porte-grappes. Outre les échantillons de cette variété rapportés par M. Dur- ville, et qui pour la plupart venaient de la Concepcion au Chili, nous en avons recu de détériorés, qui avaient été re- cueillis sur la côte pierreuse de Payta au Pérou, sous le cin- quième degré de latitude Sud. Gr. SrHérocoQUuE PorrE-erarres , Sphærococcus (Uvifer). Fronde cartilagineä, lineart-ensatä, latiusculé, bi-tripinnatifidä ; pinnulis subsetaceis , capsulæ agglomeratæ ferens. N. Sphærococcus (Chamissoi 8 Uvifer). Minor, capsule in for- mam uvæ agglomeratæ. Agardh, Spec., p. 277. Malgré Tépithète de minor, donnéepar M. Agardh à sa variété p du Sphærococcus Chamissoii, nous whésitons pas à regarder sa plante et la nôtre comme identiques; maison ne peutla con- 22. 172 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. sidérer comme une variété du véritable Chamissort qui en est trop différente. Notre Sphérocoque porte-grappes a ses frondes larges de trois à six lignes, c'est-à-dire doubles de celles du Chamissoi, plus consistantes, très-décomposées dans l'état de stérilité, mais devenant comme simplement pinnatifides de loin en loin, quand les fructifications s’y développant en quan- tité , autour des dernières ramules, en font comme de petites grappes où les gongyles ne sont pas plus gros que des œufs de petits poissons. La plante alors se décolore et prend une teinte cornée. MM. Durville et Lesson ont rapporté le Sphérocoque dont il est question des côtes du Chili. Nous possédons un échantillon que feu le chanoine Cabréra nous envoya de Cadiz, et qu’il est absolument impossible d'en distinguer. 62. SPHÉROCOQUE Discrerinaz, Sphærococcus (Disciplinalis). Fronde composito-dichotomé, planá; laciniis extremis flabellato- fasciculatis, radiantibus, acutiusculis. Nous avions précédemment reçu cette plante comme venant du cap Horn, et des côtes orientales de l'Amérique du Sud. Nous en devions la connaissance à M. Chauvin de Caen. MM. Lesson et Durville en ont rapporté de la Concepcion au Chili des échantillons où nous avons constaté l'identité, quoi- que d'âges différents. Les frondes , dont nous ne possédons aucune réunie sur une même racine tiennent, quant au facies général , de certaines variétés étroites du Fucus polymorphus de Lamouroux , qui est maintenant un Chondrus; inférieurement atténuées , deux ou trois fois divisées ou irrégulièrement dichotomes, plates, lar- ges d’une ligne au plus, leurs divisions ou lanières se fissent presque tout-à-coup, comme les côtes d’un éventail qui s'ouvre, en dichotomies linéaires lesquelles, se divisant toujours dicho- tomiquement en s'alongeant, imitent assez bien ces faisceaux BOTANIQUE. 173 de ficelles pieusement arrangées et dont les confréries de disciplinants faisaient usage dans certaines processions, qui commencent à passer de mode. Les gongyles qui sont de la grosseur d'un grain de moutarde se développent sur les côtes des frondes, et nous les y avons trouvés épars. La couleur de la plante est d'un vert olivâtre tirant au rougeâtre; sa lon- gueur est de cinq à six pouces. 63. Spnérocoque CHONDROPHYLLE, Sphærococcus ( Chondro- phyllus). Fronde planä, compressé, dichotomä; segmentis linea- ribus, strictis, fastigiatis, sensim angustatis, apice obtusis, emar- ginatis. Ag., Sp. Alg. p. 251 ; Syst., p. 217. Fucus (Chondrophyllus ). Fronde cartilagineo - coriacet , crasså, planá, lineari, enervi, dichotomáå ; ramis erecto-paten- tibus, strictis, fastigiatis ; apicibus obtusis, emarginatis. Turn., Hist. Fuc., t. IV, p. 63, plat. 292 ( excellente ). Cette espèce, que nous possédons en pleine fructification et dont les frondes sont légèrement corniculées vers leurs extré- mités, avait été découverte sur les côtes de la Nouvelle-Hol- lande par le savant Robert Brown, qui la communiqua à Turner. M. Lesson nous la rapporta de la Nouvelle-Guinée, et M. Durville de la Concepcion au Chili. 64. SPHÉROCOQUE PALMETroIDE, Sphærococcus ( Palmet- toides ). Fronde infernè cuneato-attenuatå, supernè dilatat., in lobis dichotomis fisså. Sphærococcus ( Palmetta). Stipite tereti , in laminam membra- naceam subpalmatam cunerformem desinente; apicibus ligulatis; capsulis in disco sessilibus? Kunth., Syst. Æquin., t. I. p. 3. C'est avec circonspection que nous établissons cette espèce sur un seul échantillon recueilli à Payta, et dont nous n'avons pas vu la fructification, mais qui cependant serait très-bien carac- térisée par son seul aspect. Cet échantillon consiste en près d’une douzaine de frondes, qui naissent indépendantes les unes des 174 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. autres, parasites sur les fragments d'une tige de quelque plus grand hydrophyte. Ces frondes , dont les extrémités ont beau- coup souffert, paraissent grossièrement flabelliformes, infé- rieurement atténuées en coin très-alongé , se fissant en deux, trois ou quatre dichotomies, qui présentent quelque chose de la figure des frondes du Sphérocoque à feuilles en éventail, mais qui, au lieu d'être subordonnées les unes aux autres sur une même tige, naissent éparses et solitaires et sontun peu plus grandes dans toutes leurs parties. La consistance de l'espèce dont il est question et sa figure générale qui la rapproche du Delesseria Palmetta de Lamouroux, pour laquelle on la prise certainement à tort, ont déterminé le nom que nous lui avons imposé. Elle a pris dans l’herbier une teinte de vert d'olive tendre, qui nétait peut-être pas la couleur qu'elle eut dans l'eau. Si notre plante n’est pas une modification de la suivante, il restera à en donner une figure quand on la possédera plus complète. En attendant on peut, pour se faire une idée approxi- mative de sa forme, jeter les yeux sur la mauvaise représenta- tion que donne Esper, pl. XL du Fucus Palmetta. 65. SPHÉROCOQUE A FEUILLES EN ÉVENTAIL, Pl. 17, Sphæro- coccus ( flabellifolius ). Stirpe caulescente ramoso ; ramis vagis ; frondibus foliaceis alternis, flabellato-dichotomis , segmentis obtusatis acutisve. Nous ne connaissons pas plus la fructification de cette très- belle espèce que celle de la précédente. C'est de.la Concepcion sur les côtes du Chili que M. Durville l'a rapportée. Ses racines, rameuses à la manière de celles des Laminaires saccharines, s'accrochent aux rochers, ou même sur le sable grossier du rivage. Il en part des tiges longues de plus d'un pied, de con- sistance cornée, d'un brun olivâtre, inférieurement grosses comme une plume de merle ou de geai, et se divisant en longs rameaux paniculés, flottant au gré des vagues. Les frondes ou BOTANIQUE. 175 plutôt les feuilles sont distribuées, dans l'étendue de ces tiges, comme le sont celles des plantes terrestres, alternes, supétiolées, cunéiformes et s'élargissant en éventail parfait, formé par deux ou trois dichotomies, dont les extrémités, ordinairement obtu- ses, tendent encore à se bilober. Dans quelques parties de la plante, les divisions se prolongent, se fourchent plusieurs fois, s’amincissent, et se terminent en divisions linéaires, aiguës ou obtuses, mais toujours dichotomes. La plante fraiche, si nous en jugeons par quelques parties qui se sont très-bien conservées, doit ètre d’un très-beau vert sur les feuilles vigoureuses. Celles des extrémités qui ne sont pas entièrement développées, ou celles de la base quand elles commencent à vieillir, se teignent en brun, en blond, ou même en rose livide. Une certaine trans- parence ajoute à l'élégance du port et des nuances de l'espèce du Sphérocoque qui vient d’être décrite. Explication des Figures. PI. 17. Le Sphérocoque à feuilles en éventail. de grandeur naturelle, avec ses racines, ses tiges et ses feuilles, mais sans fructification. 66. SrnérocoqQue Coran , PL. 16, Sphærococcus ( Coral- linus). Stirpe caulescente ramoso ; frondibus planıs, dichotomis, linearibus elongatis, apice obtusatis. Cette espèce de Sphérocoque pourrait bien être voisine du Sphærococcus Furcellatus de M. Kunth., Syst. Æquin., t. T, P- 4, qui, n'ayant pas été figuré, ne peut être réputé connu d'après le peu qu'en dit l'auteur de la Botanique de M. de Humboldt. Nous n'en connaissons pas non plus la fructification. D'un empatement ou de racines un peu rameuses, si nous en jugeons par ce que nous en avons vu, s'élèvent quelques 176 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. tiges, dans le genre de celles du Sphérocoque à feuilles en éven- tail, de la grosseur d’une plume de merle, d'où partent des frondes membraneuses, dont quelques-unes se développant mal, demeurent simples, fourchues ou irrégulièrement divi- sées. Celles qui prennent tout leur accroissement, inférieure- ment atténuées en coin, puis dichotomiquement lobées en éventail, s'alongent toujours en dichotomies assez régulières jus- .qu'’à huit fois de la manière la plus élégante. Ces frondes, bien développées,n’acquièrent pas moins de dix pouces et même d'un pied de long, en devenant plus étroites à mesure qu'elles se divisent et s'alongent ; à l'endroit le plus large, elles n'ont pas moins de cinq à six lignes, elles finissent par n'avoir pas une ligne vers les extrémités, qui, toujours obtuses, téndent à se bilober. La couleur de toute la plante était d'un beau rouge corallin, qui s'est affaibli quand nous l'avons remouillée pour la préparer et la peindre. C’est de la Concepcion sur la côte du Chili que M. Durville a rapporté cette belle plante, dont quelques rameaux sur cer- tains individus, affectaient des formes analogues à celles dé cer- taines frondes linéaires et variantes du Sphérocoque à feuilles en éventail. Dans un paquet de Fucus, rapporté de Payta par le même naturaliste, nous avons trouvé divers fragments dé- tériorés, épaissis, devenus d’un brun noirâtre, que nous croyons appartenir à l'espèce qui vient de nous occuper, et qui alors se retrouverait dans le Pérou assez près de la ligne. Explication des Figures. PI. 16. Le Sphérocoque Corallin, de grandeur naturelle, portant sur la même racine des frondes dans divers états de développement, mais sans la fructification, qui nous demeure inconnue. BOTANIQUE. ; 177 67. SPHÉROCOQUE DE GaunicHaun, Sphærococcus ( Gaudi- chaudii). Fronde cartilagineä , vagè dichotomo-ramoså ; ramis divaricato-fimbriatis. Cette espèce fort élégante, d'une consistance cartilagineuse, quoique mince, dont l’empatement émet plusieurs frondes très-composées, irréculièrement dichotomes ou rameuses , est d'une assez belle couleur pourpre vineuse, qui, par la décom- position ou la dessiccation de la plante, passe au verdâtre dans plusieurs de ses parties, particulièrement aux extrémités. Elle forme des touffes de quatre à cinq pouces; et, dans les échan- tillons que nous en avons préparés, il a été facile de reconnaitre deux variétés tranchées, dont il n’est pourtant pas possible de former deux espèces distinctes, à` cause des passages qui leur servent d'intermédiaires. a. Sphærococcus ( Gaudichaudii) Lucidus. Frondibus latio- ribus; ramis ultimis furcato-dentatis. Sphærococcus ( Lucidus ). Fronde submembranaceá , planá, li- neari ; ramis bipinnatis, truncatis, sorophyilis marginalibus, sessi libus oblongo-urceolatis compressis. Agardh, Spec. Alg., p. 292; Syst, p. 228. Fucus ( Lucidus ). Fronde cartilagineo-membranaceá , planá, lineari, sub enervi, vagè ramoså ; ramis bipinnatis ; pinnis alternis, decurrentibus, truncatis ; receptaculis marginalibus , sessilibus, oblongo- urceolatis. T urner, Hist., tom. IY, p. 99; Plat. 238. Sphærococcus fimbriatus: Durville, Hor. Mal, n° 17. Turner avait reçu cette plante des rives méridionales de la Nouvelle-Hollande : M. Lesson nous-en a donné un échantillon qu'il avait recueilli aux Malouines ; M. Durville nous Fa rap- portée de la Concepcion au Chili; et M. Gaudichaud y a re- connu, dans notre herbier, l'espèce qu'il rapporta du cap de Bonne-Espérance, qui communiquée à M: Agardh, est, à ce qu'il Voyage de la Coquille, — Botanique. 23 178 7 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. assure, celle que lalgologue suédois a désignée sous le nom de Sphærococcus (fimbriatus ), Fronde cartilagineo-membranaceä subdichotomå crispå, segmentis dilatatis, margine fimbriatis ; Spec. Alg., p. 299, et Syst., p. 231. Les frondes de cette belle variété ont jusqu'à quatre lignes de largeur au point où elles se divisent en rameaux, ou plutôt en lanières qui en ont une à peu près, et qui conservent leur largeur jusqu'à leur extré- mité, où, irrégulièrement dichotomes, elles se fourchent et se terminent en pointes kengäoitasso non maide comme dans la variété suivante. B. Sphærococcus ( Gaudichaudii ) Muki tfidus. Frondibus an- gustioribus; ramulis ultimis, dichotomo-elongatis, angustis- simis. ; Nous avons trouvé cette plante confondue dans les échan- tillons de la variété précédente, rapportés des Malouines par M. Lesson. C'est M. Gaudichaud lui-même qui l'a reconnue dans notre herbier pour celle qu'il avait trouvée aux mêmes lieux, qu'il communiqua à M. Agardh, et que celui-ci regar- dait comme étant une variété de son Delesseria Plocamium, avec laquelle cependant elle ne présente pas la moindre res- semblance, soit par ses formes, soit par sa consistance, soit par ses couleurs. Les frondes de la jolie variété qui nous oc- cupe different de celles du type, en ce qu'elles sont infiniment plus étroites, et qu'elles n’atteignent pas même à une ligne de lar- geur : la dichotomie des rameaux ou lanières, qui sont linéaires, est plus régulière; et ces lanières, s'alongeant à leurs extrémités, finissent par se terminer en divisions aussi menues que celles qui donnent au Sphærococcus Heredia un aspect si élégant. XXIIT. HazymÉnE, Halymenia. M. Agardh, fondateur de ce genre, y admit des espèces dis- BOTANIQUE. 179 parates ; ce qui avait porté feu le professeur Lamouroux à le rejeter * : cependant, restreint dans ses véritables limites, il ne laisse pas que d'être bon, et nous l'avons adopté en lui assi- gnant pour caractères : frondes laminaires laciniées, dépour- vues de nervures quelconques, dans la substance desquelles se développent des gongyles punctiformes épars, qui ressemblent à de simples grains turgescents de la molécule constitutrice que ne lie point un réseau fibrillaire, comme il arrive dans nos Iridées, avec lesquelles, à un peu moins de consistance près, les Halyménies offrent une sorte de ressemblance. Ces plantes faisaient partie du genre Delesseria de Lamouroux, lequel ne se trouvait pas moins que l' Halymenia d'Agardh, composé d'es- pèces incohérentes. Le Fucus Floresius de Don Simon de Rojas y Clemente rentre parmi nos Halyménies, ainsi que le Fucus Proteus de la Flore d'Égypte, plantes qui pourraient bien n'être pas identiques, encore que le professeur de Lund les ait confondues. Les Ha- lyménies sont des végétaux élégants, agréablement colorés, et d'une certaine transparence qui contribue à la vivacité des teintes dont ils sont parés. Nous devons la connaissance de deux espèces nouvelles de ce genre aux naturalistes de /a Coquille. 68. Hazvménie variée, PL. 14, Halymenia (variegata ), La- mina lobato-fissa ; laciniis vagè bi-seu tripinnatifidis, extremi- tatibus dilatato-laceratis. : Les échantillons que nous possédons de cette élégante es- pèce ont dans le facies quelque rapport avec les variétés à divisions les plus étroites du Delesseria ciliata de Lamouroux, qui est le Sphæroccocus ciliatus de M. Agardh. Ils consistent en des frondes membraneuses, adhérant fortement au papier sur lequel on les prépara, longues de trois à cinq pouces, pro- * Voyez notre Dictionnaire classique d'histoire naturelle, t. VIII. 23. 180 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. fondément divisées en lobes ou en lanières, obscurément pinna- tifides, s'amincissant, vers leur insertion, de trois à huit lignes et plus de large, s’arrondissant vers leurs extrémités où elles sont irrégulièrement déchirées en petits lobes fourchus, par la tendance qu’elles ont à se diviser à mesure qu'elles se dévelop- pent. La couleur dominante est d’un rouge sanglant ou d'un rose tendre, passant à diverses nuances de verdätre à me- sure que la plante se détériore par la macération. Quelques fragments qui n'ont pas été remouillés et disposés sur le pa- pier où ils eussent fortement adhéré deviennent, au contraire, d'un violet noirâtre tirant sur le puce. Cette plante a été rap- portée des mers de la Nouvelle-Guinée par M. Lesson, et de la Concepcion sur la côte du Chili par M. Durville. Explication des Figures. PL 14, fig. A. L'Halyménie variée dessinée dans Peau où nous la faisions revenir, avec les nuances qui l'y embellissaient (échantillon de la Nouvelle-Guinée ). B. L’une des divisions des frondes. récoltées au Chili, ayant perdu ses belles teintes, et prête à se dissoudre en une gelée muqueuse par une trop longue macé- ration dans l’eau. C. Autre division d’une fronde qui ne fut pas remouillée, non adhérente au papier, et telle qu’elle s'était conservée par la préparation faite sur les lieux. D. L'une des petites déchirures du pourtour des lobes de la plante, vue au gros- sissement d’une ligne de foyer, où l’on reconnaît que l’'Halyménie est formée de deux lames de molécules globulaires qui présentent une coloration plus foncée, où elles sont doubles, c’est-à-dire appliquées l’une ‘contre P demeure plus påle, où, par déchirement, l’une des lames ayant été enlevée, il ne reste plus que l’autre. Les gongyles sont épars dans la reconnaissent par leur coloration plus vive : à peine sarmé. autre; tandis que la coloration substance moléculaire, et s’y les distingue-t-on à l'œil dé- 69. HALYMÉNIE DE Dürvizze, Pl. 15, Halymenia ( Durvillwi ). Infernè attenuato-cuneatä > Mullifidä ; laciniis pinnatifido-dicho- BOTANIQUE. 18r tomis, elongato-flaxidissimis, linearibus acutis, vagè subdenti- culatis. C'est du Port-Praslin, dansla N ouvelle-Irlande, que M. Dur- ville rapporta cette belle espèce, qu'il était conséquemment juste de lui dédier. Les frondes que nous avons sous les yeux peuvent avoir d'un à deux pieds de longueur; inférieurement atténuées en coin, et comme stipitées ; le petit empatement corné et brunâtre qui leur sert de racine s'attache à quelques cailloux ou sur des fragments de coquillage. Il est de ces frondes qui s'élargissent d'abord considérablement, et qui se divisent bien- tôt en une multitude de lanières, dont plusieurs, s’alongeant et se divisant considérablement, n’ont pas moins d'un pouce à quinze lignes de largeur, et finissent par aller en diminuant à. mesure qu'elles se partagent en une quantité de lanières linéaires indifféremment alternes, ou vaguement dicho- tomes et rameuses, ou comme pinnatifides. Des denticules épars, éloignés sans ordre les uns des autres, se voient par- fois sur les bords. La fructification nous demeure inconnue ; sa couleur parait avoir été du plus beau vert tirant sur celui des ulves, si nous en jugeons par certaines parties de nos échantil- lons où ce verts’est fort bien conservé. Mais, en général, la plante, remise dans l'eau pour la mieux observer, a pris la teinte olivätre qu'on lui voit dans une partie de notre dessin. Elle adhère fortement aù papier, sur lequel on peut juger encore de sa transparence par l'effet d'assombrissement qu'y produisent celles des lanières qui se croisent et passent les unes par-dessus les autres. Famire Des Déressériées, Delesseriæ. Cette famille se compose presque entièrement des plantes dont M. le professeur Lamouroux formait son genre de Delesseria, genre que l'augmentation de nos connaissances en hydrophyto- 182 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. logie a mis dans la nécessité de diviser en genres nouveaux, répartis dans des familles diverses. Nous ne conservons ici des Délesséries de notre savant compatriote et ami que celles dont les frondes ou expansions en forme de feuilles sont munies de nervures distinctes. Ce grand caractère sépare les Délessériées des Halyméniées, où, comme nous l'avons dit plus haut, aucune nervure ne se fait remarquer. Peu de plantes ma- rines sont aussi compliquées : non-seulement on y voit des ra- cines et des tiges, mais encore des rameaux qui se chargent de frondes analogues aux feuilles des cotylédonées, et qui doi- vent leur figure phanérogamique aux côtes qui en sup- portent la texture. Un réseau à mailles polygones y contient la mucosité et la globuline constitutrices. La -fructification y est constamment biforme, c'est-à-dire qu'il y a des gongyles tuberculeux , homogènes et épars, avec des corpuscules gigar- tins, disposés sur les nervures ou sur la marge des frondes. Les plus belles couleurs les diaprent et en font les ornements de la mer. Deux Délessériées appartenant aux genres Délessérie et Dawsonie, ont été rapportées par lės naturalistes de {4 Co- quille. XXIV. Dawson, Dawsonia. C'est avec pleine raison que M. Bachelot de la Pilaye, dans un Mémoire sur le genre de mousses, appelé Dawsonia par . un botaniste anglais ', a réclamé ľantériorité qui consacrait ce nom dansla botanique des eaux. Avant que l'illustre R. Brown eùt fait connaitre-sa plante, M. Palisot de Beauvois, reconnais- sant la nécessité de former aux dépens des Fucus de Linné différents genres, crut ne pouvoir dédier plus convenablement 1 l’un de ceux qui se distinguaient par plus d'élégance qu'au © Inséré dans le Journal d'histoire naturelle, année 1814, vol. III, p. 131. BOTANIQUE. 183 savant auteur d'une élégante histoire des Fucus. Lamouroux après Beauvois, adoptant lenom de Dawsonia, parce qu'il était alors célèbre dans l'empire d Amphitrite, l'appliqua à l'un des groupes qu'il séparait de son genre Délessérie, dont il avait enfin senti la nécessité d'opérer le démembrement. Selon ce savant, les Dawsonies offrent pour caractère des feuilles planes parcourues par une ou plusieurs. nervures longitudinales, simples ou rameuses, et ne se prolongeant jamais jusqu'aux extrémités ou sur les bords des feuilles. Quant à ce que notre algologue dit d’une double fructification, nous ne l'avons point reconnue. Pour nous, les Dawsonies sont celles des Délesséries de Lamouroux, dont la fronde lobée ou rameuse, non munie d’une côte longitudinale mitoyenne, est comme veinée, dans la partie inférieure de sa longueur, par l'effet de nervures vagues, divergentes , sinueuses, quelquefois divisées ou s’anastomosant obscurément. La fructification consiste en propagules, réunis or- dinairement par quatre en gongyles opaques, arrondis, groupés en certain nombre dans l'intérieur de petites macules colorées, de forme ovale, répandues au hasard, et souvent en grand nom- 5 bre, sur la totalité des frondes, particulièrement aux extrémités, où les nervures ne sont plus apparentes. Toutes les Dawsonies connues sont colorées en rose plus ou moins foncé, et tirant au pourpre. Ce sont des plantes gracieuses, transparentes, extrêmement flexibles, et qui n’adhèrent qu'imparfaitement au papier par la préparation ; aucune n’est d’une grande taille. Le Delesseria lacerata de Lamouroux peut être considéré comme le type de ce genre, auquel appartiennent encore les Delesseria lobata et Gmelini du même auteur. L'expédition de la Coguille wa ajouté qu'une espèce à ce genre. 70. Dawsoni£ DE Durvize, PL 19, fig. 1 , Dawsonia (Dur- villæi). Caule divisà; frondibus infernè elongato-cuneatis, supernè dilatato vagè lacerato-lobatis. 184 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. C'est de la Concepcion au Chili que M. Durville nous a rap- porté cette élégante Dawsonie , dont l'échantillon que nous avons sous les yeux a six pouces environ de longueur. La tige est cylindrique et d'une substance assez dure ; elle se fourche, et il n’en résulte pas exactement des rameaux, mais des frondes tendant toujours à se fourcher, inférieurement amincies en coin, et se divisant profondément par leur bord élargi en lobes profonds, à la surface entière desquels sont distribuées, comme ce que les conchiliologistes ont appelé chiures de mou- ches, les petites taches que forment les groupes de gongyles. Les nervures qui semblent être les expansions de la fibre caulinaire, et qui, à peine visibles, vont, en divergeant et en s’effacant, de la base des frondes à leurs extrémités, disparaissent presque en to- talité par la dessiccation de la plante, qui prend une couleur rouge-brunâtre; tandis que, dans l’état de fraicheur et à l'instant où nous l'avons remouillée pour la figurer, elle était de l’incarnat le plus tendre, reflétant , sous certains aspects, des nuances un peu violettes. Les extrémités surtout étaient d’une transparence qui ajoutait à l'air délicat et à l'élégance du végétal, lequel a perdu dans notre herbier beaucoup de sa beauté, à cause sans doute de sa préparation tardive. Explication des Planches. Pl. 19, fig. 1. La Dawsonie de Durville, de grandeur naturelle. A. Fragment d’une extrémité grossie à deux lignes de foyer. B. Tissu de la fronde bien évidemment formée de deux lames aréolaires super- posées , dont les mailles hexagones sont vues à une derai-ligne de foyer. C. Un gongyle, au même grossissement , extrait de l’un des groupes où on les trouve ordinairement agelomérés au nombre de six au plus. D. Deux propagules, au même grossissement, séparés, pour montrer leur forme individuelle, et comment ils se juxta-posent par le côté conique. E. Fragment terminal d’une fronde, de grandeur naturelle , avec la couleur que notre échantillon a prise dans l’herbier. BOTANIQUE. 185 XXV. Déressérie, Delesseria. Nous ne conservons du vaste genre dédié sous ce nom au Bancks de la France par feu le professeur Lamouroux, qu'un groupe dont les espèces sont d'une beauté singulière, et qui se trouve l'un des plus naturels et des plus distincts de toute la classe des hydrophytes. Les caractères des Délesséries ainsi restreints sont : Tiges rameuses, portant des frondes phylloïdes, munies d’une côte longitudinale, d'où partent, par paires oppo- sées, les nervures secondaires ou transverses. La fructification y est double ou de deux natures; elle consiste en tubercules sphériques, d'apparence homogène, annelés, semblables à ceux des Sphérocoques, et, comme dans les espèces de ce genre, dispersés ou pédonculés sur la surface de la plante, principa- lement sur les nervures, ou bien en gongyles pédicellés, à forme de petites massues, remplis de‘propagules opaques, colo- rées, et qui sont émises principalement de la côte des frondes ou de la marge de celles-ci, comme il arrive si fréquemment dans les Sphérocoques, distingués principalement des Déles- séries véritables par l'absence de toute nervure, et surtout par la consistance qui est bien plus cartilagineuse dans ces dernières. Les espèces du genre dont il est question ont leurs expansions bien plus délicates; elles ont toute la finesse et la transparence d’une lame bien mince de baudruche, et adhèrent légèrement au papier. Deux ou trois des espèces, assez répandues sur nos côtes océaniques, y sont bien certainement les plus beaux végétaux de la mer, soit par leur port gracieux, soit par la vivacité de la pourpre qui les colore. La nouvelle Délesserie ajoutée par M. Durville au catalo- gue de celles qui nous étaient déja connues est d'autant plus remarquable, que seule entre ses congénères, elle ne Voyage de la Coquille. — Botanique. 24 186 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. parait pas, même dans son état de fraicheur, présenter de teintes rouges; au contraire, les échantillons que nous avons fait revenir pour les examiner et pour en saisir le port et les nuances, étaient d'un assez beau vert, qui est devenu un peu jaunâtre par la dessiccation. Peut-être la plante avait-elle été en contact, après qu'on l'eut recueillie, avec des Desmaresties, dont la propriété est d’altérer promptement la couleur des Floridées, même quand. elles les touchent seulement durant quelques instants; ou avait-elle subi un commencement de fermentation avant d'être desséchée pour nous être communiquée? Quoi qu'il en soit, nous la décrirons telle qu'elle nous est parvenue. 71. DÉLESSÉRIE A FEUILLES DE CHÊNE, PI. 18, fig. 1, Deles- seria (quercifolia). Caule ramoso ; foliis lérato-runcinatis, tenuis- simè membranaceis , lobis acutis. On la trouve aux Malouines, croissant sur les galets du rivage; nous n'en avons pas vu la fructification : elle est plus mince qu'aucune de ses congénères, et s'applique plus for- tement au papier. Explication des Figures. PI. 18, fig. 1, A. La Délessérie à feuilles de chêne, de grandeur naturelle, et telle qu’elle paraissait dans l’eau où nous la fimes revenir pour la peindre. B. Le tissu aréolaire de ses frondes membraneuses, vu à une demi-ligne de foyer. Faire pes ULvacÉées, Ulvaceæ.. Linné avait donné pour caractères au genre d'algues qu'il forma sous le nom d' Uka : la fructification répandue dans une expansion membraneuse; et comme le peu d'espèces que men- tionna ce savant étaient vertes, ses disciples accumulèrent dans ce genre toute algue aquatique membraneuse de couleur verte, BOTANIQUE. 187 soit qu'ils y distinguassent ou non des Corpuscules opaques, épars, regardés comme des organes reproducteurs. Dans sa Flore française, M. Decandolle n'ayant même pas égard à la couleur, son genre Ulva s'augmenta de tous les hydrophytes où l’on ne distinguait pas de nervures sur les expansions, et qui ne portaient pas, comme les espèces du genre Fucus, des tubercules évidents remplis de gongyles. M. Lamouroux, élimi- nant d'un groupe si mal assorti une partie de ce qui n'y pouvait demeurer, éleva le genre Ulve au rang des ordres; mais empruntant ses caractères de la couleur verte, il ne laissa pas que d'y admettre des plantes violettes et des plantes bru- nes, que ne rapprochaient pas en outre de suffisantes conve- nances. Les Ulves ne diffèrent point assez, par leur organisa- tion, des Floridées de M. Lamouroux, pour qu'on les en doive si fort éloigner. Ce sont, à peu de chose près, des Halyménies d'une autre teinte; et c'est par une sorte de concession faite à l'usage, que nous les séparons de ces dernières pour former dans le même ordre une famille particulière, où l'on verra que la teinteverteest la dominante,mais dontles caractères consisteront pour nous dans la forme des expansions non tubuleuses, géla- tinoso-membraneuses, devenant minces et plus transparentes avec l'âge, constituées par une globuline juxta-posée, très-pressée, sans qu'un réseau fibrillaire la paraisse retenir, où les propa- gules enfin se groupent en gongyles épars et irréguliers, ou d'autres fois rapprochés deux par deux et quatre par quatre , disposition qui fournit d'excellents moyens de distinction géné- rique. Du reste, les Ulvacées n’ont pas une consistance plus her- bacée que les autres hydrophytes, ainsi qu'on l'a avancé. Par les caractères que nous assignons à cette famille, on sent bien que les espèces tubuleuses qu'on était dans l'usage d'y rap- porter s'en trouvent éloignées. Nous y admettons les quatre genres Anadyomène, Porphyra, Ulva et Caulerpa, dont les deux i 24. 188 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. derniers seulement ont fourni quelques espèces aux natura- listes de la Coquille. _XXVL Urve, UNa) Réduit dans les limites que nous lui assignons, et qui sont aussi celles où le restreignit M. Agardh dans son dernier ouvrage *, les caractères de ce genre sont : Frònde plane, composée d’une expansion membraneuse, unie, ayant des gon- gyles très-petits, disposés quatre par quatre dans son étendue. On a pu voir, dans notre Introduction, que les Ulves étaient des plantes essentiellement cosmopolites. Nous avons reçu les mêmes espèces de presque tous les rivages du monde. Ces espèces, qui se ressemblent beaucoup, sont très-difficiles à distinguer les unes des autres; elles sont toutes du plus beau vert, et ne passent à d'autres teintes que par l'effet de l'alté- ration qu'y portent l’âge, l'exposition à l'air, la macération, ou bien une préparation négligée. 72. Ukve rRès-Larce, Uka (Latissima). Oblonga, plana, undulata, membranacea, viridis ; Linn., Spec. Plant., p. 1632. Fronde Ra vel subrotundá planá; Agardh, os Alg., p- 407; Syst., p. 188. Roth, qui avait reçu cette espèce des côtes de l'Inde, en avait fait son Ulva indica (Catal. III, p. 327). On la trouve assez fréquemment sur plusieurs points de nos côtes, où se confondent fréquemment avec elle les diverses variétés des Ulka Lactuca et Umbilicals. Nous en possédons un échantillon de la Nouvelle-Hollande. M. Durville l'a retrouvée à la Concep- cion sur les côtes du Chili. 73. Urve Umumiricaze, Ulva (Umbilicalis). Fronde expansä 1 Systema Algarum, n° 66, p. xxxvij et 188. BOTANIQUE. 189 e centro radicatä, margine undulatà, crispå, lacerato-lobatä divisa. Uka umbilicalis. Roth., Catal. II, p. 325. Ulva latissima y umbilicalis. Ag. , Syst. Alg. , p. 108 ; Syst., p. 189. Cette plante est l'une des plus communes sur nos côtes, où elle varie pour la taille; la consistance, l'intensité de la cou- leur, et la profondeur des lobes ou divisions, qui la font par- fois paraitre composée. Elle diffère essentiellement de la pré- cédente, qui est beaucoup plus grande, ovale, laminaire, entière, peu ondulée, enracinée au point du bord vers lequel elle s'amincit sensiblement, et en ce qu'elle est fixée par sa sur- face inférieure même, soit centralement, soit un peu vers un côté de l'expansion. Ses bords, très-ondulés et souvent crépus, se déchirent en lobes, qui, devenant fort profonds, finissent par former autant de lanières assez ressemblantes aux indi- vidus de l’ Ulva Lactuca. Nous en possédons un échantillon de la Nouvelle-Hollande, trouvé dans le paquet d’hydrophytes que nous donna M. Lesson. Un autre nous a été rapporté de Payta, sur la côte du Pérou, par les cinq degrés Sud. 74. Urve Larrue, Ulva (Lactuca). Frondibus ovato-elongatis, enfernè attenuatis, margine undulato-crispis, subdivisis. Uka Lactuca. Linn., Spec. Plant. , 1632; Ag., Syst. Alg., p- 409. Cette espèce, non moins commune sur nos côtes que les deux espèces précédentes, semble y être leur intermédiaire. Disposée laminairement et fixée par un des points du pour- tour de sa base amincie, elle se déforme en vieillissant, devient très-onduleuse, se crépe et se frise par ses bords. Plus petite que l’une, elle devient plus longue que l’autre. Sa couleur, dans l'état de fraicheur, est assez intense. Nous la possédions déja des côtes de la Nouvelle-Orléans; nous en re- 190 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. trouvons quelques fragments parmi les hydrophytes rapportés du Port-Jackson par M. Durville. 75. Urve Némaroïne, Ulva (Nematoidea). Fronde laci- niatå ; laciniis linearibus , elongatis , undulatis, simpliciusculis, concoloribus. C'est de la Concepcion sur les côtes du Chili que M. Dur- ville a rapporté cette élégante espèce. Nous avons appris, par un autre marin qui l'a retrouvée à la baie de Los Chorillos, que les habitants des côtes Péruviennes la nomment Cucha- Luio, qu'ils prononcent Chutcha-louio. Le second de ces mots signifie, en langue du pays, herbe : nous ignorons ce que peut signifier le premier. L'Ulve Nématoïde mérite ce nom par la forme de ses divi- sions, qui ressemblent à de jolis rubans verts frisés vers les bords. Ces divisions ont jusqu'à deux pieds de long sur un pouce environ de large; elles partent assez confusément, mais cepen- dant, à ce gn parait, par paires, des bords Hiie fronde latéralement fixée, qu'on pourrait dire être palmée, si les lanières s'en échappaient moins irrégulièrement. Quelquefois ces lanières s'élargissent en se fourchant aux extrémités, qui d'ordinaire sont obtuses, et même très-arrondies. La couleur de cette Ulve est d’un beau vert d'herbe vif, uniforme par- tout; ce qui la distingue principalement de la suivante. 76. Urve Fascrée, Uka (Fasciata). Fronde laciniatä; laciniis linearibus divisis, margine viridioribus. | Ulva fasciata. Delille, Ægypt., p. 153, Plat. 58. Ulva latissima è Palmata. Ag., Spec. 1e Hp: HR Syst, 189. Cette espèce offre la plus grande ressemblance avec le Nematoidea , quant aux formes : ses divisions paraissent néan- moins se fourcher un peu davantage; elles semblent aussi être un peu moins-ondulées. Dans la jeunesse, elle se présente sous BOTANIQUE. 191 la forme d'une expansion ovale, ou pointue par l'extrémité, marginalement implantée, trés-crépue-sur les bords, qui sont d'un vert noir, tandis que le centre est d’un vert påle ou jau- nâtre. Quand cette fronde vient à se lacérer en lanières souvent assez longues, ces lanières, un peu plus étroites que celles de la précédente, conservent ce caractère, c'est-à-dire que leurs bords demeurent d’un vert beaucoup plus sombre que la teinte du milieu. M. Delille fit le premier connaître botanique- ment cette espèce, dans l’immortel ouvrage de la Commission d'Égypte : il en trouva le port d'Alexandrie tout rempli. M. Mérat nous en avait donné un échantillon recueilli à Toulon. M. Durville la retrouvée à la Concepcion sur les côtes du Chili. Cette Ulve pourrait bien n'être qu'un état du Nematoidea. XXVII. Caurerre, Caulerpa. La fructification des Caulerpes, qui ne sont peut-être pas de véritables Ulvacées, demeure totalement inconnue. Les ca- ractères de ce genre ne consistent encore que dans son facies étrange : la couleur verte de toutes ses parties, la transparence des expansions foliacées, ont jusqu'ici engagé les algologues à placer ces singulières productions dans le voisinage du genre qui vient de nous occuper; mais des tiges tracantes, d'une na- ture particulière, fixées dans le sable ou les débris calcaires du rivage par des faisceaux deracines capillaires blanchâtres et très- nombreuses, doivent nécessairement les en éloigner beaucoup. La consistance des Caulerpes est d'ailleurs très-différente de celle des Ulves, et même de celle de tous les hydrophytes. Elle a quelque chose de rigide, de scarieux, et même de corné, qui tient du stirpe des Sertulariées et des Tubulaires, au point qu'on les a supposées devoir étre des polypiers; ce qui nous 192 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. semble une erreur très-grave. Quoi qu'il en soit, ce sont des productions généralement fort élégantes, propres aux mers chaudes, et dont on n’a encore trouvé aucune espèce en dehors du quarantième degré de latitude. 77. CAULERPE DE FREYOINET, PL. 22, fig. 2, Caulerpa (Frey- cinetit). Frondibus dichotomis, linearibus, aculeato-serrats. Gaudichaud, Botan. de l'Uranie, p. 158; Agardh, Syst. Alg., p- 446; Syst., P- 184. Cette espèce fut découverte aux iles Mariannes par M. Gau- dichaud, dans la circumnavigation de l'Uranie; M. Durville l'a retrouvée à O-Taiti, ainsi qu'au Port-Praslin de la Nouvelle- Irlande. Avant d'avoir reconnu l'identité des échantillons rap- portés par la Coquille et de la plante de M. Gaudichaud, nous avions appelé Najadiformis cette Caulerpe, dont les frondes, quant à la forme, aux dentelures, à la consistance et à la cou- leur, ont la plus grande ressemblance avec celles du Najas ma- rina de Linné. Nous avons dû préférer la désignation imposée par M. Agardh, autant par respect pour l'antériorité, que pour saisir cette occasion de rappeler le nom cher à la science de notre ancien compagnon de voyage sur la corvette le Natura- liste, qui maintenant occupe une place non moins distinguée dans la marine française qu'à l'Académie des Sciences. Explication des Figures. PI. 22, fig. 2, B. La Caulerpe de Freycinet, de grandeur naturelle, et dans son état parfait de développement, d’après les exemplaires qu'en a rapportés M. Durville. © A. Rameaux où les frondes sont crispées et rabougries, sans doute par l'effet d’une conservation particulière, et tels qu’ils sont dans un échantillon que nous devons à la générosité de M. Gaudichaud. C. Un fragment de l'extrémité d’une fronde, au grossissement de deux lignes de foyer. Les rides qu’on y voit, et qui proviennent probablement d'un premier BOTANIQUE. 193 desséchement, ne doivent pas être confondues àvec des nervures dont la plante est entièrement dépourvue; et les macules moléculaires dont la lame est remplie ne nous ont rien présenté qui nous autorisât à y voir des organes reproducteurs. 78. Cauzerre DE Lesson, PI. 22, fig. 3, Caulerpa (Lessonii). Ramis furcato-dichotomis ; frondibus lineari-gracilibus, dentato- serratis ; dentibus elongatis , setaceo-mucronatis. M. Lesson a rapporté cette élégante espèce de l'ile d'Oualan „dans l'archipel des Carolines; elle offre quelque ressemblance, au premier aspect, avec le Fucus cupressoides de Turner, mais en diffère principalement, parce qu'il n’y existe pas de feuilles inbriquées, la fronde étant exactement plane, linéaire, et profondément dentée en scie à son pourtour. Par la dessiccation, la plante est devenue d’un vert noir, plus mince en toutes ses parties, de sorte qu’en se crispant un peu, les dentelures mar- ginales se sont un peu frisées ou irrégulièrement déjetées. Les tiges sont très-rameuses, de la grosseur d'une plume de pigeon, traçantes en tout sens, longues de plus d'un pied, et les ra- meaux qui s'en échappent ont jusqu'à trois ou quatre pouces, y compris les frondes : celles-ci se fourchent deux ou trois fois quand elles ne demeurent pas simples. Explication des Figures. Pl. 22, fig. 3, A. La Caulerpe de Lesson , de grandeur naturelle, B. Un fragment de fronde, grossi à deux lignes de foyer, où l’on voit que les h dentelures sont opposées et finement mucronées. 79. Cavrerre Piumaire, Caulerpa (Plumaris). Frondibus pinnato-pectinatis, pinnis linearibus oppositis- Agardh, Syst. Alg., p. 436. Voyage de la Coquille. — Botanique. 25 194 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Varietas 8 Longiseta, pinnis elongatis gracilibus. N. PI. 22, fig. 4. Notre Caulerpe appartient évidemment à l'espèce à laquelle nous la rapportons, et dont Turner a fort bien figuré le type, sous le nom de Fucus Taxifolius, dans la planche 54; mais elle en est une variété remarquable à frondes plus molles, et pa- raissant bien plus larges par l'effet des pinnules opposées, qui sont très-fines, longues de deux à trois lignes, et même de quatre. Ces frondes sont presque toutes simples, s'élèvent soli- taires et d'une tige peu rameuse, traçante, noirâtre, et qui n'est guère plus grosse qu'une chanterelle de violon. Elles sont presque sessiles ou très-brièvement pédonculées : leur lon- gueur, qui d'ordinaire n'excède guère deux pouces, atteint cependant à trois et demi sur quelques individus. Explication des Figures. Pl. 22, fig. 4,.A. La Caulerpe Plumaire variété &, de grandeur naturelle. B. Extrémité d’une fronde grossie avec une simple loupe. 80. CAULERPE SÉLAGE, Caulerpa (Selago). Ramentis setacets, dense-imbricatis. Ag., Spec. Alg., p. 442; Syst., p. 183. Fucus Selago. Turner, Hist. Fuc., plat. 55. Cette espèce a été décrite par Turner comme venant de la mer Rouge; M. Lesson nous l'a rapportée de l'archipel des Carolines. 81. CAULERPE A FEUILLES DE BRUYÈRE, Caulerpa (Ericifolia). Ramentis rigidis, lanceolatis, abreviatis,undiquè arcte-inbricatis. Ag., Spec. Alg., p. 442; Syst., p. 183. Fucus Ericifolius. Turner, Hist. Fuc., plat. 56. Cette espèce, que Turner a décrite comme lui venant des iles BOTANIQUE. 195 de l'Inde, a été retrouvée par M. Lesson dans l'archipel des Carolines. ORDRE QUATRIÈME. — ENCOELIÉS, Encælii. $ Considérant, dans notre manière d'étudier les hydrophytes, la disposition frondescente et la disposition tubuleuse capillacée de tels végétaux comme des conséquences d'organisation in- üme fort essentielles, nous avons toujours été surpris de ce que M. Lamouroux, qui s'occupa avec tant de succès des végé- taux de la mer, ait pu confondre, non-seulement dans de mêmes ordres , mais encore dans de mêmes familles, des plantes con- formées en lames avec plusieurs de celles qui sont évidemment fistuleuses. Quant à M. Agardh, il a été plus loin, puisqu'il confondit de véritables Conferves, des Fucacées, des Céra- miaires, des Ulvacées, dans plus d’un de ses genres si bizarre- ment composés. Cet algologue semble s'être étudié à rompre tous les rapports naturels, et Fon ne saurait deviner les motifs qui le purent déterminer, par exemple, à rapprocher, sous le nom de Codium substitué à un nom plus convenable déja una- nimement adopté, des Flabellaires et des Spongodies ; sous celui de Chondria, des Gigartines à üges et expansions solides, pleines et presque cornées, avec les Lomentaires de Lyngbye, qui sont tubuleuses, au point que nous y avions vu d’abord des Conferves. Nous n'en finirions pas si nous voulions entreprendre d'énu- mérer le grand nombre d’irrégularités méthodiques où s'égara le professeur suédois. Il suffit, en ce moment, de reconnaitre que nous avons cependant emprunté la désignation d'Encœælié à sa nomenclature, parce qu'elle peint assez bien le caractère principal des végétaux creux de l’ordre auquel nous l'applique- rons. Ces végétaux, dans une méthode figurative où l'on voudrait à-la-fois faire sentir les rapports et les distances des hydrophytes comme on marque les empires et les villes sur une carte géo- 25. 196 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. graphique, pourraient être placés dans le milieu du plan; et, dans cette position, ils confineraient aux Ulvacées par les Solé- nies, aux Charagnes par nos Vaucheries et les Vallonies, aux Confervées par les Bryopsides, aux Céramiaires par les Lomen- taires et les Gastridies, aux Caulerpes par nos Chauvinies, aux Chaodinées par les Dumonties et les Aspérocoques , enfin aux Floridés, et même aux Varecs de la troisième famille. Il n'est pas un Encœlié qui ne semble avoir un degré de parenté avec quelque autre agame aquatique que de plus importantes connexités placent dans quelque autre famille : aussi leur étude est-elle très-intéressante, puisqu'ils forment le passage des inar- ticulés aux hydrophytes munis d'articulations, lesquels for- ment encore un autre passage du règne végétal au règne animal par les Arthrodiés qui leur ressemblent, et qui sont du règne Psychodiaire. | Le tissu dont se composent les Encœæliés a quelquefois la consistance de celui des Varecs délicats, et principalement beaucoup de ressemblance avec celui des Halyménies, quand il ne tient pas de la nature sèche des Caulerpes : äucune nervure ne s'y reconnait; les expansions, soit qu'elles partent directement des racines, soit qu'elles se développent sur des rameaux, sont bulleuses, vésiculeuses, ou tubuleuses, selon que leur forme est alongée ou arrondie. La fructification, dans les espèces où elle fut reconnue, consiste en gongyles solitaires, ou irrégulièrement glomerulés, épars sur toute la surface de la plante, mais plus particulièrement sur les rameaux, où quel- quefois elle présente une disposition légèrement tuberculeuse, mais jamais celle qu'on observe dans tant de genres des ordres précédents, où elle saille hors de la substance même de la plante. On ne peut, en aucun cas, dire que les Encœliés soient frondescents : ce qui représente des feuilles chez quelques- uns, quand ils sont appliqués sur le papier, doit être ap- BOTANIQUE. 197 pelé utricules ; et quand la totalité de la plante est sans tige proprement dite, elle offre une expansion. Deux familles dis- tinctes composent l’ordre dont il est question, celle des Du- montiées et celle des Bryopsidées. FAMILLE DES Dumonwniées, Dumontie. Dans les genres qui constituent cette famille, on ne distin- gue point de tiges; très-imparfaites dans leur organisation, les espèces y, consistent en tubes fréquemment simples, ou plus ou moins composés. L'on y a souvent pris pour des rameaux, de jeunes individus produits par la gérmination des gongyles et s'opérant dans la substance même de la plante-mère. Par leur coloration, la plupart des Dumontiées se rapprochent des hydrophytes Floridés, soit pourprés, soit verts. Dans les richesses que nous devons aux naturalistes de la Cogquille, nous trouvons des plantes de cette famille appartenant aux trois genres Dumontie, Aspérocoque et Solénie. XXVIII. Dumont, Dumontia. Un air de famille, qu'il serait difficile de faire comprendre par une simple description, rapproche plutôt les espèces de ce genre, dit Lamouroux, qui en fut le fondateur, que les caractères positifs qu'on pourrait emprunter de leur fructi- fication : celle-ci consiste en gongyles arrondis, épars sur la surface de la plante, confondus dans la substance même, et n'y causant jamais de saillies ou de rugosités. Les Dumonties, qui sont composées d’une immensité de molécules globuli- „naires pénétrant une mucosité où le microscope ne reconnait point de tissu fibreux, sont des plantes peu consistantes, dont les couleurs s’altèrent infiniment, et qui, une fois comprimées 198 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. par la dessiccation, ne sauraient plus reprendre leurs formes, de sorte qu'il est alors fort difficile, sans les déchirer, de re- connaitre, quand on les remouille pour les étudier, si. elles furent tubuleuses; ce qui cependant est un de leurs attributs essentiels. 82. Dumont Fasmicrée, PL 18, fig. 2, Dumontia (Fasti- gtata), Utriculosa, dichotoma, infernè conoidea. - Halymenia Fastigiata. N. Flor. Mal., n° 23. Cette plante a été rapportée des iles Malouines par M. Dur- ville. Sa. couleur naturelle parait devoir être rougeâtre; elle est passée à la teinte qu'on lui voit dans notre planche par l'altération qu'y causa sans doute une première préparation peu soignée. Elle consiste en petites frondes tubuleuses, bour- _soufflées, longues de huit à dix lignes, et larges d’une et demie au plus dans leur plus fort diamètre, se divisant deux ou trois fois en fourches qui se terminent en lobes mamelonnés. ` Plu- sieurs de ces frondes ventrues se réunissent en un faisceau divergent sur un petit empatement, qui leur sertde racine commune, et qui s'applique sur quelque fragment de coquille ou sur les pierres au bord du rivage. Explication des Figures. Pl. 18, fig. 2. La Dumontie fastigiée, de grandeur naturelle. A. Diverses frondes fasciculées sur un fragment de Bucarde. B, C, D, E. Frondes détachées, de plusieurs tailles, et diversement divisées. F. Extrémité de l’une de ces frondes, couverte de fructifications, au grossisse- ment de deux lignes de foyer. G. Trois des gongyles qui se voient sur le fragment F, au grossissement d’une demi-ligne , dont deux vus de face et un de profil. BOTANIQUE. 199 XXIX. AsPÉROCOQUE, Asperococcus. M. Lamouroux, en établissant ce genre, le plaçait parmi ses Ulvacées, auxquelles il attribuait la viridité pour principal caractère; il nen à pourtant ni la couleur ni la fructifica- tion. M. Agardh, en l'adoptant, changea son nom sans en dire les motifs, et le plaça entre les Fucus, dont il s'éloigne cependant par tant de points. Les espèces dont il se com- pose sont toutes de couleur brunâtre, et présentent pour caractères des expansions simples, cylindracées, tubuleuses, d'une consistance asséz tenace, dans la substance desquelles se développent des gongyles opaques, verruqueux, épars, et qui, par leur grand nombre et leur rapprochement lorsqu'ils sont entièrement développés, finissent par rendre la surface de la plante rugueuse et comme chagrinée. Nous n’en con- naissons pas encore d'espèces qui soient proprement équato- riales, ni qui, en dehors des tropiques, dépassent, du côté des pôles, le cinquantième degré de latitude. Ces plantes n'adhèrent que peu ou point au papier dans la préparation. 83. AsrérocoQuE DE Lesson, PL. 11, fig. 2, Asperococcus (Lessonit), Simplex, ovato-clavatus , abreviatus. Dans la crainte de trop multiplier les espèces, nous regar- dons comme de simples variétés les deux plantes que nous réunirons ici sous un même nom : CA Asperococcus (Lessonii), ventricosus, ovatus; Asperococcus (Utricularis), simplex, sublævi, wiridiater ; Jronde ventricosä, ovato-clavatä. N. In Duro: Flor. Mal., n° 24; Elle a été prise pour l Encælium bullosum (qui est notre 4s- perococcus bullosus) par M. Agardh dans l'herbier de M. Gau- dichaud , où nous avons vérifié l'erreur du professeur de Lund. C'est M. Lesson qui nous a rapporté cette plante des. 200 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Malouines, où elle croit sur les tiges d'hydrophytes plus consistants. Sa couleur était, nous a-t-il dit, d'un vert sale et noirâtre; elle est passée au bistre foncé par la dessiccation. Les plus forts individus que nous en ayons vus sont ceux dont nous donnons ici la figure. B. Asperococcus (Lessonit), cylindraceus , elongatus. M. Durville a recueilli cette plante à la Concepcion sur les côtes du Chili; elle diffère de la précédente en ce qu'elle ne parait jamais devoir devenir aussi arrondie; elle est devenue toute noire par la dessiccation; elle satténue par la base en un pédicule un peu plus long. Son plus grand diamètre n'a guère que deux à trois lignes, tandis que celui de la variété à atteint quelquefois à plus d'un pouce. La longueur est à peu près la même. Explication des Figures. PI. xr, fig. 2, A. La variété æ (ventrue) de l’Aspérocoque de Lesson, de grandeur naturelle, et de la couleur qu’elle a prise dans l’herbier. B. La variété B (cylindracée) de la rnême plante. C. Fragment de la variété «, au grossissement d’une ligne de foyer, pour montrer la molécule globulinaire dont elle est composée, et les gongyles tuberculeux qui finissent par lui donner une certaine rudesse, moindre cependant que dans nos espèces européennes. 84. AsPÉROCOQUE DE Durvizze, PL. 11, fig. 3, Asperococcus (Durvillæi), Simplex furcatusve., lineari-clavatus , elongatus. C'est à la Concepcion sur la côte du Chili que M. Durville a recueilli cette espèce, qui croissait sur des valves de moules brisées. Plus grêle que la précédente, fort alongée, atténuée, surtout par le bas, en un long pédicule, elle est tantôt simple, tantôt fourchée. Son diamètre excède rarement une ligne; mais sa longueur atteint quelquefois jusqu'à quatre pouces, et BOTANIQUE. 201 peut-être plus. Sa couleur, dans l’herbier, est devenue bru- nâtre et noire. Explication des Figures. PI. 11, fig. 3. L’Aspérocoque de Durville, de grandeur naturelle. A. Jeunes individus. B. Les plus grands que nous ayons été à portée d'observer. XXX. Sozénie, Solenia. Linné avait confondu les Solénies dans le genre Ulva tel qu ‘il le concevait; et Lamouroux l'imita, ainsi que tous les botanistes, jusqu'à l'époque où le jies Lyngbye les en distingua sous le nom de Scytosiphon, en comprenant parmi ces plantes d’autres hydrophytes très-éloignés par leurs rapports naturels. On doit à M. Agardh d’avoir restreint ce genre dans ses véritables limites, en lui imposant le nom qu'il porte mainte- nant , et qui nous parait devoir être adopté. Les Solénies seront caractérisées de la sorte : Expansions tubuleuses, simples, proli- fères, à gongyles petits, naissant sur toute la surface de la plante, sur laquelle ces gongyles se développent habituellement en ex- pansions nouvelles ; le tissu en est aréolaire. Les espèces de ce genre sont très-difficiles à distinguer les unes des autres; et la plupart de celles qu'ont essayé d'établir jusqu'ici les algologues, ne sont guère que des états ou des variétés d’une seule, qui se trouve indifféremment dans les eaux douces, dans les marais de l'intérieur des terres, dans les canaux saumâtres et dans la mer. PARIN 85. SoLÉNIE comprRimÉE, Solenia (compressa). Lineari-com- pressa, vel bullosa, nec crispa, aspice subdilatata. Solenia (compressa). Fronde tubuloså, iineato-clathratå, ra- . Voyage de la Coquille.— Botanique. 26 205 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. mosä, fliformi compressä; ramis simplicibus, basi attenuatis. Ag., Syst. Alg., p. 186. Uka compressa. Linné, Spec: Plant., t. II, p. 1632; Ag. A Spec. Alg., p- 420. Varietas a. . Scytosiphon compressum. Lyngb., Tent. hydr. Dan., p. 64. Il est inutile de grossir la synonymie de cette espèce, ou plutôt de ce simple état d'une espèce, de la multitude de cita- ` tions faites en beaucoup d'ouvrages, où certainement elle fut confondue par des auteurs peu scrupuleux sur les détermina- tions cryptogamiques. Il devient cependant nécessaire de repro- duire ici ce que nous avons dit ailleurs au sujet d'une plante qui doit jouer un rôle important dans l'histoire de l’organisation végétale, parce qu'elle n'est pas moins polymorphe que cos- mopolite. «Sa couleur d'un vert intense, la forme tubuleuse et linéaire de ses expansions, sa force propagatrice et la maille de son tissu, caractérisent cette Solénie sous toutes les formes ` qu'elle affecte. Croit-elle sur les Varecs, ou sur des corps inondés des rivages de la grande mer, aux limites des plus basses marées, elle se présente dans toute sa vigueur, et atteint à ses plus fortes dimensions : alors son aspect bien ca- ractérisé semble l'isoler, comme espèce, des formes par les- quelles on la voit passer de dégradations en dégradations pour devenir une plante d'eau douce, et peut-être même une plante terrestre. » C'est dans cet état qui représente l Ulva compressa de.Linné, et qui est le plus commun sur les bords de l'Océan, que M. Durville nous a rapporté le Solenia compressa du Port- Jackson à la Nouvelle-Hollande. Il s'en est trouvé des morceaux parmi les hydrophytes de la Concepcion au Chili; il y en avait également dans le paquet des Malouines. On l’a retrouvée aux iles Sandwich dans l'Océan Antarctique; M. de La Pilaye l'a re- cueillie à Terre-Neuve. La Méditerranée et la mer Noire, nos côtes océanes et la Baltique, la reproduisent abondamment. BOTANIQUE. 203 Cependant, à mesure que l'observateur s'éloigne de la ligne des plus basses eaux pour s'élever vers celle où viennent expirer en écume les dernières lames des syzigies, la Solénie compri- mée change de figure; elle diminue de taille, salonge, se di- late en tubes plus ou moins cylindriques ou boursoufflés ; et, sur la voùte des cavernes du rivage, sur les parois des frag- ments de rochers qu'humectent à peine les vapeurs aqueuses de la crête des brisans, raccourcie, crépue, elle ne forme plus qu'un tapis serré d'un vert noir. L’entrelacement de filaments -confervoides de ce tissu la rend aussi tenace, aussi difficile à séparer de son support, que le serait le tissu le plus compacte. MM. Durville et Lesson ne nous ayant rapporté aucun échan- tillon des diverses variétés que les algologues ont considérées _comme des espèces distinctes, mais que nous croyons être de simples modifications de la Solénie dont il vient d'être ques- tion, il serait déplacé de nous étendre davantage sur des con- sidérations au sujet desquelles on peut -consulter notre ar- ticle Géocrarare du Dictionnaire classique d'histoire naturelle. (Voyez tome V, p. 252.) Favize DES Bryorsinées, Bryopsideæ. Le genre Bryopsis, dont feu le professeur Lamouroux fut le fondateur, est le type de cette famille, si déplacée parmi les Ul- vacées où jusqu'ici on fut dans l'habitude de la confondre. Non- seulement les Bryopsidées en diffèrent par leur tubulosité, mais encore par l'organisation de leurs expansions, qui s'éloigne déja beaucoup de celle des hydrophytes non articulés, puis- qu'elle présente un tissu qu'on pourrait appeler talcoïde, parce qu'il rappelle assez bien, par sa rigidité, sa consistance et sa translucidité, les lames les plus minces qu'on obtient du talc en le dédoublant. Dans cette organisation, on ne distingue, 26. 204 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. au plus fort grossissement, ni fibres ni molécule globulinaire. C'est une homogénéité où nos moyens bornés ne nous per- mettent plus de distinguer quoi que ce soit, si ce n’est quel- ques fissures accidentelles qui viennent de ce que de tels üssus doivent être cassants. Ces tissus présentent quelque chose de scarieux dans la dessiccation ; et si, durant la vie des êtres qu'ils forment, ils paraissent verts, c'est qu'ils contiennent la matière colorante, comme elle serait renfermée dans un tube de baromètre. Les tubes de Confervées sont analogues aux expansions des Bryopsidées, et offrent par là, de même que celles-ci, quelques rapports avec les Tubulariées et les Sertu- lariées dont l'enveloppe, qu'on regarde communément comme étant d’une consistance cornée, n'est que talcoïde, puisque, dans les substances cornées, le microscope finit, de grossis- sements en grossissements, par nous conduire à la découverte d'une molécule globulinaire, tandis qu'ici il ne nous est donné de rien distinguer qu’une matière homogène. Les Bryopsidées sont; en outre, munies de radicules spongieuses oufibreuses très- distinctes. Leur fructification demeure absolument in- connue, si ce n'est dans le genre Éclosperme de Vaucher que nous n’hésitons point à en rapprocher, et qui les lie aux Cha- racées. La plupart sont des végétaux marins : on n'en connait que de verts. XXXI. Cuauvinie, Chauvinra. Les espèces de ce genre qui nous sont connues étaient ou eussent été des Caulerpes pour nos prédécesseurs. La plupart présentent, en.effet, de même que ces plantes, des tiges de nature particulière, traçantes, cylindracées, extérieurement comme polies et luisantes, intérieurement blanchâtres et comme cotonneuses, qu'attachent au sable des rivages submergés des faisceaux pénicilliformes de racines fibreuses, décolorées, serrées BOTANIQUE. 205 en grand nombre, et d’une consistance assez semblable aux fausses racines de plusieurs polypiers flexibles. Mais les expan- sions n’y sont point planes, ni composées de lames plus ou moins semblables à celles des Ulves. Elles consistent, comme celles des Vallonies, en véritables utricules, soit arrondies et sim- ples, soit linéaires et tubuleuses, solitaires ou agrégées souvent en nombre assez considérable sur des rameaux simples ou diver- sement divisés. Toutes les Chauvinies nous viennent des mers intertropicales, et sont d’un aspect élégant assez singulier. MM. Durville et Lesson ont rapporté des côtes du Brésil, où ils étaient déracinés, flottants, en assez mauvais état, et pro- bablement dépaysés, des morceaux de deux espèces très-re- marquables, dont nous devions précédemment la connaissance à M. Chauvin de Caen, qui nous a tant enrichi d'hydrophytes rares, et auquel nous devions conséquemment la dédicace du beau genre qu'il nous mit à portée d'établir. 86. CHauvinie Pasparoïbe, PI. 23, fig. 1, Chauvinia (Pas- paloides). Spicis elongatis , fastigiato-digitatis ; utriculis alato- cristatis , plumosis ; pinnulis unilateraliter divisis, mucronatis. Feu M. Lamouroux, auquel M. Chauvin avait aussi commu- niqué cette plante, lui donnait, dit-on, dans son herbier, le nom de Caulerpa Dactyloides; ce savant n'ayant rien publié qui la concernât, nous avons cru devoir conserver celui que nous lui imposämes à la première vue, parce qu'il rend fort bien la figure des sortes de spicules qui la singularisent, et qui affectent la disposition de ceux d'une graminée du genre paspale. Il parait que cette Chauvinie abonde entre les îles de Bahama, et se retrouve sur les côtes océanes de plusieurs Antilles. Ses tiges rampantes, grosses comme de petites plumes de poule, sont trés-longues : nous en ayons sous les yeux de plusieurs pieds, rameuses, rampantes dans toutes les directions, émettant de distance en distance des 206 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. espèces de hampes montantes, d'un à deux pouces au plus de hauteur, se divisant dichotomiquement de manière à produire des paires d'épis élégamment flexueux, denses, où les utri- cules, trèsnombreuses, d'une à trois lignes, et d'un vert foncé, paraissent pressées et imbriquées en forme de petites plumes. En vieillissant, ces utricules se décolorent; alors les épis morts et détériorés sont souvent d'un assez beau blanc soyeux. Quand les tiges ne conservent pas leur belle teinte obscure, elles passent également au blanchâtre, ou bien à une couleur fauve ardente et jaunâtre. Les faisceaux de racines, qui sont comme pédicellés, s'enfonçant assez profondément dans le sable cal- caire du rivage, se remplissent tellement de ses plus fines par- ticules, qu'on ne les en peut point dégager, de sorte que, par la dessiccation, elles prennent une forme pareille à celle de petites raves, Explication des Figures. PI. 23, fig. 1. Chauvinie Paspaloïde, de grandeur naturelle, où l'on voit des épis dans tous les degrés de développement. 1 5 A. Une utricule rameuse, -ou plutôtsailée, au grossissement de cinq lignes de foyer seulement. B. Une pinnule de la même utricule, au grossissement de deux lignes de foyer, pour montrer que les divisions secondaires y sont unilatérales, et mieux faire sentir la pointe aiguë et incolore qui les termine. 87. Caauvinie Pazéoïne, Pl. 23, fig. 2, Chauvinia (Phleoi- des). Spicis subsolitaris binisve cylindraceis; utriculis alato- complanatis ; pinnulis furcato-fastigiatis, mucronats. C'est parmi les échantillons de l'espèce dont il vient d’être parlé que s'est rencontré un seul mais bel échantillon de celle- ci. Ces deux plantes paraissent habiter ensemble, soit sur les rivages des Antilles, soit sur les côtes atlantiques de l'Amé- BOTANIQUE. 207 rique équinoxiale. Les tiges de cette nouvelle Chauvinie sont de la grosseur d’une plume de corbeau, c'est-à-dire moins fortes que dans la Paspaloïde; elles paraissent en outre devoir être moins ramifiées, mais non moins longues; elles sont de- venues jaunâtres. Il s’en élève des hampes courtes, d’un pouce - au plus, montantes, et supportant des paires d'épis plus courts que ceux de la précédente , auxquels les utricules très-serrées, à peine distinctes les unes des autres à l'œil nu, donnent un aspect cylindracé qui rappelle celui des Graminées du genre Phleum. Explication des Figures. "Url 23, fig. 2. Chauvinie Phléoïde, de grandeur naturelle. A. Utricule au grossissement de six lignes de foyer. B. Pinnule au grossissement de deux lignes. 88. Crrauvinre Cravirère, Chauvinia (Clavifera). Ramentis solitariis; utriculis ovato-clavatis, subpyriformibus, simplicibus. Caulerpa (Clavifera). Ramentis vesiculosis, pyriformibus, undiquè imbricatis, infernè laxis, supernè crebrioribus. Ag., Spec. Alg., p. 437; Syst., p. 181. « et B. Fucus Clavifer. Turn., Hist. Fuc., plat. 57. Fucus Lamourouxi. Turn., Hist. Fuc., plat. 229. - Caulerpa obtusa. Lamx., Journ. Botan., 1809, p. 143. Les deux planches citées de Turner ne représentent même pas des variétés, mais des états d’une espèce unique; et nous avons sous les yeux un échantillon où les deux figures se trouvent réunies. L'algologue anglais avait reçu ses plantes de la mer Rouge; M. Durville a rapporté la sienne de la Con- cepcion sur les côtes du Chili. Gaudichaud (Xoy. de l Uranie, p- 158) la mentionne comme l'ayant trouvée dans les îles Mariannes, 208 >` VOYAGE AUTOUR DU MONDE. XXXII. Sroxconie, Spongodium. Ce genre est l'un des plus naturels; ét quelles que soient les formes très-différentes des espèces dont il se compose, ces - espèces présentent, par leur couleur d'un vert sombre, par leur consistance particulière au toucher, ainsi que par la mu- cosité qui les environne, des analogies frappantes qui ne per- mettent pas plus de les éloigner les unes des autres, que d'in- troduire parmi elles des végétaux qui n'auraient pas leur con- sistance, leur mucosité, ou leur teinte luisante, quoique sur un tissu d'apparence spongieuse. On soupçonna d'abord de l'ani- malité dans celle des Spongodies qui fut décrite la première, et Linné en fit son Alcyonium Bursa. En ayant rapproché le Fucus tomentosus de plusieurs auteurs, Olivi forma de, ces deux plantes un genre Lamarckia, qui fut adopté par Lamouroux, mais dont le nom dut être changé, parce qu'il existait déja dans la phanérogamie un genre dédié au Linné français. M. Agardh, sans avoir égard à l'antériorité de la désignation très-significa- tive imposée par le savant professeur de Caen, et sans donner la moindre raison pour justifier les motifs de son innovation, a voulu substituer Je nom de Codium à celui que nous réta- . blissons ici. Mal inspiré en tout ce qui concerne le genre Spon- godium, il a essayé d'y introduire les Flabellaires de M. Lamou- roux, qui ny ont pas plus de rapport par leur organisation que par leur consistance. On ne pouvait imaginer une chose plus malheureuse qu'un tel rapprochement, si ce n'est la des- cription donnée par M. Agardh des caractères attribués à son genre factice. Turner avait cependant publié d'excellents détails sur Torganisation des Spongodies dans la PI. CXXXV, où il représenta lune des principales espèces du genre avec sa fructification en Z. Nous avons, après le savant algologue anglais, étudié avec soin l'organisation des espèces du genre BOTANIQUE. 209 qui nous occupe; nous en avons dessiné de nouveau les dé- tails avec tout le soin possible, et les figures que nous en avons faites ont été communiquées à M. Turpin, qui, en citant la source d'où elles lui venaient, les a jugées dignes d'être gravées dans son magnifique Atlas du Dictionnaire des Sciences naturel- les, oùelles peuvent être consultées par qui voudra se former une idée des caractères du genre Spongodie. Ces caractères furent très-mal établis en ces termes par le fondateur du genre: Graines éparses dans toute la substance de la plante, principalement à l'extrémité des filaments qui couvrent sa surface; et l'erreur est d'autant moins facile à concevoir, que, Lamouroux n'eût-il jamais examiné une Spongodie par lui-même, la figure D citée ci-dessus de Turner existait, et devait lui servir de règle. Quoi qu'il en soit, M. Agardh n'a pas été plus heureux dans l'impo- sition de ses caractères : nous établirons autrement les nôtres, qui consistent dans des utricules simples en forme de massues juxta-posées et pressées les unes contre les autres, formant ‘par leur extrémité obtuse la surface muqueuse des expansions, réunies par leur extrémité inférieure en un tissu spongieux, au moyen des filaments simples ou ramifiés qui en émanent. La fructification consiste en gongyles opaques, très-apparents, ovoïdes, amincis en pointe, extérieurs aux utricules, au dos desquelles ils sont fixés par leur partie inférieure rétrécie en pédoncule. Les utricules sont tantôt remplies d’une ma- tière moléculaire colorante, tantôt hyalines et vitrées dans leur partie inférieure qui est l'interne; ce n’est qu'à leur extrémité obtuse et externe qu'elles restent vertes. Elles rayon- nent, pour ainsi dire, du centre à la circonférence. La pres- sion qu'elles exercent les unes sur les autres est la cause de cette élasticité particulière que présentent les Spongodies, élasticité au moyen de laquelle, lorsqu'on coupe un de leurs rameaux, où lorsqu'on entame la substance de celles qui ne Voyage de la Coquille.— Botanique. 27 210 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. sont pas rameuses, on distingue un mouvement de contraction très-marqué au pourtour de la plate; laquelle se ferme presque ' à l'instant : lesutricules voisines réagissant les unes sur les autres pour remplir le vide. La mucosité quirecouvre les Spongodies, et qui parait due à des filaments sécréteurs échappés des par- ties latérales ou terminales des utricules, et qui sont analogues à ceux par lesquels se terminent les ramules des Batraco- spermes et des Draparnaldies, nous avait premièrement déter- miné à placer ces végétaux dans la famille des Chaodinées ; mais en lës examinant avec plus de soin, nous n’y avons vu, pour ainsi dire, que des Chauvinies à utricules simples, dé- pourvues de stirpe,ou des amas de Vallonies contigués. Il a donc été impossible d'éloigner ces Spongodies de deux genres avec lesquels leurs rapports sont si intimes. Nous en connaissons six à sept espèces ; au nombre desquelles doit être placé le Fucus simpliciusculus de Turner (Hist. Fuc., pl. 175), qui n'est point une Caulerpe, ainsi que l'a cru M. Agardh (Spec. Alg., p- 439). 89. Sroxconie COMMUNE, Spongodium (Commune). Fronde ` dichotomä., eylindricä, ad axillas æquali; ramis obtusis. Spongodium tomentosum. Lamx., Ess., p. 73. Fucus (Tomentosus). Fronde tomentosä , teretiuseulà , fili- formi , dichotoma , totá compactà ex utriculis clavatis, horizon- talibus, per filamenta capillaria tubulosa ramosa densissimè in- tertextis : capsulis lanceolatis, utriculorum ad latera sessilibus. Turner, Hist. Fuc. , plat. 135 bona). i Lamarckia (Vermilara).s Stirpe ramosä subdichotomä ; ra- mulis cylindricis apice obtusis. Olivi , Zool. Adriat., p. 258, tab. 7. Codium (Tomentosum). Fronde dichotomå, fastigiata, cylin- dricä. Agardh , Spec. Alg; p. 452; Syst. , p. 177. Varietas a. Le nom spécifique de tomentosum ne pouvait être Conservé pour désigner cette Spongodie, parce que les fibrilles qui BOTANIQUE. ; 211 sécrettent de la mucosité à sa surface ne sont pas plus un tomentum chez elles qu’elles ne le sont chez le reste de ses con- ' génères où elles se retrouvent. Nous avons préféré le nom de commune, qui indique qu'on la rencontre abondamment sur tous les rivages tempérés. En effet, Turner l’a vue sur les côtes méridionales d'Angleterre; nous l'avons recueillie fréquemment dans le Calvados ainsi qu'en Bretagne, au bord des îles qui avoisinént la France, à Saint-Jean-de-Luz, à la Corogneen Galice, et à Cadiz. Nous l'avons recue de sisients points de la Méditer- ranée, soit des côtes d'Europe, soit de celles de Barbarie. Elle abonde dans l’Adriatique. On‘ dit lavoir rapportée du cap de Bonne-Espérance. Nous l'observames autrefois sur les rescifs de Mascareigne. Nous en possédons des échantillons venus du ` Port-Jackson à la Nouvelle-Hollande. Enfin M. Durville nous en a remis recueillis par-lui à la Concepcion sur les côtes du Chili, ainsi qu'à Payta sur la côte du Pérou. XXXIII. Brvorsine, Bryopsis. “Les espèces de ce genre sont toutes du plus beau vert et d'un port élégant. Leurs caractères communs sont : Tiges ra- meuses, fistuleuses, confervoides, mais non articulées, ni cloi- sonnées, à parois vitrées, brillantes, contenant une liqueur colorante; la fructification demeure encore inconnue ;-les ra- cines sont. formées «de fibrilles grisâtres très-entortillées et comme scarieuses, ainsi que les tiges, qui, par la préparation, n'en adhèrent pas moins au papier en y conservant un_aspect vernissé, et même vitreux. 90. Brxorse ne Rose, PI. 24, fig. 1, Bryopsis (Rosæ). Cati- libus elongatis infernè bn > Supernè ramoso-pyramidatés ; ramis inferioribus longioribus pinnatis, superioribus simplicius- culis. 212 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Bryopsis (Rosæ). Filis ramosis, ramis erectiusculis pectinatis ; ramentis parallelis distantibus; color obscurè viridis. Gaudi- chaud, Xoy. de l'Uranie, p. 158; Ag., Spec. Alg., p. 450; Syst., p. 179. Cette belle espèce, qui avait été découverte aux Malouines par M. Gaudichaud, y a été retrouvée par M. Lesson. On lui a donné le nom que porte M™ de Freycinet, la seule Francaise bien certainement qui ait encore fait le tour du monde. La Bryopside de Rose, ornement de la mer, affecte le port du Bryopsis arbuscula de nos rivages; mais elle est quatre à huit fois plus grande : ses tiges, partant en certain nombre d’une touffe de racines grisâtres, et s'étendant de six à dix pouces, sont ' dela grosseur d'un ré de guitare, flexibles, påles , transparentes inférieurement, nues jusqu'à la moitié de leur longueur, simplement garnies vers leur base de ramules décolorées , éparses , simples et fort courtes; ensuite elles émettent de nom- breux rameaux gracieusement flexibles, ailés ou pectinés, et diminuant de longueur jusqu'à la pointe de la pyramide que forme la totalité du branchage. On dirait, dans les échantillons soigneusement préparés sur le papier, la miniature d’un peu- plier d'Italie. La couleur s’altère tant soit peu dans l'herbier, Explication des Figures. PL. 24, fig. 1. Bryopside de Rose, de grandeur naturelle. XXXIV. Ecrosperme, Ectosperma. M. Vaucher, savant naturaliste genevois, publia ce genre, dès 1803, dans son excellente Histoire des Conferves d'eau douce. Il lui assigna pour caractères : Des filaments cylindri- ques, tubuleux, ramifiés, destitués de cloisons et d'étranglements BOTANIQUE. 213 quelconques, remplis d'une matière colorante, produisant exté- rieurement des corpuscules reproducteurs (gongyles), diverse- ment disposés. Lecélèbre Decandolle, en adoptant le genre Ecto- sperme de son compatriote, en changea le nom, pourtant aussi expressif que conforme aux règles établies, en lui imposant celui du fondateur. Nulle bonne raison n’autorisant cette mutation qu'adoptèrent les botanistes peu versés dans l'hydrophytologie, nous avons cru la devoir regarder comme non avenue dans notre Dictionnaire classique d Histoire naturelle (t. VI, p- 64); et respectant une antériorité injustement méconnue, nous avons réservé le nom de M. Vaucher pour désigner un autre genre de lui, qu'il avait fort bien établi, mais assez mal à propos appelé Prolfera, désignation qui pèche contre les rè- gles de la nomenclature. On avait long-temps confondu les Ectospermes avec les Conferves; ensuite on en fit des Ulvacées : de tels rapprochements sont totalement désavoués par la na- ture. Les Ectospermes ne sont guère, quant au facies; que des Bryopsides dépourvues de rameaux. Cest assez près des Cha- ragnes que l'analogie place de tels végétaux. Quoi qu'il en soit, nous n'en trouvons qu'une espèce entre les hydrophytes rap- portés par les naturalistes de la Coquille. 91. EcrosPerme Maine, Ectosperma Marina ? Vaucheria marina? Ag., Spec., p. 463; Syst., p. 172; Lyngb., Tent. Hydr. Dan., p. 79, tab. 22. Ce n'est qu'avec doute que nous rapportons à l'Ectosperme marine, espècé assez commune sur nos rivages, une plante que M. Durville collecta à la Concepcion sur la côte du Chili. Mais si l'identité spécifique n’est pas indubitable, celle du genre ne laisse aucun doute. Il est assez probable, sinous en jugeons d'après un échantillon recueilli par M. Gaudichaud aux iles de l'Amirauté, et numéroté 32, que le Vaucheria australis de M. Agardh (Syst. Alg., p. 176) est encore la même chose. 214 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. La*plupart des Ectospermes ne peuvent être déterminées avec certitude que lorsqu'on les rencontre en fructification. Ces plantes d'ailleurs ne reprennent pas, quand on les mouille, l'apparence de la vie; ce qui les rend fort difficiles à étudier surdes échantillons qu'en rapportent les voyageurs, et qui en général ne peuvent donner que des idées imparfaites, si l'on a soin de tenir compte des caractères microscopiques, à l’aide d'un croquis dessiné sur le papier où s'étend l'échantillon même. A la suite du grand embranchement des hydrophytes non articulés , qui vient de nous occuper, nous mentionnerons par appendix deux végétaux marins rapportés par les naturalistes de la Coquille, et qui appartiennent à des genres dont nous ne saurions encore fixer la place d'une manière satisfaisante. XXXV. RuonomëLe, Rhodomela. Du genre formé par M. Agardh sous Ce nom, qui signifie que les espèces y deviennent noires de rouges qu'elles furent, nous pensons qu'on doit conserver seulement un petit nombré d'es- pèces, en réformant les caractères de la manière suivante : Fructification de deux sortes, l'une consistant en capsules éparses, tuberculeuses, émettant des fibrilles moniliformes ; l'autre en propagules dont se remplissent en nombré déter- miné ou sur deux rangs les articles terminaux des ramules. Les tiges, qui ne sont jamais très-larges, et qui, même dans plusieurs espèces, sont presque filiformes, quoique sensible- ment comprimées, ne sont point articulées. On doit exclure de ce genre le Fucus volubilis de Linné, type d'un nouveau genre, et lOdonthalia, autre geñre que M. Agardh y confondait : ce- pendant le Fucus ou Ceramium pinastroïdes des auteurs y doit BOTANIQUE. 215 demeurer. Par cette plante, les Rhodomèles forment un pas- sage assez naturel des Floridés et des Varecs aux Céramiaires, c'est-à-dire des Hydrophytes inarticulés aux Hydrophytes arti- culés. Les Rhodomèles sont des-plantes susceptibles d'être em- ployées dans la teinture, si l'on en juge par la manière souvent fort vive dont elles colorent leau dans laquelle on en a laissé macérer, et dont elles rougissent le papier sur lequel on les conserve. 92. RHopomÈre pe GarmarD, PI. 22, fig. 1, Rhodomela (Gai- mardi). Fronde filiformi, compressé, subpinnatä ; ramentis se- taceis sparsis. Gaud., Voy. de l'Uranie, p. 162; Ag., Spec. Alg., p. 380; Syst., p. 200. En découvrant cette plante aux Malouines où M. Lesson l'a retrouvée, M. Gaudichaud lui imposa le nom de son coimpa- gnon de voyage, M. Gaimard. L'échantillon que nous possé- dons de cette plante ne suffisait guère pour donner une idée bien juste de son port; mais nous n'avons pu résister au désir d'en donner la figure, afin de saisir une occasion de rappeler le nom d'un infatigable naturaliste que ne dégouütérent pas des voyages autour du monde les dangers qu'il courut sur l Uranie, puisque poussé par le plus beau zèle, il explore en ce moment, sous les ordres du capitaine Darrié les parages dangereux de la Nouvelle-Guinée et de l'Océanie. Dans cette Rhodomèle, la racine paraît être une petite. callo- sité ou empatement, d’où s'élèvent quelques tiges longues de trois à cinq pouces, comprimées, vaguement dichotomes, à ra- meaux presque pinnés où encore vaguement fourchés, à ra- mules éparses, très-divisées à leur extrémité ou linéaires; lon- gues de deux à trois lignes; elles paraissent au microscope être obscurément articulées. La plante adhère un peu au papier sur lequel on la prépare, par les extrémités seulement. 216 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Explication des Figures. Pl. 22, fig. 1, A. La Rhodomèle de Gaimard, de grandeur naturelle, mais dans un certain état de dégradation. B. Teinte violâtre qu'un fragment de la plante a laissée sur le papier où elle fut étendue et sur lequel M. Gaudichaud l'avait desséchée. C. Fragment de la fronde, vu au grossissement d’une ligne de foyer, pour montrer son tissu où se distinguent des aréoles foncées et le profil d’un gongyle cortical, avec les fibrilles articulées moniliformes qui paraissent s’en échapper. XXXVI. TriNITAIRE, Trinitaria. Nous ne connaissons point le mode de propagation de la plante que nous prenons pour type de ce genre nouveau; mais son aspect particulier et la disposition constamment ternaire de ses divisions ne permettent pas d'y méconnaître une orga- nisation particulière, de laquelle doit résulter quelque singularité dans la forme ou dans la situation des gongyles. Le Desma- restia viridis de Lamouroux, si étrangement placé entre les Sporochnus par M. Agardh, prendra sans doute rang dans le genre Trinitaire, lorsqu'on l'aura mieux examiné. 93. TRINITAIRE Coxrervonne, PL. 24, fig. 2, Trinitaria (Con- fervoides). Fronde fil iformi , dehmi , compressiusculá ; ramis oppositis, breviusculis, filiformibus, subsimplicibus. Sporochnus (Medius). Fronde compressé multoties pinnat ; pinnis oppositis filiformibus spinulosis. Ag., Spec. Ale., p. 153: Syst., p: 259; Icon. tab. XVI? C'est sur la côte du Chili à la Concepcion que M. Durville recueillit ce singulier végétal, qui doit être assez rare, puisque nous, n'en avons trouvé que l'échantillon représenté dans le présent ouvrage. M. Chamisso l'avait déja collecté dans les parages du Nord à Unalaschka. La figure qu'on en voit ici, et BOTANIQUE. 217 celle de M. Agardh que nous y rapportons , rendent inutile la description qu'on en pourrait faire. La plante n’adhère qu'im- parfaitement au papier, et sa ‘consistance est devenue un peu rigide par la dessiecation ; elle acquiert, dit le professeur de Lund, plusieurs pieds de long. La ressemblance qu'il lui trouve avec le Desmarestia aculeata, et qui lui a mérité, à ce qu'il dit, le nom de Fucus pseudo-aculeatus de la part de M. Mertens, est loin de nous paraitre aussi grande. Il nous paraît, au con- traire, qu'il est peu de végétaux plus différents sous les rapports des formes, de la consistance et de l'aspect. Nous présumons que, dans l’état de fraicheur, cette plante est d'un vert sombre ; cette teinte passe au brunâtre par la dessiccation. Explication des Figures. PI. 24, fig. 2. Fragment de Trinitaire confervoïde, de grandeur naturelle. SECOND EMBRANCHEMENT DES HYDROPHYTES. HYDROPHYTES ARTICULÉS. Dans cette grande section dés végétaux aquatiques , les formes changent totalement : on n'y distingue plus de racines; il n'y existe ni tiges proprement dites, ni frondes: L'organisa- tion est visiblement différente, présentant, à la vérité, comme dans l’ordre des Encœliés, des expansions tubuleuses ; mais ces expansions y sont capillaires, ou du moins filiformes, et essen- tiellement munies de valvules ou cloisons internes, transver- sales et parallèles, lesquelles établissent des loges distinctes, im- proprement, sans doute dans le plus grand nombre de cas, appelées jusqu'ici articulations ; mais cé nom d’articulations est tellement consacré par l'usage, qu'il y aurait une certaine fré- Foyage de la Coquille. — Botanique. 28 218 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. nésie terminologique à vouloir lui en substituer un autre, fùt- il tiré du grec. Une matière colorante, tantôt répandue éga- lement dans tout l'intérieur des tubes, tantôt disposée par taches et par fasciés longitudinales ou transversales dans les articles, non moins que des formes élégantes, font des hydro- phytes articulés, convenablement préparés sur du papier très- blanc et un peu fort, l'ornement des herbiers, où malheureu- sement leurs échantillons ne sauraient être que de vains objets d'une curiosité superficielle, si lon n'y ajoute le dessin de quelques-unes de leurs parties caractéristiques fait aux plus forts grossissements. La fructification se dessine déja, dans ces jolis végétaux , sur un modèle assez compliqué. La plupart du temps, de petites capsules appelées elytres (c'est-à-dire etuis ) y renferment des gongyles où les propagules moléculaires cessent d'être indépendantes en perdant la faculté de germer isolément. Aucun articulé ne devient ligneux, ni même car- tilagineux : tous sont de petite taille, et leur existence doit être en général réduite à la condition des plantes annuelles. Ce sont les herbes des eaux, dont les hydrophytes inarticulés représentent les arbres et les arbustes. Nous les divisons en trois ordres : celui des CÉramiaIREs, celui des CONFERVÉES, et celui des CHaoninées. Pour ne pas grossir cet ouvrage de détails qui lui deviendraient étrangers, nous renverrons:aux articles respectifs où chacun de ces trois ordres fut traité dans notre Dictionnaire classique d'Histoire naturelle. Les hydrophytes ar- ticulés rapportés par les naturalistes de la Coquille sont en trop petit nombre pour nécessiter que nous nous étendions à leur sujet sur des généralités du genre de celles qui nous ont occupé quand il a été question du grand-embranchement précédent, que MM. Durville et Lesson ont tant enrichi. Les espèces dont se compose celui-ci, étant fréles et délicates, doivent. être arrangées sur: place; le moindre défaut de soins dans leur BOTANIQUE. 219 préparation les rend en général méconnaissables. Peu d’entre elles reviennent assez bien, quand on les remouille, pour qu'on en puisse alors établir suffisamment les caractères. En général, tout ce qu'on essaie sur le sec dans cette partie de la botanique est incertain : le facies très-variable ne suffit jamais, sans le se- cours des observations ou des figures soigneusement faites au microscope sur le vivant, pour fonder de bons travaux. De là cette horrible confusion qui règne, dans les auteurs, sur lhis- toire des hydrophytes articulés, parce que de simples phrases spécifiques, telles que celles qu'entassa M. Agardh dans son Systema Algarum , n'y sauraient faire distinguer les espèces. A peine de minutieuses descriptions seraient-elles suffisantes, fussent-elles accompagnées de bons dessins, et même d’échantil- lons naturels, si l'algologue collecteur n’a soin de joindre à toutes ces choses quelques détails anatomiques figurés à divers grossissements. ORDRE PREMIER. — CÉRAMIAIRES. Les végétaux de cet ordre sont parfaitement distingués entre les autres hydrophytes articulés par leur fructification, qui n'est jamais interne, c’est-à-dire enveloppée, ni prisonnière dans la cavité des filaments, et qui consiste en capsules ou élytres parfaitement évidents, extérieurs, et fixés à la surface de la plante, particulièrement vers les extrémités des rameaux. Ce mode de fructification ra pproche les Céramiaires de plusieurs genres d'inarticulés, tels, par exemple, que Sphærococcus , Gigartina et Plocamium, pour n’en pas citer dont il n'ait été question dans le présent ouvrage. Entre les Céramiaires rap- portés par les naturalistes de /a Coguille, nous n'avons pu dé- terminer avec certitude que les six espèces suivantes. B20 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. XXXVII. Boryne, Boryna. Ce genre avait été formé depuis long-temps par-M. le doc- teur Grateloup, savant médecin de Bordeaux, et très-habile algologue, lorsqu'il fut publié, en 1822, dans le tome second du Dictionnaire classique d'histoire naturelle (p. 412). Il avait été long-temps confondu avec tant d'autres plantes disparates dans l'indigeste ramas que certains botanistes appelèrent Ce- ramium. M. Lyngbye, qui enfin a porté quelque lumière dans ce chaos, a divisé ce prétendu genre Ceramium en genres nou- veaux; celui auquel le savant danois conserva le nom proposé par Roth, se trouve renfermer les Borynes, avec quelques espè- ces qui doivent encore en être éloignées. Ces Borynes, comme les caractérisa M. Grateloup, doivent avoir leurs filaments cylindriques, dichotomes, se terminant en fourche, ayant leurs articulations alternativement colorées dans leur renflement , et diaphanes dans leur rétrécissement; les capsules externes, sphé. riques, sessiles, adhérantes aux rameaux et comme involucrées au moyen de deux à quatre ramules qui naissent au point d'in- sertion. Ce dernier caractère est parfaitement tranché : il éta- blit une certaine analogie entre les Borynes et le genre Ptilota, qui, parmi les hydrophytes non articulés, offre aussi des fruc- tifications involucrées. Les plantes du genre qui nous occupe, toutes fort élégantes et relevées de teintes pourprées, forment des touffes très-fournies"où les tiges sont rameuses, et produi- sent des filaments dichotomes, dont les extrémités ont de la propension à se recourber intérieurement en crochet. 94. BoRYNE ALONGÉE, Boryna elongata. Grat., Dict. class., tP 4152 AS Ceramium (Rubrum). Filis dichotomis ramosissimis, subcar- BOTANIQUE. 221 tlagineis ; ramis furcatés ; articulis ovatis, opacis; geniculis con- tractis; capsulis tnvolucratis. Ag., Syst. Alg., p. 135. Conferva rubra. Dillwin., Conf., tab. 34. Cette espèce, très-commune sur nos côtes européennes, nous a été donnée par M. Gaudichaud, qui l’a rapportée des Maloui- nes, mais qui l’a omise dans la relation de l Uranie. MM. Les- son et Durville l'avaient aussi retrouvée aux mêmes lieux; ce dernier l'a encore recueillie à la Concepcion sur les côtes du Chili. 95. Boryne DiapHanE, Boryna Diaphana. Grat., loc. cit., n° 3. N. In Durv. Flor. Mal., n° 5.- Ceramium (Diaphanum). Filis dichotomis, ramosissimis , submembranacets, ex purpureo et hyalino variegatis ; ramulis forcipatis; geniculis elevatis; capsulis involucratis. Agardh, Syst. Alg., p. 133. Varietas a. Conferva Diaphana. Dillw., Conf., tab. 38. Nous avons trouvé des-fragments de cette espèce, si còm- mune sur les côtes de France, parmi leshydrophytes rapportés des Malouines par M. Lesson. 96. Boryne virée, Boryna (Virgata). Filamentis elongato- denudatis, vagè dichotomis; ramis extremitatibus abreviatis. Ceramium rubrum 3 (Virgatum), Elongatum, vagè ramosum, nec dichotomum ? Ag., Syst. Alg., p. 136. Cette espèce, qui est devenue toute noire par la dessicca- tion, et que M. Agardh dit avoir reçue des côtes du Chili, a été retrouvée à la Concepcion sur les mêmes còtes par M. Dur- ville. 97. BORYNE compacte, Boryna (Compacta). Filamentis abre- viatis, crasstusculis, dichotomo-crebrioribus; furculis extremita- libus brevissimis, corniculatis. C'est de l'Ascension que M. Durville a rapporté cette espèce mêlée avec l'Acantophore que nous avons précédemment 229 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. mentionnée sous le n° 5r. Sa taille n'atteint guère que deux pouces. Elle est plus épaisse et moins transparente que ses congénères; elle a noirci par la dessiécation. Les rameaux y sont souvent très-confusément pressés, surtout le long des tiges; et leur bifurcation, au lieu de se recoquiller gracieusement, diverge ordinairement avec une apparente rigidité. 98. Boryxe DE Gaupicnauo, Boryna (Gaudichaudii). Fila- mentis elongatis, gracilioribus, vagè ramosis; ramis ramosissi- mis. N. in Durv. Flor. Mal., n° 7. Ceramium (interruptum). Filis ramosissimis, articulis diame- tro quadruplo longioribus, sensim incrassatis; capsulis pedicel- latis, ellipticis; line@ transversali medià notatis. Gaud., V. oy. de l'Uranie, p.157; Syst. Alg. Varietas 8 nigrescens, p- 142. Ayant donné à cette plante le nom du naturaliste zélé qui nous la rapporta le premier des Malouines, nous n'avons pas cru, à l'apparition du dernier ouvrage de M. Agardh, devoir lui en substituer un qui donnerait, selon nous , une idée fausse ; car nous ne voyons rien d'interrompu dans la Boryne dédiée à notre savant ami Gaudichaud. Quoi qu'il en soit, M. Lesson l'a retrouvée dans les mémes parages.. C'est une jolie petite plante trés-déliée, plus grêle que toutes ses congénères, lon- gue de quatre à six pouces, qui est devenue ‘noirâtre par la dessiccation , et chez qui les extrémités fourchues des rameaux sont d'une finesse extrême. XXXVII. Céramie, Ceramium. Ce genre, tel que nous le limitons ici, ne contient qu'une très- petite partie des espèces qui furent confondues sous le même nom par Roth, qui en était l'inventeur, et par les botanistes qui l’adoptèrent. Nous n'y comprenons que les espèces où les filaments sont cylindriques, non renflés aux entre-nœuds, arti- BOTANIQUE. 223 culés par lignes transversales, ayant tous les articles également colorés par une seule macule de la forme de l'article, qui est à peu près carré. La fructification consiste dans des élytres externes, solitaires, non involucrés, recouverts d’une enve- loppe vésiculeuse, qui les fait paraitre comme environnés d’un anneau nie quand on les regarde au microscope. Les Céramies, qui adhèrent assez bien au papier quand on les prépare pour l'herbier, avaient été regardées comme essentiel- lement marines par la plupart des algologues. Les eaux douces fournissent les leurs, entre lesquelles on peut citer le Conferva glomerata de Linné, et le fracta de Roth, qui présentent exac- tement les caractères du genre. Il existe même des Céramies terrestres : le Byslus aurea L. est de ce nombre. à 99. CÉRAMIE PÉNICILLÉE, Ceramium (penicillatum). Filamentis tenuissimis, longè dichotomis, flexuosis; extremitatibus ramosis- simè penicillatis. Cette charmante ae s'est développée à l'extrémité d’un débris du Sphérocoque de Chauvin, que nous tenions depuis quelques instants dans l'eau. pour le ramollir. Ses filaments très-fournis, qui étaient fins comme de la soie, formaient une touffe violâtre, confuse, un peu muqueuse, d'où s'échappaient quelques filaments un peu plus noirâtres, longs de trois à qua- tre pouces, fort rameux, flexueux, lâchement dichotomes, et présentant, à l'extrémité de la plupart des dichotomies, de nom- breuses ramules, très-courtes, et réunies en petits pinceaux ou fascicules dune extrême ténuité. La plante est devenue noire par la dessiccation ; elle adhère fortement au papier, et présente un aspect tant soit peu luisant. 100. CÉRAMIE coNFERVOÏDE, Ceramium confervoides. N. Dict. class., t. III, p. 433. Varietas marina. Conferva (Fracta). Filis ramosissimis, capillaceis; ramis di- varicatis, secundis , superioribus , crebris, subrecurvis ; articulis 224 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. diametro quadruplo longioribus. Var. 8 Marina. Ag., Syst. Alg., p- 110. Cette espèce, regardée par tous les auteurs comme une Con- ferve, parce qu'elle est verte, et qu'elle habite ordinairement les eaux douces, est cependant un vrai Ceramium , comme le démontre l’excellente figure qu'en a donnée M. Lyngbye dans la planche LII de son Tentamen. C'est la variété marine qu'en a recueillie M. Lesson sur les rivages des Malouines, et que M. Durville a rapportée d'O-Taïti, où elle végétait à l'embou- chure d'une rivière dont l'eau était saumâtre. XXXIX. Hurcawme, Hutchintia. Ce genre, formé par M. Agardh, fut adopté par M. Lyngbye. Ses caractères consistent dans des filaments cylindriques, dont les articles sont marqués intérieurement par plusieurs séries de matière colorante, et produisant des capsules extérieures un peu acuminées, non involucrées, assez grosses, et s ouvrant par en-haut par déchirement pour la dissémination de gongyles qu'on distinguait dans leur transparence. En réduisant les Hutchinties aux espèces qui présentent rigoureusement les caractères qui viennent d'être énoncés elles forment un groupe des plus naturels. 101. HUTCHINTIE A GROS FRUITS, Hutchintia (Macrocarpa). Filis compressis, ramosissimis, virgatis, opacis, supernè subpel- lucidis; ramis sensim attenuatis? Ag., Syst. Alg., p. 157. Nous croyons reconnaitre dans la plante que M. Agardh men- üonne comme lui venant des Antilles, une Hutchintie, que M. Durville nous a rapportée des côtes du Chili. La grosseur de ses élytres ne permet pas de douter de l'identité. ORDRE DEUXIÈME. — CONFERVÉES. Les hydrophytes articulés de cet ordre diffèrent essentielle- BOTANIQUE: 225 ment des Céramiaires, en ce que les organes de la reproduction ny sont jamais extérieurs. Quelle que soit la forme de ces organes ou la situation qu'ils occupent, ils sont toujours inter- nes, c'est-à-dire renfermés dans la membrane même dont se forment les tubes. Nous n'en connaissons point qui soient ornés de nuances roses ou pourprées : le vert plus ou moins intense en est la teinte dominante. XL. Scyronème, Scytonema. Ce genre, sur la validité duquel s'élèvent des doutes, fut établi par M. Agardh dans son Synopsis Algarum, et reproduit dans son Systema. Les caractères qu'il lui assigne sont vagues, et les espèces qu'il y réunit semblent être disparates. Néan- moins, dans l'impossibilité où nous sommes de rapporter avec sureté la plante suivante dans un groupe qui lui convienne le mieux, nous conserverons ici Ce genre Scytonème, qu'on dit avoir des filaments coriaces, cylindriques, marqués d'anneaux intérieurs, sans que les articles y paraissent bien tranchés ou manifestes. 102. SCYTONÈME INTRIQUÉ, Scytonema (Intricata), Subsolida, internè areolata, atrata, rigida; filamentis ramosis intricatis, MM. Durville et Lesson ont rapporté cette plante des Ma- louines et des côtes du Chili à la Concepcion. Elle y forme, sur les rochers ou parmi les autres hydrophytes, de petits coussi- nets ou des couches serrées noirâtres, qu'on reconnait être composées , lorsqu'on en sépare les parties, de filaments longs d'un pouce ou un peu plus, partant en grand nombre d'une même base, de la grosseur d'un crin, très-rameux, en corymbe à leur extrémité, à rameaux assez courts, surtout le long des tiges, rigides et divariqués. Vue au microscope, la plante est plutôt aréolaire qu'annelée; et comme nous nen ayons point Voyage de la Coquille. — Botanique. 29 226 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. reconnu la fructification, nous nous voyons réduit à la ranger ici d'après son port plutôt que d'après des caractères certains. Cette plante est celle qui, dans la Flore des Malouines de M. Durville, est mentionnée sous le n° 8 bis comme un Scy- tosiphon. XLI. SPHAcELLAIRE, Sphacellaria. Dans les plantes de ce genre, la fructification , toujours in- terne, consiste en gongyles très-opaques, disposés en petits rén- flements aux extrémités des dernières ramules, qui paraissent alors un peu dilatées en massues, mais qui sont très-aigués, et même rigides quand elles demeurent stériles. Les tiges sont en général fort rameuses, et les rameaux sont assez régulière- ment comme pinnés ou bipinnés; ce qui donne aux Sphacellai- res, qui n'adhèrent pas au papier et qui sont de consistance un peu sèche, quelque chose de plumeux. 103. SPHACELLAIRE CALLITRIQUE , Sphacellaria (Callitricha.). Caule filis confervoideis vestito ; ramis bipinnatis ; pinnis ad æquè geniculum emittentibus pinnulas minutas aculeatas; arti- culis diametro parum longioribus. Gaud. , Voy. de l'Urante, P- 157; Ag., Syst. Alg., p. 166; Flor. Mal., n° 17. Cette plante, rapportée par M. Gaudichaud des iles Maloui- nes, a été retrouvée par M. Durville à la Concepcion sur les côtes du Chili. XLII. Conrerve, Conferva. Nous ne rangeons plus sous ce nom ce que les botanistes appelaient Conferva sur les traces de Linné. Le genre Conferva de ce grand homme est maintenant réparti dans plusieurs fa- milles, et même dans des ordres divers. Les plantes qui vont nous occuper ont pour caractères : Des filaments cylindriques, BOTANIQUE. 227 simples ou peu rameux, renfermant une matière colorante qui parait contenue dans un tube interne, qu'interceptent de dis- tance en distance des valvules comme pour y former des articles, lesquels, par l'effet de la dessiccation, paraissent être al- ternativement comprimés et renflés. Le genre où nous placons les Conferves proprement dites est celui où sont le plus d'es- pèces d’eau douce. On doit le diviser en plusieurs sous-genres, dont il est inutile de faire mention dans cet ouvrage où nous avons peu de Conferves à faire connaitre. - 104. ConrErve pes Moruques, Conferva (Moluccana). Filis simplicibus, capillaribus, longissimis, flavescentibus , articulis diametro duplo longioribus. Ag., Syst. Alg., p. 91; Gaud., Xoy: de [l Uranie, p.156. Nous n’hésitons point à regarder comme identiques la plante rapportée par M. Gaudichaud des bords de l'ile de Pisang, et celle que M. Durville a rapportée des côtes du Chili. La com- paraison que nous faisons de deux échantillons authentiques ne saurait laisser le moindre doute; mais elle prouve combien les noms de lieux sont mauvais, quand il s'agit de désigner des plantes qu'on peut retrouver dans les parties les plus éloignées du globe. 105. CONFERVE ANTENINE, Conferva (Antenina). Filamentis simplicibus parallelis, infernè æqualibus, supernè articulatis. N. _Loy.en quatre iles d Afr:, t. IL, p. 161. Conferva (ærea). Filis simplicibus. setå crassioribus, rigidis erectis adnatis, articulis diametro brevioribus. Ag., Syst. Alg., p: 100; Dillw., tab. 80; Lyngb., Tent. Hydr. Dan., pl. 51. Nous fimes connaitre le premier cette espèce , que nous dé- couvrimes vers 1801 sur les rescifs de Mascareigne. Depuis, les algologues du Nord l'ont retrouvée dans leurs mers, et changèrent son nom. Léon Dufour la recueillit dans le port de Barcelone. M. Durville nous l'a rapportée des côtes.du Chili. 29: 228 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. OrDre Des CHAODINÉES. Nous rangeons dans ce dernier ordre les végétaux les plus simples, ceux dans lesquels n'existent, pour ainsi dire, que des formes rudimentaires, et chez qui tout autre mode de repro- duction que celle qu'on nomme 7omipare était encore inutile. De la matière muqueuse et des molécules globulinaires, diver- sement ajustées dans l'épaisseur de cette modification élémen- taire, constituent les Chaodinées, où chaque molécule, ainsi que la moindre fraction de matière muqueuse, suffit pour reproduire une Chaodinée nouvelle, en s’assimilant, par certaines règles d'homogénéité qui nous demeurent inconnues, d'autre globuline et d'autre mucus. Nous avons dit ailleurs : «Pour peu qu’on ait touché des rochers long-temps mouillés, les pierres polies qui forment le pavé ou le pourtour de certaines fontaines closes, et la surface de divers corps solides inondés ou exposés à l’humi- dité, on a dů reconnaître la présence d'une mucosité particulière, qui ne se manifeste qu'au tact, dont la transparence empêche d'apprécier la forme et la nature, et dans laquelle le micros- cope n’aide à reconnaitre aucune organisation : cette mucosité ressemble à une couche d’albumine étendue avec le pinceau. Un tel enduit est ce qui rend souvent si glissantes les dalles sur lesquelles coulent les conduits d'eau, et les roches plates qu'on trouve quelquefois dans les rivières ; il s’exfolie en sé- chant, et devient à la fin visible par la matière dont il se colore ; soit en vert, soit par une teinte de rouille souvent très-foncée. On dirait une création provisoire, qui se forme comme pour attendre une organisation, et qui en recoit de différentes selon la nature des corpuscules qui le pénètrent ou qui s'y développent. On dirait encore l'origine de deux exis- tences bien distinctes, l'une certainement animale, l’autre cer- BOTANIQUE. z 229 tainement végétale. C'est de cette sorte de création primitive que nous avons, dans le Dictionnaire classique d'histoire natu- relle, formé notre genre Chaos.» Ce genre y est devenu d’abord le type d'une famille des Chaodinées, qu'il a fallu par la suite élever au rang des ordres, lorsque, mieux examinées , les créa- tures que nous y avions rassemblées ont dù, à cause de l'aug- mentation du nombre, se répartir en trois familles, savoir : celle des CHaonines proprement dites, celle des TRÉMELLAIRES, et celle des Dipnyses. A cette dernière appartient la seule espèce de Chaodinées qu'ait rapportée la Coquille. Quelle que soit la forme qu'affectent les végétaux de l'ordre qui va terminer le travail hydrophytologique dont nous nous étions chargé, on reconnait dans tous cette mucosité ca- ractéristique qui en forme, pour ainsi dire, l'essence. Elle les enveloppe, les lubrifie en leur donnant quelque chose de parti- culier au toucher; et comme le propre de la matière muqueuse’ est, même après avoir été long-temps desséchée, de reprendre sa consistance en se distendant lorsqu'on la replonge dans l'eau , les Chaodinées jouissent au plus haut degré de la fa- culté de revivre, ou du moins de reprendre l'apparence de la vie lorsqu'on les remouille. Cette faculté est l'un des grands caractères qui, dans ces parties obscures de l'histoire natu- relle où la botanique et la zoologie viennent se confondre par d'insensibles nuances, feront distinguer rigoureusement tout ce qui fut purement végétal de ce qui posséda un premier degré d'animalité. Nous pouvons affirmer, en dépit de certaines expériences qu'on dit avoir faites sur des Rotifères et des Vi- brions, que jamais le moindre des animalcules microscopiques, ou le dernier des polypes dont nous faisons des Psychodiés ?, * Voyez notre article Marière, dans le Dictionnaire classique d'histoire na- turelle, t. X, p. 248. 2 Voyez ce mot dans l'Encyclopédie par ordre de matières. 230 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. n'a repris sa forme, quand on l'a remouillé, après une des- siccation complète : à plus forte raison n'a-t-il pu jouir d'une résurrection, à moins que le miracle des morts sortis du tombeau au contact des os d'Élisée ne se soit renouvelé sur le porte-objet de Spallanzani et de ses copistes. Les Tré- mellaires, les Batracospermes, au contraire, se décollent du papier où le botaniste les avait appliqués; ils rie tardent point à reprendre leur première forme, à se distendre, à flotter mollement quand ils sont remis dans leau, de sorte que l'on peut les préparer quand on en recoit des échantillons mal disposés, et les observer long-temps à son aise après qu'ils furent recueillis. Ces plantes ne perdent la faculté de se ramollir ainsi, que lorsqu'on les à plusieurs fois soumises à la même épreuve, et que la matière muqueuse constitutrice, qui ne s'est pas reproduite durant ces immersions et ces des- séchements successifs, a fini par se disperser dans les diffé- rentes eaux où elles furent mises. XLHI. Trorée, Thorea. Herborisant, au mois de brumaire an X de la République, dans le vallon sauvage que forme, entre des tranchées basal- tiques, la rivière du Rempart, l'un des torrents de l'ile Mas- careigne, voisin du volcan, nous découvrimes dans les eaux un de ces élégants végétaux qu'alors on appelait Conferves : au même instant, l'un de nos meilleurs amis, feu le docteur Thore de Dax, habile botaniste, découvraitèdans l Adour une autre prétendue Conferve, tellement ressemblante à celle quernous avions trouvée, qu'ayant comparé les deux plantes, à notre re- tour, nous n'hésitâmes point à regarder l'une et l'autre comme des variétés d’une même espèce. Ayant étudié depuis avec plus d'attention les Conferves, et l'un des premiers en Europe y BOTANIQUE. 231 ayant trouvé de nouveaux genres à établir, c'est à M. Thore que nous pensämes devoir dédier celui dans lequel nos découvertes faites simultanément à de si grandes distances devaient ren- trer. Le genre Thorea, adopté dès-lors par tous les bota- nistes, reçut pour caractères : Filaments extérieurement recou- verts de filets ciliformes, courts, simples, fins, articulés, et formant un duvet rameux sur toutes les parties du végétal. Les Thoréessont le passage trèsnaturel des Chaodinées diphyses aux Varecs cylindracés par les Sprochnus, les Scytosiphons, et même les Chordaries. 106. Taorée DE GaupicHauD , PI. 24, fig. 3, Thorea (Gau- dichaudii). Filamentis ramosis; tomento olivaceo-virescente. Thorea (Gaudichaudii). Filis ramosis olivaceo-viridibus. Ag., Syst. Alg., p. 56; Gaudichaud, Voy. de Uranie, p. 155. M. Agardh dédia cette espèce au savant bôtaniste qui la découvrit dans une petite rivière de l'ile de Guam, l’une des Mariannes. Nous en trouvons quelques brins parmi les échan- tillons d'hydrophytes rapportés par M. Lesson, et qui font partie du paquet des Carolines sans autre indication de lieu. La figure que nous donnons ici rend toute description inutile. La plante à pris, par la dessiccation, la teinte cendrée qu'on lui voit dans notre dessin. ` Explication des Figures. Pl. 24, fig. 3, A. Fragment de la Thorée de Gaudichaud, que nous possédons en herbier. B. Une parcelle de rameau, au grossissement de deux lignes environ, pour montrer de quelle manière le duvet muqueux y investit, pour ainsi dire, le filament fondamental. Telles sont les productions hydrophytologiques ou les agames aqua- tiques dues aux recherches de MM. Durville et Lesson. Nous avons dù 232 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. nous borner, dans ce travail, à faire connaître les seules espèces dont les échantillons se trouvaient en assez bon état pour être sûrement déter- minés. Tous y ont été rappelés à la vie et dessinés dans leau. Les cou- leurs de la plupart ont été plus ou moins altérées par cette seconde préparation tardive; mais ils n’en sont pas moins très-reconnaissables dans nos collections, où on pourrait en tout temps vérifier leur existence, et s'assurer de la scrupuleuse attention que nous avons apportée à bien copier nos modèles sans essayer d’embellir la nature, comme le font certains dessinateurs, plus élégants que corrects, lesquels s'inquiètent peu qu'on recoñnaisse ou non leurs modèles, moins chargés de teintes bril- lantes que.ne le sont leurs trompeuses peintures. La nécessité où nous étions de figurer nous-même les objets dont la description avait été confiée à l'amitié, nous ayant rendu quelque ha- bitude du pinceau, nous essaierons, quand un plus grand nombre de matériaux que ceux dont nous pouvons disposer seront parvenus à notre disposition, de publier un grand travail sur la végétation ma- rine, où seront représentés, à peu près de la même maniere, les hydrophytes dont les meilleures descriptions ne suffisent point pour donner des idées suffisantes, et dont nous persistons à regarder l'étude comme étant de la plus haute importance pour le perfectionnement de la Géographie physique. Pour ce grand travail, avant l'exécution duquel, afin de lever quelques-uns de nos doutes, nous songeons à entreprendre encore quelque excursion dans les régions équatoriales, nous sollicite- rons la participation des voyageurs, entre autres celle des officiers de santé de la marine royale, qui peuvent avoir la certitude que leur nom ne sera pas mis en oubli s'ils daignent recueillir, dans tous les parages qu'ils visiteront , des hydrophytes à notre usage, en employant pour les conserver les procédés qu’on trouve indiqués à la fin de l'Introduction du présent ouvrage. ; BOTANIQUE. 233 AÉROPHYTES. Feu le professeur Lamouroux avait essayé d'introduire ce mot dans la science, par opposition à Hydrophytes ou plantes de l'eau, pour désigner collectivement les végétaux qui croissent dans l'atmosphère. Nous en restreignons ici la signification aux agames qui ne vivent pas, comme ceux dont nous venons de nous occuper, dans la mer ou dans les eaux douces. Ces agames de l'air sont les champignons et les lichens des botanistes du siècle dernier, aujourd'hui placés dans plusieurs familles dont il ne sera point question ici, parce que le nombre des espèces qu'en ont rapporté les naturalistes de la Coquille est peu con- sidérable, et qu'il ne résulterait de leur étude aucune lumière nouvelle pour l'étude de la géographie botanique, science à laquelle on à pu voir que nous avons, selon les intentions de MM. Durville et Lesson, subordonné jusqu'à la partie descrip- tive de notre travail. Les deux ou trois champignons licheneux rapportés de Sainte-Catherine par nos savants amis étaient déja connus comme venant du Brésil. Il n'en est pas de même des lichens, dont l'expédition a fait connaitre quelques espèces nou_ velles, que nous devons mentionner. On sait combien l'étude des lichens est aujourd'hui goutée en Europe, et à quel point le nombre des genres et des espèces s'est multiplié dans une famille qui ne formait qu'un genre de quatre-vingt et quelques espèces pour Linné. Nous n'en possé- dons guère moins de sept à huit cents bien certaines, sans compter d'innombrables variétés qui rendent souvent leur dis- tinction très-difficile. Les travaux du Suédois Acharius sont encore ceux qu'on peut consulter avec le plus de fruit sur cette branche de la botanique, sur laquelle nous ne possédons pas Voyage de la Coquille. — Botanique. 30 234 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. encore un traité qui soit à la hauteur des connaissances acquises dans ces derniers temps. Il y règne cependant une confusion, que tendent à augmenter ces déterminations au moins légères que se permettent certains botanistes, qui, se donnant pour les oracles de la cryptogamie où ils n’entendent plus rien, accaparent les trésors que leur rapportent des voyageurs inexpérimentés, sous prétexte de les faire connaitre. C'est surtout parmi les lichens, si polymorphes et souvent si ressemblants entre eux, qu'il est dangereux de juger d'après des échantillons, la plupart du temps mutilés, qui nous viennent de loin, et qu'on y récolta trop souvent comme -au hasard. Il résulte de ces catalogues incomplets, une phrase arbitraire, des doubles emplois, un nom d'espèce européenne appliqué bien ou mal une espèce exotique, des points d'interrogation sans nombre, les plus fausses idées sans le moindre avantage pour la connaissance positive de chaque objet. Nous ne nous égarerons point dans une telle voie. Il devient plus que jamais important de négliger en géogra phie botanique tout ce qui ne donne pas de notions positives. Les échantillons méconnaissables de lichens peuvent sans contredit ètre soigneusement conservés dans un herbier, en attendant que d'autres échantillons viennent les compléter et puissent leur être confrontés; mais leur énumération nous parait devoir être plus préjudiciable qu'utile dans le compte rendu d'une circum- navigation où tant de choses importantes trouvent d'autant moins de place qu'on en donne davantage à de véritables su- perfétations. Nous ne mentionnerons donc ici, comme nous l'avons fait pour les Hydrophytes , que ce qui aura pu être par- faitement reconnu. 1. Panne Érvrarocarre, Pannaria (Erythrocarpa) ; T'halo suborbiculato, lobato, glauco-cinereo ; centro pulverulento-cor- BOTANIQUE. 23h rupto , crasso ; lacinirs linearibus adpressis radiantibus connato- confusis, linearibus, margine penè distinctis ; infernè et in peri- spheria tomentoso nigro-cærulæo inflato. N. Dict. class. d'hist. nat., t. XIL Ce lichen pourrait bien être celui de M. Persoon dans la partie cryptogamique du voyage de l’Uranie, appelé ( p. 199) Parmelia sandwichiana. Du moins nous possédons en herbier un échantillon donné par M. Gaudichaud, comme venant des Sandwich, mais sans nom, qui se rapproche beaucoup de notre plante, que jadis nous découvrimes à Mascareigne sur les ro- chers dans le lit de la rivière du Mat, et que M. Durville nous a rapportée d'O-taiti. Nous ne savons trop à quel point le nom d'Érythrocarpe imposé par Delise peut convenir, ne connaissant pas les scutelles de notre Pannaire. La plante se reconnait aisé- ment au premier coup d'œil, par le rebord velu, épais, tur- gescent et d'un beau noir bleuâtre qui l'environne. Ses expan- sions sont orbiculaires, mais se déformant et s’écaillant aisé- ment, arrondies, d'un à deux pouces et même trois de diamètre au plus, d'un gris cendré, jaunâtre, un peu luisant sur les bords, qui contraste avec le rebord noir et velu du pourtour. Le centre est plus brun, ordinairement chargé de pulvinules et de gra- nulations. Les divisions du thale, qui est épais comme dans toutes les Pannaires , sont étroites, deux ou trois fois divisées en fourches, serrées, subparallèles, fortement appliquées et à peine distinctes dans quelques cas, surtout vers les bords de l'ex- pansion, où elles se serrent quelquefois tellement les unes sur les autres, qu'on les dirait imbriquées. Plusieurs des espèces des Antilles et du Brésil lui ressemblent beaucoup, ainsi que d'autres échantillons venus de Rawak et des Mariannes. 2. PARMÉLIE LuGuBRE, Parmelia lugubris. Persoon, Uran. , p. 196. 30. 236 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Parmelia phrlodes @ vittata. Ach., Syst. Lich., p. 218. M. Gaudichaud avait trouvé ce lichen aux Malouines , où il . couvre les rochers, et présente plus en grand quelque chose de l'aspect du Phylodes, avec lequel on l'avait confondu; M. Durville l'a retrouvé aux mêmes lieux : il constitue bien certainement une espèce ; et nous en possédons des individus, parfaitement identiques , recueillis dans les montagnes du pays de Salzbourg. 3. Sricre TOMBANT, Sticta patula. Delise, Stict. n° 43, pl. 13, fig. 5. Dom Simon de Rozas y Clemente nous avait donné cette plante comme venant du Mexique. Bompland l'avait trouvée dans les montagnes de Quito au Pérou. M. Durville l'a retrou- vée à O-taïti sur les vieux arbres. 4. STIcTE DE Durerir-THOUARS, Sticta Thouarsi. Delise, Stict. n° 25, pl. 8, fig. 29. M. Dupetit-Thouars découvrit cette plante à Tristan d'Acuña; M. Durville l'a rapportée d'O-taiti. 5. Srrcre ne GaunicmauD, Sticta Gaudichaldic. Delise, Stict. n° 20, pl. 7, fig. 25. MM. Gaudichaud et Durville ont l'un et l'autre trouvé cette espèce aux Malouines. Elle nous parait être bien peu différente du .Stcta gilva que nous possédons du cap de Bonne-Espérance. 6. Sricre CORPOLOME, Sticta corpoloma. Delise, Stict. suppl. (non figuré). M. Lesson a rapporté de nombreux échantillons de cette belle espèce, qui croit sur les vieux arbres autour de la Baie des iles de la Nouvelle-Zélande. i 7. Sriore DE MoucEoT variété XANTHOLOME, Sticta Mou- geotiana & Xantholoma. Delise, Stict. n° 11, pl. 5, fig. 14. Delise nous donna cette plante comme se trouvant à Masca- BOTANIQUE. 237 reigne, où elle nous échappa. Il dit aussi l'avoir reçue de Cayenne. M. Durville l'a rapportée de Sainte-Catherine du Brésil. 8. Sricre sAFRANÉ, Sticta crocata. Delise, Stict. n° 8, pl. 4, fig. 10. Delise donne cette plante comme se trouvant indifféremment en Écosse et dans l'ile de Sandwich. MM. Durville et Lesson l'ont retrouvée aux Malouines. M. Persoon fait de l'échantillon rapporté de ce dernier lieu par M. Gaudichaud une espèce par- ticulière sous le nom de Sticta citrina. Uran., p. 201. 9. STICTE DORÉ, Stzcta aurata a.. Delise, Stict. n° 5, pl. 2, fig. 5. i M. Lesson nous a rapporté de la Nouvelle-Zélande un échan- tillon de ce Sticte parfaitement identique avec ceux que nous possédions déja des environs de Cherbourg, de la Basse-Bre- tagne et de Corse. M. Delise dit l'avoir, en outre, reçu de la Jamaïque, de Sainte-Hélène , du Pérou et de Rio-Janeiro. 10. STICTE EUDOCHRYSE, Sticta eudochrysa. Delise, Stict. n° 1, pl. 1, fig. 1, dont le Sticta Durvillæi du même auteur au Sup- plément ne nous parait être qu'une légère modification. M. Dur- ville a rapporté ce lichen des Malouines, où l'avait précédem- ment découvert M. Gaudichaud. 11. NÉPHROME poRéE, Nephroma aurata. Pers. in Uran., p: 203. Cette plante est bien une espèce du genre Nephroma ; et, d’après les échantillons que nous avons sous les yeux, il devient évident, comme le dit M. Persoon, que Delise l'a confondue avec un Sticte pour n’en pas avoir vu la fructification. M. Gaudichaud nous l'avait rapportée de Rio-Janeiro. M. Durville l'a retrouvée à Sainte-Catherine. l 12. BORRÈRE LEUCOMÈLE, Borrera leucomela. Ach., Lich. univ., P. 499, n° 5, varietas 8 angustata. N. 238 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Elle a ses expansions beaucoup plus étroites que la variété européenne que nous découvrimes dans la forêt de Fougères en Bretagne vers 1800, et qu'on a retrouvée depuis dans quel- ques autres cantons de l'Europe occidentale. Elle est aussi plus allongée dans toutes ses parties. Nous l'avions trouvée autrefois à Ténériffe sur les vieux arbres de la forêt de Laguna. M. Dur- ville l'a récoltée dans les environs de Lima au Pérou, d'où nous l'avait aussi communiquée M. Pavon, botaniste espagnol. 13. BORRÈRE FLUETTE, Dorrera exilis. Ach., Lich. univ., p. 505. Nous ne voyons pas la raison qui a pu porter M. Persoon, dans la partie lichénographique de la relation de Uranie, à changer le nom de cette espèce pour lui donner (p. 207 ) celui de flavogrisea. M. Gaudichaud l'a rapportée de Rio- Janeiro. M. Durville l'a retrouvée à Sainte-Catherine. Nous l'avions déja de la Caroline, où Bosc la recueillit sur des pruniers. 14. BORRÈRE JAUNE D'OR, Borrera flavicans. Ach., Syn. Lich., p- 224. Nous découvrimes cette magnifique espèce sur les vieux hêtres de la forèt de Fougères en Bretagne vers 1800; et telle était alors notre circonspection à former des espèces nouvelles, que nous la regardions comme le Lichen citricolorus du Systema nature ou quelque état du vulpinus, L. Peu après, nous la retrouvâmes dansles broussailles et sur les arbustes de la montagne du Corps- de-garde à l'ile de France. Depuis, on l'a indiquée comme croissant au Pérou, et nous l'avons reçue du Ténériffe, où, comme à Fougères, elle se méle au Borrera leucomela pour former des touffes de la plus grande élégance. M. Delise, notre meilleur lichénographe, l'a récoltée à Vire en Normandie. MM. Durville et Lesson nous l'ont rapportée de l’Ascension et de Sainte-Hélène : Willdenow la possédait de la Silla de Ca- racas. BOTANIQUE. 239 15. CORNIGULAIRE AIGUILLONNÉE, Cornicularia aculeata B spa- dicea. Ach., Meth. 301. Coralloides fructiculi specie, etc. Dillw.., musc., tab. 17, fig. 31, B. ! Cette variété diffère bien peu du type, et se confond avec lui dans presque toutes les parties de l'Europe où nous avons trouvé celui-ci. MM. Gaudichaud et Lesson l'ont rencontrée assez abondamment aux iles Malouines. 16. RoccELLE GRèLE, Roccella gracilis, N. Dict. class. d'hist. nat., t. XIV, p. 631, n°3. Cette petite espèce, que M. Turpin nous avait communiquée croissant sur des branchages à Saint-Domingue, a été retrou- vée à l'Ascension par MM. Lesson et Durville contre les rochers. Ses expansions, cylindracées, subulées, grêles, aiguës, un peu rameuses et blanchätres, ont d'un à deux pouces de long, et forment de petites touffes montantes et serrées que leur aspect fait aisément distinguer de toutes les autres Roccelles. 17. Roccezze Ramarinoïne, Aoccella ramalinoides, N. Dict. class., loc. cit., n° 5. Nous la possédions déja de la Guadeloupe. M. Durville l'a récoltée à Payta au Pérou. Nous sommes porté à croire que c'est elle que M. Kunth donne dans son Synopsis comme le fuciformis. Elle y ressemble effectivement; mais, outre qu'elle n’acquiert pas les mêmes proportions, elle est plus grêle dans toutes ses parties, et ses extrémités, fort amincies et étroites, sont molles et quelquefois contournées. Elle forme un passage au phycopsis. 18. SpHÉROPHORE DES TourBières, Sphærophorum (Turpho- sum). Thalo dendroideo, cylindraceo; ramis extremitatibus nu- merosissimis fastigiato-adpressis. N. sous le nom de Sphæro- phorum compressum par M. Persoon dans la relation de /’Uranie. Ce lichen croit dans la tourbe, qui remplit et pénètre toutes 240 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. les divisions de son thale dendroïde et très-rameux, long d'un pouce ou un peu plus, et brunâtre. Les rameaux, très-nom- breux aux extrémités, ferment la surface des pulvinules que compose la plante au-dessus du sol. Ils sont grisâtres et rap- pellent un peu par leur consistance ceux du fragile, mais en raccourci. ; 19. STÉRÉOCAULE RAMULEUX, Stereocaulum ramulosum. Ach. et Persoon, Uran., p. 21r. M. Gaudichaud avait découvert cette espèce à Rio-Janeiro.” M. Lesson l'a retrouvée à la Nouvelle-Zélande. 20. RAMALINE RoccELLIFORME, Ramalina roccellæformis, N. Dict, class. d'hist. nat., t. XIV, p. 458. Cette espèce, singulière par son aspect, et qu'au premier coup d'œil on pourrait prendre pour toute autre chose qu'une Ramaline, a ses expansions longues d'un à deux pouces, sub- cylindracées, et partout inférieurement fruticuleuses, montan- tes, divisées aux extrémités en ramules subulés et semblables à ceux des petites Roccelles, portant latéralement des apothécies ` proportionnellement assez grandes, avec leur disque glauque. M. Durville l'a rapportée de Payta au Pérou. 21. RAamaALINE morasse , Ramalina flaccidissima, N. In Durv. Flore des Mal. Ses expansions, pendantes aux rameaux des arbustes et très- mollasses, sont larges au plus d'une ligne et demie, et longues de trois à sept pouces, dichotomes, et se terminant en tr dues subulées : nous n’en connaissons pas la fructification. M. Dur- ville la découvrit aux Malouines. 22. UsNÉE MELAxANTHE, Usnea melaxantha. Ach., Syst. Lich., p- 303. Cornicularia flavicans. Persoon, Uran., p- 210. Ceite belle plante, trouvée aux Malouines par MM. Gaudi- chaud, Lesson et Durville, y'couvre les cimes nues des rocs les BOTANIQUE. 241 plus battus des vents, aux lieux dépouillés. M. Kunth, dans son Synopsis, la donne comme des Andes de Quito, et lui assigne une station analogue, au-dessus de 1800 toises d'élévation. Nous ne voyons pas trop les motifs qui ont pu déterminer M. Persoon à en faire une Corniculaire : mais aussi n'est-elle peut-être pas une Usnée. 23. UsNÉE LEUCOCHLORE, Usnea (leucochlora); Ramis tenuis- simis, gracilioribus , divaricato-pendulis , glabro-nitidis. N. L'échantillon que nous avons sous les yeux, rapporté de l'ile de Sainte-Hélène par M. Durville, a ses tiges très-grêles, de la grosseur d'un mč de guitare au plus vers la base, pendantes, rameuses, mais moins que ne le sont celles des autres espèces retombantes. Les rameaux, aussi moins nombreux et pluslâches, sont fins, vagues, épars , et finissent par être, aux extrémités, de la plus grande tenuité. La plante peut avoir de huit à dix pouces de long; elle doit croître sur les arbres, car des parcelles de frondes de fougères, aussi parasites, y sont enlacées; elle est glabre, polie, et même tant soit peu luisante, et sa couleur est jaunûtre. Ici finissent pour nous les lichens rapportés par la Coquille. Il eùt été facile d’en élever le nombre au triple; mais nous nous .fussions exposé à plus d'une erreur, les échantillons que nous avions sous les yeux n'étant pas complets. Notre circonspection n’empêchera pas de reconnaitre que peu de voyageurs ont récolté autant d'agames bien détermi- nables que le firent MM. Durville et Lesson. On doit encore cette justice à ces habiles naturalistes, qu'ils n'ont pas imaginé qu'il fut nécessaire de recourir à quelque botaniste étranger pour faire connaitre les richesses qu'ils avaient recueillies. Nous avons dû conséquemment leur en prouver notre reconnaissance Voyage de la Coquille, — Botanique. 37 242 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. personnelle, en portant la plus scrupuleuse attention dans la path de collaboration qu'ils nous confièrent. Il était enfin temps qu'au retour de circumnavigations ordonnées par le gouverne- ment français, les naturalistes de ces expéditions n’adressassent plus leurs s agames en Suède et leurs cryptogames en Angleterre pour les faire publier. On n'a jamais vu un Anglais surtout recourir àun des savants francais en pareille circonstance. FIN DE L’'AGAMIE. BOTANIQUE. : 243 CHAPITRE SECOND. - CRYPTOGAMIE. DESCRIPTION DES VÉGÉTAUX OU LES SEXES PARAISSENT EXISTER, MAIS DANS LESQUELS ILS NE SONT POINT DISTINCTS. Nous avons, en entrant en matière dans cet ouvrage, dit ce qu'étaient les cryptogames. Il est temps de faire connaître à leur tour les végétaux de ce grand embranchement que nous ont rapportés les naturalistes de la Coquille. Ici notre tâche se simplifie. Les botanistes s'étant beaucoup plus occupés des cryp- togames que des agames, les plantes où les sexes ne sont qu'ob- scurs commencent à être passablement déterminées, et surtout beaucoup mieux classées que ne l'avaient été les hydrophytes. Nous n'aurons donc point à établir de nouvelles familles, ni même des genres nouveaux. Notre but, nous nous plaisons à le répéter, étant principalement de faire concourir l'étude des plantes au perfectionnement de la géographie physique, nous croyons devoir nous borner à un choix d'espèces dans les ré- coltes cryptogamiques de MM. Durville et Lesson, en éliminant celles qui, étant bien connues, n'ajouteraient, par la mention que nous en pourrions faire, rien aux faits connus. Sans nous étendre sur des généralités qu'on trouverait partout, et sans nous appesantir sur dés descriptions inutiles, il nous suffira de citer le nom que donnent à chaque espèce les auteurs accré- dités, avec la meilleure planche où chacune se trouve représen- tée. Mais nous entrerons dans les plus grands détails sur leur 31. 244 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. habitat. Quant aux espèces nouvelles, elles seront décrites, puis- que nous ne pourrions renvoyer à aucun autre ouvrage pour en donner une idée. i Les mousses et les hépatiques, qui, dans l’ordre du simple au compliqué que nous avons suivi Jusqu'ici, devraient commencer la cryptogamie, ne nous ont offert rien qui ne fût connu, et qui n'eùt été précédemment rapporté des mêmes lieux par les voyageurs antérieurs à ceux de /a Coquille. Mais la récolte en fougères de ces derniers est riche, et mérite de fixer l'attention. Un savant Mémoire de M. Durville sur ces plantes, inséré dans les Annales de MM. Audouin et Brongniart , nous dispense de trai- ter avec étendue les généralités qui les concernent. Un travail spécial de cette nature serait peut-être même déplacé dans la relation d'un voyage autour du monde, et nous nous hâterons conséquemment de descendre à l'énumération des espèces. Lycoropracées, Lycopodiacee. 1. Lycopone PHLEGMAIRE, Lycopodium phlegmaria. L. Spec. Plant. p. 1564; Willd., Sp. ro, p- 10; Gaudichaud, Uran., p- 281: Lycopodium erectum > dichotomum; foliis cruciatis, spicis gracilioribus. Dill., Musc., p. 450, tab. 61, fig. A, B, C. M. Durville a rapporté d'O-taïiti cette espèce, que nous avons autrefois trouvée fréquemment pendante sur les troncs des vieux arbres sur la montagne du Pouce et dans les forêts centrales de l'ile de France; elle existe également aux Philippines, particulière- ment à Guam, d'où Fa rapportée Gaudichaud, ainsi qu'à la côte de Malabar. 2. Lrcoronr ADMIRABLE, Lycopodium mirabile. Willd. > Sp. 10, P- 11; Kaulf., Enum., P- 5. Selago indica orientalis sive phleg- maria admirabilis ceylanica. Breyn., Cent. > tab. 92. M. Durville a rapporté d'Oualan cette espèce que M. Cha- BOTANIQUE. 245 misso avait trouvée à Guam, l’une des Mariannes, et qui Jusqu'ici n'avait été récoltée qu'à Ceylan et dans la Cochinchine. 3. LYCOPODE ` QUADRIFORIÉ » Lycopodium ( quadriforiatum ) ; Caule dependente, gracile-dichotomo, læve ; Joliis arctè imbri- catis, quadrifariis, carinatis, brevioribus, acuto-rigidis; spicis terminalibus, sessilibus, simplicibus Jurcatisque. M. Durville a rapporté cette espèce de l'ile Sainte-Catherine au Brésil; elle y doit pendre des arbres. Ses tiges , longues d'un pied à dix-huit pouces, gréles, une ou deux fois dichotomes, sont feuillées de la base jusqu'aux extrémités, et pas plus grosses qu'une paille; maisles feuilles, très-régulièérement quadrifariées, Courtes, imbriquées, carénées sur le dos, très-pointues, dures et même piquantes, la font paraître comme garnie de quatre arêtes à dents de scie. Nous voyons, aux extrémités de plusieurs rameaux que nous avons sous les yeux, des épis terminaux qui forment une simple continuation, ou qui se fourchent comme pour continuer la dichotomie de la plante. Ces épis ọnt de six à dix lignes de longueur, et sont quadrangulaires. Cette espèce a quelques rapports avec le Lycopodium heteroctitum de Bompland. 4. LYCOPODE RAMPANT, Lycopodium repens. Willd., Sp. ro, P- 15; Schlecht., Fil. cap., p. 5, tab. 4. Lycopodium affine. N. Voy. en quatre iles d'Afrique, t. IL, p. 204. Nous découvrimes cette espèce rampant sur la terre humide, et les détritus végétaux à la plaine des Osmondes dans l'ile Mas- careigne, vers cinq où six cents toises d'élévation au-dessus du niveau de la mer. Schlechtendel l'a reçue du cap de Bonne-Espé- rance, où elle croit sur la montagne du Lion. M. Durville la retrouvée dans l'ile Sainte-Catherine sur la côte du Brésil. 5. LycoronE pr Macerzan, Lycopodium Magellanicum.W ind a Spec. 10, p. 15; Gaud., Uran., p. 282. Le caractère spicis pedunculatis donné dans la phrase de Will- 246 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. denow n'est pas exact. Il y a des épis sessiles et des épis pédon- culés sur les mêmes échantillons. Cette espèce, qui n’a point encore été figurée, et qui, dans les parties les plus méridionales du Nouveau-Monde, y semble ètre l'analogue du clavatum qu'on trouve à Terre-Neuve comme dans nos climats, nous a été rapportée des Malouines par MM. Durville, Lesson et Gaudichaud. 6. Lycopone DENSE, Lycopodium densum. La Billardière, Nouv.-Holl., t. IL, p. 104, tab. 261, fig. 1; Willd. , Spec. 10, p. 22. M. Durville a rapporté cette belle espèce du Port-Jackson, où elle ne doit pas être rare, et d'où nous l'avions déja reçue de MM. La Billardière, Robert Brown et Ficher. 7. Lycorone rENcHÉ, Lycopodium cernuum. L., Spec. 1565; Willd., Sp. 10, p. 30; Gaud., Uran., p. 284. Lycopodium fru- tescens, capillaceum, crispum, spicis brevibus nutantibus. Dill. , Musc., p. 456, tab. 63, fig. 10. M. Duaal a rapporté det échantillons de cette espèce d'O- taïti et de Sainte-Hélène dans l'Océan Atlantique. Nous l'avions autrefois trouvée en abondance aux iles de France et de Masca- reigne. On l’a également observée dans toute l'Inde et identique au M MO de entre les tropiques, particulièrement à la Guyane, aux Antilles, à Rio-Janeiro, et à Sainte-Catherine du Brésil, où M. Lesson l’a également récoltée. M. Lesson a encore trouvé à l'Ascension un état du même Lycopode, qui semble faire le passage au Lycopodium curvatum, espèce beaucoup plus épaisse, d'un vert très-foncé, et plus four- nie de feuilles, qui croit à la Martinique. Ce pourrait bien être une variété particulière; mais pour le décider, il faudrait pos- séder des échantillons plus complets. 8. Lycorone pes Mariannes, Lycopodium Marianum. Willd., Sp. 10, p. 31. Cette espèce parait peu différer du Lycopodium cernuum; elle ; BOTANIQUE. 247 est cependant plus grande, mais plus grêle dans toutes ses par- ties. Nous l'avons trouvée dans les bois sombres de l'ile de France, et nous avons comparé nos échantillons avec ceux de Willdenow pour constater l'identité. M. Durville Fa rapportée d'Amboine. 9. LxcoronE vENUsTULE, Lycopodium ( venustulum); Caule erecto; ramis. dichotomo-decompositis latiusculis, foliis lineari- decompositis, setigeris, sparsis, imbricatis, flexuosis, universis, subincürvatis, patentibus; spicis subquaternis, cylindricis, pedun- culatis, etc. Gaud., Uran., p. 283, pl. 22 M. Durville a retrouvé à O-taïti cette espèce, découverte par M. Gaudichaud dans l'ile Sandwich, à trois ou qu toises au-dessus du niveau de la mer. 10. Lycorone JuNGErmanNoïDE, Lycopodium (Jungerman- noides); Caule filiformi prostrato; ramis distinctis alternis rectan- gularibus, axillis stoloniferis; foliis bifariis, ovato-oblongis, obtu- sis, ciliatis, apice-denticulatis, etc. Gaud., Uran. ; P: 826. Figurée dans l'Atlas de Levrault. Cette plante, découverte à Rio-Janeiro par Gaudichaud, a été retrouvée à Sainte-Catherine du Brésil par M. Durville. 11. LYCOPODE ARBUSTE, Lycopodiumarbuscula. Kaulf., Enum., p- 19. Chamisso avait rapporté cette espèce des iles Sandwich; M. Durville l'a retrouvée à Oualan et à Borabora. 12. Lycorone ne Durvixe, Lycopodium ( Durvillæi); Caule erecto, canaliculato, infernè denudato; ramis alternis, laxis; foliis bifariis integerrimis; spicis terminalibus tetragonis, N. Pl: 25, ou Lycopodium canaliculatum, Gaud:, Uran., p. 288. Cette magnifique et élancée espèce présente beaucoup de res- semblance avec le Lycopodium canaliculatum; mais elle est plus grande dans toutes ses parties. Ses racines rampent dans humus végétal ou sur les écorces pourries des arbres abattus dans les forêts. Il s'en élève des tiges dressées, hautes de plus de deux aire cents 248 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. pieds, jaunâtres, dures, ligneuses, émettant inférieurement quelques radicules qui vont s'arc-bouter au sol, et sur lesquelles paraissent de distance en distance des écailles, qui ne sont que de vieilles feuilles qui ont persisté. Ces tiges sont creusées d’un côté par un sillon profond, et ne commencent à produire des rameaux que vers la moitié de leur hauteur. Ceux-ci sont alternes, deux fois ailés, mais à divisions également alternes, et les secondaires se divisant encore et toujours de la même facon. Les dernières divisions s'allongent d’une manière assez grêle et fort élégante; de petits épis quadrangulaires, sessiles, blanchâtres 5 longs d’une à deux lignes, les terminent; les feuilles, assez grandes, très-régulièrement distiques, sont ovales, oblongues, un peu tronquées sur le côté extérieur, et très-entières. Il y en a une plus grande que toutes les autres, arrondie et mucronée à aisselle de chaque rameau. M. Durville, à qui nous dédions ce Lycopode, nous l'a rapporté du Port-Praslin à la Nouvelle- Irlande. M. La Billardière nous en avait précédemment com- muniqué un bel échantillon recueilli à Amboine. 13. LYCOPODE FLAGELLAIRE, Lycopodium (Flagellaria); Caudle dependente dichotomo; ramis extremitate regulariter attenuatis, tetragono-compressis capsuliferis; foliis, sparsis adpressis, linea- ribus rigidis. N. PL `26. MM. Durville et Lesson ont rapporté cette espèce de la Nou- velle-Irlande, et d'Offack dans le pays des Papous, où elle pend au tronc des grands arbres. Elle est assez voisine du Lycopo- dium verticillatum; mais, outre qu'elle est moins forte dans toutes ses parties, ses feuilles sont plus roides et non ouvertes. . La tige, grosse au plus comme le petit doigt, se divise trois ou quatre fois dichotomiquement, et la plante peut atteindre à deux pieds. Les dernières dichotomies ou rameaux décroissent régulièrement de grosseur, et les feuilles, s'y pressant de plus en plus, finissent par s'y métamorphoser en écailles disposées BOTANIQUE. 249 sur quatre rangs, qui chacune contiennent une capsule, et for- ment ainsi une sorte d'épi renversé , fort allongé et tétragone, long souvent de plus de dix pouces. 14. Lycoronr Serace, Lycopodium (Selago) varietas & sauru- roides. N. In Durv. Flor. Mal.; Gaudichaud , Uran., p. 280. Il n'est guère possible de former une espèce du Lycopode que nous avons sous les yeux, et que M. Durville a rapporté des Malouines. Il y a bien dans le facies de cet échantillon quelque chose de particulier; mais nous n’y trouvons aucun caractère pour établir même une variété. Nous avons le même Lycopode de Terre-Neuve, recueilli par M. de La Pilaye. Il y croit égale- ment sur la tourbe humide. | 15. BERNARDIE DICHOTOME, Bernardia dichotoma. Willd., Sp. 10, p. 56; Kaulf., Enum., p. 21; Gaud., Uran., p. 200. Plylotum triquetrum, Swartz, Syn. Fil., p. 187; R. Brown, Syn., p- 164. Lycopodium nudum, L., Sp., p. 1564. Nous avons trouvé cette plante en abondance aux iles de France et de Mascareigne. Gaudichaud l'a rapportée des Ma- riannes, des Moluques et de Sandwich; MM. Durville et Brown, du Port-Jackson à la Nouvelle-Hollande ; nous la possédons’ des Antilles. FoucÈres, Filices. 16. ANGIOPTÈRE ÉLEVÉE, Angiopteris erecta: Willd., Sp. 10, p- 69; Hooker, Ze. Fil., tab. 36; Gaud., Uran., p. 292. Gaudichaud avait trouvé cette belle fougère à Umata dans les îles Mariannes; MM. Durville et Lesson nous l'ont rapportée de Borabora, d'Oualan et d'Amboine. . 17. Tonte arricane, Todea africana. Willd., Sp. 10, p. 76; Schkur., Fil., tab. 147; Kaulf., Enum., p. 42; Gaud., Uran., p- 293. Acrostichum barbarum, L., Sp., p. 1529. Osmunda bar- bara, Thunb., Prodr., 171; R. Brown, Syn., p. 163. Voyage de la Coquille.— Botanique. 32 250 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Malgré son nom d'africana, cette plante, qu'on avait d'abord observée au cap de Bonne-Espérance, d'où Chamisso nous la rapporta, a été retrouvée au Port-Jackson sur les côtes orien- tales de la Nouvelle-Hollande par MM. La Billardière, R. Brown, Gaudichaud, Durville et Siéber, qui nous l’ont également com- muniquée. 18. ANÉMIE A FEUILLES DE FRÊNE, Anemia (fraxinifolia) ; Fronde pinnatä, pinnis ovato-lanceolatis, crenulato-dentatis vel inæqualiter denticulatis , glabris, apice attenuatis, etc. Raddi, Syn.: Fil. Brasil., p. 4, tab. 8 bis; Gaud. Uran., p. 292. Cette espèce, découverte à Rio-Janeiro par Raddi et retrouvée par Gaudichaud, a été récoltée par M. Durville à Sainte-Cathe- rine. Il parait que Kaulfuss (Enum., p. 51) l'a confondue avec le Phyllifidis, que Gaudichaud nous a également rapporté de Rio-Janeiro. i 19. SCHIZÉE PÉNICILLÉE, Schizæa penicillata, pl. 27. Willd., Sp. 10, p. 86; Kunth., Syn., t. 1, p. 93. Bompland avait découvert cette espèce dans les forêts épaisses sur les rives du Rio-Negro, dans la province de la Nouvelle- Guyane. M. Durville l'a retrouvée dans l'ile Sainte-Catherine au Brésil. 20. SCHIZÉE BIFIDE, Schizæa bifida. Willd., Sp. 10, p. 87; R. Brown, Syn., p. 162. Cette plante , récoltée par Brown au Port-Jackson de la Nou- velle-Hollande, a été retrouvée par M. Lesson à la Nouvelle- Zélandė. 21. SCHIZÉE DICHOTOME, Schizæa dichotoma. Willd., Sp. 10, p- 87; R. Brown, Syn., p. 162. Brown et Sieber nous ont rapporté cette plante de la Nou- velle-Hollande; MM. Lesson et Durville l'ont retrouvée à Am- boine, à O-taiti et dans lile de Waigiou. Il paraît que celle que nous y avions rapportée et qui croit à l'ile de France, n'est pas BOTANIQUE. 251 la même, et pourrait bien être le Schizæa cristata de Willdenow. 22. Lyeopre pusescenr, Lygodium (pubescens); Fronde con- Jugato-tripinnatä; pinnulis auriculato-tri-vel subquinquefidis, la- cini& intermediá lineari-elongatá obtus serrulatä, subtus pubes- centibus, etc. Kaulf., Enum., p. 47. Chamisso découvrit à Manille cette espèce, qui n’est pas aussi pubescente que son nom semble l'indiquer; et nous l'ayant communiquée, nous reconnumes comme identique un échan- tillon rapporté de Bourou dans les Moluques par M. Durville. Elle parait y ramper parmi les grandes Graminées. Elle a beau- coup du port du Lygodium japonicum. 23. LYGODIE GRIMPANT, Lygodium scandens. Gaud., Uran., p. 297. Hydroglossum scandens, Willd., Sp. 10, p. 77. Ophio- glossum scandens, L., Spec., p. 1518. Il règne du doute sur la synonymie de cette plante, à laquelle ne nous parait pas se rapporter le Lygodium microphyllum de Brown; M. Gaudichaud l’a trouvéeaux iles Mariannes; MM. Dur- ville et Lesson lont rapportée d'O-taiti et de Borabora. 24. LYGODIE GÉANTE, Lygodium circinatum. Swartz, Syn. Fil., p- 153. Hydroglossum circinatum, Willd., Sp. 10, p. 83. Ophio- glossum flexuosum, L., Suppl., 443. Cette belle plante, indiquée par les auteurs comme de Java et d'Amboine, a été retrouvée à Bourou dans les Moluques par M. pis ville. . GLEICHENIE DES ROCHERS, Gleichenia rupestris. R. Bo ES Fo p- 160; Gaud., Uran., p? 300. Cette Gleichenie nous a été rapportée du Port-Jackson par MM. Brown, Sieber et Durville. 26. GLEICHENIE DES CAVERNES , Gleichenia speluncæ. R. Brown, Prodr., p. 160; Gaud., Uran., p. 30; ou Gleichenia glauca? Swartz, Syn. Fil., p.393; Willd., Sp. 10, p. 70: Toutes les parties de cette plante étant parfaitement glabres, 32. 252 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. nous ne la confondrons pas, comme on l’a fait, avec le Gei- chenia semivestita de M. La Billardière, dont les tiges sont velues. Nous la possédons de la Nouvelle-Hollande, rapportée par MM. Brown, Sieber et Durville. 27. GLEICHENIE GIRCINÉE, Gleichenia circinata. Willd., Sp. 10, p- 70. Gleichenia microphylla, R. Brown, Prodr., p. 161; Gaud., Uran., p: 300. MM. de La Billardière, Brown, Sieber et Durville nous ont rapporté cette espèce du Port-Jackson. 28. MERTENSIE DICHOTOME, Mertensia dichotoma. Willd., Sp. 10, P- 71; Gaud., Uran., p. 301. Polypodium dichotomum, Thunb., Japon., p. 338, tab. 37. Gleichenia Hermanni, R. Brown, Prodr. ; p. 161. Thunberg avait rapporté cette plante du J apon. Nous l'avons trouvée en abondance aux iles de France et de Mascareigne. Elle croit à Ceylan, ainsi qu'à Amboine. Chamisso la recueillit aux îles Sandwich. MM. Durville et Lesson l'ont retrouvée à 'O-taïti et à Borabora ; M. R. Brown à la Nouvelle-Hollande. On la dit aussi de Java, et même de la Nouvelle-Zélande. 29. MERTENSIE FLABELLÉE, Mertensia flabellata, N. Gleichenia, La Billardière, Sert. Austr.-Cal.;p. 9, tab. 12; R. Brown., Prodr., p. 151. MM. Brown, Sieber et Durville nous ont rapporté cette espèce du Port-Jackson ; M. de La Billardière l'a récoltée à la Nouvelle- Calédonie. 30. ACROSTIQUE ? NERVÉ, Acrostichum? (nervosum); Frondibus simplicibus ovato-oblongis, utrinque attenuatis, marginato-ner- vosis; surculo radicante scarioso squaminoso. Ñ. Nous ne connaissons point la fructification de cette plante, que nous supposons être un Acrostique par sa forme générale. Sa racine est rampante et couverte d'écailles brunâtres sca- rieuses. Il s’en élève des stipes assez pressés les uns contre les BOTANIQUE. 253 autres, couverts d'écailles ferrugineuses, longs de quatre à sept pouces, supportant des frondes ovales de même longueur, ou un peu plus, marginées, larges de six à dix-huit lignes, et remarquables par la grosseur des nervures, qui, en se fourchant, portent à peu près à angle droit du rachis commun écailleux jusqu’à son extrémité, pour atteindre le bord de la fronde, où elles se fourchent encore pour se confondre avec la marge, qui est souvent réfléchie. Les jeunes sont toutes écailleuses tant qu'elles n'ont pas atteint leur entier développement. M. Durville a rapporté cette belle-espèce de l'ile Sainte-Hé- lène. ; 31. ACROSTIQUE DORÉ, Acrostichum aureum. L., Sp. 1525; Willd., Sp. 10, p. 116; Kaulf., Enum., p. 65; Gaud., Uran., p- 305. Lingua cervina aurea, Plum., Fil., tab. 104. Cet Acrostique , que nous avons trouvé en abondance à l'ile de France le long de la grande rivière vers son embouchure, a été retrouvé aux Philippines, et à Guam dans les Mariannes, par Chamisso. Gaudichaud l’a recueilli à Rawak et à Pisang , et M. Lesson à Waigiou. Nous n'y pouvons voir aucune diffé- rence avec la plante américaine figurée par Plumier, et que Sieber nous a rapportée de la Martinique. Il est évident que les Æcrostichum speciosum et inæquale de Willdenow ne sont que des variétés assez légères de la même plante : nous en devons des échantillons à MM. Gaudichaud et Durville, rapportés des Mariannes et d'O-taiti, lesquels ne nous laissent pas le moindre doute à cet égard. 32. ACROSTIQUE TRIFOLIÉ, Acrostichum trifoliatum. L., Sp. 1527; Willd., Spec. 10, p. 119. Lingua cervina triphylla an- gusta , etc.; Plum., Fil., tab. 144. Cette fougère, qui jusqu'ici n'avait été trouvée que dans les Antilles , nous a été rapportée de Lima par M. Lesson. 33. ACROSTIQUE CORNE D'ÉLAN, Acrostichum alcicorne. Willd., 254 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Sp. 10, p. 111; R. Brown, Prodr., p. 145. Platycerium angus- tatum, Gaud., Uran., p. 307. Nous croyons que l'espèce décrite par Palisot-Beauvois dans sa Flore d'Oware et de Benin est une autre plante que celle que nous ont rapportée du Port-Jackson MM. Brown, Sieber et Durville. Elle y croit sur les vieux arbres. C'est celle qu’on cultive aujourd'hui dans quelques-unes de nos serres. 34. ANTROPHYE PUMILE, Antrophyum pumilum. Kaulf., Enum., p. 197. Hemionitis immersa. N. In Willd., Sp. 10, p. 127. Nous découvrimes cette fougère sur les rochers moussus dans le lit de la rivière Saint-Denis, ile de Mascareigne. Nous en trouvons quelques frondes confondues parmi celles des espèces suivantes, rapportées des iles de l'Océan Pacifique par MM. Dur- ville et Lesson, mais sans que ces naturalistes les aient notées comme une espèce particulière. Au reste, toutes ces plantes sont confusément comprises jusqu'ici sous les noms d Hemionitis Bo- ryana reticulata et plantaginea, et nous devons signaler les espèces qu'on peut distinguer à travers cette confusion : toutes croissent sur l’humus des rochers dans les lieux ombragés et sur les troncs des vieux arbres. 35. ANTROPHYE PLANTAGINÉE, pl. 28, fig. 1, Antrophyum plantagineum. Kaulf., Enum., p. 197; Gaud., Uran., p- 309; confondue mal à propos avec le reticulata par Willdenow, et à laquelle on rapporte T Hemionitis plantaginea de Cavanilles. Cette Antrophye, rapportée de Waigiou par M. Lesson , des Mariannes par Gaudichaud, nous avait été donnée par Cha- misso, qui la récolta à Guam. Elle diffère de la précédente par ses frondes régulièrement lancéolées, beaucoup plus longues (de six à huit pouces), conséquemment plus étroites proportion- nellement. Du reste, elles sont aussi supportées par un stipe distinct, dont la longueur égale à peu près la moitié de la leur 36. Antrornye DE Durvitte, Antrophyum (Durvillæi) : Fronde BOTANIQUE. 255 ovato-lanceolat& lateraliter inæquali-inflato-contortà , acuminatà, infernè decurrente, in stipite nudå. N. L'Antrophye dont il est question, qui se trouve à O-taïti, d'où l'a rapportée M. Durville, a toutes les formes de l'inmersa; mais ses frondes acquièrent de huit à dix pouces de longueur, et deux et demi au plus de large. Elles sont irrégulières dans leur contour, étant plus arrondies d'un côté que de Fautre, mais finissent en pointe souvent déjetée. Les lignes de Sores, suivant les nervures, y sont rapprochées en un réseau dont les mailles sont très-longues. 37. ANTROPHYE DE Lesson, pl. 28, fig. 2, Antrophyum (Les- sontt); fronde ovatä mucronatà; stipite nudå. N. MM. Lesson et Durville ont rapporté cette espèce, l'un de Waigiou, l’autre d'Amboine et de Borabora. Nous en possé- dions un échantillon récolté à Rawak par Gaudichaud. Elle est proportionnellement la plus courte et la plus large de toutes. Les frondes, ovoïdes , mais amincies en pointe, non décurrentes sur le stipe, ont de deux à trois pouces et demi de long sur un et demi ou deux de large. Les nervures y sont lâches, et les mailles du réseau fructifères, conséquemment très-larges et interrompues çà et là. Le stipe sur lequel ces frondes sont un peu déjetées est très-distinct, nu, et long d'un pouce ou un peu plus. 38. ANTROPHYE RÉTICULÉE, Antrophyum reticulatum. Kaulf., Enum., p. 198; Gaud., Uran., p. 309. Hemionitis reticulata, Willd., Sp. 10, p. 128. On la reconnait aisément à son stipe court, et sur lequel la fronde est décurrente, ce qui le rend ailé. Gaudichaud l'a ré- coltée à Rio-Janeiro ; M. Durville à Oualan, Chamisso dans les îles de la Société et aux Philippines. 39. Anrroruye DE Bory, pl. 20, fig. 1, Antrophyum Borya- num. Hemionitis Boryana, Willd., Sp. 10, p. 128. 256 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. C'est dans l'ile de France, sur de vieux arbres de la montagne du Pouce, que nous découvrimes l'Antrophye à laquelle Will- denow imposa notre nom. C'est du même lieu que M. Lesson nous l'a rapportée; et comme elle n'avait jamais été figurée, nous la faisons représenter ici pour achever de débrouiller la confusion qui règne dans les espèces du genre qui nous occupe. Sieber nous a communiqué, sous le nom de Boryanum, venant toujours de l'ile de France, une espèce fort différente, qui est notre gigånteum inédite. 40. ANTROPHYE OBTUSE, pl. 29, fig. 2, Antrophyum (Obtu- satum ); Fronde ovato-spatulat&, infernè cuneatá, supernè obtusè- rotundaté. N. Cette espèce, que nous communiquämes à Willdenow, qui négligea de la décrire, a été retrouvée dans la même île par M. Lesson. Ses frondes, ovales, oblongues et spatulées, ont de huit à dix pouces de long, et un pouce ou deux au plus de large. On en trouve de totalement arrondies à l'extrémité, et d'autres qui sont un peu moins obtuses; mais elles sont toutes généralement plus larges par le haut. Elles s’amincissent infé- rieurement en un stipe large, qui en est la continuation. Outre les écailles noirâtres qui garnissent la base de ces stipes, les racines qui rampent sur humus ou l'écorce pourrie sont re- couvertes d'un duvet bissoïde épais, et d’un assez beau brun- clair. i 41. NOTHOLÈNE DISTANTE, Votholæna distans. R. Brown, Prodr., p. 146. Varietas o (vestita ). Rachi stipiteque setosis. N. M. Durville a retrouvé au Port-Jackson cette jolie fougère, qu'en a rapportée également M. Lesson. Nous tenons de M. La Billardière un échantillon en tout semblable à cette plante, sous le nom de Notholæna distans, mais qui ne convient pas à la fougère représentée dans le Sertum Austro-Caledonicum, pl. 7. BOTANIQUE. 257 Cette figure convient parfaitement à la variété suivante ; et déja M. Brown nous avait communiqué ses doutes à ce sujet, qui se sont confirmés. Varietas & (denudata). Rachi stipiteque glabris. N. La Bill., Sert. Austr.-Caledon., pl. 7. M. Durville nous l’a rapportée toujours du Port-Jackson; et en la comparant à la figure donnée par M. de La Billardière, nous latrouvonsidentique. Nousladevons également à M. Sieber, qui, sous le n° 116 de sa collection desséchée, l'appelle Chei- lanthes tenuifolia. Flle est plus grêle et plus longue dans toutes ses parties, avec son stipe et le rachis lisses, polis et luisants, comme le sont ordinairement les mêmes parties dans les Adianthes. 42. Gramurre Livéaire, Grammitis linearis.. Willd., Sp. 10, p: 138; Schkur., Fil., tab. 7. Willdenow et les auteurs indiquent la Jamaïque et le détroit de Magellan pour la patrie de cette espèce; MM. Durville et Lesson l'ont rapportée de Sainte-Hélène. 43. GramuiTE AUSTRALE, Grammitis australis. R. Brown, Prodr., p. 146. j M. R. Brown a décrit cette plante comme de la terre de Van Diémen et du Port-Jackson; MM. Sieber et Durville l'ont re- cueillie dans ce dernier lieu. 44. Grammrre De La Bicrarnière, Grammitis Billardierii. Willd., Sp. 10, p. 139. Nous avions reçu cette espèce de M. La Billardière, qui l'avait récoltée à la Nouvelle-Hollande sous le nom de Grammitis linearis ; M. Lesson l'a retrouvée aussi au Port-Jackson. 45. GRAMMITE SCOLOPENDRINE, pl. 30, fig. 1, Grammitis (sco- lopendrina) ; Frondibus lanceolatis, acutissimis, stipite usque infrà decurrentibus ; soris præminentibus crassis. M. Durville a recueilli cette plante à la Nouvelle-Zélande, sur Voyage de la Coquille.— Botanique. 33 258 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. les vieux troncs d'arbres. Ses frondes partent d'une racine fasci- culée comme celle de la Scolopendre. Elles atteignent de six à dix pouces de longueur, et même plus. Elles en ont plus d’un dans leur plus grande largeur, c'est-à-dire vers leur milieu. Elles sont extrêmement aiguës et d’une consistance épaisse, décur- rentes sur les deux côtes du stipe jusqu'à la base, de sorte que celui-ci n'est guère qu'une continuation dela grosse nervure ailée, quirègne depuisle collet dela racine jusqu'à la pointe dela fronde. Les sores y sont disposés en gros paquets, saillants, couleur de tabac d'Espagne, très-inclinés sur la nervure mitoyenne, d'où ils s'étendent jusques aux bords de la fronde, à peu près dans l'étendue du tiers supérieur de leur longueur. 46. Tonire Porre-FLècHes, pl. 30, fig. 2, Tænitis ( sagittæ- Jera); Frondibus pinnatis ; pinnis lineari-lanceolatis incurvis, infernè sagittato - auriculatis, inferioribus in vetustate inciso- crenatis. N. i M. Lesson nous a rapporté cette Tœnite de la Concepcion au Chili. Elle a quelque ressemblance pour l'aspect avec le Blech- num boreale de nos climats. Ses frondes, pinnées, longues d'un pied à dix-huit et vingt pouces, ont leurs pinnules de six à vingt lignes de long, larges d'une à deux lignes, lancéolées, aiguës, courbées en croissant, avec deux auricules à la base en fer de flèche. Dans les grands individus, les inférieures se dentent irré- gulièrement sur les bords. Les sores y apparaissent d'abord en glomérules, qui ne tardent pas à se confondre pour former parallèlement deux séries qui longent les bords de la pinnule et la nervure mitoyenne de chaque côté de celle-ci. Ces lignes de sores sont saillantes et du plus beau brun. 47. PoLxPODE A FEUILLES D'AIRELLE, Polypodium vacciniæfo- lium: Willd., Sp. 10, p. 145; Langsdorff et Fischer, Fil., tåb. 7. Cette plante, découverte à l'ile Sainte-Catherine du Brésil par M. Langsdorff, et qui nous avait été communiquée par BOTANIQUE. 259 M. Fischer, y a été retrouvée par M. Durville. Nous la possédons aussi de Rio-Janeiro, communiquée par M. Chamisso. 48. POLYPODE ACROSTICHOÏDE , Polypodium acrostichoides. R. Brown, Prodr., p. 146. Sieber nous a envoyé ce Polypode du Port-Jackson, où la retrouvé M. Durville. M. Brown l'avait découvert à la terre de Van Diémen. 49. POLYPODE A FEUILLES D'ÉLÉAGNE, pl. 31, fig. 1, Polypodium (eleagnifolium); Frondibus coriaceis, sterilibus, ovatis tnfernè cuneatis, subtus albo tomentosis, margine reflexis ; fertilibus, longioribus, lineato-obtusis, subtus cotoneis; soris sparsis; caudice repens setaceo squamoso. Cette plante et quelques espèces à feuilles épaisses et tomen- teuses ou squameuses inférieurement, regardées jusqu'ici comme de simples Polypodes, pourraient bien constituer un sous-genre au moins. M. Lesson nous l’a rapportée de la Nouvelle-Zélande à la Baie des iles. Sa tige est grêle , longuette , appliquée contre l'écorce des vieux arbres et l'humus végétal où elle rampe, n'étant guère plus-grosse qu'une ficelle ordinaire. Elle est recouverte d'écailles d’un beau brun ou blanchâtres; de distance en dis- tance en partent les frondes par-dessus. Les stériles ont leur stipe long de six à huit lignes. Amincies inférieurement, elles s'arrondissent ensuite, surtout vers leur extrémité. Elles sont un peu plus longues que larges avec leur marge réfléchie, et ont de six à dix-huit lignes de diamètre, épaisses, vertes au- dessus, et au-dessous blanchâtres, tomenteuses, comme l’est une feuille de l'Æleagnus latifolius, L. Les frondes fertiles ont leur stipe aussi long que la totalité des stériles. Elles atteignent jusqu'à quatre et cinq pouces avec six lignes de large. Elles sont très-obtuses avec le dessous tellement cotonneux, qu’à peine on y distingue les paquets de sores, qui, assez gros et d'un brun- fauve, sont épars et rapprochés comme dans les Cyclophores. 33. 260 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Bo. POLYPODE À FEUILLES DE LYCIET, Polypodium (lyciæfolium); Lrondibus sterilibus subsessilibus ovato-lanceolatis glabrissimis ; fertilibus linearibus, obtustusculis; soris serialibus; caudice re- pente filiform. Cette espèce a été rapportée d'Oualan, où elle rampe sur les arbres. Sa tige est filiforme et très-grêle. Il s'en élève des frondes simples, dont les stériles, parfaitement ovales, lancéolées, vertes, glabres et minces, n'ont guère plus de six à quinze S pouces de long sur quatre à six de large. Les fertiles, larges d'une à deux lignes , longues de deux pouces environ , sessiles, ou à peu près comme les autres , sont obtuses, et portent, vers leur extrémité, un petit nombre d'assez gros paquets de sores disposés sérialement et non épars, ni nee ni saillants, comme dans l'espèce précédente. 51. Porvrone susuLé, Polypodium perussum. Willd., Sp. 10, p 151; Kaulf., Enum., p. 90; Langsd. et Fisch., Fil., tab. 8. M. Chamisso nous avait envoyé cette plante, qu'il recueillit à Sainte-Catherine, où M. Durville l'a retrouvée en assez grande quantité. Il parait qu'on la rencontre en d'autres lieux du Brésil et jusque dans les iles Mariannes. 52. Pozvrone ( DRYNAIRE) DE LINNÉ, Polypodium (Drynaria) Linnæi. N. In Ann. des sciences nat., &. V, p. 464, pl. 12. Polypo- dium sylvaticum, Schkur., Fil., p. 21, tab. 8, b. Polypodium in- dicum, Rumph. , Amb., t. VI, p. 78, tab. 36. Cette plante, indiquée comme de la Chine et de la Polynésie, trouvée à Rawak par M. Gaudichaud , et que nous possédions des Philippines, a été recueillie par M. Durville. 53. POLYPODE GLAUGESCENTE , Polypodium (glaucescens); Fron- dibus alatis; pinnulis, bi-aut-trijugts , acutis, impari longiore, profundè tripartitä; soris oblongiusculis serialibus. N. Polypodium trilobum. Willd. , Sp. 10, p. 164; Kaulf., Enum. , p. 95. MM. Chamisso et Durville nous ont rapporté ce Polypode du BOTANIQUE. 261 Chili. Le nom de Trilobum ne por être conservé, donnant une idée complètement fausse. Il n'y a que la pinnule RAT beaucoup plus longue que les autres, qui soit, dans les jeunes individus, profondément tripartie, par l'effet qu'y produit l'ad- jonction des deux pinnules, qui s'en doivent détacher inférieu- rement par la croissance de la fronde. Les autres pinnules, dans les individus adultes, au nombre de deux, trois et même quatre paires, très-aiguës, non serrées, comme le dit Cavanilles, sont sessiles, et conséquemment confondues par leur base op- posée. L'espace du rachis qui est entre chaque paire demeure nu. La racine, grosse, écailleuse, et ressemblante à celle de notre Polypode vulgaire, rampe sur les arbres et les rochers. 54.Porypone ne phymatodes. L., Mant., p- 306; Willd., Sp. 10, p. 167; Schkur., Fil., tab. 9, 17. Lune des espèces les plus variables de son genre, ce Polypode cependant ne saurait être confondu avec aucun autre, à cause des verrues qu'y causent au-dessus les paquets de fructification, épars à la page inférieure. Nous le possédons depuis l'état où ses frondes sont simples et longues au plus de trois à quatre pouces, jusques à deux pieds de Ter, avec huit ou dix pinnules de chaque côté. Nous avons remarqué qu'en se desséchant dans l'herbier, elle y répand d'abord une odeur fort agréable, ana- logue à celle du mélilot. Nous la recueillimes, aux iles de France et de Mascareigne, sur les troncs d'arbres. Dans les bois, elle représente le Papo vulgare de l'Europe. M. Dur- ville et M. Lesson l'ont recueillie à Oualan et jusqu'à la Nou- velle-Zélande. 55. POLYPODE ALTERNIFOLIÉ, Polypodium alternifolium. Willd., Sp. 10, p. 168. Il est peu de noms moins convenables pour cette plante, très-ressemblante à la précédente, au point qu'elle a été con- fondue avec elle, variable et pustuleuse au-dessus comme elle. 262 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Les paquets de fructification y affectent la disposition solitaire et sériale, tandis que ces paquets sont épars, ou sur deux rangs, dans le Polypode phymatode. C'est l'espèce dont il est question qui a été rapportée de Radack par Chamisso sous le nom de Phymatodes. Nous en possédons un échantillon avec l'étiquette de sa main. MM. Durville et Lesson l'ont rapporté de Borabora et d'O-taiti. 56: Pozxrone rrès-veLu, pl. 32, Polypodium (hirsutissimum); Frondibus profundè pinnatifidis ; Don üineart-lanceolatis hir- sutissimis; soris serialibus orfeoi pilosis; caudice repentè ; squamoso. M. Mérat nous avait déja communiqué cette espèce comme lui venant du Brésil : c'est à Sainte-Catherine que MM. Durville et Lesson en ont retrouvé des échantillons plus complets. La tige, grosse et rampante, ressemble à celle de notre Polypode vulgaire; mais elle est couverte d'écailles scarieuses, très-pres- sées, et d'une couleur ferrugineuse, brillante, fort élégante. Il s'en élève des frondes de huit à quinze pouces de long, sem- blables, quant à la forme au premier aspect, à celles de notre Blechne boréale, mais bien différentes quant à l'aspect, étant couvertes d’un duvet ‘écailleux, rouillé, brillant, auquel se mêlent, surtout au rachis et aux bords des pinnules, de longs poils grisâtres et droits, qui donnent à toute la plante un air soyeux. Les pinnules, linéaires, un peu obtusées, larges d’une demi-ligne à deux lignes, longues de six à douze , sont opposées et connexes dans certains individus jaunes, mais deviennent alternes avec l'âge. Les sores sont sérialement disposés aux deux côtés des nervures sous les pinnules supérieures, et, tout parsemés de longs poils, ils finissent par se confondre comme dans un Acrostique ou une Blechne, et par recouvrir les pin- nules où ils ne forment d'abord que de gros paquets ar- rondis et d’un beau brun-clair. BOTANIQUE. 263 Cette plante lie les Polypodes aux espèces que nous avons cru devoir extraire de ce genre sous le nom de Marginaires. 57. Porvrone PLumuLE, Polypodium plumula. Willd., Sp. 10, p. 178; Kunth, Synop. 1, p. 7à. Cette espèce, qui nous fut communiquée par Willdenow et par Bompland qui l'avait recueillie dans les lieux montagneux de Cumana et de Caracas, a été retrouvée à Sainte-Catherine par M. Durville. 58. Porxrope réNu, Polypodium tenellum. R. Brown , Prodr., p. 147: Cette plante, que M. Lesson a rapportée du Port-Jackson, où l'avait récoltée M. Brown, est celle que M. Sieber donna sous le nom de Polypodium marattoides, n° 97, dans les recueils de fougères desséchées. La comparaison des échantillons que nous avons sous les yeux ne nous permet pas de méconnaitre l'identité. 59. Porvrone Toenrre, pl. 33, Polypodium (tænitis); Fron- dibus bipinnatis; pénnulis lanceolatis acuminatis, basérotundatis, margine crenulatis, apice grossè serratis, transversim trifurcato- Parallelo-venosis; soris subrotundis demüm in lineam costæ pa- rallelam confluentes; caudice arboreo. Kaulf., Enum., p- 119. Cette belle plante, qui nous avait été rapportée de Sainte- Catherine par Chamisso, y a été retrouvée par M. Durville. Elle n'avait pas encore été figurée; ce qui nous a décidé à la faire représenter ici. M. Langsdorff nous l'avait également en- voyée de Rio-Janeiro. 60. Poryrone ne Bronexiarr, pl. 34, Polypodium (Brongniur- tt); Caudice subarboreo; frondibus pinnatis; pinnulis profundè Pinnatifidis, crenato-dentatés, lanceolato-acutis; soris submargina- libus, confluentibus. Ce beau Polypode a un tronc. Il forme une sorte de petit arbre, d'où partent en divergeant élégamment de longues frondes, qui atteignent de trois à cinq pieds au moins. Ce qui caractérise 264 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. le mieux ce Polypode, que nous dédions au jeune et savant Adolphe Brongniart, c'est que les sores, qui sont situés sur une ligne tout au bord des pinnules, dont ils suivent parallèle- ment et symétriquement les contours, finissent en vieillissant par se confondre en une seule et grosse ligne de fructifications, au point que les avides de la eryptogamie y pourraient voir un Polypode se métamorphosant en Conchile, en Ptéride ou en Toœnite. Ce Polypode a été découvert à Offack dans l’île Waigiou par M. Durville. 61. Marcınaire Mine, pl. 31, fig. 2, Marginaria (minima). N. Dict. class., t. X; p. 177- Cette espèce , très-voisine de celle que les botanistes ont com- munément appelée Polypodium incanum, a été confondue avec elle. Elle en diffère cependant en ce qu'elle est trois ou quatre fois plus petite et d'un aspect bien plus élégant. Elle n’habite d’ailleurs jamais l'Amérique septentrionale. Nous l'avons tou- jours reçue de MM. Gaudichaud, Langsdorff, Chamisso et Durville, comme venant de Rio-Janeiro , ou de Sainte-Catherine au Brésil. Go. CYCLOPHORE GEABRE, Cyclophorus glaber, Desvaux. Ni- pholobus, Kaulf., Enum., p. 177. Polypodium acrostichoides, Willd., Sp. 10, p. 156. Kaulfuss a substitué au nom de Cyclophore celui de Vpho- lobus, qui veut dire couvert de neige, sous prétexte que Denis Montfort avait établi un genre Cyclophorus dans une autre branche de l'histoire naturelle. Nous sommes entièrement de l'avis de Kaulfuss, sur l'impropriété des désignations qu'on pour- rait nommer doubles, qui se donnent si communément aujour- d'hui, que certains botanistes monographes, concentrés dans l'étude des lichens, des conferves ou des champignons , ne pren- nent pas la peine d'acquérir la moindre teinture des généralités d'une science dont ils n’entrevoient qu'un point. Mais le genre BOTANIQUE. 265 Crclophorus de Montfort, trop légèrement établi, comme tant d'autres de cet auteur, rentre dans les Cyclostomes : le nom demeurant ainsi vaquant dans la zoologie, l'antériorité le doit consacrer pour désigner des fougères, qui d’ailleurs n'ont rien qui les rende semblables à des plantes couvertes de neige. M. Mirbel avait le premier proposé l'établissement du genre qui nous occupe; mais le nom de Candollea qu'il lui avait assi- gné se trouvant précédemment employé, force est de nous arrêter au Cyclophorus de M. Desvaux. L'espèce qu'en a rap- portée M. Durville de Bourou dans les Moluques, y rampe sur les arbres, et ses frondes, longues d'un pied à dix-huit pouces, sont pendantes. Elle avait été précédemment observée à Guam dans les Mariannes, à Manille, et aux Philippines d’où nous l'envoya Chamisso. í 63. Aspinie cyaTnoinE, Aspidium cyathoides.Kaulf., Enum., p- 234. M. Chamisso nous a communiqué un échantillon de cette plante, rapportée par lui des Sandwich, et qui se trouve iden- tique avec un autre échantillon rapporté de Bourou dans les Moluques par M. Durville. Ce dernier nous apprend dans une note que c'est une fougère arborescente de huit à douze pieds de haut; ce que ne dit pas la description de Kaulfuss, où il n’est question que de la fronde. 64. Aseme MÉNISCIOÏDE, Æspidium meniscioides. Willd., Sp. 10, p: 118; Kaulf., Enum., p. 231. Cette plante, découverte au Brésil par Hoffmansegg, qui la communiqua à Willdenow, a été retrouvée à Sainte-Catherine par M. Durville. Chamisso l’a: recueillie dans l'ile de Guam : on la dit aussi de Tranquebar. 65. Asripre De Lesson, Aspidium (Lessonii); Fronde pinnatä; pinnulis inferioribus pinnatis, superioribus, profundè pinnatifidis, Voyage de la Coquille, — Botanique. 34 266 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. terminalibus subtrifoliatis; lobis acutis; soris biserialibus spar- sisque. M. Lesson ayant rapporté cette belle fougère d'O-taiti, nous avons dù la lui dédier. Elle se rapproche par l'ensemble de ses formes des Æspidium trifoliatum, macrophyllum, meniscioë- des, etc. La fronde peut avoir de deux à trois pieds de long. Elle se compose de trois à quatre paires de pinnules, dont les inférieures, longues de dix à douze pouces, sont pinnées : ce qui fait qu'on peut dire indifféremment que la plante est pinnée ou bipinnée. Les pinnules secondaires ont absolument la forme et la disposition des autres paires de pinnules simples, c'est-à-dire qu'elles sont profondément pinnatifides, à divisions très-aigués, et même mucronées. Elles ont quelque chose de la forme de celles du Woodwardia radicans. Les terminales sont ordinaire- ment trifoliées, toujours divisées par leurs bords en lobes aigus. Les sores, disposés par paquets moins considérables qu'ils ne le sont de coutume dans les espèces voisines, se développent ordinairement sur deux rangs dans les lobes aigus des pinnules; mais ils y sont quelquefois confus et disposés sans symétrie. Le stipe est brunâtre et profondément canaliculé. 66. Asrinie De Durvizze, Aspidium (Durvillæi); Fronde pin- natä; pinnulis inferioribus pinnatis aut profundè pinnatifidis , superioribus obtusè crenatis, terminalibus connato-lanceolatis; soris biserialibus. Cette fougère, assez semblable à la précédente, en diffère néanmoins par ses pinnules moins larges, non profondément pinpatifides, mais simplement crénelées par leurs bords lors- qu’elles ne sont pas entières et simplement lancéolées. Les cré- nelures y sont d'ailleurs arrondies au lieu d'être aiguës et mu- cronées. Le stipe peu ou point canaliculé en noir, et les paquets de sores plus gros sont régulièrement disposés en deux séries À BOTANIQUE. 267 parallèles le long des nervures. M. Durville a découvert cette espèce à Offack dans l'ile de Waigiou. 67. Asrinix Mommioïne, pl. 35, fig. 1, Aspidium (Mohrioides); Frondibus lanceolato-linearibus pinnatis ; pinnulis obcordatis , infernè pinnato-auriculatis; stipe squamoso, rachi profundè ca- naliculato. N. MM. Durville et Lesson ont rapporté cette fougère des Ma- louines, où elle croit dans les fentes des rochers. Elle ressemble beaucoup à l'Aspidium fuscatum de Willdenow, qui confondait l'une et l’autre, et croyait, sur un changement d’étiquette, notre plante originaire de Ténériffe. Il se pourrait que ce fût un We- Phrodicum, les induses n'ayant jamais été bien observées. Lon- gues de six à dix-huit pouces, les frondes de notre plante sont un peu rigides et étroites; le tiers inférieur de la longueur du stipe est dépourvu de pinnules, mais chargé de grandes écailles lan- céolées, brunâtres et fort aiguës. Le rachis qui fait suite est robuste jusqu’au bout et profondément canaliculé. Les pinnules, très-rapprochées les unes des autres, longues de cinq à huit lignes tout au plus et un peu moins larges à leur base, y sont divisées inférieurement en une ou deux paires de pinnules se- condaires, petites, tendant à s'auriculer, de sorte que la plante peut être considérée indifféremment comme pinnée ou bipinnée. Le facies de cette fougère qui devient brune par la dessiccation, a quelque chose de rigide. 68. AspiDiE DISCOLORE, ÆAspidium discolor. Willd., Sp. 10, p- 116; Langsd. et Fischer, Fi., tab. 18. Kaulfuss confond mal à propos cette plante avec le coriaceum, qui nous parait en différer beaucoup. Nous l'avions reçue de M. Fischer même, qui la recueillit au Brésil. M. Lesson la re- trouvée au Chili. 69. ASPIDIE PROLIFÈRE, Aspidium proliferum. R. Brown, Prodr., p 147. 34. ` 268 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. M. Brown découvrit cette plante sur la terre de Van Diémen. MM. Durville, Lesson et La Billardière nous l'ont rapportée de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Zélande. 70. NépHropie ruséreux, Nephrodium tuberosum. N. In Willd., Sp. 10, p. 234. Nous découvrimes autrefois cette fougère dans les forêts de Mascareigne. C'est celle que Sieber a retrouvée à l'ile de France, et qu'il nomme, dans ses envois de plantes sèches, souslen°4r, Aspidium imbricatum, Nov. spec. Nous la reconnaissons exacte- ment dans quelques échantillons rapportés de la Concepcion au Chili par M. Durville. 71. Nérnroom ExaLré, Nephrodium exaltatum. R. Brown, Prodr., p. 148; Kaulf., Enum., p- 236. Aspidium, Willd., Sp. 10, p. 229; Schkur., Fil., tab. 32 b. On avait d'abord trouvé cette espèce à la Jamaïque, à Porto- Rico, dans plusieurs autres Antilles, et sur la terre ferme dans la Nouvelle-Andalousie. Chamisso la retrouva à O-Wahu. M. Dur- ville nous l'a rapportée d'Offack à Waigiou. 72. NépHronre Luisanr, Nephrodium splendens. Aspidium, Willd. , Sp. 10, p. 220. } Cette espèce, l'une des plus communes aux iles de France et de Mascareigne, que Sieber envoie sous le nom d'Aspidium articulatum, n° 39, dans sa collection de fougères desséchées, a été retrouvée à Oualan par M. Durville. 73. NÉPHRODIE veuv, Nephrodium hirsutum, N. Aspidium, Willd., Sp. 10, p.232; Schkur., Fil, tab. 33. M. Durville a rapporté des échantillons de cette espèce d'O- taiti et d'Offack, ile de Waigiou. 74. NépHrODIE DE Gamard, Nephrodium Gaimardianum. Gaudichaud, Uran., pl. 12, fig. 1. MM. Durville et Lesson ont rapporté cette élégante espèce d'O-taiti, de Borabora et d'Offack, ile de Waigiou. Dans les BOTANIQUE. 269 grands échantillons que nous avons sous les yeux, les pinnules inférieures deviennent profondément pinnatifides, surtout exté- rieurement. 75. NéPHRODIE coNFONDU, Vephrodium propinquum. R. Brown, Prodr., p. 148. Cette espèce, qui n'est pas le Polypodium unitum de Linné, mais qui est l'Æspidium unitum de Swartz qui l'a confondue, a été trouvée dans les parties chaudes de la Nouvelle-Hollande par M. R. BrownetSieber. Nous l’avions récoltée à l'ile de France. MM. Durville et Lesson l'ont retrouvée à Bourou dans les Mo- luques, ainsi qu'à O-taiti. 76. DARÉE APPENDICULÉE, Daræa appendiculata. Willd., Sp. 10, p. 296; La Billardière, NVov.-Holl., tab. 243. M. La Billardière a découvert à la Nouvelle-Hollande cette Darée, que MM. Durville et Lesson ont rapportée de la Baie des iles à la Nouvelle-Zélande. 77- Darée? FOURCHANTE, pl. 35, fig. 2, Daræa ? (furcans ); Furculo repente; frondibus pinnatifidis; pinnulis decurrentibus dichotomo-furcatis. Cette jolie plante a été découverte à Sainte-Hélène par M. Dur- ville, où elle croit à la base des arbres et sur le peu de vieux troncs qu'on y trouve. Sa racine est rampante, et il s'en élève une multitude de frondes de six à sept pouces de hauteur, ayant leur stipe montant, poli, jaunâtre, ardent, grêle, de la moitié de la longueur totale. La foliation qui les termine est profondé- ment pinnatifide, ou plutôt décurrente sur le rachis, avec des pinnules alternes étroites dun quart de ligne, longues de six à sept fourchées, à un angle de quarante-cinq degrés, et chaque division se fourchant encore dans les pinnules inférieures. Nous n'en connaissons pas la fructification. 78. ASPLÉNIE NID, Asplenium nidus. Lin., Sp. 1537; Willd., Sp. 10, p. 303. 270 : VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Cette Asplénie, la plus grande de celles qui ont les frondes entières, croit sur les vieux arbres décrépits. Nous l'avons trouvée en abondance dans les forêts des iles de France et de Mascareigne. Sieber nous l'envoya de la Nouvelle-Hollande. M. Durville l'a récoltée à Offack, ile de Waigiou, ainsi qu'à O-taiti. 79- ASPLÉNIE FLABELLIFORME, Asplenium flabellifolium. Willd., Sp. 10, p. 333; Brown, Prodr., p. 150. Cette plante, rapportée du Port-Jackson par MM. Gaudi- chaud, Sieber et Durville, est aussi indiquée par R. Brown comme de la terre de Lewin et de Van Diémen. 80. ASPLÉNIE DENTÉE, Asplenium dentatum. Lin. , Spec. 1540; Willd., Sp. 10, p. 324. Polytrichum saxatile dentatum, Plum., Amer., tab. L (exagerata). Nous possédions déja cette espèce venant de Saint-Domingue et de la Guadeloupe; M. Durville l'a retrouvée à l'Ascension. 81. ASPLÉNIE LUNULÉE, Asplenium lunulatum. Willd., Sp. 10, p- 324. Asplenium falcatum, Thunb., Prodr., 172; Gaud., Uran., p. 316. : M. Gaudichaud nous avait rapporté cette plante du cap de Bonne-Espérance; M. Durville l’a retrouvée à Sainte-Hélène. 82. ASPLÉNIE DE Torrës, Asplenium Torresianum. Gaud., Uran., p. 317. Asplenium hirtum, Kaulf., Enum., p.169. M. Gaudichaud a récolté cette espèce à Guam dans les Mo- luques, ainsi que M. Chamisso; M. Durville nous l'a rapportée d'Amboine. Le nom d'Aërtum est vicieux. 83. ASPLÉNIE COMPRIMÉE, Asplenium compressum. Willd., Sp. 320. Cette plante a été rapportée de Sainte-Hélène par M. Durville. 84: ASPLÉNIE A FEUILLES DE LASER, Asplenium laserpitisfolium. Willd., Sp. 10, p. 347. BOTANIQUE. 271 Nous possédions cette espèce venue de Java; M. Gaudichaud l'a trouvée dans les iles Mariannes, et M. Durville à Oualan. 85. Drprazie ÉPiNEux, Diplazium (s spinosum); Frondibus pin- natis; pinnulis lanceolato-acutis, crenatis, basi superiore trun- catis, inferiore rotundatis; caudice spinoso. - M. Durville a découvert ce Diplazie, qui doit être arbores- cent, à Offack dans l'ile de Waigiou. La fronde que nous avons sous les yeux a près de deux pieds et demi de longueur. Les pinnules, alternes, lancéolées, très-pointues, longues de six à sept pouces, grossièrement et obtusément dentées sur leurs bords, ont plus d’un pouce de large. Elles sont d'un vertluisant au-dessus, élégamment veinées, et d'un vert ferrugineux au- dessous. Toute la plante présente une certaine ressemblance avec l'Asplenium proliferum de M. de Lamarck, qui est aussi un Diplazie. i 86. Dipcazre arBorescenT, Diplazium arborescens. Willd., Sp., P- 354. Callipteris arborescens. N. Voy. en quatre iles d Afrique, t. I, p. 283. i Nous découvrimes autrefois cette grande fougère à Tile de France; M. Durville l’a retrouvée à O-taiti. 87. Doone ÉPiNEUSE, Doodia aspera. Brown, Prodr., p. 151. Cette espèce nous a été rapportée du Port -Jackson par MM. Gaudichaud, Sieber et Durville. 88. Doonie EN QUEUE, Doodia caudata. Brown, Prodr., p.151. Woodwardia, Willd., Sp. 10, p. 417. M. Gaudichaud avait trouvé cette espèce au Port-Jackson , où la recueillirent aussi MM. Sieber et Brown. Celui-ci l'observa également à la terre de Van Diémen. MM. Durville et Lesson l'ont retrouvée à la Nouvelle-Zélande. 89. DinymocuLane sinueuse, Didymochlæna sinuosa. Des- vaux, Kaulf., Enum., Aspidium trunculatum, Willd., Sp. 10, p. 256. 272 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. M. Gaudichaud et M. Langsdorff nous avaient donné cette plante, qu'ils recueillirent à Rio-Janeiro. M. Durville Ta rap- portée de Sainte-Catherine, On prétend qu'elle croît encore dans les Antilles, et même à Java. 90. Brecune pu Brésir, Brechnum Brasiliense. Desvaux, Kaulf., Enum., p. 150. M. Poiteau nous avait rapporté cette espèce de la Guyane; M. Durville ainsi que Chamisso l'ont retrouvée dans l'ile Sainte- Catherine. 91. BLECHNE ORIENTALE, Blechnum orientale. Lin., Sp. 1535; Willd., Sp. 10, p. 414; Schkur., Fil., tab. 100. MM. Durville et Lesson ont rapporté cette belle Blechne d'O:taiti, d'Oualan et de Bourou. M. Gaudichaud nous l'avait communiquée comme venant des iles Mariannes. On la trouve aussi aux Indes orientales et à la Chine. 92. BLECHNE GRIMPANTE, pl. 36, Blechnum (scandens); Cau- dice scandente sarmentoso; frondibus oppositis pinnato -alatis ; pinnulis ovato-lanceolatis acutis, repando margtnatis petiolatis. Cette magnifique plante diffère de toutes les autres Blechnes par son port de Lygodium. Elle a été découverte à Sainte- Catherine par M. Durville. Ses tiges, glabres, comprimées, pro- fondément canaliculées et sarmenteuses, grimpent et émettent de distance en distance des paires de frondes opposées , ailées, supportant chacune trois et même quatre paires de pinnules opposées avec une impaire terminale. Ces pinnules, un peu coriaces, d'un beau vert, longues de quatre à cinq pouces, larges de six à dix lignes, ovoïdes, lancéolées, très-aigués, sont un peu ondulées et striées transversalement. La fructification , située contre la nervure des deux côtés, est d'un beau brun, et très- saillante. 93. SADLÉRIE cyatæoïne, Sadleria cyathæoides. Kaulf., BOTANIQUE. 273 Enum., p. 162. Blechnum Fontanesianum, Gaudichaud, Uran., pl. 15. C'est des Sandwich que MM. Gaudichaud et Chamisso nous ont rapporté cette plante. 94. Lomaire pu Cumi, Lomaria chiliense. Kaulf., Enum., p- 154. MM. Chamisso et Durville nous ont rapporté cette plante de la Concepcion au Chili. 95. Lomare Brecunoine, Lomaria (blechnoides ); Frondibus sterilibus profundè pinnatifidis ; pinnutis inferioribus‘ decurrente brevioribus; superioribus rotundato-obtusis ; frondibus fertilibus pinnatis, angustioribus, æqualibus. La racine de cette Lomaire parait être grimpante. Les frondes n'ont guère que de six à huit pouces de long, et ont cela de Rte dans les stériles, que les pinnules inférieures sont plus étendues en hauteur qu’en longueur, tandis que le contraire a licu dans les supérieures. M. Durville l'a rapportée de la Con- cepcion au Chili. 96. HYMÉNOLÉPIDE OPHIOGLOSSOÏDE , Hymenolepis ophioglos- soides. Kaulf., Enum., p. 146. Lomaria spicata, Willd., Sp. 10, p- 289. Onoclea, Swartz. Acrostichum spicatum, Làn., Suppl., 444. Cette plante, que nous avons trouvée communément aux iles de France et de Mascareigne, d'où nous l'a aussi rapportée Sieber, a été retrouvée aux iles Mariannes par M. Gaudichaud, à Guam par Chamisso , et à O-taïti par M. Durville. 97- ScoLoreNDrE DE Durvirse, pl. 37, fig. 1, Scolopendrium (Durvillæi); Frondibus fertilibus longè-lineari-lanceolatis, infernè attenuatis; caule volubili? Cette élégante Scolopendre, découverte par M. Durville dans l'ile d'Oualan, aurait, selon une note de la main de ce savant, ses tiges volubiles et grimpantes sur les troncs d'arbres, avec Voyage de la Coquille. — Botanique, 35 274 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. des frondes stériles d'une forme très-étrange : nous n’en avons pas vu de pareilles. Les frondes fertiles, que nous avons eues seules sous les yeux, ont leur stipe nu, long de trois à quatre pouces, et sont linéaires, lancéolées, très-atténuées en long coin par le bas, fort pointues à leur extrémité, longues de près de deux pieds, larges d'un pouce ou un peu plus, transversalement striées et du plus beau vert. Les sores, dont la couleur est le blond tirant à la teinte de cannelle, sont fort rapprochés et n'at- teignent pas tout-à-fait aux marges. 98. VirratRE RIGIDE, /ttaria rigida. Kaulf., Enum., p. 193. M. Chamisso nous a rapporté cette fougère d'O-Wahu. Nous la trouvons identique avec les échantillons récoltés par M. Dur- ville à Borabora. 09: VITTAIRE PLANTAGINÉE, Vittaria plantaginea. N. In Willd., Sp: 10, p. 406. Nous découvrimes autrefois cette espèce sur de vieux troncs d'arbres abattus dans les forêts du quartier sauvage de Sainte- Rose dans l'ile de Mascareigne; M. Durville l’a retrouvée à Offack, ile de Waigiou, et à Oualan. 100. VITTAIRE A FEUILLES DE ZOSTÈRE, Vittaria zosterifolia. N. In Willd., Sp. 10, p. 406. Nous découvrimes encore cette espèce pendante au bran- chage des plus vieux arbres des forêts de Tile de Mascareigne ; M. Durville l’a retrouvée à O-taiti. 101. PTÉRIDE PALMÉE, Pteris palmata. Willd., Sp. 10, p. 357. Cette fougère, que Willdenow dit être de Caracas et que nous possédions de Saint-Domingue et de la Martinique, a été re- trouvée à Sainte-Catherine du Brésil par M. Durville. 102. PTÉRIDE PÉDÉE, Pteris pedata. Lin., Sp., p. 1532; Willd., Sp. 10, p. 358; Schkur., Fil., tab. 100; Brown, Prodr., p. 155. On indiquait jusqu'ici les Antilles et même la Virginie pour BOTANIQUE. 275 patrie de cette Ptéride; M. Chamisso la recueillie à O- Wahu, M. Durville à O-taiti, M. Lesson à Borabora, et M. Brown à la Nouvelle-Hollande. 103. PrÉRrIDE INDIENNE, Pteris indica. Willd., Sp. 10, p. 365. Willdenow indique cette espèce comme venant de Java. M. Gaudichaud nous l'a rapportée de Pisang, et M. Durville de Bourou aux Moluques. 104. PrÉRIDE OMBREUSE, Pteris umbrosa. R. Br) Prodr., p: 153. MM. Brown et Sieber nous ont rapporté cette espèce du Port- Jackson à la Nouvelle-Hollande; M. Lesson l'a retrouvée au - Port-Praslin à la Nouvelle-Irlande. 105. Prérine Némorare, Pteris nemoralis. Willd., Sp. p- 386. Nous avons trouvé assez communément cette fougère le long des bois des iles de France et de Mascareigne; M. Durville l'a retrouvée à O-taïti, 106. PrÉRIDE GLAUQUATRE, Pteris glaucescens. N. In Wild. sub Pteris incisa, p. 396. Nous découvrimes autrefois cette plante dans les hautes mon- tagnes de Mascareigne, où sa couleur glauque-bleuâtre lui mérita un nom auquel Willdenow nous parait avoir mal à propos substitué celui d'éncisa, qui est très-impropre, notre Pteris glaucescens. n'ayant rien de plus incisé qu'une autre. Elle est fort voisine de la suivante, qui peut-être n’en est qu’une variété, C'est celle que Sieber, qui l'a trouvée à l'ile de France, envoya, dans ses collections de fougères sèches, n° 79, sous le nom de Pteris cruciata. M. Durville nous l'a rapportée d'Amboine. 107. PTÉRIDE CHAUVE-souRiS, Pteris vespertilionis. La Billar- dière, Nov.- Holl., tab. 245; Willd., Sp. 400; Brown, Prodr., p- 154. MM. La Billardière, Brown, Sieber et Durville l'ontrapportée 35: 276 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. de la Nouvelle-Hollande; elle croit aussi à la terre de Van Diémen. 108. PrériE TENDRE, Pteris tenera. Kaulf., Enum., p. 191. MM. Chamisso et Durville ont rapporté cette fougère de la Concepcion au Chili. 109. PrÉRIDE DE LASCENSION, Pteris ascensionis. Willd., Sp. 10, p. 400; Schkur., Fil., tab. 94. M. Durville nous a rapporté cette fougère de l'ile dont elle porte le nom. Elle y croît parmi les rochers des montagnes. Elle présente en miniature les plus grands rapports avec les Pteris glaucescens et vespertilionts. 110. PréÉriDE DE Lesson, Pteris (Lessonit); Frondibus sub- compositis, pinnatis; pinnulis inferioribus pinnatis ; pinnulis pro- fundè pinnatifidis acutis; soris crassis. C'est encore à l'Ascension que croît cette fougère, que nous en a rapportée M. Lesson. Son stipe, droit, d’un roux brillant, profondément sulqué, s'élève à cinq ou six pouces, et toute la plante présente en petit quelque chose de l'aspect des Pteris ar- guta et aquilina. Les pinnules inférieures, ou la première paire, sont très-grandes, pinnées et à pinnules profondément pinna- tifides, en tout, mais en plus petit, semblables aux autres pin- nules de la fronde, qui toutes pinnatifides tendent à se bipinner par le bas. Les sores sont très-saillants et d’un brun brillant sur le bord des frondes, qui atteignent à un pied de longueur totale. III. PTÉRIDE MANGEABLE, Pteris esculenta. Willd., Sp. 10, p- 401; La Billardière, Vov.-Hol., tab. 244; R. Brown, Prodr., p. 154. Cette espèce , dont les misérables naturels de plusieurs con- trées australasiennes mangent les racines, a les plus grands rapports avec le Pteris caudata des Antilles, et n'est peut-être qu'une de ses variétés. Quoi qu'il en soit, MM. La Billardière, Brown et Sieber nous l'ont donnée de la Nouvelle-Hollande, BOTANIQUE. 277 MM. Durville et Lesson de la Nouvelle-Zélande. On la retrouve à la terre de Van Diémen, à la terre de Lewin, et peut-être à Amboine. 112. PTÉRIDE APRE, Pteris (rugosula); Frondibus triplicato- - pinnatis; pinnulis sterilibus sub-orbiculatis incisis; Jertilibus tra- pezoideës; stipite tereti ut rachis scabro, La Bill., Sert. Austr.-Cal., tab. 8. M. Durville a retrouvé à O-taïti cette élégante espèce, que M. de La Billardière avait découverte à la Nouvelle-Calédonie. 113. CHEILANTHE MARGINÉ, Cheilanthes marginata. Kunth, Syn. Æquin., p. 86, pl. 669. C'est de Quito, aux lieux rocailleux et ombragés, que Bom- pland rapporta cette plante, dont la figure convient parfaite- ment à un échantillon rapporté d'Amboine par M. Durville. 114. CHEILANTHE MULTIFIDE, Cheilanthes multifida. Willd. , Sp. 10, p. 459. M. Gaudichaud nous avait rapporté cette plante du cap de Bonne-Espérance ; M. Durville l'a retrouvée à Bourou dans les Moluques. 115. ADIANTHE HISPIDULE, Adianthum hispidulum. Willd., Sp. 10, p. 444; R. Brown, Prodr., p. 155. i Cette espèce, que M. Brown a rapportée de la Nouvelle- Hollande, a été retrouvée à O-taïti par M. Lesson. 116. ADIANTHE PUBESCENTE, Adianthum pubescens. Willd., Sp. 10, p. 439; Schkur., Fil., tab. 116. Cette jolie fougère, que nous ne trouvons pas dans le Pro- drome de M. Brown, nous a pourtant été rapportée de la Nou- velle-Hollande par M. Sieber, et notamment du Port-Jackson. M. de La Billardière nous l'a donnée venant de la Nouvelle- Calédonie. M. Durville l’a retrouvée à O-taïti, et M. Lesson à la Nouvelle-Zélande. 117. ADIANTHE TRIGONE, Ædianthum trigonum. La Billardière, 278 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. Nov.-Holl., tab. 248, fig. 2; Willd., Sp. 10, p. 453. Adianthum assimile, Brown, Prodr., p. 155. Cette Adianthe nous a été rapportée du Port-Jackson par MM. La Billardière, Brown, Sieber, Gaudichaud et Lesson. 118. ÅDIANTHE EN COIN, Ædianthum cuneatum. Willd., Sp. 10, p- 451; Langsd. et Ficher, Fel., tab. 26; Kaulf., Enum., p. 206. M. Gaudichaud a rapporté cette espèce de Rio-Janeiro ; MM. Durville et Chamisso l'ont retrouvée à Sainte-Catherine. 119. ADIANTHE CHILIENNE, Adianthum chiliense. Kaulf., Enum., p: 207. M. Durville a retrouvé à la Concepcion au Chili cette espèce, qu'y avait découverte M. Chamisso , et qui se retrouve jusqu'au Pérou. 120. LINDSÉE A PETITES FEUILLES, Lindsæa microphylla. Willd., Sp. 10, p. 426; R. Brown, Prodr., p. 156. MM. Brown, Sieber, Gaudichaud et Durville ont récolté cette espèce au Port-Jackson. 121. LinpsÉE DE Lesson, pl. 37, fig. 2, Lindsæa (Lessonii); Caule repente; stirpe tetragono; fronde pinnatä; pinnulis lanceo- lato-ovatis, obtusè-crenatis, infernè appendiculato-alatis. Cette jolie espèce , découverte àla Baie des iles de la Nouvelle- Zélande par M. Lesson, a sa racine, ou plutôt sa tige rampante. Il s'en élève des frondes assez rapprochées, de dix à quinze pouces de long, ayant leur stipe de deux tiers de leur longueur, grêle, quadrangulaire, luisant. et d'un roux ardent. Ces frondes, dont la circonscription générale est linéaire, sont ailées , garnies de huit à quinze paires de pinnules opposées ou légèrement alternes, longues de huit lignes au plus, un peu stipitées, ovales, lancéolées, obtuses, avec quelques crénelures arrondies, et sou- vent ailées et appendiculées à la base interne, aux inférieures seulement. 122. SCHIZOLOME DE La Bincarnière, Schizoloma Billardieri. BOTANIQUE. 279 Gaud., Uran., pl. 17. Lindsœa lanceolata, Willd., Sp. 10, p.421; R. Brown, Prodr., p- 156; La Billardière, Nov.-Holl., tab. 248, fig. 1. M. La Billardière nous a donné des échantillons de cette espèce, rapportée par lui de la Nouvelle-Calédonie. Nous la devons à M. Brown de la Nouvelle-Hollande. M. Gaudichaud nous l'a rapportée des iles Mariannes, et M. Durville d'Amboine et de Bourou. 123. SCHIZOLOME DE GUÉRIN, Schizoloma Guerinianum. Gaud., Uran., pl. 18. Cette espèce, découverte à Rawak par M. Gaudichaud, a été retrouvée à Offack, ile de Waigiou, par M. Durville. 124. DavattiE PixiDéE, Davallia pixidata. Willd., Sp. 10, p- 471; R. Brown, Prodr., p. 157. C'est du Port-Jackson que MM. Freycinet, Brown, Sieber et Durville nous ont rapporté cette élégante fougère. 125. Davart ÉLÉGANTE, Davallia elegans. Willd., Sp. 10, p. 471; R. Brown, Prodr., p. 157. M. Brown a rapporté cette plante de la Nouvelle-Hollande. On la dit se trouver à Tranquebar et à Java. M. Durville l’a retrouvée à la Nouvelle-Irlande et dans l’île d'Oualan. M. Lesson nous en a rapporté de Borabora et d’O-taïti des échantillons plus déliés, qui pourraient bien appartenir à une variété, s'ils ne sont un état plus avancé de la plante. 126. DAVALLIE GIBBEREUSE , Davallia gibberosa. Willd., Sp. 10, p- 475; Schkur., Fil., tab. 128. M. Durville a trouvé cette élégante fougère à O-taïti. 127. DAVALLIE A PETITES Feuirues, Davallia tenuifolia. Willd., Sp. 10, p. 476. Davallia venusta, Schkur., Fil., tab. 128. Cette élégante fougère est l'une des plus communes aux iles de France et de Mascareigne au bord des bois; M. Lesson nous l'en a rapportée. 280 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 128. DAVALLIE GRÊLE, Davallia remota: Kaulf., Enum., p. 223. M. La Billardière nous a communiqué cette espèce sous le nom de venusta, qui convient à la précédente; il l'avait récoltée à la Nouvelle-Calédonie. M. Chamisso nous la rapporta d'O-wahu. MM. Durville et Lesson l'ont retrouvée à Amboïine, ainsi qu'à O-taiti. Elle ressemble tellement au tenurfolia, qu'elle pourrait bien n'en être qu'une variété à découpures plus courtes et sur- tout plus étroites. 129. DAVALLIE EN MASSUE, Davallia clavata. Willd., Sp., p. 478. Adianthum clavatum, Lin., Sp., p. 1559. Adianthum minus, foliis in summitate retusis, Plum., Amer., tab. L. Cette fougère délicate, indiquée jusqu'ici comme de Saint- Domingue, a été retrouvée à Sainte-Catherine par M. Durville. 130. DICKSONIE STRAMINÉE, Dicksonia straminea. La Billar- dière, Sert. Austr.-Cal., p. 7, tab. 10. M. La Billardière a découvert cette Dicksonie à la Nouvelle- Calédonie; M. Durville ľa retrouvée à Offack dans lile de Waigiou. 131. DICKSONIE ARBORESCENTE, Dicksonia arborescens. Willd., Sp. 10, p. 484. Cette magnifique fougère, jusqu'ici observée à Sainte-Hélène seulement, et qui en est peut-être une production propre, y a été retrouvée par M. Durville. 132. Dicksonie moLLE, Dicksonia flaccida. Willd. Sp. 10, p. 488. Cette plante, qu'on a observée dans plusieurs des îles de l'O- céanie , a été particulièrement trouvée à Oualan par M. Durville. 133. DICKSONIE MULTIFIDE, Dicksonia multifida. Willd., Sp. 10, p- 489. M. Durville a rapporté cette fougère de Borabora. 134. CYATHÉE MÉDULLAIRE, Cyathæa medullaris. Willd., Sp. 10, P- 494; Schkur., Fil, tab. 133. BOTANIQUE. 281 M. Durville a recueilli cette fougère arborescente à O-taïti. 135. CYATHÉE DISCOLORE, Cyathæa (discolor); Fronde bipin- natä; pinnulis profundè pinnatifidis ; laciniis ovato-acutis crenatis subtus dealbatis; rachibus supernè tomentoso-lanuginosis, iner- mibus. $ C'est du Chili que M. Durville a rapporté cette belle plante, . dont le port doit être arborescent. Ce que nous possédons d’une fronde indique une grande taille; mais les pinnules y sont élé- gamment, finement et très-profondément pinnatifides, longues de trois à quatre pouces, très-aiguës, ayant leurs divisions longues de six lignes environ, très-étroites, fortement créne- lées, surtout en dedans, se réfléchissant un peu en dessous, où elles sont d’un assez beau blanc, de manière à se canaliculer, à peine décurrentes par leur base inférieure sur la nervure gé- nérale, qui, au premier coup d'œil, parait complètement ailée, mais qu'en examinant de près on voit être marginée de blanc. Ce que nous voyons du rachis est dépourvu d’aiguillons ou de rugosités, glabre en dessous : en dessus on y reconnait un tomentum assez long, fin, soyeux, très-mélé, dun brun doré brillant, et duquel des flocons assez fournis séjournent aux parties inférieures des pinnules, à peu près comme il arrive dans le Pinnonia de M. Gaudichaud. 136. TRICHOMANE RÉNIFORME, Trichomanes reniforme. Willd., Sp. 10, p. 498; Schkur., Fil., tab. 134. M. Lesson a rapporté cette magnifique espèce dans le plus bel état de la Baie des iles à la Nouvelle-Zélande. 137. TRICHOMANE PETIT ÉVENTAIL, Trichomanes (flabellata ); Fronde cuneato-flabellata; laciniis dichotomo-furcantibus. M. Durville a trouvé cette petite espèce aux Malouines, d'où M. Gaudichaud l'avait également rapportée en la confondant avec son Hymenophyllum cespitosum. Nous n’en avons pas vu la fructification ; mais sa ressemblance avec le Trichomanes Sib- Voyage de la Coquille, — Botanique. 36 | 282 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. thorpioides, N. In Willd., nous détermine à placer la plante de M. Durville dans le même genre. Sa tige est filiforme, simple; à cinq ou six lignes, elle s'élargit en une petite fronde flabellée, en coin inférieurement, et se divisant en deux petites lanières, qui à leur tour se fourchent jusqu'à trois fois en s’étalant et se terminant en pointe. C'est principalement ce dernier caractère qui distingue le Trichomanes flabellata de notre Sibthorpioides : il croit en gazons serrés, et devient noirâtre par la dessiccation. 138. TRICHOMANE INCISÉ, pl. 38, fig. 1, Trichomanes incisum. Kaulf., Enum., p. 261. M. Chamisso nous avait déja envoyé cette plante du Brésil. M. Durville l'a retrouvée à Sainte-Catherine, où elle croit sur les vieux troncs d'arbres dans les bois. Comme elle n'a pas été figurée, et qu'elle pourrait être confondue par la description qu'on en a donnée avec le Trichomanes sinuosum représenté dans l'Encyclopédie méthodique, pl. 871, fig. 1, nous avons cru devoir la faire graver ici. 139. TRICHOMANE AILÉ, pl. 38, fig. 2, Trichomanes (alatum); Fronde pinnat&; pinnulis alternis, basi internè truncatis, supernè dilatato-fructiferis; extremitatibus argutè serratis. C'est d'Oualan, et d'Offack, ile de Waigiou, que M. Durville a rapporté cette espèce, qui est devenue toute noire par la des- siccation. Ses racines sont fortes et fasciculées. Il en part un faisceau de frondes, longues de six à huit pouces, ailées, ayant jusqu'à un pouce de leur naissance des pinnules stériles, courtes, -plus larges que longues, finement serrées, subflabelliformes. Plus haut ces pinnules s’allongent, et vers le milieu de la fronde elles ont jusqu'à six ou huit lignes de long sur une à deux de large. Le côté extérieur est droit et formé par la nervure; l'in- térieur seul est développé, de sorte qu'à la base ilya troncature interne à angle presque droit sur un court pétiole. L'extrémité est arrondie, obtuse, mais serrée tout autour, et même quel- BOTANIQUE. 283 quefois comme spinulescente. Les fructifications se développent souvent en assez grand nombre à l'extrémité de toutes les ner- vures, à la marge intérieure ou supérieure des pinnules, qui, perdant leur parenchyme, en paraissent comme pectinées sur le côté. 140. TRICHOMANE MINUTULE, Trichomanes minutulum. Gaud. M. Durville a retrouvé à O-taïti cette petite espèce, que M. Gaudichaud avait précédemment découverte dans la Poly- nésie, et qu'il nous communiqua sous le nom que nous lui don- nons ici. Nous n'avons donc pas cru devoir décrire une plante que le savant botaniste de / Uranie aura seul droit de faire con- naître dans la partie de sa relation, qui n'est pas encore publiée. 141. TRICHOMANE Arpauvri, Trichomanes (depauperatum); Frondibus pinnatis, elongato-gracilibus; pinnulis internè bi seu trifurcatis, obtusis; soris solitariis internè basilaribus. C'est d'Oualan que M. Durville a rapporté cette petite espèce, dont les racines sont traçantes. Il s'en élève des frondes gréles, de trois ou quatre pouces de hauteur, ayant le rachis ailé dans la jeunesse, et émettant des pinnules alternes, longues de quatre à six lignes, étroites, obtuses, deux ou trois fois divisées par le côté intérieur, où les fructifications, redressées et solitaires, naissent à la base contre le rachis, qui a fini par se dénuder. 142. TRICHOMANE FILICULE, Trichomanes filicula. N. Hyme- nophyllum filicula. Willd., Sp. 10, p. 528. Nous découvrimes autrefois cette espèce aux iles de France et de la Réunion , où elle est extrêmement commune dans tous les bois; et comme nous ne l'avions pas vue en fructification, Willdenow, à qui nous lacommuniquâmes, se trompa surle genre auquel elle appartenait. Depuis on a reconnu l'erreur, et, en rapportant cette élégante espèce aux Trichomanes, on lui a donné les noms spécifiques de bilobatum et de bivalvis. Nous n'admettrons pas ce changement, le Trichomane filicule n'ayant 36. 284 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. rien de plus bilobé ou de plus bivalve qu'un autre. M. Gaudi- chaud a retrouvé cette espèce à Rawak, et M. Durville à O-taïti, ainsi qu'à Offack, ile de Waigiou. 143. HYMÉNOPHYLLE BRILLANT, Hymenophyllum nitens. Robert Brown, Prodr., p. 150. M. Robert Brown a découvert cette plante à la terre de Van Diémen; M. Lesson l’a retrouvée à la Baie des iles dans la Nou- velle-Zélande. 144. HyméNoPuyLLe DE THuN8RIDGE, Hymenophyllum Thun- bridgiense. Willd., Sp. 10, p. 520; R. Brown, Prodr., p. 159; Schkur., Fil., tab. 135. Hymenophyllum cupressiforme, La Billar- dière, Nov.-Holl., tab. 250, fig. 2. Trichomanes, Lin., Sp., p- 1561. Aucune plante ne montre mieux quelle est l'impropriété des noms de pays. D'abord observée en Angleterre, on la désigne par celui de la ville aux environs de laquelle on l'avait trouvée. Plus tard on l'a rencontrée dans toute l'étendue des Iles Britan- niques, jusque sur les rochers ombragés de la froide Écosse; puis en Normandie, en Bretagne, et à Combo dans les Basses- Pyrénées. Elle a enfin été retrouvée, dans l'hémisphère austral, à la Nouvelle-Hollande, par MM. La Billardière, Brown, Gau- dichaud et Sieber. M. Durville l'a également récoltée au Port- Jackson; et nous croyons reconnaitre la même plante dans d'assez mauvais débris que ce savant a rapportés de la Concep- cion au Chili. Nous avons remarqué que cette jolie fougère est d'une grande amertume, même après qu'elle est demeurée long- temps dans les herbiers. 145. HyMÉNOPHYLLE INFORTUNÉ, pl. 38, fig. 3, Hymenophyt- lum (infortunatum); Fronde gracili; stipe denudato; pinnulis alternis, distantibus, pinnatifido-alatis; laciniis simplicibus fur- catisve, obtusis; fructificationibus terminalibus. M. Durville a rapporté de Sainte-Hélène cette espèce, grêle, BOTANIQUE. 285 débile, comme dévorée de sécheresse et de misère, mais qui Pourtant n'est pas sans beauté. Ses racines sont fines et tra- çantes. Il sen élève des frondes de deux à cinq pouces, mon- tantes, mais un peu flexueuses, ayant leur rachis grêle, fili- forme et nu, gros comme un crin ordinaire. Presque dès sa base en partent des pinnules alternes, distantes, dont les infé- rieures, longues de huit à dix lignes, sont souvent rongées et n'offrent que la nervure. Celles qui demeurent en bon état sont composées, selon leur état de vigueur, de trois à cinq divisions ou pinnules secondaires, alternes et obtusées, la première inté- rieure simple, une, deux ou trois des suivantes fourchées, et la terminale plus longue tendant également à se fourcher. Les fructifications terminent les divisions des pinnules, qui d l'herbier ont pris une teinte blonde, assez ordinaire aux pl du même genre, même lorsqu'elles sont vivantes. ans antes Telles sont les fougères que nous avons pu déterminer avec certitude dans les échantillons mis à notre disposition par MM. les Naturalistes de {a Coguille. Le nombre des espèces était à peu près du double; mais en voulant tout décrire sur des échantillons incomplets, nous nous fussions exposé à de nom- breuses erreurs, et nous persistons à penser qu'en botanique il vaut mieux connaitre moins que connaitre mal. FIN DE LA CRYPTOGAMIE. ca $ la UPSI Ea ganyol agi moslesls ; TABLE DES MATIÈRES Avis de l'Editeur. Page Ai Plan de l'ouvrage. i De l'organisation et de la reproduction des Agames. 2 Impropriété de la désignation d’Algues. Importance de l'étude des Hydrophytes pour établir rationnelle- ment la distinction physique des mers. Distinction des Océans par leurs productions naturelles. Océan Arctique. 3 Océan Atlantique. 15 Océan Antarctique. 18 Océan Indien. 21 Océan Pacifique. 22 Distinction des Méditerranées. 24 Méditerranée proprement dite. 25 Méditerranée Scandinave ou Baltique. 29 Méditerranée Érythréenne ou Mer Rouge. 30 Méditerranée Persique. 33 Méditerranée Sinique. Ibid Méditerranées d’Okhotsk et de Béring. 36 Méditerranée Colombienne. 37 Baie d'Hudson. 42 Des Caspiennes. 44 Caspienne proprement dite. 46 Mer d’Aral. 47 Lac Baïkal. Ibid. Mer Morte. 48 De la profondeur dès Mers. 49 De la coloration des Hydrophytes selon cette profondeur. 50 Sur la distribution des végétaux marins. 53 288 TABLE DES MATIÈRES. Sur la préparation des Agames et des Cryptogames, et des moyens que doivent employer les voyageurs pour nous en rapporter. Page 54 Description des végétaux dépourvus de sexe, récoltés par MM. Dur- ville et Lesson. 62 HYDROPHYTES INARTICULÉS. Ordre premier. Des VARECS, Fuci. Ibid. Famille des LAMINARIÉES. 63 I. Genre Durvicrée, Durvillæa. 65 1. Durvillée utile, D. utilis, pl. 1 et 2, fig. 1. Ibid. II. Genre LessoniEe, Lessonia. ; 73 2. Lessonie brunissante, Z. fuscescens, pl. 2, fig. 2 , et pl. 3. 75 3. Lessonie à feuilles de éhène, Z. quercifolia, pl. 4. 79 4. Lessonie noircissante, Z. nigrescens, pl. 5. 80 II. Genre MacrocystE, Macrocystis. 83 5. (par erreur numéroté 6) Macrocyste à frondes entières, M. integrifrons, « et ß, pl. 6. 86 6. Macrocyste à larges frondes, M. latifrons, pl. 7. 88 7. Macrocyste commun, M. communis. : go 8. Macrocyste à frondes étroites, M. angustifrons, pl. 8. 93 9. Macrocyste pommifère, M. pomifera, pl. 9. : : 94 IV. Genre LamINaIRE, Laminaria. 97 10. Laminaire trompette, L. buccinalis. 98 11. Laminaire des buveurs, L. potatorum. 100 12. Laminaire bironcinée, Z. bironcinata, pl. 10. 101 V. Genre IRDÉE, /ridæa. 103 13. Iridée Laminarioïde, Z. Laminarioides, pl. 11, fig. 1. 105 14. Iridée Rappe, Z. Radula. 107 15. [ridée d’Augustine, Z. Augustinæ, pl. 12. 108 16. Iridée étincelante, Z. micans, pl. 13 et 13 bis. IIO Famille des FUCACÉES. : 114 VI. Genre TurginaRE, Turbinaria. 116 17. T'urbinaire dénudée, T. denudata. 117 18. Turbinaire décurrente, T. decurrens. 119 TABLE DES MATIÈRES. VII. Genre SarGasse, Sargassum. 19. Sargasse Sargasso, S. Sargasso. - 20. Sargasse pacifique, S. pacificum. 21. Sargasse d'Esper, S. Æsperti. 22. Sargasse lentillère, S. lendigerum. 23. Sargasse granulifère, S. granuliferum. 24. Sargasse de Swartz, S. Swartzii. 25. Sargasse acinaire, S. acinaria. 26. Sargasse compacte , S. compactum. 27. Sargasse doublée, S. duplicatum. m 28. Sargasse à feuilles de houx, S. aquifolium. 29. Sargasse à feuilles d’ilex, S. ilicifolium. 30. Sargasse à feuilles de téléphium , S. telephifolium. 31. Sargasse à feuilles de drosère, S. droserifolium. 3 VIII. Genre CysroseiRe, Cystoseira. 33. Cystoseire de Brown, C. Browni. 34. Cystoseire triquètre, C. triquetra. . Sargasse phyllanthe, S. phyllanthum. Y IX. Genre. MonicirormiE, Moniliformia. 35. Moniliformie de La Billardière, M. Billardieru. X. Genre HIMANTHALIE, Himanthalia. 36. Himanthalie de Durville, H. Durvillæi. Famille des CYLINDRACÉES, Cylindraceæ. XI. Genre Licumwe, Lichina. i 37. Lichine pygmée, Z. prgmæa. XII. Genre Pozyine, Polyides. 38. Polyide de Durville, P. Durvillæi. XIII. Genre CHorparie, Chordaria. 38. Chordarie sordide, C. sordida. 39. Chordarie hipuroïde, C. hipuroides. XIV. Genre Desmarestie , Desmarestia. 4o. Desmarestie herbacée, D. herbacea. Ordre second. DICTYOTÉS, Dictyotæ. Page 37 289 119 120 123 124 125 Ibid. 126 Ibid. Ibid. 127 128 Ibid. 129 Ibid. 130 131 132 Ibid. Ibid. 133 135 Ibid. 136 Ibid. 137 Ibid. 138 139 Ibid. Ibid. 140 141 142 290 TABLE DES MATIÈRES. XV. Genre Panine, Padina. 41. Padine de Commerson, P. Commersoni, pl. 21, fig. 2. 42. Padine Pavonie, P. Pavonia. : AAIDD DUNN J2. Dosbodoopase P: Hasbo0sbaooc D, 43. Padine de Durville, P. Durvillæi, pl. 21, fig, 1. Ordre troisième. FLORIDÉS , Floridei. Famille des GIGARTINÉES, Gigartineæ. XVI. Genre GIGARTINE, Gigartina. 44. Gigartine en forme de lémane, G. lemanæformis. 45. Gigartine ruguleuse, G. rugulosa. 46. Gigartine noirs cheveux, G. melanotrix, pl. 19, fig. 3. Page 143 144 145 Ibid. 146 Ibid. 147 148 149 150 15I Ibid. 152 47. Gigartine pied de grenouille, G. batracopus, pl. 19, fig. 2- 153 48. Girgatine contournée, G. contorta. 49. Girgatine chondroïde, G. chondroides. 50. Girgatine hypniforme, G. hypniformis. XVII. Genre ACANTHOPHORE, Acanthophora. 51. Acanthophore muscoïde, 4. muscoides. XVIII. Genre Hyrxée, Hypnæa. 59. Hypnée d'Esper, H. Esperi. Famille des HALYMÉNIÉES, Æalymeniæ. XIX. Genre Cnonpre, Chondrus. 53. Chondre isolé, C. sejunctus. XX. Genre GÉLIDIE, Gelidium. 54. Gélidie spiniforme, G. Spiniforme. 55. Gélidie filicine, G. Filicinum. XXI. Genre PLocamie, Plocamium. 56. Plocamie commune, P. vulgare. 57. Plocamie confervacée, P. Confervaceum. XXII. Genre SPHÉROCOQUE, Sphærococcus. Ibid. 154 Ibid. 155 156 Ibid. 157 158 159 160 Ibid. 161 162 163 Ibid. 164 Ibid. TABLE DES MATIÈRES. 291 58. Sphérocoque de Chauvin, §. Chauvinüi , pl. 20. Page 165 a Latissimus. 167 b /ntermedius. Ibid: y Angustus. Ibid. 59. Sphérocoque de Chamisso, S. Chamissoü. 168 60. Sphérocoque de Lesson, $. Lessoni. 169 « Ramentaceus. 170 p Angustus. 171 61. Sphérocoque porte-grappes, S. uvifer. Ibid. 62. Sphérocoque disciplinal, S. disciplinalis. 172 63. Sphérocoque Chondrophylle, S. Chondrophyllus. 173 64. Sphérocoque Palmettoide, S. Palmettoides. Ibid. 65. Sphérocoque à feuilles en éventail, S. flabellifolius, pl. 17. 174 66. Sphérocoque Corallin, S. Corallinus, pl. 16. 175 67. Sphérocoque de Gaudichaud, S. Gaudichaldii. 177 a Lucidus. Ibid. p Multifidus. 178 XXIII. Genre HazymÉniE, Halymenia. 178 68. Halyménie variée, M. variegata, pl. 14. 179 69. Halyménie de Durville, Æ. Durvillæi, pl. 15. 180 Famille des DÉLESSÉRIÉES, Delesserie. 181 XXIV. Genre Dawson, Dawsonia. 182 70. Dawsonie de Durville, D. Durvillæi, pl. 19, fig. 1. 183 XXV. Genre DÉLESSÉRIE, Delesseria. 185 71. Délessérie à feuilles de chêne, D. quercifolia, pl. 18, fig. 1. 186 Famille des ULVACÉES, Ulvaceæ. Ibid. XXVI. Genre Urve, Ulva. 188 72. Ulve très-large, U. latissima. Ibid. 73. Ulve Umbilicale, U. umbilicalis. Ibid. 74. Ulve Laitue, U. Lactuca. 189 75. Ulve Nématoiïde, U. Nematoidea. 190 76. Ulve Fasciée, U. fasciata. Ibid. XXVII. Genre CaurerPe, Caulerpa. 191 77. Caulerpe de Freycinet, C. Freycinet , pl. 22, fig. 2. 192 37. TABLE DES MATIÈRES. 78. Gaulerpe de Lesson, C. Lessonü, pl. 22, fig. 3. 79. Caulerpe Plumaire, C. Plumaris. B. longiseta, pl. 22, fig. 4. 80. Caulerpe tre C. Selago. 81. Caulerpe à feuilles de bruyère, C. ericifolia. Quatrième ordre. EN COELIÉS , Encælii. Famille des DUMON TIÉES , Dumontiæ. XXVIII. Genre DumonTiE, Dumontia. 82. Dumontie fastigiée, D. fastigiata, pl. 18, fig. 2. 292 XXIX. Genre ASPÉROCOQUE, 4 sperococcus. 83. Aspérocoque de Lesson , A. Lessonü, pl. 11, fig. 2. 84. Aspérocoque de Durville, 4. Dur villæi, pl. 11, fig. 3. XXX. Genre SoLéniE, Solenia. 85. Solénie comprimée, S. compressa. Famille des BRYOPSIDÉES, Bryopsideæ. XXXI. Genre CHAuvINIE, Chauvinia. 86. Chauvinie paspaloïde, C. paspaloides , pl. 23 fe I. 87. Chauvinie phléoïde, C: phleoides, pl. 23, fig. 2. 88. Chauvinie clavifère, C. clavifera. XXXII. Genre SPONGODIE, Spongodium. 89. Spongodie commune, S. commune. XXXIII. Genre BryorsivE, Bryopsis. 90. Bryopside de Rose, B. Rosæ, pl. 24, fig. 1. XXXIV. Genre EcrosrermeE, Ectosperma. g1. Ectosperme Marine, Ectosperma marina. XXXV. Genre RaopomèLe, Rhodomela. 92. Rhodomèle de Gaimard, R. Gaimardi, pl. 22, fig. 1. XXXVI. Genre TriniTaiRE, Trinitaria. 93. Trinitaire Confervoïde, T. Confervoides , pl. 24, fig. 2. HYDROPHYTES ARTICULÉS. Ordre premier. CÉRAMIES. Page 193 Ibid. 194 Ibid. Ibid. 195 219 TABLE DES MATIÈRES. 293 XXXVII. Genre Boryxe, Boryna. Page 220 94. Boryne allongée, B. elongata. Ibid. 95. Boryne diaphane, B. diaphana. 221 96. Boryne virgée, B. virgata. Ibid. 97. Boryne compacte, B. compacta. Ibid. 98. Boryne de Gaudichaud, B. Gaudichaldiï. 222 XXXVIII. Genre CÉRAMIE, Ceramium. lbid. 99. Céramie pénicillée, C. penicillatum. 203 100. Céramie confervoïde, C. confervoides. Ibid. XXXIX. Genre HurcuntiE, Autchintia. 224 101. Hutchintie à gros fruits, A. macrocarpa. . Ibid. Ordre deuxième. CONFERVÉES. Ibid. XL. Genre ScyronèmeE , Scytonema. 225 102. Scytonème intriqué, S. intricata. lbid. XLI. Genre SPHACELLAIRE , Sphacellaria. 226 103. Sphacellaire callitrique, S. callitricha. Ibid. XLII. Genre Conrerve, Conferva. Ibid. 104. Conferve des Moluques, C. Moluccana. 227 105. Conferve antenine, C. antenina. Ibid. Ordre des CHAODINÉES. 228 XLIII. Genre THorée, Thorea. 230 106. Thorée de Gaudichaud, T. Gaudichaldü, pl. 24, fig. 3. 231 AÉROPHYTES. 233 1. Pannaire érythrocarpe, P. erythrocarpa. 234 2. Parmélie lugubre, P. lugubris. 235 Parmelia phylodes g vittata. 236 3. Sticte tombant, S. patula. Ibid. 4. Sticte de Dupetit-Thouars, S. Thouarsu. Ibid. 5. Sticte de Gaudichaud, S. Gaudichaldii. Ibid. 6. Sticte corpolome, S. corpoloma. Ibid. . Sticte de Mougeot variété Xantholome, $. Mougeotiana 8 Xantholoma. Ibid. NI 294 TABLE DES MATIÈRES. Sticte safrané, S. crocata. Sticte doré, S. aurata a. . Sticte eudochryse, $. eudochrysa. . Néphrome dorée, N. aurata. . Borrère leucomèle, B. leucomela. Borrère fluette, B. exilis. Borrère jaune d'or, B. flavicans. Corniculaire aiguillonnée, C. aculeata p spadicea. Roccelle grêle, R. gracilis. Roccelle ramalinoïde, R. ramalinoides. . Sphérophore des Tourbières, $. Turphosum. . Stéréocaule ramuleux, S. ramulosum, 20. Ramaline roccelliforme, R. roccelliformis. . Ramaline mollasse, R. flaccidissima. 2. Usnée mélaxanthe, U. melaxantha. . Usnée leucochlore, U. leucochlora. CRYPTOGAMIE. Page 237 Ibid. Ibid. Ibid. Ibid. 238 Ibid. Ibid. 239 Ibid. Ibid. 240 Ibid. Ibid. Ibid. 241 Description des végétaux où les sexes paraissent exister, mais dans lesquels ils ne sont point distincts. Lycopopracées, Lycopodiaceæ. I. Lycopode phlegmaire, Z. phlegmarium. . Lycopode admirable, L. mirabile. . Lycopode quadrisorié, L. quadrisoriatum. . Lycopode rampant, L. repens. . Lycopode de Magellan, Z. Magellanicum. . Lycopode dense, L. densum. . Lycopode penché, Z. cernuum. . Lycopode des Mariannes, Z. Marianum. . Lycopode venustule, Z. venustulum. Lycopode Jungermannoïde, L. Jungermannoïdes. . Lycopode arbuste, Z. arbuscula. . Lycopode de Durville, L. Durvillæi, pl. 25. . Lycopode flagellaire, Z. flagellaria, pl. 26. . Lycopode Selage, Z. Selago varietas B saururoides. . Bernardie dichotome, B. dichotoma. 243 244 Ibid. Ibid. 245 Ibid. Ibid. 246 Ibid. Ibid. 247 Ibid. Ibid. Ibid. 248 249 Ibid. TABLE DES MATIÈRES. Foucères, filices. 16. 17. 18. 19. 20. 2 22, 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32 m 34. 35. 36. 37. 38. 39. 4o. 4i. 42. 43. 44. 45. 46. 47. Angioptère élevée, 4. erecta. Todée africaine, T. africana. Anémie à feuilles de frêne , 4. fraxinifolia. Schizée pénicillée, S. penicillata, pl. 27. Schizée bifide , S. bifida. . Schizée dichotome, S. dichotoma. Lygodie pubescent, Z. pubescens. Lygodie grimpant, Z. scandens. Lygodie géant, Z. circinatus. Gleichenie des rochers, G. rupestris. Gleichenie des cavernes, G. speluncæ. - Gleichenie circinée, G. circinata. Mertensie dichotome, M. dichotoma. Mertensie flabellée, M. flabellata. Acrostique? nervé, 4. nervosum. Acrostique doré, 4. aureum. . Acrostique trifolié, Z. trifoliatum. 33. Acrostique corne d’élan, 4. alcicorne. Antrophye pumile, 4. pumilum. Antrophye plantaginée, 4. plantagineum, pl. 28, fig. 1. Ibid. Antrophye de Durville, 4. Durvillær. Antrophye de Lesson, 4. Lessoniüi, pl. 28, fig. 2. Antrophye réticulée, Æ. reticulatum. Antrophye de Bory, 4. Boryanum, pl. 29, fig. 1. Antrophye obtuse, 4. obtusatum, pl. 29, fig. 2. Notholène distante, N. distans. Varietas a vestita. Varietas g denudata. Grammite linéaire, G. linearis. Grammite australe, G. australis. Grammite de La Billardière, G. Billardierü. Grammite Scolopendrine, G. Scolopendrina, pl. 30, fig. 1. Zbid. Tœnite porte-flèches, T. sagittæfera, pl. 30, fig. 2. Polypode à feuilles d’airelle, P. vacciniæfolium. 296 TABLE DES MATIÈRES. 48. Polypode acrostichoïde, P. acrostichoides. Page 259 49. Polypode à feuilles d’éléagne, P. eleagnifolium, pl.31,fig. 1. Zbid. 5o. Polypode à feuilles de lyciet, P. lyciæfolium. 260 51. Polypode subulé, P. perussum. Ibid. 52. Polypode drynaire de Linné, P. drynaria Linnæi. Ibid. 53. Polypode glaucescent, P. glaucescens. Ibid. 54. Polypode phymatode, P. phymatodes. 261 55. Polypode alternifolié, P. alternifolium. Ibid. 56. Polypode très-velu , P. hirsutissimum, pl. 32. 262 57. Polypode plumule, P. plumulum. 263 58. Polypode ténu, P. tenellum. i Ibid. 59. Polypode tœnite, P. tænitis, pl. 33. Ibid. 6o. Polypode de Brongniart, P. Brongniartii, pl. 34. Ibid. 61. Marginaire Minime, M. minima, pl. 31, fig. 2. 264 62. Cyclophore glabre, €. glaber. Ibid. 63. Aspidie cyathoïde, 4. cyathoides. 265 64. Aspidie méniscioïde , 4. meniscioides. Ibid. 65. Aspidie de Lesson , 4. Lessonii. Ibid. 66. Aspidie de Durville, 4. Durvillæi. 266 67. Aspidie mohrioïde, 4. mohrioides, pl. 35, fig. 1. 267 68. Aspidie discolore, 4. discolor. Ibid. 69. Aspidie prolifère, 4. proliferum. Ibid. 70. Néphrodie tubéreux, W. tuberosum. 268 71. Néphrodie exalté, WV. exaltatum. Ibid. 72. Néphrodie luisant, N. splendens. Ibid. 73. Néphrodie velu, XV. lirsutum. Ibid. 74. Néphrodie de Gaimard, N. Gaimardianum. Ibid. 75. Néphrodie confondu, N. propinquum. 269 76. Darée appendiculée, D. appendiculata. à Ibid. 77. Darée? fourchante, D.? furcans, pl. 35, fig. 2. à 269 78. Asplénie nid, 4. nidus. Ibid. 79. Asplénie flabelliforme, 4. flabellifolium. 270 80. Asplénie dentée, 4. dentatum. Ibid. 81. Asplénie lunulée, 4. lunulatum. Ibid. 82. Asplénie de Torrès, 4. Torresianum. Ibid. TABLE DES MATIÈRES. 207 83. Asplénie comprimée, 4. compressum. 4 Page 270 84. Asplénie à feuilles de laser, 4. laserpitüfolium. Ibid. 85. Diplazie épineux, D. spinosum. 271 86. Diplazie arborescent, D. arborescens. Ibid. 87. Doodie épineuse, D. aspera. Ibid. 88. Doodie en queue, D. caudata. lbid. 89. Didymochlæne sinueuse, D. sinuosa, Ibid. 90. Blechne du Brésil, B. Brasiliense. 272 91. Blechne orientale, B. orientale. lbid. 92. Blechne grimpante, B. scandens, pl. 36. lbid. 93. Sadlérie cyathoïde, S. cyathoides. Ibid. 94. Lomaire du Chili, Z. Chiliensis. 273 95. Lomaire Blechnoïde, Z. blechnoides. Ibid. 96. Hyménolépide ophioglossoïde, H. ophioglossoides, Ibid. 97. Scolopendre de Durville, S. Durvillæi, pl. 37, fig. 1. Ibid. 98. Vittaire rigide, J. rigida. 274 99. Vittaire plantaginée, 7. plantaginea. Ibid. 100. Vittaire à feuilles de zostère, 7. zosterifolia. Ibid. 101. Ptéride palmée, P. palmata. Ibid. 102. Ptéride pédée, P. pedata. Ibid. 103. Ptéride indienne, P. indica. 275 104. Ptéride ombreuse, P. umbrosa. Ibid. 105. Ptéride némorale, P. nemoralis. Ibid. 106. Ptéride glauquâtre, P. glaucescens. Ibid. 107. Ptéride chauve-souris, P. vespertilionis, Ibid. 108. Ptéride tendre, P. tenera. 276 109. Ptéride de l'Ascension , P. Adscensionis. Ibid. 110. Ptéride de Lesson , P. Lessonü. Ibid. 111. Ptéride mangeable, P. esculenta. Ibid. 112. Ptéride âpre, P. rugulosa. 277 113. Cheilanthe marginé, C. marginata. Ibid. 114. Cheilanthe multifide, C. multifida. Ibid. 115. Adianthe hispidule, 4. hispidulum. Ibid. 116. Adianthe pubescente, 4. pubescens, Ibid. 117. Adianthe trigone, 4. trigonum. Ibid. 118. Adianthe en coin, 4. cuneatum, 278 38 TABLE DES MATIÈRES. : . Dicksonie arborescente, D. arborescens. . Dicksonie molle, D. flaccida. . Dicksonie multifide, D. multifida. . Cyathée médullaire, C. medullaris. 5. Cyathée discolore, C. discolor. . Trichomane réniforme, T. reniforme. . Trichomane petit éventail, 7° flabellata. : Trichomane incisé, 7. incisum, pl. 38, fig. . Trichomane ailé, T. alatum, pl. 38, fig. 2. . Trichomane minutule, T. minutulum: . Trichomane appauvri, T. depauperatum. . Trichomane filicule, T. filicula. . Hyménophylle brillant, Æ. nitens. . Hyménophylle de Thunbridge, 4. Thunbridgiense. . Hyménophyllé infortuné, Æ. infortunatum, pl. 38, fig. 3. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. . Adianthe chilienne, 4. Chiliense: Page 278 ` . Lindsée à petites feuilles, Z. microphylla. . Lindsée de Lesson, Z. Lessonü, pl. 37, fig. 2. . Schizolome de La Billardière, S. Billardieru. . Schizolome de Guérin, S$. Guerinianum. . Davallie pixidée, D. pixidata. . Davallie élégante, D. elegans. . Davallie gibbereuse, D. gibberosa. . Davallie à petites feuilles, D. tenuifolia. . Davallie grêle , D. remota. . Davallie en massue, D. clavata. . Dicksonie straminée, D. straminea. Ibid. Ibid. Ibid. 279 Ibid. Ibid. Ibid. Ibid. 280 Ibid. lbid. Ibid. Ibid. Ibid. Ibid. 281 Ibid. Ibid. 282 Ibid. 283 Ibid. Ibid. 284 Ibid. Ibid. PI. PI. PL. TABLE DES PLANCHES. 1. DURVILLÉE UTILE, p. 65. 2. Détails de la DURVILLÉE UTILE et de la LESSONIE BRUNISSANTE. 3. LESSONIE BRUNISSANTE, p. 75. 4. LESSONIE A FEUILLES DE CHÊNE, P- 79. 5. LESSONIE NOIRCISSANTE, p. 80. 6. MAGROCYSTE A FRONDES ENTIÈRES, p. 86. a. Etroites, p. 87. p. Elargies, p. 88. 7J: MACROCYSTE A LARGES FRONDES, p. 88. 8. MACROCYSTE A FRONDES ÉTROITES, p. 93. 9. MACROCYSTE POMMIFÈRE, p. 94. . 10. LAMINAIRE BIRONCINÉE, p. TOI. 11, Fig. 1. IRIDÉE LAMINAROÏDE, p. 108. Fig. 2. ASPÉROCOQUE DE LESSON , p. 199. Fig. 3. ASPÉROCOQUE DE DURVILLE, p. 200. . 12. IRIDÉE D'AUGUSTINE, p. 108. 13. IRIDÉE ÉTINCELANTE, p. IIO. 14. HALYMÉNIE VARIÉE, p. 179. . 15. HALYMÉNIE DE DURVILLE; p. 180. . ‘16. SPHÉROCOQUE CORALLIN, p. 175. . 17. SPHÉROCOQUE A FEUILLES EN ÉVENTAIL, p. 174. 18, Fig. 1. DÉLESSÉRIE A FEUILLES DE CHÊNE, p. 186. Fig. 2. DUMONTIE FASTIGIÉE , p. 198. 19, Fig. 1. Dawsonie DE DuRvILLE, p. 183. Fig. 2. GIGARTINE PIED DE GRENOUILLE, p. 153. Fig. 3. GIGARTINE NOIRS CHEVEUX, p. 192. 20. SPHÉROCOQUE DE CHAUVIN, p. 165. 21, Fig. 1. PADINE DE DURVILLE, p. 147. Fig. 2. PADINE DE COMMERSON, p. 144. . 13 bis. La même en fructification , mal à propos appelée ÉCLATANTE, même page. 38. 300 PI. 22, Fig. Fig. PL. 23, Fig. Pl. 24, Fig. . 2. 70) I. - TABLE DES PLANCHES. RHODOMÈLE DE GAIMARD, p. 215. CAULERPE DE FREYCINET, p. 192. CAULERPE DE LESSON, p. 193. CAULERPE EN PLUME, variété B, p. 193. + CHAUVINIE PASPALOÏDE, p. 205. . CHAUVINIE PHLÉOÏDE, p. 206. . BRYOPSIDE DE ROsE, p. 211. TRINITAIRE CONFERVOÏDE, p. 216. THORÉE DE GAUDICHAUD, p. 23r. Pl. 25. LYCOPODE DE DURVILLE, p. 245. Pl. 26. LYCOPODE FLAGELLAIRE, p. 248: Pl. 27. SCHIZÉE PÉNICILLÉE, p. 250. PI. 28, Fig. Fig Pl. 29, Fig. Fig PI. 30, Fig. Fig PI. 31, Fig. Fig, I I .2 J a2. . ANTROPHYE PLANTAGINÉE, p. 254. . 2. ANTROPHYE DE Lesson, p. 255. . ANTROPHYE DE Bory, ibid. . ANTROPHYE OBTUSE, p. 256. + GRAMMITE SCOLOPENDRINE, p. 257. . TOENITE PORTE-FLÈCHES, p. 258. 1. POLYPODE A FEUILLES D'ÉLÉAGNE, p. 259. . 2 . MaRGINAIRE MINIME, p. 264. Pi. 32. POLYPODE TRÈS-VELU, p. 262. PI. 33. PoLyPoDE TOENITE, p. 263. PI. 34. Poryrope DE BRONGNIART, ibid. PI. 35, Fig. 1. Aspinie Mourtibe, p. 267. Fig. 2. DARÉE? FOURCHANTE, p. 260. PL 36. BLECHNE GRIMPANTE, p. 272. PI. 37, Fig. Fig. PI. 38, Fig. Fig. Fig. 1. SCOLOPENDRE DE DURVILLE, p. 273. 2. Linpsée DE Lesson, p. 278. 1. TRICHOMANE INCISÉ, p. 282. 2 3 . TRICHOMANE AILÉ, ibid. . HYMÉNOPHYLLE INFORTUNÉ, p. 284. FIN DE LA TABLE DES PLANCHES. TABLE DES MATIÈRES. 301 ERRATA. Pag. 80, ligne 20, Laminaria (Nigrescens) , lisez Lessonia (Nigrescens). Pag. 113, ligne 14, Fucus vesiculosus , lisez Fucus nodosus. Pag. 124, ligne 19, Sargassum Esperi, lisez Sargassum Esperit. 5 us 9 > i Pag. 171, ligne première Sphærococcus ( Lessonii augustus, lisez 8 Sphærococeus g , , J (Lessoni) angustus. 3 Pag. 245, ligne 3, Lycopode uädriforié, Lycopodium (quadri) oriatum ), lisez Lycopode 5 5 Y, EKGNI 67 yA]: quadrisorié, Lycopodium E AE E i Pag. 251, ligne 19, Lygodie géante, lisez Lygodie géant. Pag. 260, ligne 28, Polypode et lisez Polypode glaucescent. Pag. 273, ligne 5, Lomaria chiliense, lisez re chiliensis. PL 10, Ce bironcinata, lisez Laminaria biruncinata. PI. 13 bis, IRIDÉE ÉCLATANTE, lisez ĪRIDÉE ÉTINCELANTE.